8. Santiago – Cidade Velha : forteresse, foot et fête le dimanche.

CARNET DU CAP VERT 2002

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Le matin au village

Pour atteindre la forteresse, nous traversons tout le village. Au passage, on se salue «bom dia». C’est tranquille, nous sommes connues ici. Les petits cochons bruns lâchés cherchent leur nourriture comme les poules et les poussins qui picorent n’importe quoi, y compris les crottes de chien.

au village le matin
au village le matin

En haut du village, c’est le domaine des chèvres, des chevreaux minuscules et des boucs perchés qui ne se dérangent pas à notre passage.
Les femmes sont toujours actives, des seaux de lessive, d’eau ou même du sable sur la tête. Nous avons élucidé le mystère de la caravane des fillettes qui descendaient à la plage la nuit. Elles volent le  sable pour faire du ciment. Comme c’est interdit, elles le ramassent la nuit. Le matin les hommes font le ciment pendant que les femmes portent les charges. Ici il y a peu d’ânes, ce sont les femmes  les bêtes de somme.
Dans une cour, on pile le manioc et le maïs avec des pilons de bois dans des mortiers en bois ; les hommes assis regardent faire.

les femmes au travail!
les femmes au travail!

Visite de la forteresse

une rampe monte sur le plateau
une rampe monte sur le plateau

Une rampe en pavés en mauvais état, parfois complètement écroulée monte vers le plateau. Il est encore tôt et le ciel est couvert, la montée est facile. La forteresse intacte, possède encore ses canons rouillés qui pointent dans toutes les directions. Nous regardons une vidéo en portugais dans un petit centre d’interprétation présentant des gravures anciennes et des cartes marines…

église ou château?
église ou château?

A l’intérieur : des hauts murs en bloc bien taillés, une belle cour avec une curieuse citerne recouverte d’un dôme sur le modèle des citernes andalouses Arabes. Des explications détaillées permettent de retrouver la maison du gouverneur, artistiquement dallée de petits galets, comme les Portugais savent le faire, et la petite chapelle carrelée. Les salles des casernes et les magasins sont aussi reconnaissables.

les canons portugais
les canons portugais

 

Le panorama vu des remparts

Le panorama est très étendu. En bas, le village. A l’opposé les crêtes et les pics se détachent en silhouettes déchiquetées dans la brume.
Le plateau est fendu d’un canyon très vert : une oasis de cocotiers, de canne à sucre et de jardins, qui s’étire profondément ; ce paysage nous rappelle le Sud -Marocain. La culture en terrasses est limitée. L’agriculture se concentre au fond de la vallée. Des citernes carrées retiennent l’eau d’irrigation. L’alambic fume encore. La côte découpée est frangée d’écume blanche sur les rochers noirs ?
Je dessine deux esquisses au crayon noir. Je peux tricher un peu et resserrer le cadrage. Je ne suis pas très habile, mais en m’exerçant tous les jours, j’espère progresser.
Dominique explore pendant ce temps les fortifications et trouve une porte et le chemin du retour.

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Dimanche, foot et fête

Comme c’est Dimanche, Abel et Joseph tiennent le bar. Abel me sert un jus de bissap confectionné par Mama. C’est rouge, acidulé cela ressemble un peu au kerkadé mais c’est fait à partir d’une fleur qui vient de Dakar.
Dans le lit de la rivière à sec, se déroule un match de foot avec spectateurs, arbitres et applaudissements.

Dimanche à la plage

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Après un déjeuner de sandwichs sur le pas de notre porte et une sieste, nous retournons à la plage de Canisse, le dimanche est envahie par les familles, véritables tribus, et les bandes de jeunes. Certains ont apporté des glacières et même une guitare. Les Capverdiens se tassent à l’ombre des rochers. Les femmes se baignent en short et en Tshirt. Seules les petites filles sont en bikini. Dans l’eau ils jouent au ballon. Dominique  essaie les lunettes de plongée neuves. Elle est la seule à s’éloigner un peu du bord de la plage. L’essai est concluant, les lunettes sont bien à sa vue et ne se mouillent pas, mais il n’y a rien à voir, que du sable.
Avec l’affluence nous nous relayons pour garder les sacs. La mer monte, il faut déménager sur les galets. C’est moins confortable. L’aluguer vient spécialement chercher les clients à la plage…
Il semble que les gens sont venus de Praia pour le dimanche, la place est pleine de voitures. Un petit orchestre anime le restaurant, devant la mer. Les instruments sont électrifiés et le synthétiseur pas très typique fait surtout beaucoup de bruit.. Des hommes dansent seuls, même les vieux. Nous y cherchons Papa et Mama. Nous voulons leur offrir un verre avant notre départ. Nous les trouvons à leur bar avec Joseph. Je reprends un verre de calabaceira, Joseph et Abel de la bière et Mama une glace.

Le fils d’Abel et de Mama : Joseph

La place du village : pilori
La place du village : pilori

Joseph a 37 ans. Il a fait des études d’économie. C’est un type intelligent et bavard, un peu agaçant parce qu’il prend des airs importants. C’est intéressant de bavarder avec lui. Il y a trois jours, il était venu avec un agronome fin saoul, ce qui rendait la conversation pénible. Samedi, c’était un avocat très gentil et timide. J’essaie d’apprendre le plus possible de ces conversations de bar.Le Cap Vert est il africain ? Pour eux qui ont vécu à Dakar, c’est une évidence. Ils se sentent africains (d’autant plus qu’ils parlent français entre eux). Joseph me fait un résumé de l’histoire des îles de l’archipel, plus compliquée que je ne soupçonnais. Le Portugal n’a pas toujours été le seul colonisateur. Mindelo était anglaise, une île a même été allemande un moment.
Une caravane d’aluguers chargés de tous les jeunes de la région rentre bruyamment de Tarrafal où a eu lieu un  festival de musique. Ce matin Mama nous en avait parlé mais 19nous n’avions pas bien compris et cru qu’il s’agissait d’un pèlerinage.
Nous devions manger du poisson grillé au restaurant du bord de mer mais l’affluence nous rebute. Dominique demande si Mama peut nous cuisiner des nouilles. Elle nous les sert dans notre chambre avec du poulet.
Après dîner, nous tenons compagnie à Mama qui déballe les photos de ses enfants restés en France. Elle nous parle aussi des autres touristes. L’entreprise de Joseph a pour but de gagner de l’argent mais elle a aussi l’avantage de distraire ses parents qui ont laissé leur famille en France.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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