Adieu mes Frères – Peter Blauner -Harper Collins NOIR

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

410 pages, traduit de l’américain par Estelle Roudet.

Un thriller qui va vous emporter au Caire en 1954 sur le tournage des Dix Commandements de Cecil. B De Mille et accessoirement dans une base de Daech. 

Trois thèmes sont abordés :

l’engagement d’Alex, jeune adulte, encore adolescent auprès de l‘Etat Islamiste.

La prise de pouvoir de Nasser et l’éviction de Naguib dès 1954 ainsi que les purges auprès des Frères Musulmans

le tournage du film et la cinéphilie de Ali Hassan, le grand-père d’Alex

Accessoirement, les rapports entre l’adolescent et son grand-père sont la trame de ce roman épistolaire.

Ces trois thèmes avaient tout pour m’intéresser. Et pourtant cela n’a pas fonctionné comme je l’aurais aimé.

D’abord, la forme : les échanges de mails sont assez frustrants. Le jeune homme, écrivant clandestinement envoie des messages assez dénués d’intérêt (on comprend pourquoi mais on reste sur sa faim). Au contraire, le grand-père envoie un long « livre » en pièces jointes :  l’histoire de sa jeunesse à ce petit-fils qu’il a peur de ne plus revoir. Cela donne un roman déséquilibré.

chefren et le sphinx

Ensuite les personnages : Alex est tout à fait désincarné. Pourquoi a-t-il rejoint Daech? Comment est-il arrivé sur le théâtre des opérations (y-est-il même parvenu? Tout ce qu’il raconte concerne un jeu vidéo qu’il aurait aussi bien pu inventer dans sa chambre américaine. Une « épouse » esclave sexuelle yezidie fait une courte apparition dans les échanges épistolaires. Rien sur les opérations militaires ni sur les conditions de vie…

Le grand-père est beaucoup plus intéressant : c’est un jeune éduqué, cinéphile, amoureux, mais influençable. Il ne sait pas choisir son camp et se laisse entraîner plus par faiblesse que par conviction dans les manœuvres des Frères Musulmans. Il se donne le beau rôle, évitant un attentat puis un massacre; on ne comprend ni pourquoi ni comment. Ces retournements de veste et ses atermoiements m’ont lassée.

Le plus réussi, c’est le tournage du film. Les caprices du metteur en scène qui est un véritable dictateur. Mais comment régir des milliers de figurants, des acteurs à l’égo surdimensionné, des techniciens peu efficaces? Et réussir un chef d’œuvre qui récoltera  un Oscar et deviendra un  classique de la télévision américaine.

J’aurais aimé plus d’analyse politique, plus d’histoire, moins de politique-spectacle dans l’ascension de Nasser et sa prise de pouvoir. J’aurais aussi aimé sentir vibrer Le Caire, son peuple, ses cafés et ne pas rester dans les hôtels coloniaux et leur golfe. Un thriller bien américain!

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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