Cézembre – Hélène Gestern

UN ROMAN DE SAINT MALO

Cézembre vu du ferry

Ce gros roman (650 p en Poche) m’a accompagnée pendant ces vacances en bord de Manche. Il a guidé mes rêveries en passant devant les rochers, les îlots et les îles, flux et reflux des marées…

Cézembre est une île en face de Saint Malo. Une île chauve, un caillou, une île martyr dont l’histoire est tragique. Fortifiée par les Allemands, elle a subi un pilonnage monstrueux de la part des Alliés. Elle exerce une fascination pour le héros du roman

« J’ai toujours aimé la beauté des ruines ; mais celles-ci, sous leur vêtement de graminées, de mousses et de
lichens, ne s’étaient pas tout à fait départies de leur violence originelle. À Cézembre, la nature n’avait pas
éteint le souvenir de la bataille sans merci qui s’y était livrée : elle en avait simplement apaisé l’horreur. »

Yann de Kérambrun, le narrateur, est historien. Il enseigne à la Sorbonne et rédige une thèse sur les pirates de la Méditerranée du temps de l’Empire Romain. En instance de divorce, il vient de perdre son père. Son fils part en Allemagne. Il demande un congé sans solde et s’installe dans la maison familiale Les Couërons sur le Sillon à Saint Malo. Il y trouve un véritable trésor : les archives de la Société de propulsion nautique malouine créée en 1905 par son aïeul Octave. Cette société les « vedettes bleues » assuraient les traversées entre les Îles anglo-normandes et Saint Malo. Octave avait pour associés un homme d’affaire de Jersey et un avocat Sainte Croix, très actif dans la politique locale. 

Parmi les divers dossiers, il retrouve plusieurs dizaines de carnets des « livres de raison » comptes journaliers, mais pas que. L’historien qui sait déchiffrer de telles archives se lance dans une entreprise au long cours : reconstituer la saga familiale de cette famille d’armateurs malouins. A première vue, l’entreprise s’est transmise de père en fils et a prospéré, Octave a fait construire une belle maison de maître qui est restée dans la famille. Mais des secrets de famille le troublent. Entre temps, on retrouve un squelette à Cézembre, l’entreprise familiale est elle mêlée ? Yann se livre à une  enquête minutieuse qui va mobiliser les cousins éloignés qu’il avait perdu de vue. je retrouve les mêmes ressorts qui m’avaient tenue en haleine dans 555, le manuscrit de Scarlatti. 

Entrelacées avec l’histoire familiale, les tragédies qui se sont déroulées sur l’île : avant d’être occupée par l’armée allemande, Cézembre fut une colonie pénitentiaire. C’est aussi un site idéal pour la contrebande. Pouvait-on s’échapper de Cézembre à la nage?

Yann se lance le défi de faire la traversée à la nage.

Mais je rêve de plus en plus souvent à cette traversée, que je voudrais réussir en solitaire. Comme si
atteindre l’île par mes seuls moyens pouvait me permettre de replonger dans ces époques lointaines
dont nous parlait Étienne, lorsque la géométrie des terres et des sables était si différente que les îles
Anglo-Normandes n’étaient qu’une péninsule. Je m’imagine, marcheur gagnant le couvent des Récollets,
traversant une forêt de chênes baignée par le vent maritime. Ceux que la marée avait saisis, couchés,
minéralisés, chassant au fil des siècles la sève et la fibre du bois pour y loger son sel, son fer, sa silice.

Le livre est aussi traversé par l’histoire de la joggeuse mystérieuse, la femme au K-Way turquoise, Rebecca,  dont Yann va tomber amoureux. Pas la partie que j’ai préférée.

Et toujours la présence de la mer, de sa puissance, de naufrages comme d’entrainements à la nage. Saint Malo et ses légendes. J’ai adoré la légende de la forêt de Scissy, forêt enfouie sous le rivage depuis des millénaires, fossilisée

On a retrouvé des arbres fossilisés, enfouis dans le sol inondé, qui datent du néolithique. On appelle ça des
couërons. — C’est de là que vient le nom de la maison ? — Sans aucun doute. On les reconnaît parce qu’ils
sont couchés à l’horizontale, avec des racines qui forment un angle à quarante-cinq degrés avec le tronc.
Ce qui veut dire que ces arbres ont commencé à pousser avant la submersion,
[…]
À l’emplacement du Sillon, il n’y avait pas une forêt qui allait jusqu’à Cézembre ? Étienne a souri. — Ah,
la fameuse forêt de Scissy ! Ou Querckelonde selon d’autres sources. Hugo l’appelait la « forêt druidique »
… Elle aussi, elle fait partie de la légende.

Roman de la mer, saga des armateurs malouin, histoire du XXème siècle, de la guerre…Aussi relation père-fils. Les thèmes abordés sont nombreux et ce roman  est décidément très riche.

J’ai eu  le plaisir de rencontrer Hélène Gestern à la manifestation littéraire, Créteil en poche. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de son livre. Mais comme je n’ai pas l’esprit d’à-propos, je ne lui ai pas demandé de photo. Quand je suis revenue, elle avait disparu!

Tous Léger au Musée du Luxembourg

Exposition temporaire jusqu’au 20 juillet 2025

Yves Klein/Fernand Léger Forêts

Visiter une exposition comme jouer à faire des paires!

Les arbres bleu Klein rencontrent la forêt aux arbres bleus de Fernand Léger. Tout au long de la visite, je continue le jeu des correspondances

Arman – Birds (1981)  accumulation de pinces métalliques  formant une nuée  d’oiseaux, murmuration solide

Birds d’Arman figure près de la Composition de deux oiseaux de Fernand Léger. Correspondance, dialogues anachronique : Léger est mort en 1955, il n’a pu voir les oiseaux d’Arman. Et pourtant cela fonctionne très bien

Fernand Léger : composition avec deux oiseaux (1940)

L’exposition Tous Léger propose un dialogue entre l’école des Nouveaux Réalistes et l’œuvre de Fernand Léger qui a ouvert la voie en peignant la réalité urbaine dans sa trivialité. La première partie est consacrée aux Cinq Eléments : Air, Eau, Feu, Terre auquel on ajoute la Couleur. Fernand Léger enregistre les mutations de l’époque moderne tandis que les Nouveaux réalistes poussent la critique de la surconsommation, de l’obsolescence programmée, la gestion des déchets.

La vie des objets

May Wilson : Untilted

Ces accumulations de d’objets du quotidien May Wilson correspondent à cette critique comme les objets piégés de Spoerri, l’accumulation des pinces métalliques d’Arman et les ciseaux de Niki de Saint Phalle pris dans le plâtre

Niki de Saint Phalle Ciseaux/ Fernand Léger

« pour moi la figure humaine, le corps humain n’ont pas plus d’importance que des clés ou des vélos. C’est vrai. Ce sont paour moi des objets valables plastiquement et à disposer selon mon choix »

« il n’y a pas de beau catalogué, hiérarchisé. Le beau est partout, dans l’ordre d’une batterie de casseroles sur un mur blanc aussi bien que dans un musée… »,

Fernand Léger

Lichtenstein Interior with chair

Fernand Léger a séjourné longtemps aux USA et a exercé son influence sur Lichtenstein

Lettres – tampons – affiches

Cette section s’organise autour de Métro Arts et Métiers de Villeglé qui trône au centre de collages encadrés par les tampons et cachets d’Arman 

Fernand Léger – L’Homme au chapeau bleu

Continuons le jeu des paires avec le Chapeau bleu de Spoerri cachant les œufs d’un éventuel larcin qui correspond au tableau de Fernand Leger

Martial Raysse Nissa Bella

 

toujours le jeu  avec Nissa Bella de Raysse avec le Petit témoin au visage vert de Niki de Saint Phalle

Niki de Saint Phalle Le petit témoin

Acrobates et cyclistes rapprochent Niki de Saint Phalle de Léger 

Léger a beaucoup peint des cyclistes célébrant ainsi les congés payés.

Niki de Saint phalle : Footballers

La couleur dans l’espace est le thème de la dernière salle où les oeuvres monumentales de Fernand Léger sont confrontées au Jardin des Tarots et au street-art de Keith Haring tandis que Miles Davis très coloré tient la vedette. 

Miles Davis et Keith Haring

Paris noir – Circulations artistiques et luttes anticoloniales 1950-2000 Centre Pompidou

CHALLENGE LE PRINTEMPS DES ARTISTES 2025

initié par La Boucheaoreille 

Exposition temporaire jusqu’au 30 juin 2025

Sekoto autoportrait

Une exposition très riche aux œuvres très variées  et aux thèmes passionnants. Pas très facile cependant : de nombreux artistes ne sont pas connus du « grand public« , plasticiens, écrivains, musiciens et cinéastes se croisent, font parcours ensemble.

Baldwin par Beaufort Delaney

Pour les écrivains c’est plus facile : deux grandes figures Baldwin et Edouard Glissant. Ce dernier sert d’axe central autour duquel tournent les différentes sections aussi bien, le Retour vers  l’Afrique avec Césaire, Senghor et le concept de négritude, nous conduisant à la section Paris-Dakar-Lagos et, toujours en partant de Glissant on parvient à la Caraïbe, à la mémoire de l’esclavage, Antilles françaises, Cuba. 

Umbral : Wilfredo Lam (Cuba)

On peut aussi choisir un parcours musical :  de nombreuses œuvres ont pour sujet la musique et les musiciens. Jazzmen américains mais africains aussi

Cotton club

Entre Cotton Club et Saint Germain des prés, Amstrong, Duke Ellington, mais aussi Auric…j’ai aussi bien aimé les musiciens béninois de Paul  Ahyi

Paul Ahyi : Les Musiciens

Une autre piste serait celle des luttes anticoloniales et révolutionnaires

josé Legrand : sans titre 1975

le grand diptyque de José Legrand, un peu dans le style d’Ernest Pignon-Ernest commémore les massacres de mai 1967 en Guadeloupe, évènement peu connu en métropole que j’ai découvert récemment en passant à Pointe-à Pitre .

Georges Corran : Délire de Guerre et paix

Et pourquoi pas, laisser de côté tout concept intellectuel et ne pas se laisser séduire par la beauté picturale de tableaux colorés, de matières variées, de tableaux, tapisseries ou sculptures

Victoire Ravelonanosy Repiquage du Riz à Madagascar

Découvrir des plasticiens originaux, des personnalités marquantes comme Delanney, Sekoto Wilfredo Lam, José Castillo..

Gotène- Congo : Femme perdue au cimetière

Impossible pour moi de donner une version totale de la visite tant elle a été surprenante. 

 

Au Fil de l’Or- l’Art de se vêtir de l’Orient au Soleil Levant – Au Quai Branly

Exposition temporaire jusqu’au 6 juillet 2025

Guo Pei – 5 robes brodées de fil d’or 15 personnes et 5 années de travail

De soie et d’or, costumes d’apparat, de pouvoir, de noces,  ou d’Eglise, d’Orient en Occident, fils d’or, brocarts, lamés ont voyagé et l’exposition du Quai Branly emmène le visiteur pour un voyage éblouissant.

maroc

Mais attention, prévoir du temps, l’exposition est très riche, riche de l’or, bien sûr, mais riche en thématiques, le fil d’or et les techniques du travail de l’or, et les brodeuses au travail.  Un parcours chronologique au fil du temps, de la Préhistoire à l’invention du lurex qui imite le fil métallique.

Tunisie : Robes de noces

Un voyage d’Ouest en Est, du Maghreb au Pays du Soleil Levant.

Arabie Saoudite

Comme le fil d’or a souvent été mêlé au fil de soie, des digressions à Madagascar où on a essayé de filer la soie des araignées, et au Cambodge avec les petits cocons de soie jaune.

Non, ce n’est pas de l’or, mais des cocons de soie jaune cambodgienne

Et comme s’il fallait encore en rajouter, les mannequins habillées des robes prestigieuses de Guo Pei ponctuent le parcours. 

Guo Pei : Manteau traîne de l’Himalaya – 25 personnes y ont travaillé

Les techniques de broderies et tissages sont tellement variées qu’il est impossible de les résumer. Des pépites battues pour obtenir des bractées (feuilles d’or) dès la préhistoire, aux lamelles d’or collées à de la baudruche et découpées en rondelles, au fil tréfilé, puis enroulé … j’ai été fascinée par la vidéo montrant 6 femmes nouant dans leur doigts le fil que la maîtresse aplatissait en un galon précieux.

Broderie chinoise

Combien de points variés dans cette broderie chinoise?

Vous ressortirez ébloui!

 

 

 

 

 

Banlieues Chéries – Musée de l’histoire de l’Immigration -Porte Dorée

AU-DELA DU PERIPHERIQUE

Nanterre : Laurent Kronental « les yeux es Tours »

Banlieues chéries tente de donner une image positive de la « Banlieue« 

pour commencer, définissons ce concept de banlieue : historiquement  « à une lieue du ban » , un espace mis sous la protection de la ville »

Chronologiquement, Banlieues douces-amères, commence du temps de Zola qui décrit la Banlieue comme une campagne où les Parisiens viennent  s’amuser dans les guinguettes, canoter sur la Seine. Ces banlieues douces sont illustrées par deux tableaux de Monet et un de Jongkind à Argenteuil. En vis-à-vis un film Le Croissant de Feu (2021) de Rayane Mcirdi ICIfilmé à Asnières dans le quartier des Mourinoux à l’occasion de la destruction de la barre d’immeuble Les Gentianes.

Atget

Entre la campagne et les rénovations urbaines, un siècle et demi d’histoire : La Zone : bande inconstructible, zone de tir à canon, devant les fortifications, est occupée par des « zoniards » ou des « zoniers » vivant dans la précarité aux portes de Paris. Cette Zone fut immortalisé par les photographies d’Atget (1913 1927), de Chifflot. Puis l’habitat précaire s’est étendu en immenses bidonvilles comme celui de Nanterre dans les années 1960 clichés de Pottier et Monique Hervo

Bidonville de Nanterre

De nombreuses photographies en Noir et Blanc présentent aussi les habitants  dans une salle s’intitulant De l’intime à l’Esprit de Quartier

Des familles posent :devant l’objectif de Patrick Zachmann camerounais, russes ou ukrainiens, grecs ou vietnamiens. En face de cette exposition de photos de famille, des intérieurs souvent coquets sont reconstitués avec des meubles vernis, de douillettes chambres à coucher…

Banlieues engagées

les banlieues rouges des les années 20, des pavillons se construisent sans conforts, et les communistes prirent la défense des « mal lotis ». De ces années 1924 -1925 , l’exposition présente les croquis de Le Corbusier, de quartiers de maisons individuelles toutes identiques modulaires . 

maquette de Nanterre

Les maquettes m’ont beaucoup intéressée, j’aurais même aimé en voir plus! La Cité de la Soie à Vaulx-en-Velin et surtout les maquettes de Nanterre. Ces tours-nuages ou Tours Aillaud ont également inspiré Laurent Kronental 

Jurg Kreienbühl : Cimetière de Nanterre

Au chapitre, Les luttes en héritage une chronologie des luttes sociales est illustrée par des affiches

Police personne ne bouge

1979, grève au foyer Sonacotra de Garges les Gonesse

année 80 : âge d’or du rock

1983 marche contre le racisme

1990 : le rap rythme les émeutes urbaines

2000 émeutes de Clichy Montfermeil (Zyed et Bouna)

Les plasticiens de banlieue colorent leurs images. Ils s’approprient la ville et se représentent . Je retrouve des artistes que j’ai rencontré par ailleurs Mohamed Bourouissa (photos) et les broderies de Cindy Bannani qui ont pour thème la Marche de l’égalité de 1983 également présentées au Palais de Tokyo, ici elle sont installée sur la trame de keffieh .

Cindy Bannani

l’Exposition part aussi dans l’analyse des déplacements (RER B) et de la rénovation urbaine.

Beaucoup de thèmes  sont abordés. Beaucoup d’œuvres intéressantes, surtout les photos. Cependant la scénographie est plutôt confuse, je peine dans l’accumulation. J’aurais préféré moins d’informations mais plus d’œuvres marquantes. Peut être la plage de temps aurait dû être réduite, ou peut être aurait-on plutôt du choisir un thème moins vaste?

Arcachon : La Ville d’Hiver

MARS ATLANTIQUE – ARCACHON

L’ascenseur du parc mauresque

J’ai réservé notre dernière matinée à Arcachon pour l’exploration autonome de la Ville d ‘Hiver selon l’itinéraire proposé par l’Office de Tourisme : 19 points d’intérêt. En scannant un QR code on obtient l’audioguide des principales curiosités.

De l’Office de Tourisme, suivre l’avenue Regnault . Régnault (1827 – 1879) neveu d’Emile Pereire, ingénieur à la Compagnie des Chemins de fer du Midi, appartenant aux Frères Pereire, Emile (1800 – 1875) et Isaac (1806-1880).

La Ville d’Hiver fut construite en 1860 pour rentabiliser la voie ferrée ; un médecin, le Docteur Pereira avait remarqué que marins et résiniers ne contractaient pas la tuberculose. Pereire eut l’idée de génie de mettre les tuberculeux dans les meilleures conditions possibles. Emile pereire acheta les hauteurs d’Arcachon et construisit la Ville d’Hiver pour en faire une sorte de sanatorium. Les rues et allées furent dessinées en courbe pour supprimer les courants d’air. Les Vents marins en traversant la forêt de pin avaient perdu leur agressivité

Casino mauresque

J’arrive au pied de l’ascenseur qui monte au Parc Mauresque, parc arboré autour du Casino de style mauresque s’inspirant de l’Alhambra et de la Mosquée de Cordoue. Malheureusement ce casino a brûlé. Une maquette avec les structures métalliques permet de se l’imaginer ; Regnault a également construit une passerelle et un observatoire en collaboration avec Gustave Eiffel.

Me voici plongée dans le Second Empire . Souvenirs de Zola pour les constructions, spéculations immobilières, Proust pour les mondanités, j’imagine Swann fréquentant les Pereire.

Villa Teresa

A la sortie du parc, la grande villa Teresa a vu passer le sultan du Maroc. De l’extérieur on ne peut pas deviner les boiseries et les plafonds à caissons que décrit l’audioguide. Une grande bâtisse L’Hôtel Régina a été la résidence de souverains, musiciens (Camille Saint Saëns) et d’hommes politiques ;

J’arrive à l’allée du Docteur Lalesque, puis du Dr Hameau Dr Pereira, Dr Festal et l’allée pasteur. La toponymie rappelle la vocation de sanatorium de la Villa D’Hiver.

jardins luxuriants

Sur le papier, le parcours semble simple. En réalité, je me perds dans ce labyrinthe tout en sinuosités (voulues pour couper les courants d’air). Comme si les courbes ne suffisaient pas il faut aussi tenir compte des dénivellations ; la ville est construite sur des dunes. Au passage je cherche els belles villas. Certaines sont vraiment imposantes. D’autres, petites sont cachées dans la verdure. Les trottoirs sont moussus. Les jardins luxuriants. Les mimosas sont passés comme les camélias. La floraison des lauriers est à son apogée avec des boules jaune vif.

La promenade s’achève villa Alexandre Dumas. L’écrivain ne l’a pas connue. Elle a été construite 25 ans après sa mort. Le propriétaire, Daniel Iffla dit Osiris a fait graver le nom des écrivains qu’il admirait. Parmi les noms des villas beaucoup de prénoms féminins, c’était la coutume, mais aussi des musiciens : Chopin, Walkyries, Faust…

l’Observatoire : la Tour Eiffel d’Arcachon

Enfin, je trouve la passerelle Saint Paul qui enjambe une rue et mène à l’ »Observatoire » qui 0est la Tour Eiffel d’Arcachon. 70 marches métalliques pour atteindre la Plateforme qui domine le Bassin. J’y découvre l’Île aux Oiseaux que je n’ai pas eu le temps de visiter en mini-croisière ; je n’ai donc pas vu les cabanes tchanquées que toute la ville vante.

Arcachon de la Plage Pereire au Pyla-sur-Mer et après midi à la plage de la Lagune

MARS ATLANTIQUE – ARCACHON

 

Promenade plage pereire

De la Plage Pereire à la Plage des Arbousiers, une très jolie promenade est aménagée sur la corniche , piétons et cyclistes séparés. A flanc de colline, une pinède. La route est tout en haut, invisible. Tout est propre, gazon parfait, pins magnifiques, bancs. Toute st propre, trop propre à mon goût avec la balayeuse municipale qui enlève le moindre grain de sable. Agrès de musculation pour les grands, squelette de dinosaure pour les petits, bois brut, bon goût, pas les couleurs criardes qui caractérisent les installations enfantines.

Après les Arbousiers, plus de corniche, il faut marcher sur le sable. Les propriétés privées garnties par un mur en ciment arrivent au ras de la plage. Les employés municipaux s’affairent, pinceaux et taloche en main à faire disparaître graffs et tags. Pas de cela à Arcachon ! Des engins labourent, tamisent le sable qui passe à la cribleuse. Tout sera nickel au retour des estivants à la fin du mois de mars. La saison commence bientôt !

C’est donc une très belle promenade sous le soleil, pieds dans l’eau.

Comme nous voulons profiter de cette journée ensoleillée, nous retournons à la plage de la Lagune. Les pêcheurs sont venus nombreux, une douzaine de cannes sur leurs supports sont alignées en attendant la marée haute.

Après nos découvertes touristiques j’aime bien retourner dans un site à plusieurs reprises, prendre mon temps, dessiner et écrire.

Pour mourir, le monde – Yan Lespoux

BOOKTRIP EN MER

Hors délai pour le BOOKTRIP EN MER je remercie tous les marins du Challenge de m’avoir donné envie de lire ce livre : Claudialucia, keisha, fanja

Les aventures et les naufrages ont accompagné ma semaine à Arcachon et dans les Landes du Médoc . Le décor, dunes, marais et forêts, était planté sous mes yeux. J’ai adoré la petite maison d’Hélène la sorcière:

Les pins, ici, sont plus clairsemés, et après eux apparaît une maison étrange. Elle est faite de planches grossières et de poutres, de pièces de bateaux, et son pignon tourné face à l’ouest a presque disparu sous le sable qui s’amoncelle. On pourrait monter cette dune pour marcher sur le toit où une cheminée dégage une fumée grise rabattue par le vent. Derrière, le haut d’un pin fourchu émerge d’une autre colline de sable, et plus loin on peut voir des troncs morts. Des têtes d’arbres auxquelles s’accrochent encore quelques aiguilles marron sortent du sol. Tout un monde semble avoir été englouti,

Le naufrage de la caraque portugaise en janvier 1627 sur les côtes du Médoc a vraiment eu lieu et a été documenté, c’est un fait historique même si l’ouvrage est une fiction. 

Même si le Royaume du Portugal est tombé sous la tutelle de l’Espagne, même si la domination de la flotte portugaise est contestée sur les mers par les Anglais et les Hollandais il reste assez de fierté à Dom Manuel de Meneses, le Capitaine-mor, pour engager la flotte portugaise dans des aventures sur tous les continents connus alors : Europe, Afrique, Indes, Brésil.

« Il allait donc falloir se préparer à un combat déséquilibré et, éventuellement, pensa Fernando, prier pour trouver un morceau de bois auquel s’accrocher si le bateau venait à couler. Le genre de prière qu’il était plus facile de voir exaucée que celle qui aurait consisté en un apprentissage accéléré de la natation. Car si les prêtres enseignaient la prière et organisaient même des concours en la matière pour tuer l’ennui et détourner les hommes du jeu, si les officiers enseignaient le maniement du mousquet pour les mêmes raisons, si les soldats comme Gonçalo Peres vous enseignaient un peu malgré eux qu’il fallait toujours se tenir sur ses gardes, il ne venait à l’idée de personne, en embarquant pour un voyage de six mois sur des océans déchaînés, de vous apprendre à nager. »

Nous suivons les aventures de deux amis Fernando et Simao, soldats engagés en partance pour Goa, puis celles de Diogo, le fils de Nouveaux Chrétiens de Salvador de Bahia et de son ami Ignacio, indien Tupinamba, réunis après la prise et l’incendie de  Sao Salvador de Bahia par la flotte hollandaise et enfin la cavale de Marie, la landaise, qui a assassiné à Bordeaux un jeune noble qui voulait abuser d’elle.

Fernando et Simao, après leur engagement comme soldats tenteront leur chance dans le trafic des diamants. Histoire de tigre dans la jungle, prisons de l’Inquisition..

Ignacio et son arc, Diogo seront engagés par le Capitaine-mor à la suite d’une expédition des flottes portugaises et espagnoles pour déloger les Hollandais de Salvador de Bahia.

Voyages au long cours, naufrages, batailles navales et aventures sanglantes sur terre. C’est un roman d’action, picaresque, historique, très bien écrit et très distrayant!

 

 

Arcachon : front de mer, marché et petits ports ostréicoles des environs

MARS ATLANTIQUE – ARCACHON

la plage d’Arcachon

Nous rejoignons la corniche sur la mer piétonne et cycliste avec ses trois jetées. Les croisières-excursions pour l’Ile aux Oiseaux et la navette pour Le Cap Ferret partent de la jetée Thiers. Les passants sont chargés de cabas et paniers : le marché n’est pas loin : halle couverte, étals plutôt luxe. Sur la grande place les marchands ont installé des portants pour des fringues, attention, c’est de la qualité ! Une dame voilée propose du couscous, un pâtissiers des cannelés et des pasteis de nata, le foodtruck est une rôtisserie. Les cafés ont installé leurs terrasses. A 10 heures, il y a beaucoup de monde pour le café ! En face, discret : Carrefour Market. Les enseignes savent faire preuve de bon goût quand la clientèle et l’environnement l’exigent. La place et le quartier autour des Halles sont piétonniers, de grands parkings souterrains engloutissent les voitures.

Arcachon : jetée

La promenade a été refaite récemment, végétalisée. Deux pistes séparées : piétons et vélos. Des planches ont été installées le long de la plage. De nombreux joggers courent, des promeneurs déambulent. J’arrive au Port de Plaisance : des panneaux racontent qu’autrefois c’était un port sardinier. Plus loin des hangars pour les bateaux de plaisance.

Retour par le même chemin, 13 000 pas au podomètre, une dizaine de km A/R. Sur le front de mer parmi les petits immeubles se trouvent de très jolies villas aux boiseries peintes en bleu avec mosaïque ou céramique témoins d’un autre temps. Même les immeubles modernes ont respecté le bon goût qui caractérise Arcachon. Sous els beaux pins fleurissent déjà primevères et renoncules ;

Pique-nique à l’arrière du Port de Plaisance sur la Pointe de l’Aiguillon, fine presqu’île qui ferme le port ; la Capitainerie, à l’extrémité est un bâtiment original en béton brut ondulé. Ces derniers temps je m’intéresse beaucoup au béton !

port de meyran

Les petits ports ostréicoles de la rive sud du Bassin d’Arcachon, sont pittoresques. Nous essayons de coller au rivage en suivant le trajet du train. La route principale D650 est très urbanisée avec des boutiques de franchises moches tandis que le littoral est charmant : marais, cabanes multicolores, petits ports. Négligeant le Port de la Hume, nous aboutissons au petit Port de Meyran pas touristique du tout avec une guinguette bien sympathique. Des tuiles blanches sont empilées pour former des murets à clairevoie. Certaines portent des huitres incrustées comme des lichens. Je tente une promenade entre poches à huitres en plastique noir empilées, ferrailles rouillées, tables pour poser les poches. Ce désordre authentique m’inspirait, il n’en est rien sorti.

port de meyran : tuiles

Le Port de Larros est beaucoup plus pittoresque et touristique. Les cabanes ne sont pas soignées comme celles d’Oléron. Le bois accuse la patine, décoloré par le soleil et le sel des embruns. De nombreux ostréiculteurs organisent des dégustations dans des établissement du plus rudimentaires au gastronomique. A la carte, des huitres dont les prix varient selon la catégorie. Certains ajoutent pain et beurre et même pâté de fabrication locale. Si on est allergique aux huitres, le choix se réduit : crevettes et bulots mais pas partout. Pour les moules ce n’est pas la saison. Une longue digue pavée se termine par un Christ en croix. Les promeneurs sont nombreux, locaux ou bordelais, venus en famille avec poussettes et tricycles. Foule bien sympathique et gaie. Sortie du dimanche avec dégustation. Comme il fait soleil, nous restons longtemps à regarder la mer monter dans le chenal en se promettant de revenir y déjeuner.

Gujan – port de Larros

 

 

voyage Royan – Lacanau – Arcachon

MARS ATLANTIQUE 

Eglise de Royan

Le bac quitte Royan à 12h15, il faut arriver une demi-heure à l’avance, nous empruntons la route la plus courte. Après Marennes, elle traverse une campagne semée de blé, bien plate. Pas une haie, pas un arbre pour distraire le regard. Et quand il y a des arbres, ce sont des peupliers bien alignés. Campagne ennuyeuse.

Nous retrouvons le Marais et la Seudre à Nielle-sur-Seudre. L’Eguille est bien nommée avec son clocher pointu qui se voit de loin.

Arrivée à Royan, à peine 10 heures . A notre précédent passage en 2021, j’avais parcouru la plage jusqu’à Saint Georges de Didonne, négligeant la ville. Après le film The Brutalist, vu récemment et l’église du Havre, je choisis la visite de l’église de béton des années 50 (1955-1956) de Guillaume Gillet et les vitraux de Henri-Martin Granel et de jean Idoux.

Eglise de Royan choeur

L’église se dresse haut sur une colline, elle se voit de loin avec ses 56 m de béton noirci, un peu comme un voilier ; Cependant, elle ne soutient pas la comparaison avec l’église du Havre, sa contemporaine qui m’avait impressionnée. La comparaison entre les deux villes me vient à l’esprit. Toutes deux ont été détruites en 1945 par les bombardements alliés et reconstruites très rapidement. En commun : les courants d’air. Royan, station balnéaire ne concourt pas dans la même catégorie que le grand port normand.

Traversée Royan-Le Verdon, très agréable sous un ciel voilé. La Gironde est grise et on devine à peine le Phare de Cordouan dans la brume. A la Pointe de Grave nous faisons une pause sous le phare à section carrée. Le petit musée consacré à cordouan n’ouvre qu’à 14 h. Pour déjeuner on se détourne en face de l’estuaire du côté de Neyran. A marée basse, on ne voit que de la vase grise.

La Route des Lacs (D101) traverse la forêt droite et vide. Nous retrouvons avec plaisir cet itinéraire.

Lacanau

A l’Office de Tourisme, très bon accueil, je ressors avec des dépliants et plans pour les balades en forêt. Notre location est située en front de mer : balcon au 2ème étage, ascenseur, parking assuré (hors saison) juste en face. Panique : une grue, des cônes et des barrières interdisent l’entrée du front de mer. Le parking en bas de la maison est aussi condamné. Il y en a un autre accessible mais avec 5 marches, rédhibitoire ! Le propriétaire, venu de Bordeaux, comprends nos difficultés d’accès. Pour ma part, loger dans un chantier avec bruit et poussière, ne me tente guère. Le balcon sur mer aurait été infernal. Le propriétaire, très conciliant téléphone lui-même à AirBnb pour une annulation sans frais et propose de nous aider à trouver un logement de remplacement. Il nous conseille Arcachon. En quelques clics, nous avons réservé une petite maison en Centre-ville, de plain-pied et parking facile.

J’adore les surprises et l’inconnu. La tournure que prennent les vacances m’excite.

88 km entre Lacanau et Arcachon par la Route des Lacs. Nous arrivons sur le Bassin d’Arcachon à la tombée de la nuit. J’ai beaucoup aimé l’arrivée sur la Teste-de-Buch : de chaque côté de la route, de majestueux pins forment une allée couverte ; comme la route est en courbe le tunnel est encore plus impressionnant.

Arcachon : place de Verdun

Nous arrivons directement à la grande Place Verdun. En son centre, un monument aux morts surdimensionné. Les maisons autour de la place sont typiques du style balnéaire d’Arcachon certaines abritent des administrations, commissariat, pompier.

Notre petite maison d’Arcachon

Notre maison au n°7 est particulièrement jolie avec son crépi blanc surhaussé de briques décoratives avec son panneau de céramique Salve maria qui ajoute du cachet. Mais où est donc le 7bis ? je tourne pour trouver une ruelle étroite. Sur la ruelle s’ouvre une baie vitrée qui donne sur un patio couvert meublé comme un salon de jardin : plantes en plastique, barbecue, fauteuils modernes. Le plafond est habillé d’un filet vert façon camouflage. Un petit vasistas sert de puits de lumière. Les fenêtres de la maison sont équipées de jolis volets verts, mais elles s’ouvrent sur le patio fermé. Claustrophobes, s’abstenir. La lumière du jour ne pénètre pas dans la maison. La petite maison est bien agencée pour sur si petit espace : coin salon avec un beau canapé devant un grand écran plat. Sur la table carrée noire, un bouquet de fausses fleurs. La chambre est très confortable. En résumé : une bonbonnière dans un trou à rats. Un faitout comme unique casserole, le micro-onde perché est inaccessible.

Nous partirons tôt et rentrerons tard !