NORMANDIE IMPRESSIONNISTE 2024

Le matin : un petit tour de Ouistreham à Lion-sur-mer
Nous achetons des moules à la petite halle à poissons à l’entrée du port de Port Guillaume. Aujourd’hui, on trouve aussi des soles de toutes les tailles, même des petites épluchées très bon marché et des tourteaux.
Après, le golf de 18 trous de Cabourg, le Home-Varaville puis Sallenelles, très joli village. Le Pont Pegasus; sur le canal de Caen à la mer, relevé cause un bel embouteillage. Benouville est construit de blonde pierre de Caen avec sa petite église romane. Nous faisons le détour par le village ancien de Ouistreham avec sa belle église Saint Samson et sa Grange aux Dîmes qui loge une exposition Normandie Impressionniste.
La mer haute est toute proche de la digue . A Cabourg, les coquillages, surtout les couteaux, s’accumulaient à la limite du sable sec. Ici, ce sont les algues. Pas terrible de marcher dans les algues.
Sur la digue, à Hermanville, je peux admirer les belles villas, la plupart à colombages de style normand avec tourelles et toits pentus. Certains en pierre blanche sont de véritables petits palais. D’autres jouent avec le mélange de pierre et brique. Sous le soleil, des gens nagent, d’autres font du longe-côte. Je les imiterais volontiers mais de lourds nuages menaçants s’accumulent, la mer est passée de bleue à verte puis grise avec des crêtes d’écume blanche, le vent se lève. Quand je retourne à la voiture tous les nageurs sont sortis et il ne reste plus que deux planches à voile qui filent.
Après midi à Cabourg : La Villa du Temps Retrouvé

L’allusion à l’œuvre de Marcel Proust est claire. Venu enfant avec sa grand-mère, revenu adulte, il a toujours logé au Grand Hôtel dans la suite 414. Cette villa 15 avenue Raymond Poincaré se situe dans un quartier tranquille construit de très belles maisons dans des terrains arborés. Ce n’est pas un Musée Proust plutôt un Musée Belle Epoque qui abrite également des expositions temporaires.

Dans le jardin charmant et sans prétention la Une du Petit Journal raconte les nouvelles les plus sensationnelles de l’époque, exploration des pôles, projet de Tour du monde en avion. Excellente introduction à l’Exposition Jules Verne visible jusqu’au 11 Novembre 2024.
Au rez-de-chaussée, un mur d’images de tableaux impressionnistes de portrait m’intrigue. Toujours imprégnée de ma lecture récente de la Recherche ; je cherche les paysages qu’il a décrit, les personnages du roman, ceux que Proust aurait croisés. Encore plus immersive, la projection dans une salle ronde de séquences de films d’époque. J’ai surtout aimé l’arrivée d’un train, j’ai pensé à Zola et à la Bête Humaine qui se déroule dans la région. Les visages et les costumes d’autrefois, pêcheurs et dockers. Images parisiennes et pour finir la lune de Méliès.

A l’étage, des tableaux de Helleu et d’autres peintres voisinent avec ceux de Vuillard . Dans le cadre de Normandie Impressionniste 2024, l’Exposition Belle Epoque donne la vedette à Vuillard à Amfreville jusqu’au 22 septembre 2024. Qui a inspiré le personnage d’Elstir ? Whisler ou Helleu, on pourrait ajouter l’hypothèse Vuillard.

De tous les tableaux de cette exposition ce sont les Vuillard que je préfère. Annette sur la Plage de Villerville illustrerait bien les Jeunes Filles en Fleur . J’ai noté aussi Deauville et le bassin de Helleu, version Belle Epoque de la vue de notre balcon de Port Guillaume.

De grands portraits de Eugen Von Blaas montrent les élégantes : Madame Lebreton ou Mademoiselle Suzette Lemaire qui a peut-être inspiré Madame Verdurin. Boldini a dessiné Helleu. Vais-je imaginer ainsi Elstir ?

Les objets sont aussi évocateurs : une lanterne magique comme à Illiers-Combray, le piano de Reynaldo Hahn . Sous une vitre, sont présentées des lettres de Marcel Proust. Je ne connaissais pas son écriture. C’est un choc de les lire même si elles sont simples et factuelles. Je n’avais pas imaginé que Proust dessinait. Les petits croquis au crayon sont très vifs : une expédition en voiture, Reynaldo Hahn au piano.

La salle suivante présente les « placards » de Celeste Albaret, ces collages d’épreuves corrigées, les rajouts sur les « paperolles » assemblés sur de grandes feuilles collées avec des manuscrits et des morceaux de tapuscrits. Quel travail de secrétaire ou plutôt d’éditrice ! s’y retrouver dans les ratures, les ajouts de l’écrivain. Cette visite est très dense.

Davide Quayola , l’héritage digital de l’impressionnisme est une autre manifestation dans le cadre de Normandie Impressionniste 2024, « inscrite dans une relecture contemporaine de l’Impressionnisme » comme le présente le livret. Ce sont des « tableaux numériques » de tempêtes. J’ai du mal à comprendre cette technique et je n’arrive pas bien à distinguer photo, vidéo de la construction digitale. Qu’est-ce qu’un « tableau numérique » ? Les vagues écumantes et les embruns m’ont bien plu.
Jules Verne, père de la Science-fiction est une autre exposition de la villa. On peut voir les couvertures originales de nombreuses œuvres, de belles maquettes, des idées innovantes. Science-fiction et technologie. Jules Verne a également inspiré de nombreux films dont on peut voir des séquences marquantes.
Beaucoup de sujets dans cette villa ?
Ce n’est pas tout : Les épis de faitage de la Côte Fleurie font aussi l’objet d’une exposition en collaboration avec la Poterie du Mesnil de Bavent.
avec les illustrations on se retrouve tout de suite propulsés chez Proust!
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Je n’ai pas du tout le pli de chercher les modèles des romans, mais l’expo m’aurait bien plu pour elle même et pour le rendu de l’époque.
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La dernière fois que je suis allée à Cabourg, j’ai sillonné les rues au hasard pour admirer les villas. Leur nombre est hallucinant et toutes plus cossues les unes que les autres. (Et beaucoup en travaux, on sent les changements de generation).
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@Aifelle : c’est une balade agréable le quartier est à moitié piétonnier et c’est très tranquille
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Tu as vu les paperolles ! Je suis curieuse de savoir comment cela se présentait mais je n’ai pas fait cette visite.
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@claudialucia : les paperolles sont collées sur de grandes feuilles, certaines notes sont manuscrites et ressemblent à des post-it, certaines sont des découpe d’épreuves déjà typographiées, il y a des ratures, des renvois, il fallait être Céleste Albaret pour s’y retrouver.
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Tous ces noms, ces lieux parlent avec tellement de douceur à mon oreille et à mon œil de Normande. Je m’évade ailleurs, effet sournois du quotidien et pourtant, que c’est bon de me replonger par d’autres yeux, dans ces ambiances qui sortent ainsi de leur fausse fade familiarité… Merci !
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