LECTURE COMMUNE AVEC CLAUDIALUCIA, AIFELLE, KEISHA, FANJA, SANDRINE, DOMINIQUE et d’autres…..

Le jeune Marcel, caché pour guetter la pollinisation de l’orchidée de la Duchesse de Guermantes, est le témoin fortuit d’un échange entre Jupien et Le Baron de Charlus. Intrigué par cette rencontre, il espionne les deux hommes et surprend un rapport sexuel qu’il rapporte de manière très explicite.
Il est vrai que ces sons étaient si violents que, s’ils n’avaient pas été repris un octave plus haut par une plainte parallèle, j’aurais pu croire qu’une personne en égorgeait une autre à côté de moi et qu’ensuite le meurtrier et sa victime ressuscitée prenaient un bain pour effacer les trace du crime
Je suis surprise par la brutalité du récit. Précédemment Proust avait éludé l’attirance homosexuelle et l’attitude ambiguë de Charlus, nous avait baladé avec des jeunes filles en fleurs qu’il ne désirait pas vraiment et des manœuvres amoureuses pour se rapprocher d’ Odette Swann ou Oriane de Guermantes. Ici, il énonce les faits crus et précis.
La suite du texte est une analyse de la façon dont sont perçus les homosexuels.
Race sur qui pèse une malédiction et qui doit vivre dans le mensonge et le parjure, puisqu’elle sait tenu
pour punissable et honteux, pour inavouable, son désir, ce qui fait pour toute créature la plus grande
douceur de vivre
Une allusion à Oscar Wilde ?
Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu’à la découverte du crime; sans situation
qu’instable, comme pour le poète la veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de
Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver un oreiller où reposer sa tête,
tournant la meule comme Samson …
Il fait un parallèle entre la situation des Juifs et la position des homosexuels dans la société :
rassemblés à leurs pareils par l’ostracisme qui les frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ayant fini par
prendre, par une persécution semblable à celle d’Israël, les caractères physiques et moraux d’une race,
Il poursuit la comparaison jusqu’à imaginer l’équivalent du sionisme,
De même qu’on a encouragé un mouvement sioniste, à créer un mouvement sodomiste et à rebâtir Sodome.
Il ne faut pas oublier que le roman se déroule en pleine Affaire Dreyfus et que l’antisémitisme est virulent.
Laissons pour le moment de côté ceux qui, le caractère exceptionnel de leur penchant les faisant se croire
supérieurs à elles, méprisent les femmes, font de l’homosexualité le privilège des grands génies et des
époques glorieuses, et quand ils cherchent à faire partager leur goût, le font moins à ceux qui leur
semblent y être prédisposés, comme le morphinomane fait pour la morphine, qu’à ceux qui leur en
semblent dignes, par zèle d’apostolat, comme d’autres prêchent le sionisme, le refus du service militaire, le
saint-simonisme, le végétarisme et l’anarchie.
Un constat clair, presque militant? Politique en tout cas. Comme pour l’Affaire Dreyfus, Proust ne se perd pas en périphrase. A mon grand étonnement.
que de thèmes a-t-il abordé dans ces textes!
J’aimeJ’aime
J’avais préféré Sodome et Gomorrhe plutôt que « le côté de Guermantes ». Ça m’avait semblé plus vif et plus intéressant.
J’aimeAimé par 1 personne
Attends de lire Le temps retrouvé pour des détails croquignolets, ce Marcel nous étonne toujours!
J’aimeJ’aime
Ce passage m’avait surprise également. On est loin de la bien-pensance des salons du tome précédent. La Recherche est tellement riche…
J’aimeJ’aime
C’est vrai , c’est la première fois que l’on parle de l’homosexualité d’une telle manière et en en faisant le sujet d’un roman.
Je ne savais pas que tu avais publié ce billet en Septembre; Je pensais qu’on devait publier Sodome et Gomorrhe début octobre ?
J’aimeJ’aime