LIRE POUR L’EGYPTE
Ce roman historique se présente comme le journal de bord d’ un jeune égyptien, du 22 Juillet 1798, quand les troupes françaises sont aux portes du Caire, jusqu’au 31 Août 1801 quand elles quittent l’Egypte. C’est donc un roman historique qui raconte l’Expédition de Bonaparte du point de vue d’un jeune musulman. Le narrateur est un étudiant de l’érudit Jabari, professeur à Al Azhar, qui le loge dans sa maison et qui tient, lui aussi une chronique des événements et qui assiste avec les autres notables aux réunions du Divan.
Le jeune homme a appris le français en travaillant chez un négociant français. Son Maître, l’envoie d’abord à l’Institut Français, traduire et copier des ouvrages arabes. Il y rencontre les Savants de Bonaparte et Pauline dont il tombe amoureux avant qu’elle ne devienne la maîtresse de Napoléon. Il lui donne aussi la mission de suivre la campagne de l’armée française en Syrie, jusqu’au désastre d’Acre. Tout au long de la campagne il note scrupuleusement batailles, atrocités et ravages de la peste. Après le retour de l’armée au Caire, le départ de Bonaparte pour la France, l’assassinat de Kléber, les notes sont plus confuses comme la situation des occupants.
Cette lecture raconte une histoire que je viens de lire avec grand plaisir dans l’Egyptienne de Gilbert Sinoué, saga brillante et passionnante; parfois, j’ai eu une impression de déjà-lu qui a défloré la découverte et un peu pâli l’étoile de cette seconde lecture. C’est ma faute, j’aurais dû espacer les deux lectures!
Cependant, les points de vue sont différents : l‘Egyptienne est une chrétienne, fille de riche propriétaires terriens, sa famille fréquente les mamelouks et elle a accès à la citadelle. Le jeune égyptien est de beaucoup plus modeste extraction. Dans Turbans et Chapeaux on apprend une foule de détails sur la vie quotidienne au Caire, au hammam, au marché, dans les cafés. Il se promène à pied et à âne, les bourricots jouent d’ailleurs un rôle que je ne soupçonnais pas….
Dans ces chroniques, le narrateur note scrupuleusement les impôts, taxes et avanies auxquels propriétaires fonciers, fermiers et même simples habitants sont soumis quand l’occupant cherche à s’enrichir, ottomans comme français, les procédés se ressemblent (c’est l’opinion de la lectrice) . Il raconte aussi comment les soldats d’occupation se comportent en exigeant nourriture et boissons et en commettant des exactions, comportements malheureusement similaires!
Le dernier jour, l’élève a retrouvé sa place auprès du maître:
Ecris ce que je vais te dicter, m’ordonna-t-il :
« an mille trois cent treize : première à venir d’années riches en grandes batailles, en événements graves et calamités subites où les malheurs ont succédé aux malheurs, les épreuves aux déconvenues, où le cours naturel des choses s’est déréglé, et où la mauvaise administration et la dévastation ont conduit à la ruine générale…