un mois autour de la Roumanie en logan chez l’habitant
Saliste est une petite ville avec son jardin public, de part et d’autre de la rivière, ses maisons colorées décorées de stuc.
Au marché « Plata agroalimentare » : sous des abris, sur des tables en ciment, les paysannes vendent les produits de leurs jardins : une botte d’estragon, une botte de carottes, pas de prix affiché. De l’autre côté de l’allée, dans des cartons ou des cagettes, les vendeurs proposent fruits et légumes. Les prix sont marqués sur des cartons.
J’achète deux poignées de cerises pour 1Leu. Elles sont trop molles, je sors ma main comme ensanglantée. Si elles sont trop mûres, elles n’en sont pas sucrées pour autant, même très acides. Les fermières vendent leur lait dans des bouteilles de verre. chacun peut remplir lui-même son récipient au distributeur à lait réfrigéré à 9°C, étrange modernité dans ce marché paysan !
Nous aurions pu visiter plusieurs petits musées à Saliste mais nous préférons reprendre la route pour explorer les villages.
Gales
Une église remarquable est signalée dans les guides. Nous la ratons en restant du mauvais côté de la rivière
Nous ne trouvons pas le site Dace(accessible uniquement à pied et mal indiqué). Un lecteur roumain me fait savoir que c’est vraiment dommage, les Daces ont laissé des vestiges fort intéressants)
De nombreux panneaux invitent à visiter l’église et ses fresques extérieures et intérieures. La trouver est toute une affaire. Le mot roumain Biserica (que nous n’avons pas encore rencontré)ne ressemble à rien de répertorié, j’essaie église, chiesa, iglesia, church… Personne ne comprend ce que nous cherchons.
(note du même correspondant : biserica vient de Basilica, on aurait pu s’en douter, merci !)
Finalement, une jeune fille dégourdie en bermuda finit par saisir :
– « Se vede ! »
Est-ce du Roumain ou de l’Italien ?
En effet, un clocher devrait dépasser des toits !
En attendant, nous pique-niquons au sommet du village non loin de la dernière maison près d’une fontaine. L’eau s’écoule dans une auge (ou un abreuvoir) où je peux laver les cerises les moins pourries. Un pépère fabrique une barrière en bois. Deux dames sur des tabourets tricotent des chaussettes (le tricotage sur 4 aiguilles semble très répandu). Le ciel s’est chargé très rapidement. Nous avons juste le temps de manger le friand fourré d’un hachis épicé (probablement du foie). Pour le yaourt aux cerises, nous nous réfugions dans la voiture.
A chaque éclair, chaque coup de tonnerre, les tricoteuses se signent.
Quand nous trouvons enfin l’église, il grêle. Les fresques extérieures sont un peu effacées. L’intérieur est en cours de restauration. Les auréoles dorées, les objets d’or sur les fresques viennent d’être repassés. Les fonds jaune d’or et rouges dominent donnant une atmosphère chaleureuse et ensoleillée malgré la tempête. Les scènes et leur disposition diffèrent de celle des monastères visités récemment. Une foule de personnages sont identifiés mais je peine à lire le cyrillique me contentant de retrouver les saints que je connais déjà.
Dernière étape à notre circuit : une jolie église bleue trouvée sur le dépliant de l’Office de tourisme de Saliste. Nous montrons la photo aux passants. Elle se trouve très haut dans la montagne au dessus de Saliste. Une route y conduit mais tous s’affairent avec des balais et des râteaux pour évacuer l’eau et à remettre en place les pierres. Ce n’est pas le moment de monter en voiture sur cette piste détrempée.
A Orlat, le gué est impraticable il faut retourner à la nationale et passer par Cristian.
L’orage passé, le soleil est revenu mais sur les sommets des nuages noirs s’accumulent. Nous renonçons à l’excursion à la station de ski de Paltinis accessible de Gura Raului par une piste forestière probablement détrempée et décidons d’aller voir les citadelles saxonnes de Cisnadioara et de Cisnadié.
Il existe un chemin par Rasinari pour éviter Sibiu. Partir de l’église, passer devant le cimetière puis à droite une mauvaise piste s’élève dans la montagne. Dire que nous avons renoncé aux alpages ! Nous traversons une forêt et ne sommes pas rassurées. Pourtant la route est fréquentée : des pick-up remplis d’hommes de femmes et d’enfants descendent : c’est donc bien une route ! En haut, nous trouvons le goudron : la route mène à la station de ski de Paltinis (1450m) dans paysage de moyenne montagne, avec les vaches dans les alpages.
La citadelle de Cisnadioara est perchée sur un piton rocheux dominant la ville. Elle se détache sur la forêt touffue. Plus bas, le village aux toits de tuiles et aux façades multicolores, a un aspect accueillant. Une dame vend les billet au bas des marches (5LEI) . La montée est courte mais bien raide. Essoufflée, j’arrive devant une petite porte percée dans l’épaisse muraille des remparts. Une forteresse austère occupe le sommet de la colline. J’entreprends d’en faire le tour. Surprise : un merveilleux porche roman avec de délicats chapiteaux et une porte à ferronnerie – fermée. Ce n’est pas un château ni un donjon que protège l’enceinte mais simplement une église.
Deux jeunes allemands jouent à se photographier avec leur retardateur. Le garçon me confie trois clés et un cadenas qu’il faudra rendre à la dame en bas. Me voici châtelaine et détentrice des clés !Je découvre une haute nef dépouillée. Seuls éléments de décoration : des plaques de marbre funéraire aux noms allemands. Je transmets les clés au guide des touristes allemands qui me succèdent.
Il est dix huit heures quand nous arrivons à Cisnadie, ville moyenne avec des quartiers modernes très laids. Au loin, nous repérons l’église dont le clocher est compliqué de quatre tourelles. Dans le fouillis de la ville moderne, je ne distingue pas les fortifications. D’ailleurs, on ferme. Nous avons fait le détour pour rien !
Pour éviter la piste de montagne nous rentrons par Sibiu. Seul recours pour trouver la Route Nationale : les panneaux publicitaires de Carrefour.
Cristian est la capitale des cigognes pour la Roumanie. En 2004, on dénombrait quinze nids, trente en 2008 avec 183 oiseaux.
Deux ans ont passé après ce voyage et voici que je reçois de Roumanie le lien vers le site de gens de Cristian qui sauvent les cigognes blessées
Le clocher de Cristian porte lui aussi les quatre tourelles de gué. Nous découvrons les fortifications. La citadelle est bien plus belle que celle de Cisnadié. Quand je pense que nous avons parcouru des kilomètres pour voir la même chose que ce qui se trouve à deux pas de chez nous !
Le soleil est revenu : nous pourrons dîner sur la table de jardin dans la cour.
Chorba : épaisse soupe rouge où nagent des morceaux de porc fumés (on croyait que c’étaient des tripes), un bol de salade de chou, très fraîche enfin de la poule dans la sauce rouge avec des gnocchis et finalement un clafoutis aux prunes.
Souvent, les oiseaux me tirent du lit de bon matin. Ici, ce sont les sonnailles des vaches qui partent au pré. J’ai guetté leur retour le soir. Elles rentrent seules et connaissent leur étable. Leur propriétaire ouvre le portail, la vache entre. Je n’ai pas vu intervenir la bergère qui suit de loin le troupeau.
Le petit déjeuner est à huit heures. J’ai donc du temps pour dessiner. C’est un plaisir d’observer tous les détails, de comprendre comment le portail a été confectionné. Au village il n’y en a pas deux portes identiques. On s’applique à varier la forme de l’arche, le plaquage des lattes ou les découpes. Volumes compliqués des toits avec leurs tuiles en écailles en poisson. Multiples usages du bois.
Décor coloré : maïs suspendu, grosse potées de pétunias dans des paniers…courbes sinueuses de la vigne qui suit tout le bâtiment et traverse la cour.
Ce matin, Ana a fait de petites croquettes rondes de viande, oignon, herbes. Hier c’étaient des galettes de pommes de terre. Des années que je n’ai plus goûté aux latkes. Autrefois, j’en faisais. C’est facile et bon marché. Notre hôtesse varie aussi les fromages, hier du chèvre un peu jaune à la texture du massepain, un délice.
Aujourd’hui, une sorte de féta blanche. Les confitures changent tous les jours : myrtilles, abricots, miel…Nous sommes tentées d’emporter les croquettes et le salami pour le pique-nique de midi. Plutôt que d’agir en catimini comme des voleuses, nous en parlons à Ana qui apporte deux boites en plastique et un pack gelé.
La signalisation routière de Sibiu est bizarre, elle ne concerne que les camions de passage et pas les touristes : aucune indication « centre-ville » ou « Parking ». Des hôtels émergent : Hilton, Ramada ou Ibis à des prix très « européens » en €. On galère, traversant des quartiers minables aux barres décrépites ou dans les pavillons avec jardinet.
Par hasard, nous tombons sur les murailles qui ceignent la ville close. Tout au long, il y a des parkings.
De l’autre côté des remparts de brique, nous trouvons une promenade ombragée et herbue bordée des maisons aux teintes pastel de la rue Cetacii avec les trois tours et la galerie ou des compagnons menuisiers travaillent.
Après une promenade tranquille le long de la muraille, nous visitons les rues animées de la Ville Haute bordées par les vieilles demeures des commerçants saxons. Depuis le Moyen Age, d’après le livre sur Dracula que je viens de lire, la banque et le commerce étaient florissants dans les villes saxonnes. Comme à la campagne, les porches s’ouvrent sur des cours. En place des bâtiments de la ferme, des immeubles d’habitation entourent la cour avec, à chaque étage, un balcon. Nous connaissons cette disposition. Nous habitions dans une telle cour à Budapest.
Sibiu : porche et cour
A Sibiu, le désordre – et, il faut bien le dire, la misère – règnent dans une grande fantaisie. Ici dort une vieille Dacia. Là, on cultive des tomates et des patates, là on a entreposé des gravats. Sur une porte, on nous invite à entrer « soyez les bienvenus » proclame un carton punaisé sur le bois. Confiante, je pénètre loin dans la verdure et m’enfuis prestement, chassée par un aboiement inquiétant.
Une gitane passe de cour en cour. Elle appelle les occupants et récupère des choses qu’on jette. Elle s’intéresse même à un tas de cailloux. Un homme crie aussi. Qui est-il ? Le rémouleur ? Ou un autre chiffonnier ?
Après les belles demeures patriciennes, une ruelle en pente va vers la ville basse où les rues sont étroites, boueuses, moyenâgeuses. Ici pas de grand portail, des ouvertures basses, des toits de guingois qui se chevauchent
Un mois autour de la Roumanie en Logan chez l’habitant
La Place plata mare de Sibiu
De la place Aurarilor, un escalier entre de belles maisons roses nous mène Place Mica (petite) qui est très vaste bordées de belles terrasses de café. Un bâtiment vert amande abrite la Maisondes Arts (Casa Artelor) qui était en 1370 la Halle du Marché. Les belles demeures forment une galerie d’arcades colorées. De tours coiffées d’un bulbe se détachent sur le ciel encore bleu.
De la place Mica on passe sur la place Huet où se trouve l’Eglise Evangélique avec son clocher de tuiles colorées, comme à Vienne ou à Budapest. Imposant bâtiment de pierre claire 1321-1520). La visite est payante et l’église, en rénovation, pleine d’échafaudages. Nous renonçons à payer pour ne voir que des bâches et des planches à la place des fresques et des pierres funéraires.
La Plata Mare (la Grande Place) est vraiment très vaste elle communique avec la Plata Mica par un passage sous les beffrois. Ces deux places mises ensemble forment un espace impressionnant pour une si petite ville. Les bâtiments de la Plata Mare sont aussi les plus prestigieux. Si la place est belle et pourvue de bancs il n’y a pas d’ombre et il fait bien chaud à midi. Je vais chercher la fraîcheur dans l’église des Jésuite annoncée baroque mais plutôt sobre à part une chaire étonnante où des personnages blancs sont bizarres.
De retour à Paris, au mois de septembre, nous avons vu la peinture flamande de la collection Bruckental au musée Jacquemart André. Collection merveilleuse. Mes préférés sont les Bruegel! A ne pas rater
Un mois autour de la Roumanie en Logan chez l’habitant
osier tressé
Le Musée de Plein Air se trouve sur la route de Rasinari (s’il faisait beau, nous pourrions rentrer par la montagne). Hélas le tonnerre se fait entendre. Heureusement j’ai ma cape ! Certains voyageurs ont des objets fétiches : un jeu de carte, une flûte, un chapeau à plume… moi, ce serait plutôt ma cape et mon couteau.
Nous avons déjà visité un musée où ont été déplacées des maisons traditionnelles en Hongrie à Szombathely sous un orage impressionnant. Nous courrions de maison en maison en riant. J’en avais gardé un excellent souvenir ainsi que de la visite à Hanoï également sous la pluie.
Les premières maisons que je visite ont de très hauts toits de chaume. Les panneaux présentent la « Maison du colporteur », la « Maison du Tonnelier ». Les maisons regroupées par région, forment une sorte de village. Des prés et des bois séparent chacun des ensembles architecturaux. La pluie redouble. On ferme les maisons, sans doute pour éviter que les objets ne soient inondés. La visite perd son intérêt. La cape protège bien le haut mais le bas du pantalon est trempé, l’humidité remonte par capillarité. Au bout d’une heure je fais demi-tour.