TOILES NOMADES
Leviathan est sorti mercredi dernier. Séduite par la bande annonce, je n’avais pas voulu lire les critiques pour avoir un regard neuf.
Depuis, j’ai lu avec grand intérêt l’article du Courrier International et ceux de Télérama qui a poussé la curiosité en allant voir les lieux du tournage à Kirovsk sur la mer de Barents, nuançant un amalgame trop facile Russie/corruption/ alcoolisme que le film très noir suggère.
Le Leviathan, monstre biblique, symbolisé par la baleine de l’affiche, est-il la corruption? ou le Pouvoir corrompu qui broie Kolia? ou le bulldozer détruisant sa maison? L’alcool noie la révolte, engourdit les corps, abrutit les esprits. Zviaguintsev a eu l’idée du film en apprenant l’histoire de Marvin Heemeyer un américain du Colorado, désespéré de se voir exproprié, qui était monté sur un bulldozer et avait détruit des bâtiments administratifs. Cette révolte lui avait rappelé Michael Kolhlhaas de Kleist ai-je lu dans le 4-pages de l’AFCAE présentant le film.
Leviathan est riche en symboles. Le titre lui même fait allusion à Job et à Hobbes.
Loin de son modèle américain, Kolia ne se rebelle pas, il délègue son avocat, puis, ayant perdu tout recours, noie sa peine dans la vodka. Comme nombreux héros de la littérature russe, il est emprisonné. Le personnage de Kolia n’est-il pas Job? En face de Kolia, le Maire. Est-il le Leviathan du livre de Job :
« Nul n’est assez hardi pour provoquer le Leviathan :Qui oserait me résister en face? qui m’a obligé, pour que j’aie à lui rendre? tout ce qui est sous le ciel est à moi »
Pourtant on le voit tituber, ivre, provoquer Kolya sans sortir victorieux. L’avocat le fait douter. Le pope le conforte. Est-ce l’alliance avec l’Eglise qui le rend victorieux. Ou la violence. Ou la terrible soumission de la Justice qui, par deux fois, dans les mêmes termes, mécaniques et impersonnels déboute Kolya de ses deux recours.
Les images sont magnifiques, opposition entre la mer dure, sauvage, et les constructions des hommes imparfaites et fragiles. Parfaite symétrie des plans encadrant la tragédie. soulignée par la musique de Philip Glass.


Tu recommandes, en dépit du côté tragique?
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@keisha : tragique, certes, magnifique aussi!
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Ce film a l’air splendide! L’inspiration romantique à la Kleist est vite fauchée par la réalité sordide.
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@claudialucia : ne le loupez pas, c’est un grand film. Kleist c’est pour le billet de demain!
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J’ai lu l’article de Télérama, que j’ai trouvé intéressant. J’espère aller voir le film.
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Bonjour Miriam, film sublime, mon billet paraît demain. Je vais mettre le tien en lien. C’est autre que 3 coeurs…. (Les deux sont des films Inter, cherchez l’erreur). Bonne après-midi.
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@dasola : à demain donc!
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Un grand film qui en dit long sur la déshérence post-soviétique à tout point de vue. Impressionnant.
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@Eegab : bienvenue dans les commentaires de mon blog! je usis le vôtre via celui de Claudialucia
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