Lutz Seiler – Stern 111 – Verdier

FEUILLES ALLEMANDES 2023

Merci à Patrice et Eva Et si on bouquinait qui m’ont fait découvrir ce livre lors des Feuilles allemandes 2022! Les Feuilles allemandes sont une occasion de découvrir la littérature allemande que l’on ne connait pas bien ici. Surtout la littérature contemporaine. 

Un gros pavé 570 pages que j’ai dévoré en 3 jours. Seuls reproches à ce livre : son format et son poids. Bien trop gros pour lire dans le métro sauf à vider le sac à dos de tout le superflu (porte-cartes, porte monnaie, étui à lunettes). Passé 500 pages, l’éditeur devrait vraiment songer à une édition électronique que Verdier snobe (même problème avec le Lilas rouge de Reinhard Kaiser-Muhlecker 700p. proposé en lecture commune).

Lutz Seiler nous embarque dans les derniers jours de la RDA dans une petite ville de Thuringe où la famille Bischoff a vécu une existence ordinaire jusqu’à la Chute du Mur. Carl, 25 ans, se voit confier la garde de la maison et de la voiture, une Shiguli (Lada) tandis que Inge et Walter, les parents,  cinquantenaires quittent le foyer munis de sacs à dos, de chaussures de randonnées et d’un accordéon. Ils partent vers l’Ouest . Première surprise : dans la vie ordinaire, ce sont les enfants qui quittent le logis parental à l’aventure.

Carl restera le temps de manger les provision qu’Inge lui a laissé. Au volant de la Shiguli, il gagne Berlin, fait le taxi clandestin, et atterrit dans le repaire de squatters dans des immeubles désertés de Berlin. Ayant travaillé comme maçon, emportant les outils de son père, il est adopté par la communauté qui s’installe dans des caves une sorte de café Le Cloporte. Animés par une idée confuse A-Guerilla, A pour anarchistes, alternatifs, le Cloporte se dispose à accueillir des travailleurs. Les travailleurs ne s’y bousculent pas, plutôt les marginaux, les russes qui occupent encore la RDA, les prostituées, des artistes et toutes sortes de personnages pittoresques comme le Berger et sa chèvre Dodo, le Bon Peintre… Carl est adopté d’abord comme maçon, puis comme serveur. Il a une autre occupation : il est poète et compte bien être publié. Le Cloporte est aussi une galerie d’art. Carl y retrouve Effy,  une ancienne camarade d’école, peintre graveuse, performeuse. Stern 111 est aussi un roman d’amour. 

Entre temps, le couple des parents vit des aventures à l’Ouest. Accueillis d’abord comme réfugiés dans des camps, ils trouvent d’abord dans des emplois précaires correspondant plus ou moins à leurs qualifications. Inge,  très courageuse, ne dédaigne aucune occasion, femme de ménage, garde malade, rien ne la rebute. Walter surprend les employeurs par ses connaissances en informatique, on lui confie des missions d’enseignement sans le payer à sa juste valeur. Je me suis attachée à ce couple courageux et original. La fin de leur périple est tout à fait extraordinaire, mais je ne révèlerai rien. A vous de découvrir. 

Finalement l’anticonformisme ne se rencontre pas forcément dans les taudis de Berlin qui va progressivement s’embourgeoiser.

Roman touffu, surprenant, parfois érudit, passionnant! Surtout très dépaysant  : il vous fera voir les aspects de la RDA que nous ne soupçonnons pas,  des objets singuliers comme Stern 111, le transistor qui apportait un peu de musique occidentale à l’Est ou la Shiguli, voiture rustique que n’importe quel bricoleur pouvait entretenir lui-même dans son garage. 

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

12 réflexions sur « Lutz Seiler – Stern 111 – Verdier »

  1. Le poids et l’encombrement j’y fais très attention aussi maintenant, d’autant qu’en plus l’arthrose s’en mêle … Un roman qui m’a l’air très intéressant, je le note et peut-être sortira-t’il en poche un jour.

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  2. La solution, avoir deux livres en route, un pour la maison, un pour le déplacement?
    En tout cas, j’ai noté le titre, pour plus tard.

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    1. @keisha: c’est effectivement ce que je fais mais quand le gros livre est passionnant c’est un peu frustrant. J ai vraiment vide complètement le sac à dos et mis mon passionnant navigo dans le téléphone pour continuer Stern111.

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  3. Je l’ai à la maison, également noté chez Patrice et Eva, et son format m’a retenu jusqu’à présent de le lire… (de même pour Roman, de Vladimir Sorokine, paru dans cette même maison…).
    Dommage que leurs formats poche se fassent rares…
    En tous cas, tu confortes mon envie de le lire !

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  4. je note tout de suite ce titre que je n’avais pas repéré chez Verdie
    bien d’accord avec toi sur le poids des livres j’ai deux mais totalement déformées par l’arthrose et même si je préfère les livres papier je me laisse tenter par le numérique à cause de cela

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  5. Je viens d’entendre parler de cet auteur parce qu’il a reçu le prestigieux prix Georg Büchner. Je n’ai pas eu le temps de me procurer ses livres pour Les Feuilles allemandes 2023 mais je les note pour 2024, d’autant que ma médiathèque en a deux, dont Stern 111.

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