GUADELOUPE

Pour visiter la plantation de café Vanibel, la réservation est obligatoire par téléphone. La matinée est dédiée à la baignade. Courses en traversant Pointe Noire où je photographie les vieilles maisons de bois colorées avec les balcons.

Nous sommes revenues à Petite Anse (entre Bouillante et Vieux-Habitants). Nous garons la KIA sous les raisiniers bord de mer (Coccoloba uvifera) qui procurent une ombre agréable. Ils sont assez solides pour qu’on y suspende des hamacs. Les sargasses sont de retour elles ne me font plus peur. J’ai nagé une bonne heure en évitant les gros paquets pour ne pas en être enguirlandée. J’aime bien retourner plusieurs fois sur la même plage, j’y prends mes marques et me sens en sécurité pour nager plus loin.

Dominique que je croyais bien installée sous les raisiniers a du subir les ébats d’un jeune couple dans leur hamac suspendu juste en face du capot de la voiture sans aucune discrétion. Au bout de la plage, il y a un restaurant sur le sable : carte alléchante de poissons, dorades, poissons-lions.. Je commande des ouassous à la sauce coco accompagnés d’un gratin de patate douce, plat très réputé de la cuisine guadeloupéenne. L’attente est interminable. Nous nous sommes installées à 12h15, toujours pas servies à 13 h alors que la visite à Vanibel est réservée pour 14h30. Enfin la serveuse apporte les ouassous (écrevisses Macrobranchium caranus) roses sans sauce. Où est passée la sauce-coco ? le gratin de patates est servi dans une barquette en aluminium dans le style cantine plutôt que restaurant les brochettes de poulet de Dominique sont insipides et mal cuites. Expérience gastronomique très médiocre pour un prix-restaurant
Comme nous sommes pressées nous nous en remettons au guidage par GPS par de petites routes bien pentues au flanc de la montagne jusqu’à l’Habitation Vanibel.

Nous sommes une vingtaine de touristes guidés par Joel qui présente l’exploitation familiale achetée en 1974. 28 ha dont 15 ha de café, diversifiée avec de la vanille des bananes et du cacao.
Le café pousse sous couvert végétal associé à du Pois-doux (Inga laurina de la famille des mimosacées, fabacées)Le Pois doux apporte un ombrage au caféier qui craint le soleil, il apporte un paillage au sol et comme légumineuse, de l’azote comme engrais. L’Habitation Vanibel se trouve à 400 m d’altitude et nécessite ce couvert tandis que plus haut au Brésil à 1300 m il n’en a pas besoin. Les caféiers qui sont autour de nous sont âgés de 27 ans. Ils peuvent vivre jusqu’à 70-80 ans mais seront moins productifs. Il faut attendre 5 ans pour que avoir des cerises. A Vanibel, 800g/pied. Le café de Vanibel et étêté ce qui le pousse à se ramifier et surtout facilite la récolte faite à la main. Les cueilleurs ne prennent que les fruits murs et repassent 4 à 5 fois pour une qualité optimale. Sur ce sol volcanique le pH est 4.5. L’acidité confère une meilleure qualité.
En Guadeloupe, les caféiers ont été remplacés par des bananiers, de culture plus facile et plus rentable. Autrefois le café de Guadeloupe était exporté, maintenant il ne suffit pas à la consommation intérieure (300t consommées, 15 à 20 produites) . Cette production « confidentielle » doit viser la qualité supérieure pour être rentable. On n’utilise aucun traitement chimique pour lutter contre les deux maladies du café : la rouille et les cochenilles. La fertilisation du sol vient du guano. Toutefois la production n’est pas certifiée bio à cause des herbicides.
José nous entraine un peu plus haut, au moulin, pour nous expliquer les étapes de la bonification du café.
Les cerises rouges sont « décerisées » : on enlève la pulpe.
Les graines vont fermenter pendant 24/48 h .
Il faudra alors les laver et les faire sécher sur de longs plateaux qui glissent sur des rails. Pour éviter les moisissures, on doit remuer doucement les graines et les mettre à couvert quand il pleut.
Pour enlever l’enveloppe : la parche, le moulin actionne des pilons qui pileront alternativement. Les engrenages bien visibles sont très beaux.
Le vannage ou séparation de la parche et des grains est effectuée dans une grosse machine Tarrare (elle est fabriquée à Tarrare près de Lyon).
Il reste une dernière transformation : la torréfaction qui s’effectue près du lieu de consommation. Le café est expédié vert. Curieusement, il gonfle lorsqu’il est chauffé (réaction de Maillard). Il est donc plus avantageux de le transporter vert avec un faible volume. Surtout, l’arôme du café grillé se conserve beaucoup moins que le café vert.
Les grandes compagnies (l’Or, Grand-mère, Nescafé…) procèdent à des assemblages de cafés de différentes provenances pour garantir au consommateur un goût homogène.
« Quel est le meilleur café ? « demande Joël. Réponse d’une fayote « le vôtre » ; selon notre guide, les goûts varient selon les régions/ les mélanges ne seront aps les mêmes pour les Américains qui le boivent allongé ou les Italiens, serré, ou les gens du Nord qui ajoutent de la chicorée.
Suivent, des explications économiques sur le prix du café coté en Bourse. Le café de Guadeloupe ne pèse rien à côté des productions brésiliennes ou d’Amérique Centrale. La cueillette à la main représente l’essentiel des coûts. Avec le salaire d’un cueilleur Guadeloupéen on pourrait rémunérer 25 Guatémaltèques. Au Brésil la cueillette est mécanique. Vanibel doit viser la qualité pour bénéficier d’un « effet de niche ». Ils commercialisent deux sachets : l’un en toile de jute qui ne contient que leur café, l’autre en emballage habituel destiné aux cafés et aux supermarchés ne contient que 20% de café de Guadeloupe. Au supermarché le « fait en Guadeloupe » signifie parfois « torréfié » en Guadeloupe. Ceci explique pourquoi le café est invisible dans le paysage. L’exploitation touristique, elle, est bien visible.
La banane a chassé les plantations de café. Le groupe s’immobilise devant des bananiers. La banane pousse et se récolte toute l’année. Elle est productive au bout de 4 mois, le café 5 ans. Les cyclones Irma et Maria en 2017 ont détruit 100% des bananeraies et pourtant l’année suivante la récolte était normale. Notre guide nous montre la grosse cloche violette qui contient les fleurs : certaines sont femelles ; d’autres hermaphrodites, d’autres mâles. Les première en haut de l’inflorescence ne seront pas pollinisées et avorteront. Les dernières (en bas) sont supprimées une fois le régime de fruits formé pour que les autres grossissent. Joël détache une fleur en forme de mini-banane (ovaire allongé), stigmate formant une étoile, étamines en périphérie. Quand le régime grossit on coupe la « fleur » qui reste et on emballe le tout dans un sac de plastique bleu qui le protège de la rouille, des taches et des chocs pendant le transport. La couleur bleue filtre les UV ;
Il existe de nombreuses variétés de bananes : plantain qu’on cuit, les petites, les meilleures ne supportent pas le transport par bateau, le transport par avion les rendraient inabordables. On exporte la variété Cavendish. Le prix des bananes antillaises n’est pas compétitif. Les subventions permettent aux agriculteurs de survivre : le kg se vend 10 centimes + 45 centimes de subventions. Mais le transport par containers est presque « gratuit » : la Guadeloupe importe presque tout de Métropole, sans les bananes, le retour se ferait à vide. On les remplit donc de bananes.
La vanille :

La vanille est une orchidée, liane qui s’enroule autour d’un arbre. La vanille est pollinisée à la main. Le seul pollinisateur est l’abeille Mélipone est mexicaine et son acclimatation a échoué en dehors du Mexique. La pollinisation manuelle est très exigeante : la fleur s’épanouit à 3 heures du matin, à 10 heures, elle est déjà fanée. Il faut se lever tôt et agir vite, choisir els fleur à privilégier. L’inflorescence en contient parfois une vingtaine. Si on pollinisait tout, les gousses seraient trop petites. La gousse sera aussi délicate à cueillir et plus tard à conserver ; ce qui explique son prix. La vraie vanille est un luxe. L’industrie alimentaire utilise exclusivement des arômes chimiques. Si certaines glaces ont de petits points noir, ce ne sont pas les graines(poudre fine parfumée) mais souvent la gousse qui a été « recyclée » grattée une fois que la poudre des graines a été récoltée. Joël nous conseille de conserver les gousses au congélateur. Si la gousse est conservée à température ambiante, des cristaux blancs peuvent se développer. Ce n’est pas de la moisissure, au contraire c’est de la « vanille givrée » le « top » de la vanille, la plus parfumée. Comme le café, la vanille requiert de la patience. Elle ne donne qu’au boit de 4 ans, il faut lui fournir 50% de soleil, et 50% d’ombre. Comme engrais on épand le compost de la parche de café.
Dernier arrêt devant le cacaoyer : les belles cabosses rouges sont facilement observables. Le cacao serait une culture d’avenir. La demande s’est envolée depuis que la Chine s’est mise à en consommer. Elle exerce une grosse pression sur les producteurs africains.
La visite se termine par une dégustation de café : léger et parfumé qu’il est inutile (à mon goût) de sucrer ?
Les roches gravées de Plessis
Ce sont des pétroglyphes amérindiens dans la rivière Plessis. Malheureusement, la descente est longue (le chemin est bon avec des marches) Il faut compter 20 minutes pour descendre, 20 minutes pour les trouver et au moins autant pour remonter. J’abandonne à mi-chemin.
💙💙
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très intéressante cette visite de la plantation!
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Très intéressé par vos explications sur les cultures locales (café, bananes, vanille et cacao – émergent), merci!
Au-delà du bio, je ne sais pas si une labellisation « commerce équitable » pourrait être mise en place? Si la main-d’oeuvre est correctement payée…
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
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