APRES LE 7 OCTOBRE

J’ai écouté Marie Drucker sur FranceInter : « il y a des millions de manières de se sentir juif ou de ne pas se sentir particulièrement juif » et j’ai eu envie de lire Nos cœurs déracinés.
«Être juif, c’est se confronter à la vastitude des possibilités d’être. Cela peut être affaire de religion, de croyance, de foi, d’appartenance, de non-appartenance, de mysticisme, de culture. On n’est ni croyant ni pratiquant, mais à la question : vous êtes juif ? on se doit de répondre « oui » sans conditions. Car, plus que toute autre, notre identité est aussi faite de nos morts.»
Percutée par le 7 octobre, Marie Drucker explore ses racines, comme le suggère le titre des « coeurs déracinés »
« Exclusivement guidée par ma liberté que je crains à tout moment de perdre, je refuse d’être estampillée et réduite à cette seule part de mon identité.
Alors pourquoi m’attaquer à ce sujet hautement inflammable ?
Parce que aujourd’hui, c’est différent. Depuis le 7 octobre 2023, c’est différent. Je ressens le besoin impérieux d’explorer l’inexploré – je viens de ces familles où l’inconnu n’est pas l’avenir mais le passé, le saut dans le vide n’est pas demain mais hier. »
J’ai beaucoup aimé l’évocation de ses grands-parents qui
« avaient un amour immodéré pour la France, pour ses valeurs, et un attachement viscéral à la laïcité »
Venus d’Europe de l’Est, Pologne ou Roumanie. Attachement à la langue allemande, celle de Zweig. L’étoile jaune encadrée. Evocation de l’antisémitisme en Pologne qui a poussé à l’exil sa famille paternelle. Vie cachée pendant la guerre.
Drancy, le Dr Drucker, le grand père, est médecin du camp « Abraham Drucker s’est bien comporté » selon Serge Klarsfeld. Installation du cabinet médical en Normandie.
« n’est-ce pas cette condition extraterritoriale, sans contrainte de frontières, qui a donné le meilleur du
judaïsme et tant apporté à l’Europe et au monde ? Puisque les Juifs ont, de tous temps ou presque, été
détachés de la question territoriale, la préoccupation majeure était alors la circulation des idées. Le vrai
territoire est celui de l’échange oral, qui fonderait notre identité malgré nous »
La suite est une réflexion sur l’identité juive, les rapports avec le sionisme : indifférence du côté paternel, ou adhésion au sionisme pour le côté maternel. Confiance dans l’Europe, rempart contre l’oubli. Maternité.
Et pour terminer ce crédo :
« je crois aux sciences humaines, à la littérature, au cinéma comme valeurs refuges et échappatoires. malheureusement c’est vers la télévision et les réseaux sociaux que nous nous tournons par paresse… »
Crédo désabusé de l’ancienne journaliste après le 11 septembre et le 7 octobre quand l’actualité est traitée par les chaines d’information continue 24 h/24 et les téléspectateurs voraces d’images, de son, de violence. Sans parler des réseaux sociaux.
J’ai aimé cette voix lucide qui parle de notre monde.
J’ai changé complètement mes impressions sur cette femme journaliste après la lecture de ce recit-essai très intime ! Je suis tout à fait dnaccord avec cette belle chronique !
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J’ignorais totalement l’existence de ce livre! Merci à toi.
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J’ai dû entendre la même émission que toi sur France-Inter. Je l’ai trouvé intéressante, je le prendrai à la bibliothèque.
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Je suis aussi une auditrice de France Inter. J’y trouve beaucoup d’idées de lecture (souvent grâce au Masque et la plume mais pas seulement)
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