un mois autour de la Roumanie en Logan et chez l’habitant

au petit matin
6h30, il fait très frais, presque froid à 700m d’altitude. Les bancs sont couverts de rosée.
Le village est réveillé. Un portail, un puits à la toiture compliquée, une tonnelle de vigne surmontant la palissade protégée par un auvent de bardeaux. Le sujet idéal pour un dessin !
Je pose mon bandana sur mon chapeau après avoir écarté les quetsches tombées et vérifié qu’il n’y avait pas de bouse. J’ai bien du mal avec la perspectiveque les auvents compliquent . J’essaie de rendre les découpes savantes du bois qui décorent la porte. Les petits cœurs sont les plus simples. Vais-je dessiner les bardeaux au bord effilé en une pointe tronquée si caractéristiques de la Roumanie ? De loin, on distingue des losanges, mais rien n’est droit. Les bords sont courbes. Le principe est simple : les planches ont été creusées à l’extrémité et on a décalé les lattes à chaque rangée. C’est un revêtement qui peut tenir une centaine d’années. Voire plus si le bois est du hêtre.
La vachère avec sa badine pousse une vache, d’autres passeront seules. Une voisine a écarté son rideau. Des femmes se rendent au travail, ou aux courses. Elles me disent toutes « bonjour » et réponds à leur salut en français. Un cheval broute près de moi. Le bruit de ses dents me surprends. Je sens bientôt son souffle chaud sur mes pieds nus. Un voisin a allumé la radio. Patricia Kaas dans un village moldave à sept heures du matin : surréaliste !
8 heures : petit déjeuner dans la salle à manger d’été de la petite maison de bois. Angelica est une spécialiste des confitures. Elle en a disposé six échantillons : fleurs de pissenlit, sureau, jeunes pousses d’épicéa, pruneau, potiron-orange. Nous dégustons chacune de ces merveilles sur une crêpe très fine, très légère. Angelica nous livre ses recettes.
confitures
Elle fait bouillir les fleurs de pissenlit, puis macérer 48 heures, filtrer, rajouter la même quantité de sucre que de liquide et faire mijoter plusieurs heures sur la cuisinière à bois.
Pour les pousses d’épicéa, c’est le même principe.
Avec nous, mangent deux français arrivés par le train du Delta. Ils connaissent aussi des recettes originales : elle fait de la confiture de thé comme celle de pissenlit. Il ajoute les pousses d’épicéa à la soupe de légumes sans les laisser macérer trop longtemps.
C’est extraordinaire comme le voyage devient gastronomique !
randonnée et champignons
9h, départ pour la randonnée guidée par Septimiu en compagnie des deux Français, le long du ruisseau. Nous passons une passerelle suspendue. Comme nous sommes quatre le balancement s’accentue, les planches tanguent. Sur la terre ferme, on titube comme à la descente d’un navire.
Au pied d’une colline : une petite station de pompage de gaz.
– « Le gaz provient-il du sous-sol ou est-il seulement stocké ?
– « il est roumain ! »
Ceci explique pourquoi des tuyaux jaunes parcourent des villages roumains. Grimpant la pelouse rase très ravinée par le ruissellement, nous découvrons à mi-pente les fondations de béton d’une installation démontée : une mine de potasse fermée dans les années 90. Des tas blancs jonchent la colline.
– « est-ce que la rivière est salée ? »
Traversant une forêt de hêtres et de sapins Septimiu s’est écarté du sentier : il a vu des champignons comestibles, genre de russules.
Nous les mangerons ce soir au dîner.
Chemin faisant nous croisons deux carrioles pleines d’enfants : le patronage catholique. Au dessus les cabanes des bergers, les moutons pâturent plus haut dans la colline. Des libellules aux couleurs métalliques vert émeraude font un ballet coloré au dessus du ruisseau. A un carrefour, nous retrouvons D qui apporte le pique-nique. Il est trop tôt. Nous nous installons sous un vieux chêne. Angelica a préparé des boulettes de viande parfumées à l’aneth des tomates, de la telemea et du cosonak.