CHALLENGE MARCEL PROUST AVEC CLAUDIALUCIA

Chacun des volumes composant la Recherche contient le récit d’une soirée parisienne, nous y retrouvons toute cette société du Faubourg Saint Germain. Le prince de Guermantes a fait construire un nouvel hôtel avenue du bois et la Princesse de Guermantes n’est autre que Madame Verdurin. Quelques nouveautés mais aussi permanence des souvenirs comme les pavés inégaux sur le chemin des jardins des Champs-Elysées pris autrefois, enfant, avec Françoise
« comme un aviateur qui a jusque-là péniblement roulé à terre, «décolle» brusquement, je m’élevais
lentement vers les hauteurs silencieuses du souvenir. Dans Paris, ces rues-là se détacheront toujours
pour moi en une autre matière que les autres. »
En route il croise Monsieur de Charlus accompagné par Jupien, après une attaque, le baron est assez pitoyable, aveugle, mais toujours entreprenant avec les jeunes gens.
Un autre pavé inégal lui fait remonter tous ses souvenirs : la madeleine, les clochers de Martinville, les images de Combray et de Venise.
Le maître d’hôtel fait patienter le narrateur dans la bibliothèque pour ne pas interrompre le morceau de musique qui se joue au salon. Il y fait toute une méditation sur les souvenirs
« de la jouissance immédiate, chaque fois le miracle d’une analogie m’avait fait échapper au présent. Seul il avait le pouvoir de me faire retrouver les jours anciens, le Temps Perdu, devant quoi les efforts de ma mémoire et de mon intelligence échouaient toujours »
Et voici le Temps Retrouvé qui affleure par un jeu de mémoire :
je m’étais dit en cataloguant les illustrations de ma mémoire : « j’ai tout de même vu de belles choses dans ma vie
Et ce retour de la mémoire est une condition pour écrire.
Or, à toutes ces idées, la cruelle découverte que je venais de faire relativement au Temps qui s’était
écoulé ne pourrait que s’ajouter et me servir en ce qui concernait la matière même de mon livre.
Il poursuit sa méditation en réfléchissant sur la théorie littéraire
je sentais que je n’aurais pas à m’embarrasser des diverses théories littéraires qui m’avaient un moment
troublé — notamment celles que la critique avait développées au moment de l’affaire Dreyfus et avait
reprises pendant la guerre, et qui tendaient à «faire sortir l’artiste de sa tour d’ivoire», à traiter de sujets
non frivoles ni sentimentaux, à peindre de grands mouvements ouvriers, et à défaut de foules, à tout le
moins non plus d’insignifiants oisifs — «J’avoue que la peinture de ces inutiles m’indiffère assez», disait
Bloch — mais de nobles intellectuels ou des héros.D’où la grossière tentation pour l’écrivain d’écrire des oeuvres intellectuelles. Grande indélicatesse. Une
oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix
La découverte dans la bibliothèque du prince d’un exemplaire de François le Champi le ramène à Combray, à son enfance, sa grand-mère qui aimait tant George Sand!
Ayant conscience du Temps perdu de sa collection d’images, de sensations, de goûts…il va pouvoir écrire son livre!
Je t’ai suivi tout au long de ta lecture
j’avais une avance car j’ai terminé ma série ou presque à la fin de l’été mais j’ai gardé le temps retrouvé sous le coude car c’est avec Swann, mon préféré
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Je n’ai pas encore fait mon billet. Comme tu étais au Maroc, je me suis donnée le temps sauf que je me rends compte que plus j’attends (lu depuis décembre) plus c’est difficile d’écrire !
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@claudialucia : c’est vrai. On oublie et c’est difficile de s’y remettre à moins de relire…
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