MASSE CRITIQUE DE BABELIO

J’aime les surprises . Rien ne me ravit autant que la découverte d’un peintre inconnu dans un musée de province!
Alexandre Antigna (1817 – 1878) est un peintre orléanais, comme Corsaire qui édite sa biographie par Christian Jamet, historien de l’art. Biographie illustrée, 190 pages .
La première partie Les années de formation (1817-1845) présentent le jeune peintre dans sa ville : Orléans . J’ai apprécié apprendre comment un peintre apprenait le métier, d’abord à l’école de dessin dépendant de la municipalité selon « l’ancienne méthode » qui formait à la gravure, formation rigoureuse. Puis, à vingt ans le jeune peintre rejoint la capitale auprès d’un maître – Norblin – célèbre à Orléans pour son grand tableau La mort d’Ugolin. Le jeune Alexandre surnommé « en tignasse » se forme dans l’atelier du Père Suisse, « académie ouverte » fréquentée plus tard par Corot, Manet Cézanne et Renoir. Il suit l’enseignement de Delaroche qui lui transmet un grand sens de la mise en scène théâtrale et qui stimule ses élèves par des concours. En 1869, Antigna est admis ) l’Ecole des Beaux-Arts où le dessin est la discipline-reine et l’enseignement complété par des cours d’Art antique et de mythologie selon le modèle académique. En 1841, il présente un e Naissance du Christ au Salon. C’est donc un parcours académique classique.
Dans la seconde partie Sous la bannière du réalisme, l’auteur contextualise l’œuvre dans la perspective historique. Antigna est le peintre des pauvres gens. Il vit dans un quartier surpeuplé où la précarité, conséquence de la Révolution Industrielle, est criante. Une nouvelle classe émerge « l’espèce ouvrière » . Comme Courbet, Antigna va peindre des miséreux, des mendiants, des familles indigentes. La très belle peinture de Courbet : Les Casseurs de pierre illustre ce propos. Ce tableau détruit dans les bombardements de Dresde est extraordinaire. Antigna va subir des critiques féroces pour ce parti-pris « peintre rabat-joie qui cultive la misère« , « peintre des engelures », « gros mélodrames bien pantelants hier l’incendie, aujourd’hui l’inondation «

Ces tableaux L’éclair, L’incendie, la Halte forcée sont impressionnants. Le peintre met en scène des femmes et des enfants dans une mise en scène dramatique.
Mais Antigna ne s’engagera pas politiquement comme Courbet. par la suite il va même accepter des commandes officielles avec la visite de Napoléon III à Angers auprès des ouvriers de Trélazé dont la grève a été réprimée sauvagement, puis ayant souffert d’une inondation de la Loire.

Le scandale , à Orléans, sera déclenché par tout autre chose : un grand tableau de Baigneuses nues qui va choquer les bien-pensants et l’évêque d’Orléans Dupanloup.
Antigna va aussi trouver son inspiration lors de ses voyages, à Gargilesse, il rencontre George Sand. La Bretagne sert aussi de cadre à ses compositions, il y peint des scènes pittoresques mais il a tendance à embellir la réalité
La troisième partie : l‘Apaisement (1860-1878)
Après les années 60, il obtient des reconnaissances du pouvoir impérial, des commandes, des décorations. Les tableaux sont parfois symbolistes. La couleur égaie des scènes d’enfants. Aimable peinture qui ‘intéresse moins.
J’ai apprécié ce voyage au cours du XIXème siècle, en très bonne compagnie. C’est donc une très agréable et très instructive lecture. Néanmoins, j’aurais apprécié peut être moins d’illustrations mais de plus grands formats. Seule la Visite de S.M. à Angers occupe une double page.
quelle tristesse dans les tableaux que tu montres !
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@luocine: et encore je n’ai pas choisi les plus désespérés
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C’est une belle découverte, je ne connais pas ce peintre.
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