CHALLENGE MARCEL PROUST AVEC CLAUDIALUCIA, KEISHA, et d’autres

Albertine est une des Jeunes filles en fleurs que le narrateur a découvertes sur la digue de Balbec comme une volée de mouettes. Dans les premiers tomes de la Recherche elle ne se distingue pas vraiment de ses camarades. jeunes filles sportives, effrontées, vives, qui intriguent beaucoup le narrateur qui ne semble pas faire son choix. Il a envie de tomber amoureux. Albertine ou Andrée? ou une troisième? Il ne semble pas très fixé.
Qu’avait-il voulu dire par mauvais genre ? J’avais compris genre vulgaire, parce que, pour le contredire
d’avance, j’avais déclaré qu’elle avait de la distinction. Mais non, peut-être avait-il voulu dire genre
gomorrhéen. Elle était avec une amie, peut-être qu’elles se tenaient par la taille, qu’elle regardaient d’autres femmes …
Le docteur Cottard fait remarquer au narrateur que les jeunes filles dansent sein contre sein et lui explique le plaisir féminin « gomorrhéen » qui semble exciter le jeune homme. La proximité d’Albertine et de l’amie de la fille du compositeur Vinteuil (lesbiennes notoires) semble encore plus l’attirer. Fantasme bien masculin : quelle idée étrange de vouloir séparer des lesbiennes. Alors que l’homosexualité masculine est un des thèmes-phares de la Recherche, le regard sur les amours saphiques est bien mâle. C’est d’ailleurs à ce propos que le narrateur veut faire d’Albertine sa fiancée et qu’il l’enlève à Paris. Eloigner Albertine de ses fréquentations féminines est le fil conducteur de La Prisonnière.
Elles étaient de ces femmes à qui leurs fautes pourraient au besoin tenir lieu de charme[…]Ce qui rend douloureuses de telles amours, en effet, c’est qu’il leur préexiste une espèce de péché originel
de la femme, un péché qui nous les fait aimer, de sorte que, quand nous l’oublions, nous avons moins
besoin d’elle et que, pour recommencer à aimer, il faut recommencer à souffrir.
Mais qui est donc Albertine?
En lisant et relisant, je découvre qu’elle est brune. Grande ou petite? Mince ou potelée? Il est une fois question de ses joues. Il me semble que ses yeux sont noirs mais l’auteur ne s’embarrasse pas de description précise. Elle est attirante quand elle dort. Quand elle est passive. Il la compare même à une plante. Le narrateur est-il amoureux d’une jeune fille vivante ou d’une plante qui dort?
Le narrateur est-il attiré par ses dons artistiques ou intellectuels? Sans doute. A Balbec, Albertine peignait, ou dessinait. Elle joue du pianola. le narrateur est étonné de l’amélioration du vocabulaire de son amie. Certes, quand il la laisse enfermée dans l’appartement, elle lit!
Pendant que vous dormez je lis vos livres, grand paresseux. – Petite, voilà, vous changez tellement vite et vous devenez tellement intelligente (c’était vrai, mais, de plus, je n’étais pas fâché qu’elle eût la
satisfaction, à défaut d’autres, de se dire que, du moins, le temps qu’elle passait chez moi n’était pas
entièrement perdu pour elle) que je vous dirais, au besoin, des choses qui seraient généralement
considérées comme fausses et qui correspondent à une vérité que je cherche. Vous savez ce que c’est que
l’impressionnisme ? – Très bien. – Eh ! bien, voyez ce que je veux dire : vous vous rappelez l’église de
Marcouville l’Orgueilleuse qu’Elstir n’aimait pas parce qu’elle était neuve ?
On sait qu’elle est coquette et que Marcel , tel Pygmalion, va chercher des leçons d’élégance chez Oriane de Guermantes pour faire d’Albertine une élégante. Il la couvre de toilettes de prix comme n’importe quelle cocotte.
On sait aussi qu’elle est orpheline et que sa tante aimerait qu’elle fasse un beau mariage. Le narrateur est-il un bon parti? Odette Swann s’est élevée ainsi socialement (mais à Combray elle n’était pas fréquentable) . Rachel, l’amante de Robert de Saint Loup acceptait les parures. Albertine accepte-t-elle d’être entretenue? Sa captivité est-elle le prix du mariage promis ou des cadeaux? Triste sort des jeunes filles sans fortune! lecture frustrante!
On découvre ensuite que, pour échapper aux filets de la jalousie maladive de son amant, Albertine déploie de nombreuses ruses, des stratégies, des mensonges, des cachoteries. Elle ne se laisse pas faire. Ses inventions sont insoupçonnables. Par ses stratégies d’échappement, elle me devient plus sympathique et le roman moins ennuyeux. Elle est plus fine que son jaloux!
Comment cela se terminera-t-il?
Comme toi, j’aime bien Albertine ! Et tous les chantages que lui fait son jaloux me la rendent de plus en plus sympathique. (je t’offre ceci, je te demande en mariage si tu es gentille, je rompts, je te mets à la porte quand j’en ai assez de toi, mais toi, non, tu n’as pas le droit de rompre!). En plus, c’est une fille intelligente et fine. Par contre, il y a beaucoup de descriptions d’Albertine mais elles sont tellement différentes que tu n’en as pas l’impression. Les caractéristiques qui reviennent toujours ce sont ses cheveux noirs et crespelés, ses grosses joues rondes, son cou puissant, son petit nez rose; d’autres qui varient toujours, la place de son grain de beauté, les yeux bleus ou violets (ou verts, je ne suis pas sûre pour cette couleur), sa beauté ou sa laideur selon son profil; sa distinction ( quand elle est avec Marcel) ou sa vulgarité (quand elle est à Balbec.). Souvent, elle est grosse et rose( ce qui paraît plaire à Marcel) une fois elle est maigre et blanche parce qu’elle fait trop de sport.( ce qui lui déplaît) .
Et enfin, bravo ! Nous arrivons à l’avant-dernier volume ! On va y arriver !
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@claudialucia : la suite de l’histoire dans Albertine Disparue! C’est drôle, son départ était évident pour moi : la fuite de l’enfermement et le désir de liberté. Mais j’avais tout faux!
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il faut que je découvre cette Albertine!
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Mais miriam, tu sais comment ça se termine? Courage amies lectrices, le meilleur reste à venir (le temps retrouvé!)
La RL et le book trip ne sont pas le meilleur moment pour lire cette prisonnière, mais j’avais commencé quand même. tant pis ^_^
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