Ce qui se trame – Histoires tissées entre l’Inde et la France – Manufacture des Gobelins

Exposition temporaire jusqu’au 4 janvier 2026

 

Somptueux Kalamkari au cyprès et aux paons

Les textiles, cotonnades, indiennes voyagèrent de l’Inde à la France en nombreux allers-retours, influences s’entrepénétrant, comme chaîne et trame d’un tissage métissé. J’avais déjà vu ces influences à Orange à la présentation de la fabrique Wetter où étaient manufacturées des « indiennes » et au Musée de la Toile de Jouy.

L’Exposition « Ce qui se trame «  se déroule  sous  le patronage des Manufactures nationales, de l’Institut Français, de l’Ambassade de France en Inde mais aussi de Louboutin, directeur créatif de l’exposition, de la Maison Lesage Intérieurs et 19M, et enfin, du programme de résidences artistiques à la Villa Swatagam. 

L’Antichambre

La visite commence dans l‘Antichambre, exemple parfait de métissage : le mobilier, la cheminée et ses bûches, le lampadaires sont tapissée de cotonnade aux motifs et couleurs indiennes . Tendues, au-dessus de nos têtes, des lanières de tissu figurant la toile d’une tente moghole. Sur le mur d’entrée aux arcades indiennes on a tendu de la toile de Jouy aux motifs bucoliques, images de France…métissage inversé.

Nid contenant une tente moghole

Rouge indien, rouge voisin du corail et bleu de l’indigo, les couleurs indiennes de base. Le nid inversé sur un miroir où est posée une tente moghole est l’œuvre de Lesage, contemporaine et surprenante. 

madame de Pompadour et un caraco d’Indienne

Quand Madame de Pompadour faisait la mode à la Cour, l’indienne était de tous les accessoires, ici en caraco sur une jupe de coton. Le coton venait d’Inde.

Broderies de Sumakshi Singh

La salle suivante est blanche, blanche comme la dentelle d’Alençon, ou la mousseline brodée. Dentelle de France, broderie indienne, s’épousent s’échangent. Le blanc est la couleur de deuil en Inde. Une merveilleuse installation Blueprint of Before and After de Sumakhsi Sing CLIC est composée de très fines broderies sur des modèles végétaux, feuilles de lotus ou d’herbes aquatiques suspendues par des fils presque invisibles. Légèreté, transparence. Les broderies étaient sur un support que la brodeuse a dissous chimiquement pour qu’il ne reste que ces nervures. la disparition de la matière pour ne garder que le squelette correspond à ce thème du deuil. A la fragilité de la vie. Je suis revenue contempler cette oeuvre qui me plaisait beaucoup à la fin de la visite. De la fenêtre venait une lumière rose du coucher du soleil éclairant les motifs et leur donnant un aspect nouveau. 

au coucher du soleil la lumière rose colore les broderies de Sumakshi Singh

Rouges panneaux qui se répondent : tentures napoléoniennes de la salle du trône du Palais de  Versailles avec les pans  des tentes mogholes. Sari brodé, caftan contemporain.

Pan de tente moghole

et au plafond des fils d’or tendus d’un tissage d’une finesse évanescente tandis qu’au milieu de la salle Lakshmi Modhavan CLICa installé une 96 navettes de bois chargées de fil d’or sauf certaines contenant des cheveux noirs de son fils,  symbolisant la transmission de la tradition et de son savoir de tisseuse. Le tissage à la main de ces fils d’or est si fin que des mots se lisent par transparence EVERYBODY /ANYBODY/NOBODY:

Fil d’ors fins comme un cheveu et leur ombre portée

suspendus le Kalamkari au cyprès (voir ci-dessus) imprimé au bloc, découpé, appliqué sur un fin voile de coton puis rebrodé au point de chaînette pour dessiner les deux paons, deux tigres et des antilopes. 

motifs floraux garance et indigo

Des tissus indiens de légende comme le Chintz peint et teint à la main de délicate fleurs garance et indigo. Shantush si fin qu’il passe à travers un anneau, pashmina

Un escalier monumental conduit à l’étage : sur un écran un film montre les différentes façons de porter le sari. A Varanasi des pèlerins de toute condition vont vers le Gange, des jeunes élégantes le plissent, le replient, en font un voile ou une étole…

Défilé Haute couture

Nous sommes arrivées dans la salle du défilé Haute Couture où des couturiers européens ou indien ont interprété le thème du sari. La robe satin rose est de Christian Dior, The golden Ascendant de l’Indien Gaurav Gupta, la robe du soir d’Yves Saint Laurent. Tandis que Chanel est en organza orange (tunique et bermuda). Spectaculaires anneaux de saturne de Schiaparelli

Anneaux de Saturne de Schiaparelli

Le décor est une immense tapisserie à fond vert et motifs végétaux The flower we grew de Rithika Merchant, Chanakya, CLIC

motif de la tapisserie

réalisée pour le défilé de Christian Dior au Musée Rodin. Elle est composée de 37 panneaux et a nécessité 144000 heures de travail par 306 artisans.

la salle suivante est sur le thème « Sculpter le corps des femmes »

Made in India – Leila Alaoui

la photographe a réalisé les photographies des ouvrières du textile en faisant leur portrait en pied dans une cabine à fond noir. Elle a gagné leur confiance  puis monté 18 photographies de leurs mains ravagées par le travail manuel. (la Haute couture et le Luxe sont loin!)

Dans les sculptures du corps, une très dérangeante Vénus ouverte de Jeanne Vicérial CLIC

Un très grand panneau indigo clôture cette séquence. Indigo de l’Inde. Cascades de fils.

indigo

On entre dans la salle DENIM, denim, la toile des jeans, qui intégre la ville de Nîmes qui lui a donné son nom et l’indigo de l’Inde. Dans cette salle des poufs, canapés invitent à se poser pour regarder le film qui détaille les techniques de teinture au bloc, les broderies avec des paillettes, des perles, les incrustations….

Et pour terminer un retour à la Manufacture de Gobelins avec la grande tapisserie du Corbusier. Le Corbusier a dessiné la ville futuriste de Chandigarth en Inde. 

en conclusion : une exposition merveilleuse qui ne restera que jusqu’au 4 janvier. Courrez aux Gobelins!

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « Ce qui se trame – Histoires tissées entre l’Inde et la France – Manufacture des Gobelins »

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