Gett : le Procès de Viviane Amsalem – Ronit et Shlomi Elkabetz

TOILES NOMADES

Procès de viviane amsale2

 Ronit Elkabetz est une magnifique tragédienne, avec sa présence, son physique d’héroïne antique; sa chevelure noire et son visage sans apprêt. Je me souviens d’une Pénélope au théâtre des Amandiers, mais aussi de son rôle dans Jaffa. C’est aussi une réalisatrice de talent qui met en scène un procès pour divorce devant un tribunal rabbinique.

Procès de viviane amsalem

Il n’existe pas de mariage civil en Israël, ni de divorce. Ce sont les autorités religieuses les seules compétentes. Viviane Amsalem se retrouve seule femme face à trois rabbins, un greffier, son avocat Carmel prendra la parole tandis que son mari Elisha est représenté par son beau-frère. Des voisins viendront témoigner. Paroles d’hommes contre celle d’une femme. D’hommes religieux, profondément. De ces hommes simples de la communauté marocaine. Que cherche donc Viviane? Le divorce. Mais pourquoi donc. Tous s’accordent pour louer Elisha, le mari. Un mari modèle, même libéral, selon certains. Pieux, modeste,  il a toujours bien nourri sa famille, il n’a jamais trompé sa femme, bon père aussi….Aucune cause de divorce. Ils ont vécu 20ans ensemble, ont eu 4 enfants. Mais que veut donc Viviane? Pourquoi a-t-elle quitté, il y a déjà 3 ans le domicile conjugal? Personne ne s’en soucie. Quand Viviane s’emporte contre son mari, contre le tribunal, le juge la remet à sa place parce que la place d’une femme est auprès de son mari et nulle part ailleurs. Qui voudrait d’une divorcée? Qui se soucie de son bonheur, seul compte l’honneur des hommes. A-t-elle trompé son mari? A-t-elle rencontré d’autres homme. Oui, son avocat!

le procès de viviane amsalem

Dans ce monde d’homme on a quand même convoqué quelques femmes, la sœur et la belle-sœur tentent de s’expliquer, mais comme elles sont maladroites devant les arguments des rabbins…La voisine n’ose pas parler en l’absence de son mari. Effacée soumise, pourtant c’est elle qui dévoilera les disputes violentes.

Elisha ne veut pas donner le gett, il ne divorcera pas. Acculé par 5 ans de procédures et de confrontation, même après un séjour en prison, il ne pourra pas prononcer la formule traditionnelle de répudiation la rendant libre à tout homme. Son entêtement irrite la Cour qui perd la maîtrise du jeu, mais personne ne peut le contraindre à répudier sa femme. Abkarian  joue un rôle subtil, tyran il paraît victime. Et puis, il « aime » sa femme. qu’est-ce qu’aimer, sinon posséder?

On pourrait aussi faire une critique esthétique. Raconter la sobriété.Le noir et blanc des costumes, et flamboyante, une seule fois, la robe rouge. Répétition des audiences qui se succèdent mais jamais ennui, une tension toujours prenante. L’explosion aussi et l’exaspération.

Que veut donc Viviane Amsalem? Exister. Etre libre.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

10 réflexions sur « Gett : le Procès de Viviane Amsalem – Ronit et Shlomi Elkabetz »

    1. malheureusement, je n’ai pas appris grand chose, l’aspect théocratique de l’Etat civil m’était connu. En revanche le jeu des acteurs, le noir et blanc de temps en temps réveillé par le rouge, la tension entretenue, m’ont bluffée.

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  1. Le Maque et la plume en ont parlé dimanche dernier, me donnant une grosse envie de le voir! (et moi au moins je savais qu’il n’existait pas de mariage civil, mais j’ignorais comment cela se passait quand on veut divorcer)

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  2. Que j’aimais cette actrice ! Je me souviens très bien de ce film, vu au cinéma – une sensation de frustration extrême, d’enfermement et d’injustice pendant toute la durée du film…

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