PLAGE DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ATLAS

Claude a téléphoné à Tami, le guide qui travaille avec les clients des Trois Paons, et a conclu pour 800 dh une promenade de la journée dans le Haut Atlas.
10h30, nous quittons Les Trois Paons par l’allée couverte de bambous formant un tunnel le long des murs de la Gazelle d’Or – hôtel prestigieux où Chirac, Catherine Deneuve et d’autres étaient des habitués. Nous contournons Taroudant par ses remparts : les plus anciens datent des Saadiens (vers 1515) protégeaient la citadelle des armées espagnoles et portugaises. L’enceinte complète comporte 19 bastions et 130 tours. Certaines parties ont été restaurées récemment (subventions françaises Chirac) . le récent séisme de septembre 2023 a fragilisé la muraille et on a édifié des échafaudages.
Nous reprenons la grande avenue bordée de palmiers et d’immeubles récents, passant devant le Centre Culturel et l’Université, quartier destiné aux Roudanis plutôt favorisés et aux fonctionnaires qui ont un salaire fixe. La route de Tamaloukt file plein nord le long des vergers de Domaines (royaux), puis d’une mine de phosphate exploitée par des Espagnols, on voit des camions et de la poussière blanche.

Au village de Tamaloukt nous constatons les destructions du séisme : une maison en béton a glissé de ses fondations.
La route monte ensuite en lacets vers le Barrage Sidi Abdellah dont le remplissage récent n’est pas terminé.
Les couleurs du Haut Atlas sont extraordinaires : les couches se succèdent en passant du rouge à l’ocre puis au blanc et au rose. A l’horizon, les crêtes sont bleues ou grises. De petits arganiers plutôt de la taille d’un buisson sont verts tandis que les grands arbres sont morts. La sécheresse est très préoccupante. Tami ne minimise pas la tragédie pour les paysans. Que deviendront-ils sans leurs olives et leurs arganiers ?

Nous avons pris de l’altitude et dans le creux de la vallée je découvre une palmeraie. Sous les hauts palmiers, les petits champs de luzerne ou d’orge sont vert vif. Miracle de l’eau et des oasis !
La route a aussi beaucoup souffert du séisme et du passage des camions. Par endroits, le goudron a disparu. La piste poussiéreuse est constellée de rochers éboulés de toutes tailles qui ont dévalé la pente. Deux véhicules peuvent à peine se croiser Un groupe d’hommes avec des seaux en caoutchouc de pneus tente de déblayer les bas-côtés. Ils ramassent les pierres, poussent les rochers. Ils travaillent bénévolement, tentent de rendre service. La solidarité n’est pas un vain mot chez les Berbères. Quand nous redescendrons, il ne restera plus qu’un vieil homme à qui le guide donnera quelques dirhams, je viderai le porte-monnaie de mes pièces. « Il faut aider ce vieil homme » dit Tami. « il n’a rien et vient travailler pour son village »

Sur la route des femmes cheminent avec leur bourricot qui transporte toutes sortes de chargements dans des paniers bien remplis. Elles sont enveloppées de voiles colorés. Toutes ont les cheveux couverts d’un foulard mais personne ne se cache comme autour de Tafraoute. Je suis étonnée de l’extension de la zone berbérophone ainsi que par leur langage mélangé. Tantôt je capte un mot français ou arabe, tantôt rien du tout. Etonnée aussi de la proportion de femmes dehors ; les enfants sont à l’école, certains vieillards aux champs ou au café, on voit très peu d’hommes en âge de travailler. Sauf quelques jeunes sur des mobylettes.

La route surplombe la palmeraie. Pour la touriste c’est toute une fête des couleurs : vet foncé des palmiers, gris-vert des oliviers, jaune et orange des grenadiers et même de quelques peupliers sur els bords de la rivière.
Au village d’Afensou, Tami gare la voiture à la fin du ruban de ciment qui tient lieu de route. Franchissant une porte, nous sommes dans la cour d’une grosse maison rouge – inhabitable après le tremblement de terre. Les gens vivent dehors sous des tentes en tout genre : blanches carrées, des abris cubiques faits de bâches plastiques renforcées par des roseaux et des canisses. On a aussi installé des préfabriqués en dur (genre Algéco). La terrasse du restaurant est en plein air : canapés tables. La cuisine est dans un cubé évidé auquel il manque la façade. C’est là que Tami emmène les touristes déjeuner. Mais je n’ai pas prévu de m’arrêter et cela arrange bien le guide qui a des clients plus tard dans l’après-midi. Après les salutations d’usage, nous quittons les femmes du restaurant, jeunes et souriantes, passons au ras des algécos et traversons un verger d’oranges. Tami m’en cueille une pour m’en faire cadeau. Nous cheminons sur de petites levées qui limitent les champs de luzerne. Certaines parcelles ne sont pas cultivées. Je remarque des rangées de piments (pour la harissa) un rang de des rangs de pois et des pommes de terre. L’eau court dans de petites rigoles. Le séisme a fait naître de nouvelles sources. L’eau est partout, joyeuse effaçant un peu le tragique des ruines. J’avais imaginé des rangées de tentes comme dans les camps de réfugiés, ici on bricole un abri dans son jardin, ses champs ou les oliveraies et la vie continue. Ils doivent avoir bien froid la nuit !
Le sentier passe sous des oliviers centenaires. Une trace de peinture bleue indique que les olives de cet arbre sont à la disposition de la communauté en l’absence de son propriétaire. Encore la solidarité villageoise s’exprime. On ne peut pas imaginer qu’il en soit autrement : comment vivre si la maison est écroulée dans les deuils et les ruines s’il n’y a pas d’entraide entre voisins.

Le circuit de la promenade arrive à un point de vue au-dessus de l’oued. L’eau est canalisée à mi-hauteur dans des seguias cimentées ressemblant aux levadas de Madère. On descend ensuite dans le lit du torrent tapissé de galets colorés – mes préférés sont les verts. Dans l’eau des plantes à feuilles rondes ressemblent à du cresson : Véroniques des Ruisseaux selon Plantnet. A mon habitude, je rcense les plantes rencontrées : la vigne qui a grimpé sur les branches d’un grand arbre, des caroubiers, des grenadiers avec de minuscules grenades séchées, des figuiers bien verts près de l’eau. Un pistachier lentisque – le premier vu depuis notre arrivée (à nos autres voyages au Maroc, ils étaient très communs), des ronces, de la salsepareille. Les villageois ont abandonné de très grosses courges de près d’un mètre de long sur le bord des chemins.

Trois jeunes gens sont venus pique-niquer sous les oliviers ; Ils montent une caméra sur un trépied. Tami les interpellent. Ils préfèrent parler Anglais plutôt que Français, l’un d’eux apprend l’Allemand pour étudier en Allemagne. Tami prend des cours de langue en ligne. Encore une fois, je constate la régression de la langue française, pas Tami qui voit la solution des études au Canada. Je butte sur un emballage rouge : du malathion. On a beau cultiver à la houe ou faire tirer la charrue par un âne, les légumes et les fruits ne seront pas bio pour autant !
Fin de la randonnée : nous retournons au restaurant. Les deux femmes nous offrent du thé à la citronnelle, froid mais délicieux.
Sur la route du retour, Tami prend en stop une veuve dont le mari a trouvé la mort dans le séisme qui va à Agadir chez sa fille pour réclamer les aides qui tardent à arriver. Je ne comprends rien de ce qu’elle raconte mais elle a l’air très remontée.
Retour au gîte à 15h15, Tami va prendre en charge ses autres clients. 8oo dirham pour une demi-journée c’est quand même bien cher !
Je ne connaissais pas cet insecticide neurologique et dont le produit de dégradation reste toxique…
Effectivement, « traction animale » ou « culture à la main » ne veulent pas forcément dire « bio »!
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
J’aimeJ’aime
@ta dloiduciné : il existe de longue date, je ne sais pas si on s’en sert encore en union européenne
J’aimeJ’aime