Sfax : visite de la Médina de la ville moderne et réveillon

CARNET DJERBA ET SUD TUNISIEN

les remparts de la Médina de Sfax
les remparts de la Médina de Sfax

Le marché couvert

Nous partons en taxi visiter la médina. Se garer à Sfax est compliqué, circuler dans les embouteillages aussi, le taxi est très bon marché (3dinars+2bakchich). Il nous dépose devant l’entrée du marché couvert : hautes arches de briques puis au marché de poissons circulaire. La fraîcheur des poissons est extraordinaire. Les bars, les dorades sont luisants, les poulpes débordent des cuvettes, les pattes des gampbas frétillent. Sfax est le premier port de commerce de Tunisie.

poulpes
poulpes

Des rues couvertes abritent les bouchers, des tripes sèchent dehors, les carcasses suspendues. Nous achetons tout un assortiment de pains, ronds ou plats, aromatisés ou non. Chez le marchand d’olives,  étrange mélange de tradition et la modernité : sur un écran plat s’affichent des visages d’hommes qui cherchent à se marier : le texte en arabe et en français, style sms, défile sur un bandeau. D’après Salma, il s’agit d’une escroquerie.  Nous débouchons sur l’extérieur et découvrons les remparts: clairs, en parfait état. La Medina est enceinte de très hauts murs surmontés de créneaux entre tours carrées et bastions. Autrefois, la mer baignait les remparts. La ville moderne a  été gagnée sur la mer.

La Medina

dans la medina
dans la medina

Les ruelles sont bordées des échoppes des marchands de tissus, couvertures, brocards, tapis. Des vêtements de fête sont suspendus « ce sont les vacances il y a beaucoup de mariages »la médina est authentique, il n’y a pas de magasins pour touristes comme à Marrakech. Ici on travaille, à la main, à la machine, avec des ordinateurs…On passe de couloirs à ruelles, on grimpe des marches. Dans le labyrinthe, Salma demande son chemin. Tout un quartier est dédié au travail du cuir et à la cordonnerie ; sur un panneau de bois tous les modèles de talons sont exposés. Cuir et skaï en rouleau ainsi que les matières synthétiques les plus modernes. Salma se lamente : toutes ces belles maisons servent d’entrepôt et ne sont plus entretenues. L’architecture est saccagée pour le confort des ateliers. La Médina de Sfax devrait faire l’objet d’un classement au Patrimoine mondial de l’Humanité qui apporterait des subventions pour restaurer les plus beaux bâtiments. Cela attirerait les touristes.

Dar Jellouli

 

Dar Jellouli
Dar Jellouli

Dar Jellouli est un musée installé dans une très belle demeure sfaxienne. On y entre par une porte basse dans une chicane – sas où l’étranger restera le temps que els femmes se voilent ou se cachent. A gauche, une pièce sert d’écurie pour l’âne ou le cheval. Non loin, le réservoir d’eau : puits alimenté par la citerne d’eau de pluie. Les dalles bombées de la cour conduisent l’eau vers des ouvertures discrètes. Sous les arcades s’ouvrent les pièces à vivre : longues salles avec un petit salon en renfoncement, le lit au bout dans une alcôve fermée de moucharabieh.

alcôve
alcôve

Les provisions dans la réserve sont stockées dans de belles et grosses jarres de terre : céréales, olives, viande séchée, huile. Au mur, des tamis pour la semoule du couscous et la farine.

A l’étage une galerie couverte s’ouvre sur d’autres pièces où on a exposé des costumes traditionnels de la région, des îles Kerkennah voisines, en laine brune ou rouge rebrodés de motifs géométriques. Reconstitution d’une scène sfaxienne originale : le sixième jour du mariage « saut du poisson ». Le niveau supérieur est celui des terrasses, il y a une jolie exposition de calligraphie, de peinture et de miniature sur verre. Sur la plus belle, un bestiaire fantastique. Une autre représente la Jument du Prophète qui a une tête humaine tandis que Mahomet qu’on ne peut figurer chevauche le cheval sous forme des lettres de son nom.

la jument du Prophète
la jument du Prophète

Appel à la prière de midi : je filme le patio pour l’enregistrer.

Ed Diwan

El Diwan : un salon de thé dans les remparts
El Diwan : un salon de thé dans les remparts

Le mari de Salma possède un très beau café dans les remparts : Ed Diwan. Nous y faisons halte le temps d’un café turc  – ici appelé café arabe –d’un croquis et de nombreuses photos de cet endroit paisible bleu et blanc meublé de tables basses, tabourets chaises de bois où l’on peut aussi fumer la chicha.

La Kasbah

kasbah
kasbah

Devant la forteresse transformée en Musée de l’Architecture, à l’ombre d’épais ficus, les fripiers ont installé leurs stands. Salma trouve un manteau de cuir 10DT (5€) s’il n’avait pas été de taille S, je l’aurais volontiers acheté. Salma continue à farfouiller pendant que je visite le Musée de l’Architecture qui est un peu décevant pour qui n’est pas spécialiste. Dans la cour sont exposés les divers colonnes aux chapiteaux variés, des arches, des matériaux de construction, ciment, sable mais aussi varech pour l’isolation des plafonds sous les terrasses. Les murailles sont « chaînées » de bois d’olivier. N’étant pas spécialiste, je ne m’attarde pas à regarder les plans des mosquées ou des foundouks. Je furette dans les cours, grimpe des escaliers de bois très raides et hauts, descend dans une mosquée souterraine..le cadre est plus intéressant que le contenu exposé.

Ville moderne  

Hôtel de ville de Sfax
Hôtel de ville de Sfax

Salma revient avec deux paréos et annonce triomphante : « nous avons une voiture ! » celle de son mari garée devant les remparts. La ville moderne- ville coloniale – a été gagnée sur la mer. Certains immeubles, de style mauresque, sont remarquables. La Mairie est restaurée de neuf, le Lycée avec stuc et colonnes malheureusement très tagué (BAC2014, BAC 2015<…) le Musée archéologique loge au rez de chaussée de la Mairie. Les mosaïques sont moins intéressantes que celles d’El Jem (je deviens exigeante) les vitrines sont vides « au laboratoire à Tunis ». Le caissier est parti, personne ne me demande le ticket. Salma nous montre La Maison de France ancien consulat logé dans un ravissant pavillon mauresque entouré de jardins. Détour par le marché – fermé – puis par le bateau de Kerkennah pour vérifier les horaires. Le port de Sfax est énorme.

Soirée de réveillon de Noël au Dar Salma

Bouchées de tajine,  verrines pimentées, et brick
Bouchées de tajine, verrines pimentées, et brick

On ne fait pas de Réveillon à Sfax mais nous avons passé une excellente soirée.

Nous faisons connaissance avec Aïché, femme d’affaire ivoirienne, 35 ans peau claire, tenue, turban et châle assortis dans els teintes rose violine, beaucoup d’allure,  un grand sourire avenant. Elle aide Salma à préparer le dîner. La soupe de poulpe mijote, les bars sont cuits sur la plaque du four sur un lit de pommes de terre, chaque poisson est décoré de rondelles de citron et de câpres.

Sur la table, des verrines colorées : carottes épicées oranges, vert,  poivrons grillés très piquants. Le tajine découpé en petits cubes piqués d’une brochette : ce sont les amuse-gueules . L172a soupe est servie après. Puis, les poissons. Pour dessert : des oranges découpées en rondelles napées de fromage blanc. Hafez, le mari de Salma est au service. Il nous quitte pour des obligations familiales ; Nous restons à discuter, riant beaucoup,  des rôles de la femme : épouse, mère, grand-mère qu’ Aïché détaille avec son français africain clair et imagé, elle est journaliste à la radio et s’exprime très bien. A 22h la coupure d’eau est réparée.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « Sfax : visite de la Médina de la ville moderne et réveillon »

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