visite de Pointe-à-Pitre en touktouk

GUADELOUPE

Tout près du musée, quelques blocs tout propres sont décorés en Street Art. La vieille ville de Pointe-à-Pitre, aux maisons coloniales de bois à balcons, est plutôt en ruines. Les graffeurs Street Art se sont emparés de ces murs en deshérence pour donne « de la couleur à la ville ». Je me suis promenée dans le périmètre compris entre le brillant, éblouissant MACTe, la bruyante gare routière (cars orange) et une colline et la rue Raspail enjambée par un pont ancien la Voûte.

Centre-ville de POInte à Pitre

J’ai découvert martin Luther King et Malcom X , figures obligées mais aussi des anonymes. La façade d’un ancien garage est peinte de violet, bleu avec une jeune fille qui se retourne.

I had a dream

 

Le quartier est délabré mais au rez de chaussée, il y a plein de boutiques et de petits restaurants et snacks « à emporter ». J’achète une brochette de poisson servie avec du riz et des crudités dans une barquette .

Où se poser pour déjeuner ? Derrière le musée, il y a une jolie vue sur la marina ;  mais les parkings sont en plein soleil. La pluie annoncée n’est pas venue. Nous suivons le rivage et aboutissons sur le campus de l’Université. Nous déjeunons à côté de la Bibliothèque Universitaire avec un panorama fantastique. Les étudiants ont bien de la chance d’étudier dans un campus si bien situé !

marché aux épices

A 14 h nous avons rendez-vous avec Baptiste Enoch pour un tour de la ville en touktouk. Merveille de la technologie : un coup de fil de réservation, un message Whatsapp avec le lien vers Googlemaps qui nous guide directement vers le rendez-vous. Les bureaux de Pousse-Pousse sont situés près du port à moins de 100 m du débarcadère des croisières. Justement un navire Costa est à quai et des touktouks attendent les croisiéristes.

Comme nous sommes en avances je vais faire un tour au Marché des Epices : vanille, cannelle, épices, rhum, punch madras, fruits exotiques. Un très joli marché touristique. Plus touristique que celui de Basse-Terre qui avait aussi des étals de fruits, légumes et d’articles de la vie quotidienne.

« qu’est-ce que tu veux doudou ? » demande la marchande toute habillée de madras. Je lui montre mes poches vides. « Tu as laissé ton portemonnaie mais tu n’as pas oublié l’appareil -photo ! » pas question de photographier, elle n’est pas commode.

Baptiste est habillé comme un steward de croisière, casquette et chemise blanche, souriant, aimable, très pro. Il m’entraine dans les bureaux pour régler la course (39€/pax) . Ils sont installés dans un hangar de stockage assez vaste pour y garer les touktouks mais pas seulement ! Pendant le confinement il a construit une sculpture GUADELOUPE en carton ondulé. Cela rappelle la technique d’Eva Jospin en moins sophistiqué ? Sur le thème du recyclage, il y a aussi un portrait de femme en capsules de bière. Le thème de la visite de Baptiste est le Street Art qui « donne des couleurs à la ville ». Le centre de Point à Pitre est en déshérence. Les belles maisons coloniales à balcons, les cahutes de bois tombent en ruine. Il suffit parfois de peu de travaux pour leur rendre leur lustre. Souvent en indivision, elles n’ont pas été entretenues et sont abandonnées. L’une d’elles près du port a été réinvestie en Auberge de Jeunesse aux couleurs de l’Arc en ciel, trois points levés en planches sont brandis sur la façade. Le Street-art est gai, convivial et aussi politique. Le recyclage est largement utilisé : pour les sculptures en utilisant les pièces métalliques des moteurs de bateaux.

Nous passons par les rues que j’avais découvertes à pied mais Baptiste nous fait remarquer des détails que je n’avais pas vus. Le Street Art habille des maisons ruinées et décore des blocs neufs. Il égaie les blocs HLM qui seraient bien triste autrement. Sur ces derniers immeubles les graffs occupent souvent plusieurs étages. Tout en nous montrant les peintures, Baptiste insiste sur l’architecture de maisons qui ne paient pas de mine. Certains sont très petites en façade mais elles sont très profondes. Parois on découvre un jardin à l‘arrière. Quand la maison s’est écroulée, les artistes ont utilisé les vides pour y installer des recoins conviviaux comme cette petite cour bleue où des panneaux de circulations mis à l’horizontale font des tables où s’accouder pour poser sa bière ou son verre de Ti-punch. Une impasse entière est dédiée aux femmes belles et jeunes mais aussi vieilles et malicieuses.

J’ai retenu plusieurs signatures : Al Pacman, Skem, B.Bird (Ronald Cyrille) malheureusement j’en ai oubliés.

A côté du très moderniste, très brillant, exemplaire Mémorial ACTe, construit à grands frais, on a laissé se dégrader l’énorme Centre des Arts construit par la Mairie en 1978, fermé depuis 2008 pour travaux puis abandonné après que l’entreprise chargée des travaux ait fait faillite. Le 21 juillet 2021, un collectif « Artistes en résistance » investit les lieux pour réclamer la reprise des travaux.

Après avoir salué le portrait de Maryse Condé qui domine l’entrée, je visite à la suite de Baptiste les salles décorées de graffs, de photos et d’installations. Il y a également une (petite) bibliothèque. La très grande salle de spectacle n’est plus que ruine. Quel gâchis ! Avec des gaines de mousses isolante un oiseau a été construit : colibri, ironie !

A côté du Steet Art, Baptiste nous montre la ville historique : l’énorme Place de la Victoire, fondée par les Anglais qui ont occupé plusieurs fois la Guadeloupe et développé Pointe à Pitre en rivalité avec Basse Terre, la capitale, alors française avec son grand fort. Arrêt devant une fresque, ou plutôt un bas-relief représentant des manifestants mis en joue par des CRS. Le 25-26 mai 1967, des ouvriers du bâtiments, en grève qui réclamaient 205% d’augmentation, furent réprimés de manière sanglante, à balles réelles, faisant au moins 8 morts (récit de l’Humanité)

La place ronde est suivie d’une vaste esplanade plantée de manguiers séculaires datant de la Révolution, un kiosque à musique y est installé ; sur son pourtour des bâtiments anciens . Nous nous arrêtons devant la cathédrale, puis devant le cimetière impressionnant par la taille des monuments funéraires, véritables chapelles. A côté de la ville, un véritable village de bois et de tôles _ favela – l’appelle Baptiste qui nous montre aussi les aspects misérables de Pointe-à-Pitre.

La ville est étonnamment peu peuplée (16.000 ha) et pourtant pôle d’attraction économique. On y travaille mais tous ceux qui peuvent se le permettre n’y habitent pas préférant vivre dans la nature ou en bord de mer. Ce qui explique les embouteillages à l’heure de pointe.

Après le tour en touktouk, je retourne au Marché aux épice acheter mes cadeaux-souvenir : gousse de vanille, cannelle, cartes postales passant devant le restaurant libanais Fayrouz, je remarque que de nombreux commerces sont aussi libanais.

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

Une réflexion sur « visite de Pointe-à-Pitre en touktouk »

  1. Ça doit changer pas mal de choses cette présence du street art et heureusement. Y aura-t’il un jour une réhabilitation de ces vieilles demeures ? mystère sans doute.

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