Paris noir – Circulations artistiques et luttes anticoloniales 1950-2000 Centre Pompidou

CHALLENGE LE PRINTEMPS DES ARTISTES 2025

initié par La Boucheaoreille 

Exposition temporaire jusqu’au 30 juin 2025

Sekoto autoportrait

Une exposition très riche aux œuvres très variées  et aux thèmes passionnants. Pas très facile cependant : de nombreux artistes ne sont pas connus du « grand public« , plasticiens, écrivains, musiciens et cinéastes se croisent, font parcours ensemble.

Baldwin par Beaufort Delaney

Pour les écrivains c’est plus facile : deux grandes figures Baldwin et Edouard Glissant. Ce dernier sert d’axe central autour duquel tournent les différentes sections aussi bien, le Retour vers  l’Afrique avec Césaire, Senghor et le concept de négritude, nous conduisant à la section Paris-Dakar-Lagos et, toujours en partant de Glissant on parvient à la Caraïbe, à la mémoire de l’esclavage, Antilles françaises, Cuba. 

Umbral : Wilfredo Lam (Cuba)

On peut aussi choisir un parcours musical :  de nombreuses œuvres ont pour sujet la musique et les musiciens. Jazzmen américains mais africains aussi

Cotton club

Entre Cotton Club et Saint Germain des prés, Amstrong, Duke Ellington, mais aussi Auric…j’ai aussi bien aimé les musiciens béninois de Paul  Ahyi

Paul Ahyi : Les Musiciens

Une autre piste serait celle des luttes anticoloniales et révolutionnaires

josé Legrand : sans titre 1975

le grand diptyque de José Legrand, un peu dans le style d’Ernest Pignon-Ernest commémore les massacres de mai 1967 en Guadeloupe, évènement peu connu en métropole que j’ai découvert récemment en passant à Pointe-à Pitre .

Georges Corran : Délire de Guerre et paix

Et pourquoi pas, laisser de côté tout concept intellectuel et ne pas se laisser séduire par la beauté picturale de tableaux colorés, de matières variées, de tableaux, tapisseries ou sculptures

Victoire Ravelonanosy Repiquage du Riz à Madagascar

Découvrir des plasticiens originaux, des personnalités marquantes comme Delanney, Sekoto Wilfredo Lam, José Castillo..

Gotène- Congo : Femme perdue au cimetière

Impossible pour moi de donner une version totale de la visite tant elle a été surprenante. 

 

Guillon Lethière, né en Guadeloupe au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au 17 février 2025 

J’ai découvert fortuitement Guillon Lethière au musée de Saint François, en Guadeloupe et j’ai attendu avec impatience cette exposition.

Guillaume Guillon Lethière est né en 1760 à Sainte Anne, Guadeloupe fils d’un colon blanc exploitant une plantation et d’une mère esclave métisse. En 1774, son père l’emmène en métropole et lui fera bénéficier de ses relations pour réussir sa carrière de peintre. Artiste reconnu, il sera directeur de l’Académie de Rome, puis professeur à l’Ecole des Beaux Arts.

Boilly : Guillon Lethière et Carle Vernet

La première section de l’exposition le montre à différentes étapes de sa vie. Boilly le représente parmi ses pairs, peintre respecté entouré d’autres artistes fameux comme Ingres, Redouté…Pour se maintenir et maintenir son rang, il faut participer à des salons. Il faut aussi s’adapter aux changements politiques

Don patriotique des femmes à l’Assemblée Nationale septembre 1789

La peinture de Guillon Lethière est un témoignage de l’évolution politique . Un autre dessin Thermidorien est un véritable manifeste comme le tableau de La Patrie en danger (1799)

La Patrie en danger (1799)

Guillon Lethière trouve un mécène en Lucien Bonaparte qui lui commande des portraits de la famille Bonaparte et des tableaux historiques. 

Lucien Bonaparte contemplant sa maîtresse Alexandrine Jouberton

Un très grand tableau représentant les Préliminaires de la Paix de Leoben restera à l’état d’esquisse. Il sera terminé trop tard après la Restauration. mais la tapisserie qui en a été tissée a traversé l’Histoire.

tapisserie prise des Préliminaires de la Paix signée à Leoben

Guillon Lethière traverse les différents régimes de la Restauration et peint même La Fayette présente Louis Philippe au Peuple de Paris après les 3 Glorieuses

La Fayette présente Louis Philippe au Peuple de Paris

Guillon Lethière meurt en 1832 du choléra, la chronique historique s’arrête là!

Homère chantant l’Iliade aux portes d’ Athènes

Classicisme :

La grande peinture reconnue au Salon, c’est la peinture historique avec des références à l’Antiquité. Guillon Lethière suit les sujets romains de David.

Brutus condamnant ses fils à mmort

 

Répondant à l’Enlèvement des Sabines, les Horace est les Curiace … Guillon Lethière illustre des tragédies patriotiques, héroïques   et édifiantes :La Mort de César, La mort de Camille, ce(sœur d’un Horace, fiancée à un Curiace exécutée par son frère)Brutus condamnant ses fils à mort, (ce n’est pas le Brutus connu, celui qui a tué César mais un bien plus ancien du temps des rois Tarquin)  

la mort de Camille

La mort de Virginie, héroïne antique d’un récit de Tite-Live qui préfère la mort à devenir esclave sexuelle de Marcus Claudius Ces deux dernières tableaux sont de « Grandes machines » exposées dans le salon Denon (salle 701) au premier étage de l’aile Denon. Ils n’ont pas été descendus dans l’exposition. Tableaux énormes 4mx8m. Guillon Lethière a repris pendant de longues années ses études, esquisses au crayon ou huiles petit format sur ces thèmes avant d’aboutir au tableaux exposés au Louvre; l’exposition montre les différentes étapes et métamorphoses. Un dessin garde encore les tracés à la règle de la perspective, les personnages sont nus, le peintre les habillera ensuite…la mort de Virginie avait tout d’abord pour sujet principal Virginius, le père.

le Serment des Ancêtres (1822)

Le Serment des Ancêtres est une sorte de fantôme qui plane sur l’exposition. Il est en majesté et sert d’affiche (voir ci-dessus). Il se trouve en Haïti mais n’a pas pu faire le voyage. On peut uniquement voir une photographie noir et blanc mais expliqué par des cartels et un audioguide très complet. Alors que Napoléon a rétabli l’esclavage aux Antilles, aboli par la Révolution, que ce dernier a envoyé la troupe combattre Toussaint Louverture et que Guillon Lethière avait pour mécène Lucien Bonaparte.  Le peintre peint en secret ce grand tableau à la gloire des héros de l’indépendance d’Haïti : Dessaline et Pethion. Au centre du tableau, comme les tables de la loi, une stèle gravée des articles de la Constitution haïtienne, en arrière plan, le peuple de Haïti….

Une signature originale est apposée au Serment des Ancêtres : Le Thiere né en Guadeloupe. 

Ce tableau montre une certaine ambiguïté de l’artiste : obligé de plaire aux gouvernants pour maintenir ses commandes et sa gloire, il n’oublie pas son origine. Il fréquente les abolitionnistes mais continue à percevoir les revenus de la plantation de son père esclavagiste. Je n’arrive pas à avoir d’opinion tranchée.

Autre étonnement : comment un peintre arrivé au faite de la gloire, académicien, professeur aux Beaux Arts, est-il tombé dans l’oubli?

Je continue à m’interroger.

Cette peinture classique n’est pas vraiment de mon goût, en revanche l’exposition est passionnante du point de vue historique: une vraie leçon d’histoire!

 

Tituba – Qui pour nous protéger? au Palais de Tokyo

Exposition temporaire jusqu’au 5 janvier 2025

 

 

Tituba est l’héroïne du roman de Maryse Condé : Moi Tituba, sorcière noire de Salem (CLIC)

Cette exposition collective expose les livres de Maryse Condé . Onze artistes sont invitée, entre France, Caraïbes, Grande Bretagne et Etats Unis :

 Naudline Pierre, Abigail Lucien, Rhea Dillon, Miryam Charles, Monika Emmanuelle Kazi, Naomi Lulendo, Inès Di Folco Jemni, Liz Johnson Artur, Tanoa Sasraku, Claire Zaniolo, Massabielle Brun
Il sera question de deuil, de rituels, de sorcellerie peut être, de femmes caribéennes sûrement. 
Tituba qui pour nous protéger, Naudline Pierre (USA)

j’ai beaucoup aimé la vidéo (10’33) de Myriam Charles d’origine haïtienne, vivant à Montréal, à la mémoire d’une jeune fille assassinée. L’écran est troué d’un cercle dans lequel s’impriment des images plus intimes : la chambre de la jeune fille alors qu’hors cadres on voit des images de nature tropicale. Une marche funèbre est chantée en créole « Pakité m’égaré »

Liz Johnson Artur expose des photographies des manifestations à Londres de Black Life Matters

Installation étrange de parpaings émaillés construisant murs et barrières dans la pièce. Une armoire couchée en biais contient de la vaisselle en cristal cassée.

Naomi Lulendo présente 3 photographie au fond presque noir, clair obscur : Potomitan, Nuit Noire, Ombre portée (impossible à photographier avec mon téléphone. 

Le montage photographique de Claire Zaniolo montre des images de Guadeloupe. 

Massabielle Brun

Un ensemble, un peu étrange, envoûtant.


 

L’Hôtel du Bon Plaisir – Raphaël Confiant

LECTURE COMMUNE -SOUS LES PAVES, LES PAGES

« Ainsi vécut, trente-sept ans durant (1922-1959), un modeste bâtiment à l’origine destiné à soulager la
misère des guenilleux du quartier des Terres-Sainville, au beau mitan de Fort-de-France, capitale de la
Martinique, petite île à la topographie excentrique »

L’enseigne prête peut-être à confusion. Ce n’est pas un hôtel, encore moins un lieu de plaisir, mais un immeuble où habitent des « gens de bien ». Edifié  par trois soeurs « békées » trois célibataires, issues d’un couvent  au nom de « L’Hôtel de la Charité Saint François de Sales » afin de soulager la misère de ce quartier déshérité.  

« L’ex-avocat, nouveau propriétaire de l’Hôtel du Bon Plaisir, avait donc un roman en chantier. Un grand et
vaste roman. Celui des locataires, passés et présents, de son établissement. »

C’est donc ce roman qui se dévoile page après page. Il mêle les histoire de tous ces personnages et de leurs proches, histoires particulières, mêlée à la grande Histoire, celle de la Martinique, des souvenirs de l’esclavage, révolu depuis longtemps mais encore prégnant, jusqu’à ce que la Martinique ne devienne un département.

« Le soir venu, il notait tout cela dans des cahiers d’écolier dont les couvertures étaient de couleurs différentes. La rouge avait trait à Man Florine. La bleue aux sœurs de Lamotte. L’orange à Justina Beausoleil. La marron à Beausivoir, l’entrepreneur en travaux divers. La verte à Jean-André Laverrière, le clarinettiste. La blanche à Victorin Helvéticus. La jaune à la famille
Andrassamy. »

Un clarinettiste de jazz qui a joué au Bal Blomet. Un ancien instituteur décoré des palmes. Un entrepreneur. Une vendeuse de pistaches, ancienne charbonnière syndiquée à la CGT. Une famille indienne avec une nombreuse marmaille. Un avocat mulâtre. Un étudiant brillant mais un peu fou…un commerçant chinois… un gérant syrien …composent une société diverse ayant en commun le créole et une certaine déveine.

Des évènements à la limite du surnaturel surviennent, un incube vient importuner les femmes, deux meurtres non élucidés agitent la vie quotidienne de cette communauté où circulent les ragots et les jalousies, mais où la solidarité est la règle.

Au fond, si l’on considère l’Hôtel du Bon Plaisir comme un bateau, un paquebot plutôt, un paquebot échoué,
eh bien, mon naufrage n’est pas aussi absurde qu’il en a l’air. Dans cet immeuble bringuebalant se sont
rassemblés, comme par un fait exprès, des destins brisés, des existences secrètement gardées, des rêves
explosés ou tout simplement le plus terre à terre, le plus insignifiant des désarrois : celui de vivre sur une
terre où rien ne sera jamais possible. Que pourrait-on faire, en effet, d’une île où à la sauvagerie de
l’extermination des Amérindiens a succédé la barbarie de l’esclavage des nègres ? Deux tragédies
fondatrices, pontifie un penseur local qui vient de recevoir un prix littéraire à Paris ! Tu parles de
fondations ! Des fosses communes, oui. Ou plutôt des charniers à ciel ouvert. Du sang ! Du sang ! Voici les
cent pur-sang du soleil parmi la stagnation

Un roman très riche rédigé dans une langue pittoresque. J’ai pensé à Chamoiseau,  à Texaco où la vie d’un quartier est racontée. 320 pages qui se tournent toutes seules et vous emmèneront à la Martinique mais aussi à Paris pour votre plus grand plaisir. Seul bémol : l’enquête policière à la suite des meurtres reste en carafe. 

 

 

 

L’Evangile du Nouveau Monde – Maryse Condé

GUADELOUPE 

Incipit :

« Un dimanche de Pâques, un nouveau-né gisait sur la paille, entre les sabots de l’âne qui le réchauffait de son souffle. Madame Ballandra joignit les mains et murmura : « un miracle! voila un cadeau de Dieu que je n’attendais pas, je te nommerai Pascal. »

Cela vous rappelle-t-il quelque chose? Vous trouverez dans le récit de nombreuses allusions, Lazare lève-toi, multiplication des pains tressés....

Rassurez-vous! Ce n’est pas une paraphrase des textes sacrés. C’est un roman avec des personnages. De nombreuses aventures attendent Pascal sur une île antillaise qui ressemble à la Guadeloupe, au Brésil et même à New York. Décor tropical, flore exotique….

C’est un roman récent – publié en 2021 – qui s’inscrit dans la réalité actuelle. Pascal est investi d’une mission : rendre le monde meilleur.

Mais, s’écria Espíritu, on t’a dit que tu avais pour mission de changer le monde, de le rendre plus tolérant,
plus harmonieux.

Pascal se tourne vers l’action politique,

Il devint aussi pédant. Ses sujets de conversation favoris devinrent l’esclavage et les colonisations, la mise
sous tutelle et l’exclusion de sociétés tout entières et surtout la place et le rôle de Dieu dans le monde. Il
aimait plus que tout à parler des découvertes. Il fustigeait alors ce sale métèque de Christophe Colomb qui, après avoir effrayé les Amérindiens en brandissant des croix gigantesques sur leurs plages, les avait
exterminés du premier jusqu’au dernier.

Dans la grande usine, il tâte de l’action syndicale. Echec.

Puis Pascal entre dans une sorte de secte qui bannit tout ce qui corrompt  : l’argent, l’alcool. Il vit une sorte de vie idéale, jusqu’à ce qu’un drame lui révèle la nature autoritaire de cette utopie.

Comme je viens de lire La vie sans fards, j’imagine et le « socialisme africain » de Guinée de Sékou Touré et du Ghana de Kwame Nkrumah, ont peut être inspiré cette utopie. 

Un bonheur individuel, une histoire d’amour est peut être la solution? Quoique son amoureuse soit sceptique :

« Ainsi, dit-elle, tu es le fils de Dieu ? Cela ne m’étonne pas, tous les hommes racontent cela : ils sont des
dieux que, nous les femmes, nous devons servir. » 

J’étais curieuse de lire un roman récent (2021) de Maryse Condé. Son talent de conteuse m’a retenue quoique ce n’est pas une des livres que je préfère. 

La vie sans fards – Maryse Condé

C’est la suite de Le Cœur à rire et à pleurer qui racontait l’enfance de Maryse Condé, son arrivée à Paris pour y faire de brillantes études, sa découverte d’Aimé Césaire et Frantz Fanon et son engagement politique. Elle délaisse ses études pour fréquenter les cercles antillais et africains. 

Le journaliste haïtien, Jean Dominique l’a abandonnée enceinte pour faire la Révolution à Haïti à la veille de l’élection de Duvalier. Maryse Boucolon, en 1956 accouche d’un petit garçon et part au sanatorium de Vence guérir un début de tuberculose.  après avoir mis le bébé en nourrice. 

Chargée de famille, elle doit subir l’opprobre réservée aux filles-mères

« Mieux vaut mal mariée que fille « 

Elle se trouve un mari africain, Condé, comédien guinéen qui l’épouse en 1958. Au bout de 3 mois, ils se séparent mais Maryse est à nouveau enceinte. 

« Ce mariage avait relevé ma honte »

En 1959 elle est affectée au collège de Bingerville en Côte d’Ivoire. Elle part seule avec son fils, et enceinte. Escale à Dakar, puis Abidjan. En fait de Négritude elle découvre que les Antillais sont mal vus par les Africains, ayant servi de fonctionnaires coloniaux

« ils nous traitent de valets tout juste bons à exécuter la sale besogne de leurs maîtres »

Maryse Condé, « sans fards » ne se donne pas le beau rôle. Elle n’éprouve aucune vocation à enseigner.  Elle ne cherche pas de prétexte politique à son expatriation. Malgré ses lectures enthousiastes de Senghor, elle ne tombe pas sous le charme de l’Afrique. Elle arrive pourtant dans un moment passionnant, juste avant les Indépendances, fréquente des meetings mais ne comprend pas la langue.

« En Côte d’Ivoire , j’éprouvais le sentiment qu’une nouvelle Afrique s’efforçait de naître. une Afrique qui ne se fierait qu’à ses seules forces. Qui se débarrasserait de l’arrogance ou du paternalisme des colonisateurs. J’éprouvais le douloureux sentiment d’être tenue à l’écart. « 

Même la fête de l’Indépendance le 7 Aout 1960, elle est exclue.

Elle rejoint Condé, son mari, à Conakry avec ses deux enfants

De toutes les villes où j’ai vécu, Conakry demeure la plus chère à mon cœur. J’y ai compris le sens du mot « sous-développement ». j’ai été témoin de l’arrogance des nantis et du dénuement des faibles »

Elle assiste au « socialisme africain » de Sékou Touré.

Guinée était le seul pays d’Afrique francophone à se vanter de sa révolution socialiste.

 Elle découvre aussi une société musulmane, séduite par l’appel du muezzin. Toujours mal acceptée par ses proches, elle  ne fait aucun effort pour « s’intégrer », ni à apprendre le Malenké, ni à porter des pagnes. D’ailleurs à quoi bon?

« Peu à peu, je comprenais qu’il ne suffisait pas d’apprendre à parler le malenké, mais qu’il fallait surtout apprendre à considérer le monde comme composé de deux hémisphères distincts, celui des hommes et celui des femmes. »

Pourtant, elle demande la nationalité guinéenne. Elle obtient un poste de professeur de Français dans un collège. Fréquente des intellectuels et des révolutionnaires, Hamilcar Cabral, le Cap-Verdien, Louis Gbehanzin, un prince béninois. Le socialisme de Sekou Touré s’avère bien inégalitaire

Chaque jour davantage, la société se divisait en deux groupes, séparés par une mer infranchissable de
préjugés. Alors que nous bringuebalions dans des autobus bondés et prêts à rendre l’âme, de rutilantes
Mercedes à fanions nous dépassaient transportant des femmes harnachées, couvertes de bijoux, des
hommes fumant avec ostentation des havanes bagués à leurs initiales.

Culte de la personnalité, pénuries, surtout répression politique sévère

« le « complot des enseignants ». Il est à déplorer qu’ils aient fait l’objet de très rares publications. Ils constituent le premier crime organisé sur une grande échelle par le régime de Sékou Touré. Ce fut une véritable purge qui tenta d’abord d’éliminer l’ennemi Peul, mais s’attaqua aussi à tous les patriotes. »

A Conakry, elle ne parvient plus à subvenir aux besoins de ses quatre enfants . Elle va partir, à Dakar puis au Ghana à Accra, plus prospère mais toujours socialiste accueillant divers militants étrangers Freedom fighters. Avec un « garant révolutionnaire », elle va obtenir un bon poste d’enseignante. Elle se heurte encore au machisme qui va jusqu’au viol. Culte de la personnalité 

« Cependant, l’élément le plus frappant de cet ensemble architectural était une gigantesque statue de
Kwame Nkrumah, un livre à la main. Elle était sise au mitan de la place du même nom, car Winneba était
le lieu d’un culte de la personnalité tel que je n’en avais jamais imaginé. »

Au centre  de Winneba, où elle enseigne, visite de Malcom X et de Che Guevara

« En effet, sitôt que j’eus mis le pied à Winneba, je compris que j’eus été parachutée dans une Afrique
entièrement différente de celle où j’avais vécu et où je n’avais pas ma place : celle des puissants et de ceux
qui aspiraient à le devenir. »

Un coup d’état va la chasser du Ghana, elle est emprisonnée comme espionne et expulsée.

Séparée de Condé, elle vit une histoire d’amour avec un avocat séduisant sans avertir son mari. « Sans fards »

« Épouse menteuse, épouse infidèle, épouse adultère, je ne lui rendais pas l’existence facile. Il était évident
que, moi aussi, je le détruisais. »

Les passions, les amours, les relations plus ou moins consenties ne font pas de l’héroïne un personnage très sympathique. j’ai parfois du mal à la suivre, surtout quand elle disperse ses enfants, les confie à des étrangers…

En revanche, le récit est passionnant si on s’intéresse à cette période des Indépendances Africaines. De Dakar à Conakry, Acra, Abomey et même Lagos, elle a parcouru l’Afrique et rencontré révolutionnaires, intellectuels, écrivains.

Un autre aspect est le livre d’apprentissage : comment la mère de famille devient une écrivaine?

C’est à Londres qu’elle atterrit, expulsée du Ghana qu’elle devient journaliste et se fait apprécier à la BBC. Elle retourne à l’Université étudier l’histoire du colonialisme et la sociologie du développement. 

« Un soir après le dîner, alors que les enfants étaient endormis, j’attirais à moi la machine Remington verte que j’ai gardée pendant des années, sur laquelle j’ai rédigé les deux volumes de Segou »

Ses allers-retours en Afrique ne sont toujours pas terminés. Maintenant j’ai compris pourquoi la Guadeloupéenne a écrit Segou et pourquoi l’Afrique est présente même dans les romans antillais. 

A lire et à relire, rien que pour toutes les références littéraires, une PAL entière de littérature africaine, de Sembene à Soyinka, Senghor, Fanon et tant d’autres. A relire aussi en même temps que ses romans inspirés de ses expériences….

Taïnos et Kalinagos des Antilles au Quai Branly

Exposition temporaire jusqu’au 13 Octobre 2024

Première rencontre entre Indiens et Espagnols Eddy Jacques 1991

Taïnos dans les Grandes Antilles et Kalinagos dans les Petites Antilles peuplaient les Caraïbes avant l’arrivée de Christophe Colomb

Alors que je viens de finir La Harpe et l’ombre d’Alejo Carpentier dont le sujet est la canonisation de Christophe Colomb, que les 5 épisodes du podcast Christophe Colomb,  l’envers du décor  https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-christophe-colomb-l-envers-du-decor

Cette exposition au Musée du Quai Branly tombe à pic surtout qu’elle fait suite à la très grande exposition Mexica traitant également de civilisations précolombiennes. 

Cette exposition a été précédée de deux autres : l’une d’elle commémorant les 500 ans de la Rencontre des Deux Mondes et Arts des Sculpteurs taïnos en 1994 au Petit Palais sous le patronage de Jacques Chirac. 

La longue histoire des Améridiens des Antilles commence au Vénézuela. Partant du Delta de l’Orénoque, les Taïnos naviguèrent sur des pirogues jusqu’à Cuba, la Jamaïque let les Bahamas important leurs traditions agricoles et leur céramique Saladero. Les Kalinagos ne dépassèrent pas la Guadeloupe.

Jougs de pierre

Certains objets sont très aboutis comme les jougs de pierre et les étranges trigonolithes (pierres à trois pointes)

trigonolithes

Les archéologues ont mis en évidence des traditions améridiennes comme le Jeu de Balle des Taïnos à l’occasion de cérémonie religieuse , les balles étaient en caoutchouc.

Rituels de Cohoba

Le rituel de Cohoba seuls les caciques y participaient. Après une purification par un jeûne prolongé et des vomissements (on voit ci-dessus des spatules vomitives) la Cahoba était une poudre d’origine végétale provoquant un état de transes hypnotique. 

les Kalinagos étaient cannibales . L’exposition présente les bâtons casse-têtes. 

Des photos montrent également l’art rupestre de ces peuplades.

Arrestation et déportation du cacique Caonabo(1991) Frank Zephirin

Une vidéo montre la rencontre des deux mondes illustrée par les tableaux naïfs de peintres haïtiens

Arrestation et déportation du cacique Caonabo

Les Espagnols ont décimé les Amérindiens mais les Kalinagos ont obtenu un territoire à la Dominique, dans l’île de Saint Vincent les Garifunas « Caraïbes noirs » métissés avec des esclaves africains ont adopté la culture Caraïbe. A Porto Rico de nombreux habitants ont des ascendants taïnos.

Et voici qui vient contredire Christophe Colomb qui parlait d’indigènes nus et naïfs!

 

 

Ségou t.2 – La Terre en miettes – Maryse Condé

MARYSE CONDE

Ségou la terre en miettes

1863 – Ségou est islamisée mais les intrigues et rivalités s’y trament encore

tous les pays musulmans voisins, des médiateurs s’étaient proposés pour mettre fin à la querelle entre
Toucouleurs et Peuls. En vain. Et Ségou était l’un des enjeux de ce conflit.

les rois Bambaras sont défaits et contraints de quitter la ville .

Le bon peuple de Ségou s’assembla devant le palais d’Ali Diarra pour voir brûler les fétiches. Comme c’était la deuxième ou troisième fois qu’une opération de ce genre se produisait, il n’était guère ému, sachant que les fétiches se rient du feu, même de celui d’Allah.

Les Traoré, musulmans ou fétichistes, ont perdu la proximité avec le pouvoir politique des Diarra mais la concession reste prospère avec ses champs cultivés par des esclaves. Elle reste l’aimant qui va attirer les descendants dispersés des fils de Dousika à travers l’Afrique de l’Ouest : Omar, le fils de Mohamed, à la recherche de son père et Dieudonné, le fils d‘Olubunmi, recueilli sur le fleuve par des français. Fils sans pères, déboussolés accueillis comme des fils prodigues dans la concession des Traoré. De sangs mélangés de Peul, Bozo ou même marocain, l’appartenance au clan Traoré les renvoie à l’identité bambara.

El-Hadj Omar resta seul. Pendant un moment, il lui sembla qu’il ne savait plus pourquoi il combattait. Les
premières années, tout était clair. Il fallait purifier et rénover l’islam, rendre la chaleur et la virulence à une foi qu’affaiblissaient les querelles de clans et les oppositions entre provinces. Il fallait convertir les païens, leur mettre sur les lèvres la phrase sublime : — Il n’y a de Dieu que Dieu ! Mais, à présent, que se passait-il ? Voilà qu’au nom des nationalismes, des résistances s’organisaient ! Les hommes défendaient leurs territoires, leurs dynasties, leurs parentés et n’acceptaient pas qu’à l’est du fleuve Sénégal s’étende un même empire dont le souverain serait Dieu. Beau rêve si difficile à réaliser ! Idéal que rendaient inaccessible la petitesse et la
mesquinerie des esprits ! Mohammed lui-même avait été dans l’incapacité de comprendre cela !

Dans ce livre les conflits nationaux divisent l’unité illusoire que la croyance commune en l’Islam aurait fédéré.

Sur la côte, à Saint Louis du Sénégal, la colonisation française s’organise

Alors que Saint-Louis, avec l’abolition de l’esclavage, périclitait, un gouverneur énergique débarquait, animé du grand dessein de doter la France d’un empire colonial en Afrique de l’Ouest, qui avait fait ses preuves en Algérie : Faidherbe.

Dieudonné, recueilli avec ses frères par des français va à l’école française. L’armée française recrute des africains dans ses rangs, certains attirés par l’aventure, d’autres par des honneurs illusoires, tous se laissent corrompre par l’alcool abondant dans les cantines militaires.

Si, les premiers temps, les Français étaient partout accueillis avec une curiosité tolérante, la révolte s’était vite déclenchée contre eux. C’est que, après des simulacres d’accord avec les anciens, ils s’appropriaient les terres, forçaient à cultiver des plantes dont on ne voyait pas l’utilité et à tracer des routes qui ne menaient nulle part.

Pour asseoir leur pouvoir, les Français utilisent les rivalités entre les ethnies, arment les uns contre les autres, vendent les fusils efficaces contres lances et arcs traditionnels. Dans leur rivalité contre le pouvoir musulman intégriste Toucouleur, les Bambaras rêvent d’acquérir des armes modernes.

Omar, musulman, rêve d’unité contre les incirconcis français. Il prend même la tête d’une armée qui le prend pour le madhi

Nous sommes un. Un. Qu’il n’y ait plus ni Peul, ni Toucouleur, ni Bambara, ni Sonraï, ni Bozo, ni Somono, ni Sarakolé, ni Malinké, ni Dogon, ni Arma, ni Touareg. Nous sommes un. Ces terres sont nôtres. Et le Blanc, ses
canons, ses canonnières et son cheval de fer est un intrus qui doit partir.

les canonnières auront raison des remparts de Ségou.

Loin de Ségou, les descendants des esclaves brésiliens revenus en Afrique, christianisés,  à Lagos les descendants de Naba (le fils razzié lors d’une chasse au lion). Eucaristus, le pasteur,  a épousée la descendante jamaïcaine des esclaves marrons et eut un fils Samuel. Samuel a rêvé de la révolte des marrons qui n’ont jamais accepté l’esclavage. Il parvient en Jamaïque. Désillusion!

Ma première lecture de Ségou, il y a une vingtaine d’année avait mis la lumière sur les coutumes africaines, les peuplements, le mode de vie. les guerres récentes au Mali qui s’étendent maintenant aux états voisins donnent un intérêt renouvelé à cette histoire.

Ségou -t.1 Les Murailles de terre – Maryse Condé

LECTURE COMMUNE EN HOMMAGE A MARYSE CONDE

C’est une relecture. Lu avant le premier voyage au Bénin. J’ai repris ce livre avec les souvenirs de nombreux voyages où se déroulent l’histoire et les développements géopolitiques actuels.

Une saga familiale

Ségou est au Mali sur les bords du Niger appelé ici Joliba. 

La saga de la famille de Dousika Traoré commence à la fin du XVIIIème siècle avec l’arrivée d’un blanc qui ne sera pas admis dans les murs de la ville. Dousika est un noble bambara, fétichiste, bien en cour, père de quatre fils. 

Son aîné, Tiekoro, se convertit à l’Islam et part étudier à Tombouctou. Son père ordonne à son frère Siga, fils d’une esclave, de l’accompagner. A Tombouctou, les deux frères ne sont pas bien accueillis. Tiekoro, musulman et lettré, devra faire ses preuves. Siga, rejeté par son frère, devient  ânier, puis gagne la confiance d’un marchand, qui l’envoie à Marrakech et Fès où il apprend les techniques des tanneurs et des maroquiniers. Il y rencontre Fatima, une mauresque, qu’il enlève pour l’épouser et fonde une famille. Sans rancune, il héberge Tiekoro et sa femme Nadié quand il vivra un revers de fortune

Le troisième fils, Naba, est razzié au cours d’une chasse et vendu comme esclave. Nous le retrouvons à Gorée, jardinier d’une signare, baptisé Jean Baptiste. Il suit une jeune esclave Ayodélé/Romana, au Brésil.  Elle lui donne trois enfants mais il va mourir mêlé à une rébellion. Romana rachète sa liberté et retourne en Afrique au Dahomey. Les Brésiliens (anciens esclaves au Brésil, catholiques ayant pris des noms brésiliens) forment une classe sociale très respectées à Ouidah. C’est là qu’aboutit après une longue errance le plus jeune fils : Malobali. Confondue par sa ressemblance avec Naba, Romana l’épouse….Olubunmi leur fils arrivera à Ségou, et la boucle sera bouclée.

Si vous avez peur de vous égarer dans tous ces personnages et ces noms, un arbre généalogique est prévu! Il n’est pas nécessaire, chacune des histoires se présente presque indépendante, l’une de l’autre. C’est un plaisir de suivre toutes ces aventures.

Géographie et histoire : 

Ségou, la ville et ses palais, est le centre du roman. C’est une ville commerçante, animée. Son roi, le Mansa, est au nœud des alliances et des équilibres politiques entre différentes ethnies, Bambara, mais aussi Peules et plus loin Touaregs, Haoussas. La conquête musulmane est au centre de l’histoire. Au début du roman, les musulmans ont déjà quelques mosquées à Ségou mais ils sont minoritaires. La 5ème partie du livre s’intitule « Les Fétiches ont tremblé » , le roi fait appel à une faction musulmane pour en combattre une autre. On voit plusieurs courants, plusieurs confréries,  certaines rigoristes combattant les plus tièdes. Le Djihad est en marche.

Du côté de la Côte Atlantique, catholiques européens mais aussi Brésiliens et protestants britanniques ou africains se livrent une belle concurrence. Les intérêts marchands et coloniaux sont transparents sous le prétexte religieux.

L’esclavage est aussi un thème fort du roman. Les esclaves sont partout. Pas seulement la Traite Atlantique racontée dans les pérégrinations de Naba et de Romana de Gorée au Brésil puis à Ouidah où on croise un curieux personnage, riche commerçant négrier Chacha. Cependant, les esclaves sont partout, du Maroc à Ségou. Esclave, la mère de Siga et Sira, la Peule, prise de guerre, concubine. A Ségou, des esclaves travaillent dans le champs, dont on ne parle pas. 

Maryse Condé n’a pas oublié les femmes, les mères et la plus majestueuse Nya. Elle n’en fait pas des objets de convoitise et de désir des hommes bien qu’ils se comportent souvent en prédateurs et violeurs. Chacune a sa personnalité, sa fierté même si , deux fois, cela aboutit à la solution affreuse de se jeter dans un puits. 

Maryse Condé est une merveilleuse conteuse qui m’a embarqué sur près de 500 pages qui se tournent toutes seules. Attention, roman d’aventure addictif!

.

La Belle Créole – Maryse Condé

LIRE POUR LA GUADELOUPE

« Celui que le devant-jour n’a pas surpris sur la mer ne peut imaginer l’émerveillement qui saisit les yeux. C’est
une symphonie en blanc. On dirait que des balles de coton étincelant brusquement répandues sur l’océan
s’amoncellent et moutonnent jusqu’à l’horizon. Le ciel est pareil à une immense jatte de lait où les nuages se
pressant comme autant de brebis viennent s’abreuver. »

la Belle Créole est un voilier oublié à quai, à vendre, après que ses propriétaires soient retournés en métropole. Dieudonné, le héros du roman y a passé les plus belles heures de son enfance, à naviguer et à plonger. 

L’histoire commence au tribunal où Dieudonné est acquitté après une plaidoirie très politique de son avocat, que le prévenu mutique n’a pas bien comprise

« Toujours à lui seriner qu’il appartenait à la classe des opprimés. Opprimé par qui ? Opprimé par quoi ? Il était né dans un mauvais berceau, manque de chance ! La chance, cela ne se discute pas. C’est affaire de hasard. Ça sourit à droite, ça prive à gauche, voilà tout ! »

L’île qui ressemble à la Guadeloupe (pas pas nommée) vit une crise aigue, grève des services publics, de l’électricité, agitation des indépendantistes. Dieudonné, libéré de prison, traverse la ville à la recherche d’un abri. Mutique, orphelin, rejeté par sa famille, sans aucun projet.

Nous apprendrons au fil du roman pourquoi il est arrivé au tribunal. On imagine mal comment ce garçon si doux, si perdu, est devenu un criminel. En tout cas, pas par vengeance de l’opprimé qui « a tué la grande Békée » comme l’a plaidé l’avocat, comme les politiques, qui songent l’envoyer à Cuba, manipulent son histoire dans un contexte prérévolutionnaire.

Pas de chance! né sans père, il s’est dévoué pour sa mère quand, après un accident, elle était devenue infirme. Malade, il avait trouvé un apaisement dans le crack, s’était déscolarisé et avait été rejeté par ses parents les plus proches. Puis il avait retrouvé La Belle Créole encore amarrée sur le port. 

Puis il avait fait la connaissance de Boris, le poète SDF, admirateur de Shakespeare et de Pablo Neruda…

Il avait enfin trouvé un travail : jardinier chez une riche propriétaire blanche, 

« Fatigué d’être humilié, un amant finit avec sa maitresse. Ce qui l’auréolait de symbolisme, c’est que l’affaire se passait dans ce pays frais émoulu de l’esclavage(enfin pas si frais, cent cinquante ans déjà!) que la maitresse était blanche békée de surcroit, l’amant noir. La maîtresse est riche, le noir sans le sou, son jardinier. « 

Telle était la thèse de l’avocat, convaincante puisque Dieudonné avait été acquitté. Et pourtant si éloignée de la réalité. Réalité infiniment plus complexe.

Nous suivons l’errance de Dieudonné . Il retrouve Boris plus du tout poète, leader politique. Il rencontre une ado haïtienne. Apprend l’identité de son géniteur. Enfin,  découvre qu’il est père et prend la fuite, reproduisant le schéma initial…

C’est un roman  de tensions et de tendresse, tout en nuances. Roman désespéré aussi qui se lit d’une traite. 215 pages.