Virgil Gheorghiu – la 25ème heure –

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Destin terrible que celui de Iohann Moritz, paysan roumain simple, interné « en 1938 dans un camp de juifs en Roumanie, en 1940 dans un camp de roumains en Hongrie, en 1941 dans un camp de hongrois en Allemagne, en 1945 dans un camp américain… » témoignage de la tragédie qui commença par une dénonciation comme juif.

La 25ème heure, c’est celle de la fin des temps, de la fin de l’humanité, quand la bureaucratie a réduit l’être humain à l’état de robot…c’est aussi le roman qu’écrit un autre personnage de l’histoire : le poète Traian Koruga qui terminera sa vie en déportation.

Réalité historique mais aussi parabole dans l’absurdité.

L’auteur ne prend pas parti, absurdes, tragiques, inhumains sont tous les camps, nazis ou américains. Si  le goulag n’est pas évoqué, soldats russes la barbarie des soldats russes, les viols, sont un des ressorts de l’action qui précipitent encore d’autres victimes dans l’engrenage des déportations.

Roman RADU-ANTON – Savoureuse Roumanie :

Voyager pour Lire/ cuisine pour voyager

Le voyage en Roumanie, c’est aussi la gastronomie. Cuisine campagnarde aux légumes frais cueillis au jardin. Sarmalés mijotés une nuit entière sur la cuisinière à bois…..Cet ouvrage n’est pas seulement une compilation de recettes. C’est un livre à part entière que nous avons eu le plaisir de feuilleter avant ou après un repas délicieux servi par nos hôtes de Tazlau. Comme nous n’étions pas les seuls invités français, il fallait prendre son tour pour avoir le plaisir de consulter le livre!!!

Panaït Istrati – les chardons du Baragan – Grasset

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En 1921, Romain Rolland reçoit une lettre  qui lui avait été adressée, trouvée sur Panaït Istrat, à la suite d’une tentative de suicide. Touché par la lecture, Romain Rolland fit la connaissance de son auteur. A 20 ans, Panaït Istrati était rédacteur de la Roumanie ouvrière. Il s’embarque ensuite pour un long périple qui le mènera jusqu’en Afrique du sud par la Turquie, la Grèce, l’Egypte…A Nice il est photographe ambulant.

J’ai dévoré d’une traite ce court ouvrage très beau, très poétique: l’image des enfants courant derrière les chardons soulevés par le vent dans la steppe…quittant leur village pour le vaste monde. Roman d’apprentissage?

Je préfère recopier la dédicace de l’auteur:

 

Je dédie ce livre:
Au peuple de Roumanie,
A ses onze mille assassinés par le
Gouvernement roumain
Aux trois villages: Stanilesti, Baïlesti
Hodivoaïa, rasés à coup de canon
Crimes perpétrés en mars 1907
et restés impunis
.

Panaït Istrati, mars 1928

Panait ISTRATI – Kyra Kyralina –

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L’histoire commence sur le bord du Danube à Braila, à une époque incertaine, fin du 19ème siècle(? )quand l’Empire Ottoman s’étendait du Delta du Danube au Liban où mènent les tribulations de Stavro.
Conte oriental où se mêlent les langues: le Roumain, le Grec, le Turc,
 l’Arménien ou l’Arabe, se mêlent les saveurs de la cuisine orientale, loukoums et narghilés. Trouble plaisirs de la sexualité. Les meurs débordent le cadre étroit du mariage présenté dans tous les cas comme un échec.
Une Roumanie exotique, orientale, désuète qui fait rêver…

Matei CAZACU – Dracula

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Dracula est un mythe littéraire mais c’est aussi un personnage historique. Vlad Tepes (1429-1479) prince de Valachie tenta, par ruse ou cruauté de maintenir l’indépendance de la Valachie entre ses deux puissants suzerains : le roi de Hongrie et le Sultan ottoman. L’auteur raconte, textes à l’appui l’histoire de cette région à l’époque de la prise de Constantinople par Mehmet 2.


Equilibres vacillants, alliances incertaines, croisade avortée… Où l’on retrouve les personnages connus Pie 2 , Piccolomini, Mathyas Corvin, et autres… dans des rôles inédits ou tout au moins sous un éclairage nouveau.
Livre très sérieux, bourré de références universitaires, cependant d’une lecture passionnante.


La deuxième partie de l’ouvrage traite du mythe littéraire et des croyances dans les vampires qui existent encore en Roumanie. Toujours une étude exhaustive des textes. Mais là j’accroche moins.

Dominique Fernandez : Rhapsodie roumaine

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lettre ouverte à Dominique Fernandez

Monsieur,


Vous avez été, de longue date, notre  « passeur » pour la Sicile, l’Art baroque, Saint Petersbourg….et chaque fois, je voulais vous remercier de nous avoir guidées dans de nouvelles aventures à la découverte d’une culture nouvelle.


Encore une fois, c’est votre livre qui a été notre livre de chevet.


Certes, la Roumanie a changé depuis la parution de l’ouvrage. L’ère communiste s’éloigne, les marchands du temple se sont installés à Voronet, les pensions et hôtels se sont modernisés. la gastronomie est offerte au moindre touriste. La Roumanie intègre l’Union européenne et les routes se construisent.

Mais votre description et votre analyse des registres des fresques des monastères de Bucovine restent les meilleurs guides pour les béotiennes que nous sommes (et même pour les touristes plus éclairés). Et tellement mieux écrits que dans un guide touristique.

Nous avons suivi vos conseils, nous avons visité la Roumanie comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne sans quête exagérée d’exotisme bon marché, prenant notre temps pour admirer les peintures, pour discuter avec les gens…

Veuillez accepter, Monsieur, ma profonde admiration
Miriam

Lire pour la Roumanie – Liliana LAZAR : Terre des Affranchis – Gaïa

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Après un voyage radieux dans une Roumanie accueillante, chaleureuse, presque maternelle, solaire, je découvre par la littérature ses aspects sombres et inquiétants. Ce n’est peut être pas un hasard si les histoires de Dracula ont fait souche en Roumanie ainsi que cette fascination pour les histoires sanglantes, à la limite du surnaturel qui trouve des racines dans la tradition de Transylvanie et de Moldavie.

Liliana Lazar est née en Moldavie. Elle vit en France et écrit en français. Terre des Affranchis est son premier roman, publié par les éditions Gaïa

Les affranchis? Le titre vient de la traduction du nom du village de Slobozia où elle situe l’histoire. Histoire plutôt glauque d’un tueur en série, colosse naïf et brutal. Homme de la forêt, homme du lac, La Fosse aux Lions, protégé par une nature touffue et complice.

Ce conte plutôt effrayant se déroule dans un contexte de religiosité et de superstition. Religiosité du pope et de tout le village mais surtout espoir de la rédemption malgré l’énormité des crimes, arrivée d’un ermite de la forêt…superstition des villageois qui préfèrent attribuer aux mort-vivants, les moroïs, les disparitions des jeunes femmes qu’à un criminel. Présence démoniaque du sorcier, le tsigane Ismaïl…

On peut aussi faire une lecture historique et politique : le roman se déroule pendant le règne de Ceausescu. Victor dans sa cachette recopie les livres interdits que lui apporte le pope. la révolution de 1989 donne un tournant inattendu à l’histoire.

Henry Bauchau :OEdipe sur la route

MYTHES ANTIQUES ETERNEL/S / CLASSIQUES OU MODERNES

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J’avais beaucoup aimé l’ Antigone de Bauchau dont je ne retrouve plus de traces dans ma liste de lectures.

. Œdipe est déjà aveugle quand s’ouvre le récit. Il est chassé de Thèbes. Antigone le suit.L’errrance des réprouvés se fait dans une Grèce très primitive que j’imagine grâce à notre dernier voyage en Béotie et en Thessalie. Bauchau ne s’embarrasse pas de tourisme. La tragédie est intemporelle, primitive, elle pourrait se dérouler dans n’importe quelle contrée. Et pourtant les montagnes grecques défilent en arrière plan, la mer, les côtes rocheuses. Ils rencontrent Clios, le bandit de grand chemin qui les défie et suit Œdipe, le sert avec une fidélité exemplaire. Où Bauchau a t il trouvé le personnage de Clios ? Existe-t-il dans une mythologie que je ne connais pas? Dernier survivant d’une vendetta entre deux clans de bergers les uns champions de la musique, les autres, champions de la danse. Massacre sans pitié des clans rivaux. Bauchau convoque les arts dans leur expression la plus primitive, flûte d’os et danse de transe ! Diotime, la guérisseuse est elle aussi une invention de l’auteur ? C’est un beau personnage que celle qui accueille les réprouvés leur redonne une dignité et un art : Clios devient potier, Œdipe, malgré sa cécité, sculpte, Antigone tisse… Œdipe, arbitre des bergers reste malgré l’errance, l’infirmité, la mendicité, le roi superbe. Récit riche de personnages, de symboles. On y croise le Minotaure, Thésée, roi d’Athènes. Le voyage s’achève à Colonne sur la route d’Athènes et nous pressentons la tragédie des luttes pour la royauté de Thèbes, la tragédie d’Antigone. Livre éblouissant.

lire pour la Grèce : Jacqueline de Romilly raconte L’Orestie D’Eschyle

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Revisiter les classiques, un souvenir d’Epidaure

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Périodiquement, je retourne aux sources de la Mythologie, des grands textes grecs. Vernant, Vidal Naquet, de Romilly, éclairent les légendes, les héros, les Dieux.

L’Orestie, c’est la Trilogie qui regroupe Agamemnon, Choéphores, Euménides. Ces deux dernières pièces, je les ai vues représentées à Epidaure. J’avais lu le texte quelques heures avant la représentation et, tenant le livre sur mes genoux, à l’aide des bribes de grec que je comprends, je m’efforçais à suivre pendant la pièce. Cet exercice me rappelle la façon dont j’ai suivi autrefois la lecture de la Haggadah de Pessah sans comprendre tout mais avec des repères. Le cadre du théâtre antique était magnifique et j’ai plutôt vécu cette séance comme une cérémonie religieuse.

Cependant, il me manque  l’arrière plan historique et culturel pour saisir le sens profond du texte. En cela,  l’analyse de De Romilly est neuve et essentielle pour moi. Si le mythe des Atrides est connu, le contexte de l’installation de la démocratie à Athènes au cours du 5ème siècle était flou pour moi. Cela me donne envie de relire le texte original. Et comme dans Ulysse raconté par Vernant le plaisir et la découverte sont intacts.

Jacqueline DE ROMILLY : raconte L’Orestie d’Eschyle Bayard – coll. La mémoire des œuvres – 117p

Jason Goodwin – Le Trésor d’Istanbul

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Un roman policier à lire avant un voyage à Istanbul, ou encore mieux au retour!  En revenant d’un été grec, ce n’est pas mal non plus…

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1838, le sultan Mahmoud se meurt dans son palais de Besiktas, la Validé est restée dans le Harem de Topkapi, Hachim, notre détective, eunuque libre, qui a donc ses entrées au Palais, enquête sur une série de meurtres qui le touchent de près ou de loin. Attaque d’un marchand de légume grec, assassinat d’un libraire grec du Grand Bazar, disparition d’un Fontainier albanais, d’un archéologue français…

Hachim pense au début qu’il doit y avoir un lien entre ces faits divers. On lui suggère qu’une société secrète grecque serait probablement à l’instigation des meurtres des grecs, nous sommes proches des guerres de l’Indépendance Grecque et on parle ici de la Grande Idée. Hachim nous entraîne à Fener au siège du Patriarcat.

On parle de Byron et de Missolonghi où le poète est décédé, le médecin personnel du sultan est celui qui a soigné Byron !

Les identités successives Byzance, Constantinople, Istanbul s’emmêlent comme les serpents de la colonne serpentine de l’Hippodrome…

Mais je ne veux pas déflorer le mystère !

L’auteur entraine le lecteur dans tous les recoins les plus pittoresques de la Ville, nous fait connaître toutes les communautés qui vivaient à l’époque, Juifs, Arméniens, Italiens, Anglais, il y a même un  ambassadeur polonais alors que la Pologne a été démembrée depuis longtemps.  Courts chapitres : ce roman ressemble à un kaléidoscope, où tous les monuments servent de décor  des Sainte Sophie aux citernes, du Grand Bazar au bazar aux épices….Longues digressions aussi sur l’histoire aussi bien contemporaine (XIXème siècle, bien sûr) que très ancienne.

Jason GOODWIN – Le Trésor d’Istanbul – Grands  Détectives 10 /18 – 376p.