De Douiret à Chenini

CARNET DJERBA ET SUD TUNISIEN

Chenini mosquée des 7 Dormants
Chenini mosquée des 7 Dormants

Par la route Chenini- Douiret : 20km

Promenade avec Latifa

Par le sentier : 9.5km.

Sous un beau soleil, Latifa m’entraîne vers l’ancien village abandonné en 1985 – pas tout à fait : deux familles sont restées avec leurs troupeaux. La dame nous salue, le berger retient son chien qui gronde à notre passage. »Il y a des loups dans la campagne, les chiens doivent être féroces » explique Latifa. Les chiens sauvages qui rodent sont aussi dangereux, certain peuvent même être enragés. A passage, Latifa me montre la pompe solaire. Une canalisation apporte l’eau aux habitations. Les oliviers de Douiret sont de grands : on ne les taille pas. C’est même dans les environs que se trouve le plus gros olivier de Tunisie.

Douiret sous le soleil du petit matin
Douiret sous le soleil du petit matin

Le sentier s’élève à flanc de la montagne et arrive sur une sorte de plateau arrondi « le dos de la montagne » . Un SMS arrive dans mon téléphone « tiens ici il y a du réseau ! ». La vue est très dégagée jusqu’à Tataouine dont on voit les antennes. Du temps du Protectorat, Tataouine c’était le bout du monde, le bagne.

Dans les creux, on voit de temps en temps un olivier ou deux, un champ fraîchement labouré pour les semis de l’orge. De grosses touffes d’alfa poussent sur le plateau. On en fait toute sorte de  sparterie : couffins, paniers, corbeilles. Pour en couper une poignée je dois me servir de mon couteau : c’est du solide ! Nous herborisons. Des buissons d’armoise se blottissent malgré le froid et le vent : « bon pour l’estomac en tisane». Une plante inconnue aux feuilles et aux tiges très épaisses peut remplacer le tabac «  C’est pour chiquer, on la mélange avec l’armoise. Ici les vieux chiquent. Les jeunes réfèrent fumer »Des flèches bleues balisent un marathon qui doit être très difficile.

Latifa à la source
Latifa à la source

A la descente sur Chenini le romarin prospère sur le versant plus ombragé. A l’abri de certains rochers il y a même de la mousse et des lichens, témoins d’une humidité permanente. Nous faisons un détour par une belle source protégée par une arche de ciment. L’eau est claire, froide ; On a construit un abreuvoir rond pour les ânes et une mangeoire.

Au détour du chemin, un minaret blanc flanqué de trois coupoles : c’est la Mosquée des 7 dormants six chrétiens emmurés avec leur chien, qui se réveillent après 300 ans de sommeil après la conquête musulmane et qui se convertirent. Le chien est figuré par un rocher triangulaire en haut de la montagne, veillant sur le monument. Il y a une légende analogue à Ephèse dans une grotte. La petite mosquée est tapissée de nattes de roseaux. Autour de la mosquée, un petit cimetière. Latifa me montre la différence entre une tombe de femme qui porte en son centre un gros caillou érigé. Pas de plaque ni nom, parfois une coupe pleine d’eau (de la pluie d’hier ?)

Chenini
Chenini

Le village de Chenini occupe les deux versants d’un pic isolé. A son sommet : la forteresse. A mi-pente : la mosquée blanche. Sur les versants de nombreuses maisons ruinées ou pas, encore habitées pour certaines. L’autre côté est envahi par les touristes ; en bas à côté d’un vaste restaurant il y a un parking pour les cars. Comme dans tous les lieux touristiques sévissent les inévitables faux guides, les enfants mendiants cherchant à « changer » quelques centimes d’Euros contre des billets, les marchands des souvenirs affreux, les magasins avec des vraies roses de sables, les fausses géodes et des poteries hideuses.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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