Un mois de juillet en Roumanie, autotour, hébergement chez l’habitant

Nous commençons à nous repérer sur le plan de Bucarest.
L’Arc de Triomphe, la Place des Victoires, Kiseleff qui les joint nous sont familiers.
L’orage de dimanche matin a fait baisser la température d’une dizaine de degrés. On nous avait prévenues :
– « vous aurez chaud à Bucarest, c’est une fournaise… »
Samedi dernier encore il faisait 37°. Nous avons de la chance ; la télévision prévoit 30°, température estivale tout à fait supportable si on ne s’expose pas directement au soleil.
Nous choisissons donc le trottoir à l’ombre dans la rue Clucerului entre les belles villas et une haie d’althéas en pleine floraison violette. L’althéa se plait à Bucarest. On en voit partout, en haie fleurie sur les trottoirs, taillé en arbuste d’alignement ou buissonnant dans les jardinets. Les vignes courent sur les façades, ombragent les courettes, forment de véritables tonnelles comme à la campagne. Différence quand même : chaises et bancs sont à l’écart, à l’intérieur et non pas dans la rue comme au village. Les fenêtres souvent arrondies, sont encadrées de frises, de colonnettes, les toits de tuiles, rouges. Qui vit ici ?
Et dans les hauts immeubles du Bld Ion Mihatche ?
Le marché du 1er Mai, est minuscule. Comme en France, fruits et légumes sont plus appétissants, plus variés et moins chers que dans les supermarchés où il n’y a ni tomates ni courgettes.
Le parc Kiseleff estrafraîchissant, planté de très beaux arbres, pelouses tondues, belles allées. Au bout du parc une école est décorée des céramiques Secession hongroise en version sobre.
On arrive au Musée du Paysan Roumain, trop tôt.
J’ai donc le temps de faire le tour de la Place des Victoires, seulement aperçue de l’autobus. C’est une place immense bordée de bâtiments en béton dans le style du Palais du Parlement ou de la Maison de la Presse Libre. Esthétique stalinienne – ou mussolinienne – finalement cela se ressemble – démesure, froideur. Tout semble surdimensionné à Bucarest. On a vu grand ! Qui « on » ? Les voies de circulation sont tellement larges que les voitures circulent très vite (limitation à 60km/h peu respectée). Les piétons sont très respectueux des feux, même un chien errant, très vieux attend pour traverser. Regarde-t-il le petit bonhomme vert ? Non plutôt les humains ! Je commence à comprendre comment une capitale peut être infestée de chiens. C’est qu’il y a beaucoup d’espace lire où ils peuvent évoluer, les parcs mais aussi les friches, les maisons abandonnées.
un lecteur roumain, G.B., a commenté mon observation sur le chien :
« Chiens errants- oui, ils attendent le feu vert pour traverser avec tout le monde qui veut traverser. Bucarest infesté des chiens? Pourquoi? Parce-que des milliers et milliers des maisons ont été détruites par le régime Ceausescu pour construire. Les gens de toutes sorte et conditions ont été forcement logés dans les HLM et c’était interdit de prendre leurs chiens ou leur chats avec eux! Tous ont été forcés d’abandonner leur chiens dans la rue »
Je regarde les passants qui vont travailler, bien différents des paysans, tous nu-tête sauf un vieux monsieur qui porte un Panama et des ouvriers en casquette de base-ball. Une autre Roumanie urbaine est à découvrir. . Cette dernière journée de visites est consacrée aux paysans : Musée Paysan et Musée du Village ; synthèse et révisions de notre circuit rural !
Bucarest -Musée du Paysan roumain – Musée de Géologie
Le Musée paysan est différent des musées ethnographiques classiques. On pourrait plutôt le qualifier d’Installation d’Arts [Plastiques. Costumes, travail du bois, poteries… ne sont pas présentés didactiquement. Les explications – si elles sont véritablement nécessaires- existent mais sous forme de cartons plastifiés suspendus discrètement, presque cachés. Aucun écran comme dans les musées du 21ème siècle. Cette célébration du paysan roumain est une œuvre d’art en elle-même.
Au rez de chaussée le fil directeur est « La Croix ». Immédiatement la mécréante remarque les broderies au point de croix. Comme si il s’agissait de broderies ! La Roumanie est profondément religieuse et toute la vie quotidienne célèbre la croix. Le plasticien a décliné les variations symboliques : une église de bois entière tient dans une salle, un calvaire a été offert par les habitants d’un village….
Le premier étage a pour titre « Le triomphe » – plutôt énigmatique ne aile chante la gloire de la vie quotidienne, de la culture des céréales, du moulin. Une maison toute entière est exposée avec les récoltes stockées au grenier. L’autre partie du Triomphe est le cortège des habitants des campagnes : Roumains des différentes provinces en costumes mais aussi minorités. Hommes et femmes séparés. Une Gitane, une Lipovène, une Ukrainienne, un Tatar… Je cherche les Juifs sans les trouver. Seule allusion, une menora sur un présentoir. Ici encore les Juifs sont invisibles. Certes, peu d’entre eux étaient paysans. Cet oubli m’irrite. La présentation est accompagnée d’une réflexion sur la muséographie. Comment redonner du sens à un objet séparé de sa fonction, d’un costume sans le corps de celui qui l’a porté ?
Au sous sol une mise en scène « le communisme en Roumanie ». Les murs de la salle sont tapissés des journaux d’époque et peints aux motifs de la faucille et du marteau. Profusion de portraits en pied de Lénine, tableaux de Staline et de Ceausescu.
Il suffit de traverser la Sausea Kiseleff (je viens de comprendre l’abréviation énigmatique sos. Et j’émets l’hypothèse de la chaussée) pour trouver le Musée de Géologie. Antithèse du Musée Paysan. Immeuble pompeux escalier monumental, lustre de cristal, étouffants rideaux de velours cramoisi. Collections riches mais poussiéreuses. Les minéraux sont classés scientifiquement. Toutes les explications sont données sur des tableaux thématiques très détaillés. On pourrait faire une licence de Géologie rien qu’en étudiant dans ce musée ; mais quel ennui ! Malgré les vitrines fermées, la poussière s’est immiscée et a recouvert les plus beaux échantillons.
Je rentre sous les frondaisons du parc et le long des ambassades ; la température avoisine 30° , j’aime cette douceur.


