Illska – Erikur Örn Norddahl

LIRE POUR L’ISLANDE

Salmigondis! Mélange de viandes sanglantes!

J’ai lu jusqu’au bout ce pavé pour comprendre ce qui avait valu un prix littéraire et de bonnes critiques, pensum et colère pour ce qu’on nomme maintenant histoire décomplexée (est-ce un complexe que de vivre avec la mémoire de la Shoah?). Quels compromis, quelles relations, peut-on entretenir avec l’extrême droite, les néo-nazis, les suprémacistes?

Si Métailié, l’éditeur n’avait pas donné le titre Illska en islandais, sous-titré le Mal, je n’aurais sans doute pas téléchargé ce livre. Je suis mauvaise lectrice pour les ouvrages sur le Mal (ou le Bien, d’ailleurs).

Passons sur l’histoire d’amour, le trio formé par Agnès, d’origine lituanienne, à moitié juive qui fait une thèse sur l’extrême droite, son amant Omar, et Arnor, le néo-nazi qui sexuellement la fascine. Trio qui devient quatuor quand le bébé (de qui?) se met à intervenir dans le récit. Je ne suis pas cliente de provocations, genre T-shirt avec le portrait d’Hitler, tatouages nazis sur la bite ou ailleurs.

L’aspect historique : le récit des massacres des Juifs  en Lituanie par les nazis bien aidés par la population locale m’a bien sûr interpellée. Comment vivre avec l’idée que la moitié des ancêtres  en a assassiné l’autre moitié? Pour raconter cet épisode tragique il faut une vision très claire, se tenir aux faits et ne pas se perdre dans les ragots, les anecdotes croustillantes. C’est tout le contraire qui est livré ici. Eclairage, genre boule à facettes, mosaïque de vérités (et contre-vérités) où les faits historiques voisinent avec des textes nauséabonds. Chacun se construirait sa propre opinion? On glisserait vers le révisionnisme.

L’enquête de l’héroïne dans les milieux néo-nazis, populistes, en Islande ou ailleurs aurait pu être passionnante. Elle est parasitée par des fantasmes sexuels et tourne court. Le premier quart du livre lu, on n’entendra plus parler de travail universitaire d’Agnès.

Même ambiguïté gênante vis à vis du viol.

Le récit est bien écrit, on se laisse prendre à tous ces récits qui s’entrecroisent habilement. Pour cela rien à reprocher. D’ici crier au génie?

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Illska – Erikur Örn Norddahl »

  1. Ce roman m’a marquée, je l’ai trouvé très audacieux, et contrairement à toi, pas du tout ambigu. J’y ai vu la volonté de démontrer l’omniprésence du mal, y compris sous ses formes les plus insidieuses. J’ai en revanche été déçue par son 2e roman, un récit d’anticipation que j’ai trouvé expéditif et superficiel..

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