LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE

Avec un titre pareil : Douleur, on ne s’attend pas à une bluette, ni à un de ces feel-good-books, nouvelle catégorie de livres que je fuis.
Iris a été victime dix ans plus tôt d’un attentat à Jérusalem. Ne vous attendez pas à un livre sur le terrorisme, aucun voyeurisme du genre de celui qui s’étale à longueur de journée à la télévision. On neconnaîtra pas ni l’identité des terroristes, ni leurs revendications. Ce n’est pas le sujet. S’il y a culpabilité, c’est plutôt les membres de la cellule familiale qui l’endossent, si le gamin n’avait pas traîné aux cabinets, si la gamine n’avait pas réclamé une coiffure sophistiquée, si le mari avait conduit les enfants à l’école ce matin là, Iris ne se serait pas trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment…..
Le corps brisé, Iris mettra de longues années à se reconstruire. Dix ans plus tard la douleur est telle qu’elle retourne consulter. Et qu’elle reconnait dans le médecin, Eithan, son premier amour. Douleur est un livre d’amour. L’amour sous différentes facettes, premier amour adolescent, amour conjugal raisonnable et routinier, amour-passion, amour maternel, filial. Tous ces amours se conjuguent, se contrarient, s’additionnent.
La douleur d’Iris, est elle celle de son corps meurtri? Ou celle de la rupture à dix-sept ans qui l’a plongée dans une profonde dépression?
Zeruya Shalev dissèque avec une précision d’entomologiste les rapports familiaux. Elle démonte les ressorts de la psychologie d’une femme mûre avec son passé familial, ses déceptions et ses réussites professionnelles. Déjà, à la lecture de Ce qui reste de nos vies (2011 en hébreu, 2014 Prix Fémina), j’avais ressenti le livre comme agaçant, à la manière d’un fruit trop vert, trop acide. J’ai lu deux fois Théra qui s’attache plus au séisme de la rupture d’un couple qu’à l’archéologie de Santorin. Deux lectures loin d’être aimables, et pourtant deux très bons livres.
Zeruya Shalev met en scène le quotidien plutôt banal, elle n’oublie ni les repas, ni les contingences professionnelles. Iris est une amoureuse, mais c’est surtout la directrice d’une école qui cherche à réconcilier la multiculturalité, une fille dont la mère devint gâteuse, la mère d’un grand adolescent, la mère d’une jeune fille enrôlée dans une secte…L’auteur nous fait sentir la complexité et construit une intrigue addictive, comme dans un thriller haletant. Cédera-t-elle à la passion ou à la routine conjugale? arrivera-t-elle à renouer le dialogue avec sa fille?
j’ai lu le gros livre (400 pages) presque d’un trait.
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Je l’avais remarqué à sa sortie et j’ai toujours l’intention de le lire.
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