Promenade de rêve dans ce parc qui descend jusqu’au Jaudy – le petit fleuve ou ria de Tréguier. Il faut quand même être bien chaussé, les sentiers sont pentus. Dans une nature exubérante, très nature, un peintre a dessiné des tableaux comme cette fabrique avec son bassin lisse et les pas japonais .
au premier plan les roses embaument (rosa filipes)
Ensemble aquatique et parfumé avec une cascade en escalier à peine masqués par les roses.
Nous voici revenues, heureuses de retrouver le Sentier littoral, les jardins, chapelles sous le beau soleil de juin. Inutile de chroniquer au jour le jour des itinéraires du GR 34 déjà décrits sur le blog. Je me contente donc d’ajouter au Carnet du Trégor quelques photos un peu plus fleuries que celles de janvier, plus ensoleillées qu’en septembre…
Anse de Gouermel
En juin, les randonneurs sont nombreux autour de Plougrescant. Il faut faire la queue pour avoir une bonne photo de Castel Meur. Au Sillon de Talbert, la marée était haute, impossible de passer
Face à Bréhat entre l’Arcouest et Loguivy de la mer
Et pour me baigner, c’est la plage de Trestel que j’ai préférée
« J’étouffe, je vais prendre un bol d’air. À bientôt, je t’embrasse. Maryvonne. »
Maryvonne, ouvrière à Saint Brieuc, mariée, mère d’un petit garçon, à la faveur d’un arrêt maladie, décide de s’offrir des vacances. Elle prend le car pour Paimpol. Ce n’est pas bien loin : 45 kilomètres.
« On arrive à Paimpol. C’est drôle. C’est là que j’ai voulu aller. Paimpol, cela ne fait pas sérieux, c’est un nom d’opérette, Paim-pol, Paim-Paul, Pain-Pôle, Pin-Paule, Paimpol, un nom tout rond, impossible à chuchoter. La Paimpolaise… Paimpol et sa falaise… des relents de folklore bouffon me font sourire toute seule. »
Nous partons en vacances à Port-Blanc, nous irons à Paimpolchercher la falaise. J’ai téléchargé le roman pour nous accompagner en Bretagne. Titre trompeur : pas du tout de la littérature de voyage. Du Paimpol de Maryvonne, nous ne connaîtrons qu’une chambre d’hôtel avec une belle salle de bain, un salon de coiffure et l’aventure se terminera à Monoprix. Sans voir la falaise.
Ce roman féministe est paru en 1980 . Gallimard l’a ressorti en mai 2025 Il est augmenté de deux préfaces de Maylis de Kerangal et de Rebecca Zlotowski. Très bien écrites ces préfaces, mais redondantes, disproportionnées, pour un court livre qui se suffit à lui-même et que j’aurais préféré découvrir par moi-même.
Roman féministe, roman social. Maryvonne et son mari travaillent à l’usine Chaffauteaux qui comptait 2200 ouvriersdans les années 80.La grosse usine de métallurgie a fermé en 2009 ICI Ce livre est un témoignage du travail en usine, des grèves menées. Maryvonne, déléguée syndicale a été une des porte-paroles des grévistes. Erosion de son couple, ennui de la vie de mère de famille étouffante. Elle décide de partir quelques jours, de vivre un rêve, de bouleverser le quotidien.
Sans valise ni alliance, je me grise de cette bolée de liberté. À l’heure qu’il est, je devrais être au boulot
Mais que faire de cette aventure? La vie d’usine, le ménage occupent son esprit. Ce n’est pas facile de s’inventer une vie. Alors Maryvonne achète un flacon de bain moussant .
Elle se fantasme en Marilyn dans la baignoire de l’hôtel :
Marilyn vaporeuse. Marilyn voluptueuse. Marilyn pulpeuse, langoureuse. Marilyn amollie, abolie. Marilyn jouit […] Marilyn a du poil aux pattes. Marilyn a de gros genoux. Marilyn travaille à la chaîne. Marilyn s’appelle Maryvonne. Et Maryvonne a les seins qui tombent.
Pas facile d’affronter le regard des autres, de la gérante de l’hôtel, des clientes habillée avec quatre fois le salaire mensuel de Maryvonne.
Toujours d’actualité presque un demi-siècle plus tard? Sûrement pour le quotidien de la mère de famille. Mais l’usine a été délocalisée!
Anatole Le Braz est un écrivain breton qui s’est intéressé aux légendes celtiques et a compilé traditions et contes à la fin du XIXème siècle. Un de ses ouvrages est justement La Légende de la Mort.
Gérard Lefondeur imagine une série de romans policiers ayant pour enquêteurs le Commissaire Le Dantec et Anatole Le Braz. Le commissaire fait appel à l’écrivain comme expert de la culture bretonne. C’est le premier livre de la série Les enquêtes d’ANATOLE LE BRAZ que Babélio m’avait fait connaître avec Le sang de Douarnenez (CLIC)que j’avais beaucoup apprécié.
L’Ouvrier de la Mort qu’on appelle aussi l’Ankou est représenté brandissant une faux conduisant une charrette grinçante.
« Je vous chante qu’il me semble les avoir croisés ce matin, en revenant de la Croix du Chaos du Moulin, sur une drôle de charrette tirée par un postier breton ; une sacrée belle bête, soit dit en passant. Dans leur équipage, ils avaient rien des deux moitiés de vagabonds qui ont disparu il y a belle lurette. Et puisqu’on en parle, maintenant que j’y pense, j’ai eu l’impression qu’ils revenaient par le chemin vicinal qui conduit à la demeure de Goadec, justement. »
Deux décès suspects dans les alentours de Braspart, petit bourg des monts d’Arrée, n’ont pas alerté la gendarmerie : une vieille femme malade décède d’arrêt cardiaque, le garde champêtre et son chien écrasé sous la roche branlante de la forêt de Huelgoat. Le Commissaire Dantec, inspecteur de police d’origine bretonne mais venant de Paris, est intrigué par un détail : une petite faux sculptée en bois, retrouvée chez les deux victimes. C’est à ce propos qu’il fait appel à Anatole Le Braz.
La scène avait quelque chose d’un peu ridicule : un homme bien charpenté et vêtu comme un Anglo- Saxon, suivant à moins de deux mètres un pilote automobile aux lunettes de conduite remontées sur le casque, totalement inutiles car couvertes de condensation ; quel couple étrange…
Le folkloriste habitué à aborder les paysans recueille plus de témoignages que le policier à bord de sa Dion Bouton. Il sait aussi désamorcer les susceptibilités des gendarmes à l’égard du policier supposé Parisien. Le duo va nous faire vivre des aventures étonnantes et sanglantes que je ne révèlerai pas ici. L’humour tempère la teinte sombre du thème de l’Ankou
Vous n’aurez qu’à suivre les pommes et quand leur piste s’arrêtera, sur votre droite, vous verrez l’Arbre aux Pendus. Dans le champ. C’est là, juste au bord, qu’on l’a retrouvé.[…]les premières pommes sur la chaussée. Cela avait quelque chose d’un roman de Lewis Carroll, mâtiné de Charles Perrault ou des Frères Grimm, le tout illustré par Gustave Doré
Le roman décrit les coutumes et croyances de la Bretagne à l’aube du XXème siècle. Coutumes rurales mais aussi irruption de la modernité. Répression de l’usage de la langue bretonne, opposition entre les laïcards et les calotins. Modernité de l’automobile, et du téléphone. Comment Monsieur le Comte n’a pas le téléphone dans son manoir? Arrivée du tourisme comme cet hôtelier belge à Port Blanc…
Cependant, Le sang sur Douarnenez que j’ai lu précédemment m’avait paru plus riche avec les luttes sociales dans les conserveries. J’y avais croisé Conan Doyle avec grand plaisir.
Nous devions passer les deux semaines des JO en Bretagne, j’avais téléchargé ce roman que j’ai lu avec grand plaisir après l’annulation du séjour.
Excellente pioche de la Masse Critique qui tombe à pic puisque nous retournerons en Bretagne au mois de Juillet et que nous aurons sûrement l’occasion de visiter les lieux du roman.
Ce roman policier se déroule à Douarnenezen mars 1902 . L’auteur, Gérard Lefondeur,recourt au procédé littéraire bien connu : dans une vielle boîte à gâteaux, il retrouve les manuscrits de Carnets secrets d‘Anatole Le Braz . L’écrivain, historien, folkloriste, aurait assisté le commissaire Dantec à résoudre une affaire difficile.L
Les équipages de deux barques de pêcheurs ont été retrouvés morts dans une macabre mise en scène près du rivage… Cette découverte funèbre suggère un rituel qui justifie l’assistance de Le Braz, expert en culture bretonne. Le Braz est ami de Conan Doyle. Par l’intermédiaire de ce dernier il rencontre Bram Stoker, l’auteur irlandais de Dracula. Nous nageons en plein surnaturel, dans une ambiance celte! Le Sang de Douarnenez est un polar très littéraire où un marin pêcheur cite Shakespeare. Le Braz cite aussi Renan, grand homme de Tréguier alors que Le Braz est de Port Blanc.
C’est aussi un polar très bretonnant avec la légende de la ville d’Ys, les Sirènes qui causent les naufrages, les malédictions…
Polar sociologique, sur un arrière-plan de crise sardinière. Douarnenez est le pays des sardinières, les Penn-Sardin. En 1901, les bancs de sardines qui faisaient la richesse de la ville vont à manquer. Pour approvisionner les conserveries, il faut appâter avec des œufs de poisson venant de Norvège. Les pêcheurs deviennent tributaires des conserveurs qui leur vendent l’appât et fixent les prix. La grand grève des sardinières n’aura lieu qu’en 1905, après le dénouement de l’intrigue mais l’auteur dénonce les conditions de travail des ouvrières. Evoque aussi leurs chansons (à propos plusieurs podcasts de Radio-France, passionnants!).
Polar historique. Déjà, les Romains, travaillaient la sardine pour faire du garum. Un épisode des Guerres de Religion avec un nobliau rebelle.
Ce gros livre de se dévore d’un seul trait. Instructif, addictif. Très réussi!
cap de la chèvre stratifications de la pointe de Kerroux
Passant par Crozon, j’achète une barquette de fraises de Plougastel, c’est une véritable addiction ! Après Saint Hernot nous traversons de charmants villages de petites maisons aux volets bleus et pignons triangulaires, enfouies sous les rosiers et les hortensias. A Rostudel, un groupe de maisons mitoyennes pittoresque est à louer.
La route s’arrête devant le monumental sémaphore (terrain militaire), interdit d’entrer et de photographier ; qui en aurait envie ? il est hideux avec un grand mur gris qui le double, comparé au joli phare blanc de Toulinguet. Le sentier contourne le terrain militaire pour rejoindre le sentier côtier bordé de fils de fer pour permettre à la végétation de repousser. En balcon, le sentier offre des vues impressionnantes sur les falaises et les pointes. J’essaie de reconnaître les affleurements signalés sur le dépliant de la Maison des Minéraux. La pointe est formée de Grès Armoricain, puis de dolérite, roche volcanique, enfin de schistes et calcaires. De loin, je ne reconnais pas grand-chose mais m’obstine à photographier de loin les stratifications et les bancs qu’on voit plonger sous l’eau transparente ; Certains bancs sont découpés en prismes sur la plage en dessous. Je regrette d’être incapable de lire les structures intéressantes.
Cap de la chèvre crique
Le couvert végétal est composé de bruyère et de coussinets très verts et très denses. En regardant mieux : j’identifie des ajoncs très bas serrés et piquants, des prunelliers forment également des boules serrées. De temps en temps, des taches orange de filaments étranges. Des randonneurs me disent que ce serait des « cheveux du diable », plante parasite. Ce végétal m’intrigue. Un peu plus loin, j’ai le plaisir de voir s’envoler un Crave à bec rouge son bec est vraiment rouge.
Cheveux du diable
A l’entrée de la Plage de la Palue, on traverse une zone boueuse puis j’arrive dans la dune. Le sable sec s’infiltre dans mes chaussures, les alourdit et la marche devient pénible. J’aurais mieux fait de descendre sur l’estran et de marcher sur le sable mouillé.
Dominique m’attendait avec un pique-nique gastronomique : salade de champignons de Paris frais avec saumon en fines tranches marinées avec de l’aneth et du citron confit et pour dessert les fraises de Plougastel.
A partir de la Pointe de Lostmarc’h le sentier en balcon court à travers une lande, véritable patchwork coloré. La floraison des ajoncs s’annonce avec les boutons jaunes prêts à éclore, les bruyères forment des taches roses, coussins verts. Même l chèvrefeuille s’est invité, il rampe sur les ajoncs. De petits troènes sont fleuris. Pourquoi cette lande située sur le même versant, même orientation est-elle plus fleurie que celle située avant la plage ? Cette portion du sentier côtier est beaucoup moins fréquentée que la première du Sémaphore jusqu’à la plage, en effet elle ne figure pas sur la rando-fiche. Je ne croise qu’un coureur qui dévale les pentes. Le tracé du sentier est moins visible, on l’a même interdit sur le rebord de la falaise. Le GR rentre dans la campagne. Je marche, téléphone en main en me guidant au GPS et marchant le long du fil de fer. A l’approche de Kerguillé, je descends jusqu’au bord de l’eau et remonte de 60 m perpendiculairement aux courbes de niveau, contente de m’aider de mon bâton. Enfin la Pointe de Dinan et le Château de Dinan se profilent.
Pour terminer la journée à la plage de Goulien toute proche à pied la voiture doit retourner à Crozon, traversant le ravissant village fleuri de Keraveno. La plage de Goulien est très grande et relativement fréquentée par de nombreuses familles avec des enfants (beaucoup d’Allemands). Je fais un petit tas avec la robe rose glissée dans les sandales que je perche sur un rocher (beaucoup de moules et balanes). Malgré la fraîcheur je nage dans une eau calme comme en Méditerranée. Je pourrais nager très longtemps, je me suis habituée à la température de l’eau.
Le Fret, notre port d’attache est à 800m du gîte. Alignées sur le quai, les petites maisons bretonnes, certaines blanches d’autres colorées, une plus grande, jaune, clôt la série, perpendiculairement en face du port de pêche. Plus loin, le quai des navettes pour Brest(en saison), vélos électriques en libre-service. De là je découvre une petite plage. Un peu plus loin, l’Ile Longue, base militaire, donc inaccessible. En face, Brest. La seule petite épicerie-dépannage est fermée ce matin.
Roscanvel
Pas plus de courses possibles à Roscanvel, c’est décidé, nous irons au restaurant !
Roscanvel : fontaine et lavoir
Roscanvel est un village charmant autour de son église Saint Eloi, XVIIème siècle. Ses vitraux modernes, colorés, en verre très épais, surprennent. Ils étaient l’œuvre de Labouret selon la technique originale de dalles de verre cloisonné ciment. Un incendie en 1956 a mis à mal les vitraux originaux qui sont remplacés par des copies. En face de l’église, une pelouse sert d’écrin à une très jolie fontaine (1666) et à un lavoir (1831). Dans l’église, on peut trouver un circuit de promenade de découverte des sources, fontaines et lavoirs autour de Roscanvel. Bordant la pelouse, une belle maison avec un jardin fleuri. Des vipérines des Canaries (Echium pininana) très hautes, très touffues, bleues attirent mon regard. Malheureusement, elles sont à contre-jour et les couleurs ne ressortent pas. La propriétaire surgit et m’invite à entrer dans le jardin pour avoir un meilleur éclairage. « Savez-vous comment elles s’appellent ? – savez-vous combien de temps elles vivent ? – Trois ans » dit la dame –« la floraison va précéder leur mort. Il faudra les arracher. Elles ne font pas de rejet mais se dessèchent. Il faudra recommencer avec des graines ». La dame n’est pas inquiète. Les inflorescences donnent de nombreuses graines. Ces belles colonnes bleues attirent bourdons et abeilles vraiment très nombreux.
De la petite place, partent deux randonnées signalées par des flèches en bois malheureusement pas de balisage visible. Visorando m’oriente sur la route jusqu’à Port Scorff parmi des jardins fleuris et longeant la mer. Puis on quitte la route au Lez pour monter sur l’arête de la Pointe. Je trouve le GR qui chemine en sous-bois, promenade très tranquille. A l’approche de la Pointe je passe à côté des fortins, batteries des fortifications. Mais c’est le chantier : le GR est refait, élargie, sablé, dans le parking de la Pointe de gros engins travaillent. Des grillages interdisent le GR qui conduit à la Pointe. Quelle est la raison de ces travaux ? Souhaite-t-on canaliser les visiteurs, mettre en valeur les fortifications, ou sécuriser le sentier côtier mis à mal à cause de l’érosion ? Aucune explication n’est proposée.
Pointe des Espagnols lavoir de Stiff
Sur l’autre versant de la pointe, le sentier domine une côte très escarpée. La végétation est rase : bruyère très fleurie, fougères-aigles très vertes ? Dans un creux, le sentier passe en sous-bois frais et humide. On a même construit un chemin de planches qui conduit à la jolie fontaine et au lavoir de Stiff aménagé à la fin du XIX ème à l’usage des militaires. Des papyrus et des arums se reflètent dans le miroir d’eau du lavoir. Le sentier remonte ensuite et suit la côte en balcon.
Digitales
A l’approche de Camaret la route passe à côté d’une base militaire en fonction. Décidemment, cette Pointe des Espagnols est très militarisée !
Avant d’arriver à Camaret : la plage protégée par la Pointe Sainte Barbe a un nom étrange La mort anglaise est très accueillante malgré son nom. J’apprendrai après que ce nom correspond à un épisode de la bataille de Camaret.
Camaret
Camaret port, tour Vauban, chapelle
Nous arrivons à l’heure du déjeuner à Camaret. Les terrasses des restaurants sont alignées sur le quai sous un beau soleil. Promesse d’un bon déjeuner. Promesse qui ne sera pas tenue. Impossible de garer la voiture. Impossible aussi de revenir en arrière, le quai est à sens unique. En général, une rue parallèle est en sens unique inverse. Pas à Camaret ! Impossible de faire le tour, il faut retourner dans la campagne. Nous ne déjeunerons donc pas au restaurant mais grignoterons biscuits apéritif et andouille en réserve dans la voiture. Cela donne soif ! Je retourne à pied vers le quai avec l’intention d’acheter une bouteille d’eau minérale dans une épicerie, un bar ou un restaurant. Je suis entrée dans chaque établissement avec cette demande simple : « pouvez-vous me vendre une bouteille d’eau ? »Eh bien non ! Ils ne peuvent pas. Je retourne à notre banc les mains vides. La mauvaise volonté a une excuse : la consigne. En effet, sur chaque table, il n’y a aucune bouteille en plastique, seulement de lourdes bouteilles de verre, sans bouchon. Pas de San Pellegrino, ni d’Evian ou autre « marque ». Château-La Pompe uniquement. Pourtant je milite pour cela. Voici que le boomerang me revient à la figure. Pareil pour la piétonisation ! Si j’avais pris ma gourde peut être me l’auraient-ils remplie ? pas sûr.
Notre Dame de Rocamadour est une jolie chapelle au clocheton décapité par un boulet en 1694 au cours de la Bataille de Camaret, tentative anglo-hollandaise de détruire la flotte française. Un autel peint rappelle cette bataille. A côté de la chapelle se dresse la Tour Vauban.
Après ce déjeuner raté nous retournons à la jolie plage de la Pointe Sainte Barbe . j’ai approfondi mon « longe-côte » en marchant avec l’eau à mi-cuisse. Si le beau temps persiste je me baignerai avant la fin de la semaine !
Voyage facile :autoroute A11 presque vide ainsi que les 4 voies jusqu’à Rennes . Nous quittons la RN 12 à une trentaine de km de Rennes pour la RN 164 qui coupe la Bretagne par le centre . Le plus souvent, la route en 2×2 voies (pas toujours) évite les bourgs et les villages. On devine les grandes installations agro-alimentaires, usines et hangars à camions, leur emprise n’est pas négligeable.
Pour acheter le pique-nique, nous quittons la grande route à Mûr-de- Bretagne, village pittoresque, avec sa grand église (en restauration), ses maisons de pierre bâties autour de la place et quelques commerces : un fleuriste croûle sous les rosiers, corbeilles et bouquets (c’est la fête des mères). Chez le traiteur-charcutier-pâtissier, trouvons le déjeuner : une tourte au saumon excellente et une croûte à thé (gâteau aux amandes et pistaches). Pour le carburant, il n’y a aucune station-service entre Rennes et Châteaulin, encore un détour, par Carhaix. A Châteaulin : une fourchette au sud : Quimper, nous prenons vers le nord, Brest et Crozon (Rn 165). Depuis un moment l’Aulne serpente non loin de la route ; appelée aussi, la rivière de Châteaulin, c’est un petit fleuve de 144 km qui se jette dans la rade de Brest.
Le Faou : maison à encorbellement
Pause sur le port du Faou au pied de l’église Saint Sauveur XVIème siècle, dont le fin clocher ajouré est coiffé d’un dôme. Son architecture est complexe. Autrefois un enclos paroissial avec un cimetière ont été déplacés lors d’une épidémie de choléra. Le village du Faou est tout à fait charmant : maisons de granite et maisons à pans de bois à encorbellement recouvertes d’écailles d’ardoises. Village touristique : la rue principale est animée avec les terrasses des restaurants. Le long de la grève, un panneau explique l’action menée pour contrer l’invasion par la spartine, plante invasive importée d’Amérique par les eaux de ballast des navires au 19ème siècle. Elle fait disparaître la flore de pré-salé et accélère l’envasement de la rade. On dispose des bâches tenues par des dalles pour étouffer la spartine.
Belvédère de l’Aulne
Au-dessus du Faou une route grimpe la colline au Belvédère de Rosnoën d’où le panorama sur un méandre de l’Aulne est spectaculaire. Le Pont de Tenerez – élégant pont moderne haubané – enjambe l’Aulne.
Argol : enclos paroissial
Arrêt-photo à Argol pour admirer l’enclos paroissial.
Enfin la mer !
A Telgruc – sur- mer, pique-nique sur le parapet bordant la belle plage de Trez Bellec. En robe de plage, j’entreprends un « mini-longe-côte », pieds nus, l’eau au-dessus du genou étonnamment tiède jusqu’à la Pointe de Bellec.
Le Fret
Le Fret
16h, comme prévu, arrivée au gite au Fret. C’est un studio en rez de chaussée dans un groupe de maisons neuves un peu biscornues (œuvre d’un architecte) Le studio, petit et discret, s’ouvre sur un jardin merveilleux. La pelouse légèrement en pente se trouve sous de très beaux chênes, elle est plantée de quelques arbres fruitiers et ornées de massifs fleuris. Les roses sont à leur meilleure saison et embaument, des artichauts graphiques les accompagnent. Les acanthes sont aussi fleuries. Devant notre porte, une petite table ronde et des rosiers jaunes et rouges. C’est là que je m’installe pour écrire. Dans le studio, tout le confort moderne, télévision, Wifi mais un clic-clac tient lieu de lit. Le coin cuisine occupe tout un mur percé d’une belle baie ensoleillée l’après-midi. Séparant chambre et cuisine : un lit-cage breton avec un coffre, c’est plus joli que les placard modernes et il y a du rangement. Un buffet sculpté complète le décor breton.
Gîte Le Fret : jardin
L’installation est laborieuse. J’ai plus envie de profiter du jardin ensoleillé que de défaire les valises.
Une exposition fascinante dans le bestiaire fantastique du littoral, filmé sous l’eau avec cet équipement baroque ou au laboratoire en microphotographie.
puce
J’ai perdu la conscience du temps qui passe en regardant les films de Painlevé : La Pieuvre, Les Daphnies, Le Vampire, L’Oursin, Crevettes…filmés de loin, de près, de très très près, grossis 150.000 fois. Et j’ai découvert des animaux dont je n’avais jamais entendu parler : Aceras, (mollusque)Hyas et Sténorinques(crustacés), j’ai vu se déployer des Spirographes.
Certains films datent de 1929, d’autres sont beaucoup plus récents comme la Transition de phase des cristaux liquides, en couleur, presque de l’art abstrait (d’ailleurs pourquoi ai-je écrit presque)?
Des tirages Noir&Blanc d’une grande beauté, non dépourvus d’humour comme ces pinces de crustacés qui évoquent un profil (il y en a une autre où la pince de homard ressemble à De Gaulle).
J’ai pensé au temps jadis où la sortie du projecteur Super8 en classe déclenchait l’enthousiasme des élèves pas encore saturés d’Instagram et de documentaires animaliers pompeux. Loin des opéras filmés qui hantent les programmes télévision. Du cinéma slow, sobre, mais tellement bien filmé, du soin, de l’humour, de la précision, de l’observation, de la science quoi!
Après de très belles journées ensoleillées, la dépression attendue est arrivée à grand fracas : vent et averses, pendant la nuit. Dès 10 heures du matin, elle est déjà passée. Cette météo pessimiste ne nous a pas incitée à préparer la randonnée et le pique-nique mais plutôt à prévoir un déjeuner le déjeuner de crêpes que j’attends depuis le début des vacances.
J’ai pris mon bâton de marche en prévision des chemins mouillés et glissants et je trouve le GR à deux pas de notre gite de Saint Antoine le long de l’Aber Wrac’h vers l’intérieur. Je me méfie, dimanche dernier, je me suis perdue à Kerviré, une ferme un peu à l’écart de la côte, j’avais fait au moins 3 km de plus pour retrouver le sentier (grâce au GPS de Visorando) . Au lieu de suivre le chemin agricole dans les maïs, je trouve le GR qui s’engouffre dans les taillis, petite trouée que je n’avais pas remarquée, le chemin creux est aussi bien gadouilleux, je me félicite d’avoir mon bâton. j’arrive rapidement au chantier naval où une belle épave est répliquée à neuf. Un jeune homme explique qu’ils ont prélevé les 3 mâts pour les mettre sur le nouveau bateau. C’est un gros chantier : 30 charpentiers y travaillent parfois.
Encore une petite grimpette et j’arrive sur l’aber près du petit port à côté du Pont de Paluden où se trouve la petite Crêperie du Pontoù nous avons réservé une table. Dans une ancienne maison de pierre deux salles sont meublées traditionnellement : tissu à carreau rouge et blanc, vieux et lourds meubles sculptés en bois sombre, une belle cheminée de granite. nous commandons des galettes Mont d’Arrée(chèvre chaud et miel) et Océane (saumon) et deux crêpes paluden (pommes caramel au sel) pour dessert.
Le soleil brille, je reprends le GR à la Plage de Saint Cava où nous avions piqueniqué dimanche. Entre le Pont Paluden et Saint Cava, le GR suit la route, puis s’éloigne de l’Aber en prenant de la hauteur sur un bon chemin agricole à 50 m au dessus du niveau de l’eau. Chemin facile, tout droit dans les champs de maïs qui descend au niveau du lieu-dit Perros en suivant une petite route. Après, c’est un peu compliqué parce que la côte est construite et qu’on ne peut pas suivre le littoral, il faut contourner les maisons (ce n’est pas très bien balisé non plus).
Après la plage de Saint Cava, le sentier colle bien à la côte, impossible de se tromper, une plage est bordée de restaurants, la pointe en face des phares de l’île Vierge – vue spectaculaire . A un tronçon plus sauvage vers Reun, succède une pointe un peu plus construite avec de jolies maisons bretonnes fleuries. Enfin, je retrouve Dominique à Porz Gwenprès de viviers. Mais c e sont aux viviers de Paluden que nous achèterons les dernières moules des vacances!