La Prisonnière : Une soirée musicale chez madame Verdurin

LECTURE COMMUNE : A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU AVEC CLAUDIALUCIA, KEISHA….

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Quand le narrateur n’est pas occupé à traquer les sorties d’Albertine, quand il n’est pas en train de deviner les mensonges de la Prisonnière. (Comment s’évader sinon élaborer des subterfuges?)  Il s’accorde une soirée  chez les Verdurin.

Je retrouve la verve mondaine de Proust et la lecture s’anime. 

la force de Mme Verdurin, c’était l’amour sincère qu’elle avait de l’art, la peine qu’elle se donnait pour les
fidèles, les merveilleux dîners qu’elle donnait pour eux seuls, sans qu’il y eût des gens du monde conviés.

Madame Verdurin qui réunit musiciens et poètes, peintres et artistes, a convié le violoniste Morel, le protégé du Baron de Charlus, pour interpréter une œuvre inédite de Vinteuil. Monsieur de Charlus, de son côté a convié toute une clique Faubourg Saint Germain curieuse d’écouter le violoniste et les nouveautés musicales mais méprisant les habitués du salon Verdurin. Conforté par son succès mondain, et le succès de Morel, Charlus se montre particulièrement odieux. Familiarité avec le personnel :

Il a une figure drôlette, ce petit-là, il a un nez amusant et, complétant sa facétie, ou cédant à un désir, il abattit son index horizontalement, hésita un instant, puis, ne pouvant plus se contenir, le poussa irrésistiblement droit au valet de pied et lui toucha le bout du nez en
disant : « Pif ! » « Quelle drôle de boîte », se dit le valet de pied, qui demanda à ses camarades si le baron
était farce ou marteau. « Ce sont des manières qu’il a comme ça, lui répondit le maître d’hôtel (qui le
croyait un peu « piqué », un peu « dingo »), mais c’est un des amis de Madame que j’ai toujours le mieux
estimé, c’est un bon cœur.

Charlus ne se contente pas de facéties et de provocations,

Ce qui perdit M. de Charlus ce soir-là fut la mauvaise éducation – si fréquente dans ce monde – des personnes qu’il avait invitées et qui commençaient à arriver . Venues à la fois par amitié pour M. de Charlus, et avec la curiosité de pénétrer dans un endroit pareil, chaque duchesse allait droit au baron comme si c’était lui qui avait reçu, et disait juste à un pas des Verdurin qui entendaient tout : « montrez-moi où est la mère Verdurin … »

La vengeance de Madame Verdurin sera cruelle.

Cette soirée mémorable est aussi un grand moment musical. Le narrateur reconnait la phrase musicale de la sonate de Vinteuil (celle de Swann et Odette)

Mais c’est le petit chemin qui mène à la petite porte du jardin de mes amis X… ; je suis à deux minutes de
chez eux », et leur fille est en effet là qui est venue vous dire bonjour au passage ; ainsi, tout d’un coup, je
me reconnus, au milieu de cette musique nouvelle pour moi, en pleine sonate de Vinteuil ; et, plus
merveilleuse qu’une adolescente, la petite phrase, enveloppée, harnachée d’argent, toute ruisselante de
sonorités brillantes, légères et douces comme des écharpes, vint à moi, reconnaissable sous ces parures
nouvelles.

La suite est un bonheur d’écoute de cette musique à la fois nouvelle et familière. Poésie champêtre des fleurs, chèvrefeuilles et géraniums blancs, matin d’orage empourpré, rose d’aurore. Proust nous transporte. Il nous emmène à Combray. Il décrit ensuite les instrumentistes, le violoncelliste, la harpiste, et bien sûr Morel et sa mèche faisant boucle sur le front.

Les mondes  qu’avait crées Vinteuil le ramènent à son amour pour Albertine ou plutôt à ses velléités à l’aimer.

Malgré ma mauvaise humeur, j’ai trouvé de belles pages!

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « La Prisonnière : Une soirée musicale chez madame Verdurin »

  1. Et oui, chaque fois, on trouve de belles pages ! La brouille du baron avec les Verdurin est une farce ! Le baron invite chez madame Verdurin des invités de marque qui ne disent même pas bonjour à l’hôtesse et le remercie ,lui, et il s’étonne que cela la fâche !

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