Tachkent : 1ères visites les monuments du vieux Tachkent

CARNET OUZBEK

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Petit déjeuner –

Au buffet : yaourt liquide, à côté du samovar,  sachets de thé et paillettes de café instantané, concombres tomates fromage en tranche, salami et mortadelle. Dans des plats chauffants, du porridge, des pommes de terre et divine surprise : des crêpes roulées à la crème épaisse un peu aigre, un délice, j’en mange 5 avec deux verres de jus de cerise.

Notre guide, Sayyora, est une jeune femme mince, brune aux traits un peu asiatiques. Le chauffeur est très jeune, avenant, anglophone ; sa voiture est une Chevrolet blanche. Toutes les voitures neuves sont des Chevrolet. Elles sont montées en Ouzbékistan. Les vieilles sont des Lada. Pas vu les voyants 4×4 noirs des Russes rencontrés dans les Pays Baltes ou en Arménie. Pas vu de Russes frimeurs nouveaux riches dans l’avion non plus. Plutôt des gens simples mal fagotés transportant toutes sortes de marchandises. La voiture circule dans de très larges artères vides (c’est samedi matin). En face de l’hôtel, un cylindre cannelé en béton, c’est un cinéma, plus loin le long d’une avenue de très élégants immeubles bas crèmes dans un style à la fois russe et oriental.

Tachkent est une citée ravagée en 1966 par un séisme de magnitude 8. Elle a été reconstruite grâce aux dons de toute l’Union soviétique. Contrairement à Gümryi en Arménie qui reste blessée 25 ans plus tard (séisme de 1988) et qui a subi les conséquences de l’Indépendance et de la guerre, Tachkent semble avoir bénéficié de cette reconstruction. Avec ses 3 millions d’habitants, Tachkent est la 4ème plus grande ville de l’ancienne Union soviétique après Moscou, Saint Petersbourg et Kiev. Saint Petersbourg ne s’appelle plus Leningrad, Kiev est ukrainienne mais le souvenir de l’ancienne union est encore présent.

Pratiquement partout je déchiffre sans comprendre l’ouzbek qui s’écrit en lettres latines comme le Turc. Partout j’entends du Russe et il y a encore beaucoup de cyrillique. La voiture passe devant le Théâtre, la bibliothèque toute neuve, des centres commerciaux flambant neufs, nous n‘arrivons pas à différencier les bâtiments officiels des habitations. Les HLM soviétiques sont au goût orientalisant, les façades sont agrémentées d’arches et d’arabesques cassant la désespérante monotonie des constructions de la Hongrie à la Mer de Chine.

Place Khast Imam

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La visite touristique commence sur la grande esplanade au bord du Vieux Tachkent et ses maisons basses aux toits de tôle et canaux que je me faisais une joie de visiter mais qu’on ne verra que de loin.

Le Mausolée de Kaffal Chachi

(Kafal = serrurier Chachi = nom ancien de Tachkent)

(904-949) période de l’Islamisation. Ce saint docteur de l’Islam alla en pèlerinage à la Mecque et fut tellement respecté que les fidèles souhaitaient se faire inhumer près de lui pour jouir de sa protection dans l’autre monde. Les environs du mausolée fut entouré de tombe si bine que la place était un vaste cimetière. A l’Indépendance de l’Ouzbékistan on transporta les tombes ailleurs pour faire de l’espace dégagé un endroit récréatif et touristique.

La guide nous fait remarquer autour du mausolée les tombes de briques, hémicylindriques et surélevées attestant d’une survivance des coutumes zoroastriennes. Les adeptes de Zoroastre vénéraient les 4 éléments et considéraient la Terre comme sacrée. On ne devait pas la profaner en y enterrant des morts. Les défunts étaient exposés aux oiseaux charognards dans des tours de silence. Les os étaient conservés dans des ossuaires< ; les tombes musulmanes très anciennes avaient conservé l’usage d’être surélevées.

Autour du tombeau du saint à l’intérieur du mausolée ont été inhumés les professeurs de la Medersa de Boukhara, la seule ouverte pendant la période soviétique. Les autres medersas d’Asie Centrales avaient été fermées.

Le mausolée est construit de briques beiges, décoré de majoliques aux motifs végétaux, d’inscriptions coraniques bleues et de coupole turquoise. Les coins sont soulignés de motifs géométriques blancs-bleu foncé-turquoise. De très belles colonnes de bois de noyer finement ciselées soutiennent de beaux plafonds de bois à l’intérieur.

La Medersa Barak Khan  (16ème)

Selon la guide les medersas d’Asie Centrales servirent de modèle aux medersas des autres pays musulmans et auraient été inspirées par le plan architectural des monastères bouddhiques : une grande façade décorée, deux coupoles vernissées, une cour entourée de cellules. On n’y enseignait pas exclusivement la religion mais également es mathématiques et l’astronomie. Les études duraient 15 ans, l’étudiant entrait à 15 ans et de ressortait qu’à 30. Les portes des cellules étaient trop basses pour forcer l’étudiant à courber la tête et s’incliner devant le Coran. Depuis l’Indépendance de l’Ouzbékistan les médersas ont été ré-ouvertes, dix fonctionnent actuellement.

Les étudiants ont maintenant cédé la place aux marchants de souvenirs dans cette médersa historique.

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Mosquée Tellia Cheikh et la petite médersa Muyie Mubarak (autrement dit du cheveu saint)  la légende veut qu’un cheveu du Prophète ait été disposé entre les briques. Le Coran d’Osman, le plus vieux du monde, très vénéré, y serait exposé. Il aurait été écrit par Osman 14 ans après la mort de Mahomet de 644 à646. Le Prophète étant illettré, ce fut Osman qui inscrivit la parole sacrée sur 5 exemplaires du Coran, calligraphié en coufique sur la peau de gazelle : 330 pages de (63cmx50cm), pesant 25kg. Des 5 exemplaires, un seul a subsisté. On raconte aussi qu’Osman aurait été décapité pendant la lecture du Coran et que les gouttes de sang auraient taché le manuscrit. A l’origine ce Coran était en Irak. Tamerlan le rapporta pour l’exposer à Samarcande où il demeura jusqu’au 19ème siècle. Le Général Kaufmann l’emmena à saint Petersbourg pour l’offrir au Tsar. En 1924, Lénine le rendit aux Ouzbeks. Depuis il est à Tashkent.

La vaste place est barrée par l’imposante mosquée Hazrati Jomi Masjidi, la plus vaste d’Ouzbekistan, construite en 2008 quand Tachkent fut « capitale de l’Islam ». Avec ses deux minarets hauts de 68m, ses colonnes en bois de santal indien, elle est très imposante. Le Président Karimov en aurait dessiné le plan. Elle n’est pas ouverte à la visite touristique, nous nous contentons de regarder la vaste salle de prière moquettée par les baies vitrées.

 

Trois dames en grandes robes et foulards chamarrés s’approchent. Elles sont ravies de poser pour la photo. Elles viennent de Fergana, nous y invitent. Leurs incisives en or brillent quand elles sourient. Je regrette de ne pas avoir osé photographier la gamine sur un tricycle chinois à parasol rose poussée par sa maman en longue robe de velours. Trois enfants jouent au cerf volant en papier aluminium. Le petit porte un calot traditionnel sur la tête. les enfants ont l’air très choyés. Selon la guide la natalité serait entre 2 et 3 cette année.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Tachkent : 1ères visites les monuments du vieux Tachkent »

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