Tazlau: monastère

Un mois autour de la Roumanie en Logan, chez l’habitant

 

 

Le monastère de Tazlau est à cinq minutes du gite.

Une grand-mère, à qui nous avons demandé le chemin, nous accompagne. Une file d’oies blanches passe sur un petit pont, par ordre de taille. La dame ramasse prestement un galet tandis qu’un roquet aboie.

Comme souvent, on appelle monastère, en Roumanie, une église dans un enclos même si les bâtiments monastiques ont disparu. Une belle porte surmontée d’une tour nous accueille. L’église blanche, coiffée d’ardoises avec sa tourelle au chapeau pointu est plus simples que celles que nous avons vues en Bucovine. Seule décoration : des assiettes émaillées. L’intérieur est lugubre, les parois noircies par la suie, quelques lampes à hile, quelques cierges devant les icones  pour tout éclairage. Quand nous partons, un pope accourt, fait un grand détour pour nous éviter, saute une barrière et arrive en courant. Il veut voir nos photos.
–    « Bine, Bine »
Que  je raconte cette histoire à Septimiu, il rit en disant que le pope se prend pour la Securitate. Plaisanterie sans suite. J’aimerais en savoir plus sur cette période et aussi sur la prospérité de l’Eglise Orthodoxe. Je n’ose pas aborder des sujets pourraient  fâcher des gens si gentils. Je demande quand même si quarante ans de communisme expliquent cette ferveur religieuse. Non, seuls les dirigeants et les cadres ne pouvaient pas manifester de religiosité. Les paysans ont continué à aller à l’église à cette période.

Tazlau : gastronomie

Un mois autour de la Roumanie en Logan chez l’habitant

maisons de tazlau

Nous dînons sous la tonnelle chargée de nombreuses grappes prometteuses. Mais ce n’est pas sûr qu’elles mûrissent à cette altitude. La soupe est une merveille : toujours des légumes du jardin, carottes, navets, elle est acidulée par le borsht. Angelica explique comment on fait le borsht en faisant fermenter le son. C’est pour moi une nouveauté. J’associais borsht et betterave. Ce n’est absolument pas obligatoire.
Ensuite vient une ratatouille de légumes variés délicieux : aubergines, choux…Nous y goûtons avec modération. Nous nous sommes servies deux fois de soupe et Angelica annonce les sarmalés. C’est la spécialité roumaine la plus renommée, la plus fine. Les feuilles de chou sont farcies avec une viande finement hachée et du riz. Ceux d’Angelica sont dorés, presque caramélisés. Ils ont mijoté toute une nuit sur la cuisinière à bois. Sa mère s’est levée pour les surveiller, les retourner, les arroser. Slow food ! Cette cuisine qui  nécessite des jours entiers de préparation en est un exemple parfait. Le résultat est exquis.

Taszlau : les confitures d’Angelica et la promenade avec Septimiu

un mois autour de la Roumanie en Logan et chez l’habitant


au petit matin

6h30, il fait très frais, presque froid à 700m d’altitude. Les bancs sont couverts de rosée.

Le village est réveillé. Un portail, un puits à la toiture compliquée, une tonnelle de vigne surmontant la palissade protégée par un auvent de bardeaux. Le sujet idéal pour un dessin !
Je pose mon bandana sur mon chapeau après avoir écarté les quetsches tombées et vérifié qu’il n’y avait pas de bouse. J’ai bien du mal avec la perspectiveque les auvents compliquent . J’essaie de rendre les découpes savantes du bois qui décorent la porte. Les petits cœurs sont les plus simples. Vais-je dessiner les bardeaux au bord effilé en une pointe tronquée si caractéristiques de la Roumanie ? De loin, on distingue des losanges, mais rien n’est droit. Les bords sont courbes. Le principe est simple : les planches ont été creusées à l’extrémité et on a décalé les lattes à chaque rangée. C’est un revêtement qui peut tenir une centaine d’années. Voire plus si le bois est du hêtre.

La vachère avec sa badine pousse une vache, d’autres passeront seules. Une voisine a écarté son rideau. Des femmes se rendent au travail, ou aux courses. Elles me disent toutes « bonjour » et réponds à leur salut en français. Un cheval broute près de moi. Le bruit de ses dents me surprends. Je sens bientôt son souffle chaud sur mes pieds nus. Un voisin a allumé la radio. Patricia Kaas dans un village moldave à sept heures du matin : surréaliste !

8 heures : petit déjeuner dans la salle à manger d’été de la petite maison de bois. Angelica est une spécialiste des confitures. Elle en a disposé six échantillons : fleurs de pissenlit, sureau, jeunes pousses d’épicéa, pruneau, potiron-orange. Nous dégustons chacune de ces merveilles sur une crêpe très fine, très légère. Angelica nous livre ses recettes.

confitures

Elle fait bouillir les fleurs de pissenlit, puis macérer 48 heures, filtrer, rajouter la même quantité de sucre que de liquide et faire mijoter plusieurs heures sur la cuisinière à bois.

Pour les pousses d’épicéa, c’est le même principe.

Avec nous, mangent deux français arrivés par le train du Delta. Ils connaissent aussi des recettes originales : elle fait de la confiture de thé comme celle de pissenlit. Il ajoute les pousses d’épicéa à la soupe de légumes sans les laisser macérer trop longtemps.

C’est extraordinaire comme le voyage devient gastronomique !

randonnée et champignons

9h, départ pour la randonnée guidée par Septimiu en compagnie  des deux Français, le long du ruisseau. Nous passons une passerelle suspendue. Comme nous sommes quatre le balancement s’accentue, les planches tanguent. Sur la terre ferme, on titube comme à la descente d’un navire.

Au pied d’une colline : une petite station de pompage de gaz.
–    «  Le gaz provient-il du sous-sol ou est-il seulement stocké ?
–    « il est roumain ! »
Ceci explique pourquoi des tuyaux jaunes parcourent des villages roumains. Grimpant la pelouse rase très ravinée par le ruissellement, nous découvrons à mi-pente les fondations de béton d’une installation démontée : une mine de potasse fermée dans les années 90. Des tas blancs jonchent la colline.
–    « est-ce que la rivière est salée ? »

Traversant une forêt de hêtres et de sapins Septimiu s’est écarté du sentier : il a vu des champignons comestibles, genre de russules.

Nous les mangerons ce soir au dîner.

Chemin faisant nous croisons deux carrioles pleines d’enfants : le patronage catholique. Au dessus les cabanes des bergers, les moutons pâturent plus haut dans la colline. Des libellules aux couleurs métalliques vert émeraude font un ballet coloré au dessus du ruisseau. A un carrefour, nous retrouvons D qui apporte le pique-nique. Il est trop tôt. Nous nous installons sous un vieux chêne. Angelica a préparé des boulettes de viande parfumées à l’aneth des tomates, de la telemea et du cosonak.

Tazlau : un collège de campagne

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En début d’après midi Angelica nous montre son école, un petit groupe scolaire école/collège pour un village de 3000 habitants (+500 en émigration). Les couloirs sont décorés par les dessins des élèves comme n’importe où dans le monde. Il y a aussi un petit musée local avec des trouvailles archéologiques. Petits effectifs, normal pour une école de campagne ! La salle de français d’Angelica est impressionnante. Elle a calligraphié elle-même des panneaux avec des illustrations des différents sons français et leur graphie, poèmes, des photos de Paris…mais aussi deux ordinateurs et des stores vénitiens qui proviennent de ses initiatives personnelles.. Elle a effectué un voyage avec ses élèves se produisant dans des spectacles folkloriques pour financer ces équipements. Et tout cela pour un salaire mensuel de 350€ !
Leur gîte, le jardin, la vente des confitures… tout le travail supplémentaire sont absolument nécessaires pour compléter le salaire des deux enseignants travaillant à temps plein. Et même, tout cela n’a pas suffi pour financer les études de leur fille. Angelica est partie en Italie s’embaucher un an comme nombreux habitants du village. Il faut de l’énergie pour vivre en Roumanie !
Ce matin, Angelica nous disait que la Moldavie roumaine était la région la plus déshéritée de l’Union européenne et que des familles y doivent survivre avec 3$ par jour.
Au dîner elle nous a fait un gratin de courgette, une soupe au champignon (avec borchtch) des saucisses de porc (maison) des haricots verts cueillis le jour même et une pâtisserie les « jupes retroussées » (pâte levée fourrée au fromage blanc servi chaud)

Soresti :volcans de boue

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Soresti est un village-rue aux maisons basses cachées dans les jardins derrière les inévitables palissades en bois. Septimu m’a expliqué que ces barrières ont pour fonction d’arrêter les animaux qui divaguent dans le village et les empêcher de faire des dégâts dans les jardins.
Pruniers et pommiers, cerisier portant encore des griottes dans le jardin de Claudia et Lali. Le passage couvert sépare la maison principale de deux chambres d’hôtes lambrissées de planches,  décorées avec beaucoup de goût avec des tapis, des rideaux très finement brodés au point de croix aux deux petites fenêtres. Inévitable image pieuse drapée d’écharpes blanches brodées, mais elle est ancienne, vieillotte, désuète et va bien avec toute la décoration. Un petit cabinet de toilette. C’est sombre, frais, parfait.
Nous mangeons un pique-nique tardif sur la belle table en planches de l’entrée. Le thermomètre marque 27°C. Après une courte sieste nous partons pour les volcans de boue.
A vol d’oiseau ils sont très près de Soresti, juste derrière la colline mais par la route il faut quand même parcourir 60km, par Buzau puis Berca. Un fléchage nous fait passer à travers des villages à travers des collines profondément ravinées. Le site est étrange : un dôme d’argile grise parcourue par des fentes comme des rayons à partir du sommet. Là, une mini-chaîne des Puys, un mini-Vésuve, un lac de lave. Le plus grand cratère mesure deu60cm de haut sortent d’épaisses coulées avec des surfaces cordées qui s’étalent sur les polygones de dessiccation.
Plus de questions que de réponses. D’où vient le gaz ? Quelle est sa nature chimique ? Peut-on parler de volcanisme en l’absence de magma ? Quelques indices permettent de répondre positivement. D’abord, la séismicité, le gaz ensuite. Il faudrait que je fasse des recherches sur Internet.
Je glisse sur le flanc d’un petit volcan et me retrouve par terre – vexée. Quelques minutes plus tard D cherchant à enjamber une coulée roule à son tour toute gadouillée. Cela devient une manie chez nous !


De retour à Soresti, je brosse, puis lave tous les vêtements, puis douche et shampoing. Ce n’était pas franchement une bonne idée : Soresti est un village sans eau. On a foré jusqu’à 500m sans en trouver. La seule salle de bain du village est ici, chez Claudia et Lali. Tous les gens achètent l’eau ou se débrouillent avec des citernes. Jai l’impression d’avoir exagéré avec mes lessives. C’est la première fois que je touche du doigt la misère.

Soresti : une soirée chez un vigneron

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alambic

 

Après avoir arpenté le village jusqu’à l’église située tout en  haut, après avoir fait aboyer tous les chiens quand je rentre au gite, Lali est en train de proposer une dégustation  de son vin rouge. Ils ont servi du rosé  pour accompagner le diner – assez sommaire – salade de tomates, courgettes crues et fromage, pommes de terre saucisses et tranche de porc fondante ; Pour dessert : une     assiette de petites poires blettes, infectes.
La dégustation a lieu au jardin. J’aimerais que Lali parle de son  métier de vigneron  d’agriculture. Malheureusement la conversation dérive et il parle des gitans de manière assez trouble. D’abord, il n’aime pas l’appellation « Rom » qui ne doit pas être synonyme de gitan ou tzigane. Rom est trop lié à la Roumanie et introduit la confusion entre rom et roumain. Ce serait la faute de la Commission Européenne. Il me semble que la Roumanie aurait tout à gagner de l’Europe mais ce n’est pas l’avis de Lali. Je lui demande pourquoi.
–    « parce qu’on ne nous a pas demandé notre avis ! »
Court comme raisonnement.
On sert la prune. A nouveau la conversation dévie sur les Tsiganes. Ils travaillent les métaux et fabriquent les alambics. Souvent, ils proposent leurs alambics et distillent là où la récolte de fruits est abondante. Puis Lali raconte une histoire d’alambic vendu au poids qui contenait plus de plomb que de cuivre. Cette insistance sur les Tziganes me semble malsaine. Lali vitupère ensuite les grands propriétaires terriens. Je lui demande prudemment comment c’était avant 1989, il est encore plus vindicatif. C’est un homme chaleureux, un hôte généreux mais toute cette conversation me met mal à l’aise.

de Soresti à Galati à travers la plaine

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Lever et petit déjeuner très tôt,  il ne faut pas rater le bateau à Tulcea. Quand nous quittons Soresti, les vignerons vont à la vigne. La grande plaine s’étale à l’infini. Dans les vignes et les jachères des fleurs font de grandes flaques roses. Quelles fleurs ? Nous sommes trop pressées pour aller y voir de près.
De Buzau à Braila, nous fonçons plein Est, le soleil dans les yeux. Route droite, très roulante. Cette Roumanie du sud, de la plaine, de la chaleur est bien différente de la Roumanie du Nord, des montagnes boisées, des collines riantes, des matins frais, humides de rosée, et des routes qui tortillent en suivant les torrents. Nous fonçons à travers les champs moissonnés, parois dans une sorte de steppe où seulement dépassent les enclos de planches des parcs à moutons, les huttes de bergers et parfois des troupeaux d’oie. L’agriculture est mécanisée. De grosses batteuses et des tracteurs travaillent dans les champs de blé.. Contraste entre l‘agriculture moderne mécanisée et l’agriculture traditionnelle, image symbole : ce cheval qui pait,  sa carriole, la meule montée à la main d’un côté de la route. En face,  des panneaux signalent des essais comparatifs de semences de maïs.
Pourquoi des champs florissants alternent ils avec la steppe ?
Nous arrivons avec une bonne demi-heure d’avance à Braila que nous traversons de part en part. Au centre construit d’immeubles Belle Epoque nous passons devant un e Bibliothèque au nom de Panaït Istrati. Je suis justement en train de lire Kyra Kyrilina qui se déroule à Braila en partie. Le décor a sans doute bien changé. Le Danube est introuvable. Nous devons prendre le bac pour passer sur l’autre rive. Quand enfin nous trouvons le fleuve nous filons en direction de Galati où il y a un autre bac. Nous avons perdu notre avance. Le bac ne prend que six voitures à la fois, la traversée prend un petit quart d’heure.

Delta du Danube : Galati- Tulcea

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Delta du Danube bottes de foin

Galati-Tulcea : 68km sur une toute petite route dans une campagne très tranquille. Plus un camion. Les roseaux sont entassés en botte. On en fera des chaumes ou des huttes et des cabanes de pêcheurs, des palissades. Dans le Delta, je m’attendais à un paysage plat nous traversons des collines où il y même des carrières de pierres. Isaccea est une petite ville à mi-chemin : un fin minaret à la pointe effilée comme celle d’un crayon se dresse. J’ai toujours été étonnée par l’absence totale de souvenirs de la période ottomane. Ce premier minaret, suivi d’un second à Tulcea infirme cette affirmation.
Nous arrivons à Tulcea à 11 heures. Le ferry est à 13H30. Nous avons donc de la marge. Et heureusement ! Nous nous perdons lamentablement. Les explications de la feuille de route sont imprécise. Le Parking de la Maison des syndicats où nous devions laisser la voiture est complet. Les guichets où se vendent les tickets de bateau sont bien cachés. Finalement nous avons juste le temps d’un rapide pique-nique. Nous avions justement trouvé un melon appétissant sur le bord de la route ; Depuis el temps que nous en cherchions !
Nous avions rêvé d’une croisière sur un  grand navire.  Nous nous serions installées sur le pont et aurions regardé le Danube et le Delta…Nous nous retrouvons enfermées dans le catamaran. Navrom envoie un  deuxième catamaran devant l’affluence. On est moins tassé mais ce n’est pas franchement une croisière. Debout, dans le seul recoin ouvert sur l’extérieur, je regarde filer les berges du fleuve.

Delta du Danube : arrivée à Crisan

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Deux heures plus tard nous débarquons, un peu étourdies à Crisan qui ne nous en paraît pas un village mais plutôt un alignement de maisons basses le long du chemin de halage sablonneux. Pour 400m, nous ne voulons pas téléphoner et déranger quelqu’un. Au final on traine les valises, exténuées de chaleur. Il fait 35°.
Notre chambre est fraîche : elle donne sur une petite cour à l’ombre. Mousselines et dentelles à la porte laissent passer l’air et arrêteront les moustiques. Le mobilier se compose d’un grand lit – sans couette – une armoire en pin et surtout la grande estrade qui doit être le poêle pour l’hiver.
Caroline, notre hôtesse, est française. Elle nous offre le thé dans sa nouvelle maison d’hôte un peu plus loin. C’est une chaumière toute neuve avec un étage. Les six chambres donnent sur une galerie. Dans la salle de restaurant il y a deux grandes tables. Cela fait  plus hôtel que « chez l’habitant ». nous sommes mieux dans la petite maison. A  notre demande elle dressera une table dans le jardin, vue sur le Danube entre les rangs de poivrons et d’aubergines – superbe !
Crisan consiste en une rangée de maisons dont la façade regarde le bras du Danube et qui ont des jardins donnant sur un canal précédé de mares un peu croupissante. Côté pile de belles façades soignées, côté face, campagne. Je sors par le jardin pa une allée bordée de pétunias et d’œillets d’inde. Chaque rangée de tomate se termine par u  œillet d’Inde. Association bénéfique ou volonté de faire joli ?le long du canal les veaux paissent attachés à la longe, les oies en revanche se dandinent en liberté. Je ne rentre que pour le dîner : salade de tomates, fromage et chou râpé, poissons d’eau douce frits puis mijotés dans une sauce tomate-oignons, pain d’épice au dessert. Malheureusement il faut rentrer après la tombée de la nuit : les moustiques se font insistants.

Delta du Danube : promenade à partir de Crisan

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promenade en barque

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Nous remontons le bras médian du Danube qui va à Salina  (celui qui est le plus court). Après le débarcadère du ferry, nous passons à la « station service : une péniche qui vend également des bouteilles de gaz. Un curieux monument  commémore la visite du roi Charles 1er, bizarrement l’inscription est en français. Nous dépassons les bateaux-hôtels tirés par un remorqueur. Notre barque remorque un canoë que nous abandonnons à l’entrée d’un canal plus calme.
Pétré engage notre  barque dans un étroit canal entre des saules géants. Souvenir de mangrove en voyant les troncs des arbres au beau milieu de l’eau, mais la différence est qu’il n’y a pas d’enchevêtrement impénétrables comme dans la lagune derrière Helvetia. La végétation est variée : des élodées, des nénuphars mais aussi des sagittaires aux pointes acérées comme des flèches de silex préhistoriques , des châtaignes d’eau aux feuilles arrondies en touffes portant des fruits avec des pointes bizarres, des fleurs roses sur les bords et des fleurs composées formant une boule rappelant l’inflorescence de l’ail en plus clairsemé.
Les premiers oiseaux à se présenter à notre observation sont les corneilles. Suit un beau rollier bleu, plus exotique. Un martin pêcheur passe d’un coup d’ailes métalliques. Dans le chenal étroit nous dérangeons les hérons crabiers et les bihoreaux. Les hérons cendrés plus grands, sont moins nombreux mais plus élégants que les petits plus trapus. Les aigrettes blanches montent la garde.
Pétré manie la barque avec dextérité. Quand il coupe le moteur et laisse l’embarcation se laisser doucement porter par son élan il faut être attentif car il a repéré (ou il sait d’expérience) que des oiseaux sont visibles. Cormorans, perchés, grèbes furtifs.