Tafraout -gorges d’Aït Mansour-tandilt

Atlantique, Anti-Atlas,  Atlas et riads des 1001 nuits

Tafraout Ait Mansour Palmeraie
Tafraout Ait Mansour Palmeraie

Nous avons bien dormi dans notre petite case cubique. Petite chambre blanche meublée de deux étroites banquettes recouvertes de couvertures bariolées, une petite table basse ronde, un joli décor d’étagères, une lanterne métallique. Curieusement au pied des lits, deux bacs remplis de sable dans lequel sont piqués les balais blanchis des inflorescences des palmiers dattiers. La salle d’eau et les WC sont modernes, fonctionnels et vastes.

Petit dej en terrasse

Tafraout petit déjeuner berbère
Tafraout petit déjeuner berbère

Nous nous levons avec le jour et montons sur la terrasse où est servi le petit déjeuner. De là, on peut découvrir toute la vallée : les crêtes violacées Le granite est à nu à Tafraout faisant un chaos spectaculaire. A Tandilt, nous sommes dans le micaschiste. Tous les degrés de métamorphisme se rencontrent. Les sommets complètement dénudés brillent.

Yamina  sert du pain frais et du pain grillé avec quatre coupelles contenant du miel, de la confiture de dattes, de l’Amelou et de l’huile d’argan en plus du beurre. Le tout avec du thé marocain.


Chaos granitique : chapeau de Napoléon

Tafraout : chapeau de Napoléon
Tafraout : chapeau de Napoléon

Pour aller visite l’oasis d’Aït Mansour, nous prenons la route de Tafraout, passons sous les chaos rocheux et le chapeau de Napoléon puis nous montons sur le plateau où les amandiers forment de grosses boules fleuries blanches et roses. Peu de culture en dehors des amandiers. Dans les montagnes, des traces de terrasses. Autrefois toute la montagne était cultivée ? De grosses maisons de ciment crépies de rose ont remplacé les villages de pierre et de pisé. Ces grosses maisons atteignent parfois trois étages. Elles sont décorées de tuiles vernissées et de fer forgé mais n’ont pas l’air très habitées (encore qu’au Maroc, on peut se calfeutrer à l’intérieur des maisons). Curieusement nous ne voyons pas d’enfants et peu d’hommes jeunes. Les belles maisons sont celles des émigrés ou de l’exode à Casablanca. Cette constatation et l’état d’abandon des terrasses suggèrent un exode rural important. Peut être je me trompe ?

Les gorges  d’Aït Mansour

tafraout gorges Ait Mansour Amandier - Copie

La route descend en lacets serrés sur les gorges d’Aït Mansour. La végétation suit les gorges. D’abord, des lauriers roses (pas roses, défleuris) puis les palmiers se multiplient. Dans des vasques, l’eau de pluie du début de la semaine ne s’est pas encore évaporée.
Marcher dans une palmeraie est une sorte de miracle, un hymne à la vie. Chaque composante élémentaire de l’existence se trouve magnifiée. La moindre goutte d’eau captée, dirigée dans de petits canaux, ruisselant dans les rigoles. L’air bruissant dans les frondes rafraîchi à l’ombre des palmiers. La terre soignée. Je garde des souvenirs émerveillés de ma première palmeraie à Agdz,  de celles de la vallée du Draa, de Rissani ou du Ziz.

Tafraout Ait Mansour palmiers
Tafraout Ait Mansour palmiers

Je marche donc avec un  plaisir infini.
Une piste carrossable traverse de part en part l’oasis. Les 4X4 passent facilement, les petites voitures doivent rouler doucement. Il semble que cette route ait pris la place des jardins, que les touristes soient plus nombreux que les paysans. La palmeraie est négligée. Les petits champs ne sont plus entretenus. Plus de rigoles et de levées. Chiendent et ronce ont remplacé les fèves, oignons, carottes et luzerne. Je croise trois femmes portant chacune une hotte de genêts sur les épaules. Vêtues de noir, croulant sus la verdure. Trois petites filles rentrent de l’école demandent des bonbons. Deux garçons se tiennent par le cou. Je n’ai pas compté les touristes !

Au retour nous buvons un grand verre de jus d’orange chez Messaoud qui a installé son « salon de thé » dans un petit pré en contrebas de la route. Je guette les oiseaux perchés sur les pierres qui bordent le goudron. Surprise ! Ce n’est pas un  oiseau mais une gerboise assise ou un écureuil qui détalle à l’approche de la voiture. Je n’en ai jamais vue en liberté. Désormais, je vais les chercher !
Nous restons sur la terrasse pour nous sécher les cheveux au grand soleil, écrire ou dessiner jusqu’à l’arrivée de nouveaux clients et de Jacques qui revient d’Agadir qui bouleversent notre quiétude.

Tandilt

Tafraout mosquée et opuntia
Tafraout mosquée et opuntia

Au coucher du soleil, quand les rochers s’embrasent, nous partons explorer le village de Tandilt. But de la promenade : la mosquée toute proche dont le minaret blanc se détache au dessus des maisons roses. Tandilt n’a pas de rues. Les maisons roses sont accrochées sur le flanc de la montagne sans aucun ordre particulier. La mauvaise piste qui vient de la route se sépare en petits sentiers à peine visibles. Des rigoles cimentées distribuent l’eau qui vient des sources. Nous en suivons une bordée d’un bon chemin à l’ombre des arganiers. Les amandiers ont terminé leur floraison. On voit déjà es amandes. Dans les petits jardins : des fèves. Nous aboutissons sur une sorte de place ou trois bancs en ciment ont été construits ainsi qu’un enclos ( ?) face à un grand bassin de retenue contenant une eau très verte. Au dessus des maisons de ciment, nous découvrons le vieux village de pierre et de terre qui s’écroule. Des ans de murs encore intacts laissent voir l’intérieur des pièces, les décorations berbères au dessus des portes, des pointes…Un peu partout, dans la région, les villages traditionnels ont été abandonnés pour les grosses maisons de ciment. Sur le chemin du retour nous voyons une femme voilée de noir assis sur le pas de sa porte. Elle se cache à  notre approche puis, reconnaissant que nous sommes des femmes, se tourne vers nous à visage découvert et nous salue.

la mosquée de Tandilt
la mosquée de Tandilt

Deux vieux messieurs remontent la pente.

– « Bonjour Messieurs dames ! Ah pardon, il n’y a que des dames ! ».

Nous leur demandons le chemin de la mosquée. Justement ils y vont. Il suffit de les suivre. La pente est raide. D reste en bas. Le plus vieux demande :
    « Elle ne vient pas ?
–    « Non, elle a mal aux genoux. », je réponds
–    « Elle a des rhumatismes ?
–    « Oui »
–    « Quels comprimés prend-elle ? » demande – t- il. Il a l’air très expert en comprimés pour les rhumatismes. Malgré ses douleurs il grimpe vite la colline. L’autre me montre une grosse maison rouge.
–    « C’est la maison du frère ! »
–    « Tu ne comprends pas « le frère » ? c’est le rabbin de la mosquée ! »

Où le vieux est il allé chercher le mot de rabbin ? Y avait-il des Juifs autrefois à Tafraout ?

Les nouvelles arrivées sont deux belges qui ont négocié avec une agence une promenade accompagnée toute la journée, l’hébergement chez Yamina et le taxi pour Agadir 1 100 dirhams. Elles sont ravies de leur randonnée, leur guide était passionnant. Je les envie un peu. D a horreur d’avoir « un bonhomme sur le dos ». Je regrette les histoires qu’il aurait pu nous raconter.

Tajine
Au dîner Yamina a fait spécialement pour moi un tajine puisque j’ai déjà goûté au bercous. Le plat d’argile garde si bien la chaleur que la sauce bout encore longtemps après qu’elle ne l’ait décoiffé de son chapeau pointu. Les pruneaux sont saupoudrés de grains de sésame. Les abricots sont très blonds. La figue est ronde gonflée comme un gros oignon, succulente. Sous des oignons des petits cubes de bœuf très parfumés. Pour dessert : des fraises à la crème. Avec le thé, des petits fours aussi appétissants que colorés, rose, jaune vif, avec des barquettes de fruits confits.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Tafraout -gorges d’Aït Mansour-tandilt »

  1. Je suis ce périple avec attention et envie… chaque billet me passionne et me replonge dans des moments vécus avec passion !
    De belles rencontres humaines, environnementales et culinaires …
    Prends-tu et as-tu le temps de t’arrêter parfois plus longtemps que prévu en fonction des lieux et des rencontres ?
    Ta photo de Tafraout, mosquée et opuntia, donne de sérieuses envies à mes pinceaux… un jour sûrement, ils s’en inspireront !

    J’aime

    1. @cerisemarithé : nous réservons les hébergements à l’avance, il faut donc se tenir à un certains planning;sur place on improvise au gré des rencontres. le secret est de rester plusieurs nuits dans un même endroit.

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :