Exposition temporaire jusqu’au 17 février 2025

J’ai découvert fortuitement Guillon Lethière au musée de Saint François, en Guadeloupe et j’ai attendu avec impatience cette exposition.
Guillaume Guillon Lethière est né en 1760 à Sainte Anne, Guadeloupe fils d’un colon blanc exploitant une plantation et d’une mère esclave métisse. En 1774, son père l’emmène en métropole et lui fera bénéficier de ses relations pour réussir sa carrière de peintre. Artiste reconnu, il sera directeur de l’Académie de Rome, puis professeur à l’Ecole des Beaux Arts.

La première section de l’exposition le montre à différentes étapes de sa vie. Boilly le représente parmi ses pairs, peintre respecté entouré d’autres artistes fameux comme Ingres, Redouté…Pour se maintenir et maintenir son rang, il faut participer à des salons. Il faut aussi s’adapter aux changements politiques

La peinture de Guillon Lethière est un témoignage de l’évolution politique . Un autre dessin Thermidorien est un véritable manifeste comme le tableau de La Patrie en danger (1799)

Guillon Lethière trouve un mécène en Lucien Bonaparte qui lui commande des portraits de la famille Bonaparte et des tableaux historiques.

Un très grand tableau représentant les Préliminaires de la Paix de Leoben restera à l’état d’esquisse. Il sera terminé trop tard après la Restauration. mais la tapisserie qui en a été tissée a traversé l’Histoire.

Guillon Lethière traverse les différents régimes de la Restauration et peint même La Fayette présente Louis Philippe au Peuple de Paris après les 3 Glorieuses

Guillon Lethière meurt en 1832 du choléra, la chronique historique s’arrête là!

Classicisme :
La grande peinture reconnue au Salon, c’est la peinture historique avec des références à l’Antiquité. Guillon Lethière suit les sujets romains de David.

Répondant à l’Enlèvement des Sabines, les Horace est les Curiace … Guillon Lethière illustre des tragédies patriotiques, héroïques et édifiantes :La Mort de César, La mort de Camille, ce(sœur d’un Horace, fiancée à un Curiace exécutée par son frère)Brutus condamnant ses fils à mort, (ce n’est pas le Brutus connu, celui qui a tué César mais un bien plus ancien du temps des rois Tarquin)

La mort de Virginie, héroïne antique d’un récit de Tite-Live qui préfère la mort à devenir esclave sexuelle de Marcus Claudius Ces deux dernières tableaux sont de « Grandes machines » exposées dans le salon Denon (salle 701) au premier étage de l’aile Denon. Ils n’ont pas été descendus dans l’exposition. Tableaux énormes 4mx8m. Guillon Lethière a repris pendant de longues années ses études, esquisses au crayon ou huiles petit format sur ces thèmes avant d’aboutir au tableaux exposés au Louvre; l’exposition montre les différentes étapes et métamorphoses. Un dessin garde encore les tracés à la règle de la perspective, les personnages sont nus, le peintre les habillera ensuite…la mort de Virginie avait tout d’abord pour sujet principal Virginius, le père.

Le Serment des Ancêtres est une sorte de fantôme qui plane sur l’exposition. Il est en majesté et sert d’affiche (voir ci-dessus). Il se trouve en Haïti mais n’a pas pu faire le voyage. On peut uniquement voir une photographie noir et blanc mais expliqué par des cartels et un audioguide très complet. Alors que Napoléon a rétabli l’esclavage aux Antilles, aboli par la Révolution, que ce dernier a envoyé la troupe combattre Toussaint Louverture et que Guillon Lethière avait pour mécène Lucien Bonaparte. Le peintre peint en secret ce grand tableau à la gloire des héros de l’indépendance d’Haïti : Dessaline et Pethion. Au centre du tableau, comme les tables de la loi, une stèle gravée des articles de la Constitution haïtienne, en arrière plan, le peuple de Haïti….
Une signature originale est apposée au Serment des Ancêtres : Le Thiere né en Guadeloupe.
Ce tableau montre une certaine ambiguïté de l’artiste : obligé de plaire aux gouvernants pour maintenir ses commandes et sa gloire, il n’oublie pas son origine. Il fréquente les abolitionnistes mais continue à percevoir les revenus de la plantation de son père esclavagiste. Je n’arrive pas à avoir d’opinion tranchée.
Autre étonnement : comment un peintre arrivé au faite de la gloire, académicien, professeur aux Beaux Arts, est-il tombé dans l’oubli?
Je continue à m’interroger.
Cette peinture classique n’est pas vraiment de mon goût, en revanche l’exposition est passionnante du point de vue historique: une vraie leçon d’histoire!
Oui, le style de l’époque, mais c’est franchement intéressant, jamais je n’en avais entendu parler!
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@keisha : jamais entendu parlé! mais tu es sûrement passée sous les « grandes machines » accrochées dans le salon Denon du Louvre à deux pas des Gros, Géricault, Delacroix et Ingres dans la salle d’à côté.
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Merci pour cette belle et intéressante présentation… je crois que moi aussi je suis passée à côté…
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Je n’en avais pas plus entendu parler que les copines et j’avoue ne pas être très attirée par ce style là.
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Moi non plus je n’ai pas de goût pour les peintures antiques mais c’est une leçon d’histoire
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