Boukhara – maison-musée Khodjaev

CARNET OUZBEK

Maison-musée Fayzoulla Khodjaev (1896-1938)

 

Faizoulla Khodjaev
Faizoulla Khodjaev

Fils d’un riche commerçant d’Astrakhan, ami de l’émir, Fayzoula part à Moscou faire ses études. Il propose ses services aux djerid et fonde e 1916 le Jeune parti de Boukhara. Il revient en 1920 après la fuite de l’émir. L est alors promu Chef de la République Populaire de Boukhara (d’après Olizane, Nassim a une autre version).

la table d'hiver, le brazero est caché
la table d’hiver, le brasero est caché

La maison familiale est un véritable palais avec une double cour, la cour des Hommes ouverte sur l’extérieur et sobre, la cour des Femmes beaucoup plus fastueuse dont on visite les appartements meublés. Dans le premier salon, on a dressé la « table d’hiver » sous la quelle on pouvait glisser un brasero. Le tout était recouvert d’une couverture mate »lassée. Chacun pouvait y glisser les pieds et se réchauffer. La « table d’été » était beaucoup plus basse. Traditionnellement, les Ouzbeks ne possèdent pas de meubles. Ils vivent par terre sur de somptueux tapis. Une nappe, un plateau remplace souvent la table basse qu’on peut débarrasser ensuite pour dérouler les matelas pour dormir. Les matelas minces, ou plutôt couvertures matelassées, en riche brocard étaient rangées dans l’épaisseur des murs des maisons anciennes. Ces murs épais garantissaient une bonne isolation du froid ou de la canicule. Ils étaient évidés pour faire des niches de rangement ou des vaisseliers. Plus récemment, comme dans la maison Khodjaev, on a acheté des coffres pour ranger la literie. Le coffre est recouvert de cuir fin.
Une autre pièce est encore plus richement meublée : la table basse longue est appelée « table royale » : khan takhta. Un « berceau d’été » est ouvert. Les objets existent presque tous en deux versions « hiver » ou « été » ce qui m’étonne toujours.
On cuisinait dans un bâtiment annexe, en contrebas de l’estrade. L’été, pour les fêtes on pouvait aussi utiliser une énorme marmite dans la cour. Le foyer en terre était rapidement construit. Dans la cuisine les petites marmites étaient posées sur de petits foyers de terre au sol.. Dans un coin, le four a pain a une curieuse ouverture de travers. Le feu était alimenté par au dessous. Quand les parois d’argiles sont chauffées à blanc on plaque les pains préalablement enduits à l’eau salée sur l’envers et à l’eau douce sur l’endroit, décoré par un tampon à pointes qui perce des trous pour empêcher le milieu de gonfler. J’ai vu cet objet au marché mais j’avais cru qu’il était destiné à carder la laine. Il serait bien utile quand on fait des tartes salées dont nous cuisons le fond au préalable avant de le garnir. On met du sel ou du riz, les trous seraient plus pratiques.

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La salle de banquets peut être louée par des voyagistes pour y organiser des spectacles. Sur u portant sont suspendues des robes de soieries des manteaux et même la parandja noire en crin de cheval, version ouzbek du tchador. Dès que les femmes sortaient de la cour, elles devaient revêtir un grand manteau qui les faisait ressembler à une tente, les manches ‘étaient pas enfilées ; cousues ou attachées elles désignaient une femme mariée, libres une jeune fille ; au bas des pantalons les femmes mariées cousaient une broderie. En 1925 les femmes ont brûlé la parandja sur la place Reghistan (Ella Maillard raconte qu’elle a vu le tableau de Benkov racontant cet épisode). Des photos anciennes de la famille complètent la décoration. Autrefois, d’après Nassim, les sunnites refusaient d’être photographiés.

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« Uzbek paranja2 » by Khushal.Khan.Nurzai – Own work. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons – http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Uzbek_paranja2.jpg#/media/File:Uzbek_paranja2.jpg

Une exposition 1935 rappelle cette année terrible pour les Ouzbeks. L’intelligentsia ouzbèke fut décapitée. En 1937, Khodjaev qui s’était insurgé contre la monoculture du coton « le coton ne se mange pas » , est arrêté par Staline. Un panneau détaille le nom et le nombre des victimes par famille. En faisant la simple addition, j’arrive à 70. Privé de ses dirigeants et de ses intellectuels, le peuple ouzbek « pouvait se laisser conduire comme des moutons ».

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Ce musée en l’honneur de Khodjaev a ouvert en 1990, un an avant l’Indépendance. Pendant la Perestroïka , l’Ouzbékistan a senti le souffle de la liberté. Selon Nassim, Gorbatchev est très apprécié ici (et mal vu en Russie).

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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