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Ces trois femmes puissantes, avant d’ouvrir le livre, il me semblait les voir, ces femmes sénégalaises, négociantes en poisson, ou mères d’élèves, ces grandes filles déjà des femmes en 6ème souvent très mûres. Marie Ndiaye ne s’arrête pas à ces clichés, ces trois femmes seront bien différentes de celles des idées reçues.
Ce roman raconte trois histoires tragiques : trois femmes si différentes Norah, Fanta et Khady Demba. Trois femmes qui disent non, annonce le 4ème de couverture.
Il n’est pas facile de se laisser entraîner par l’écriture de Marie Ndiaye. Ce n’est pas mon premier essai. Pas assez motivée, j’avais abandonné d’autres ouvrages dans les premières pages. L’écriture est ardue, les phrases souvent s’enroulent sur elles mêmes. On ne sait pas où l’auteur veut en venir. Ecriture sophistiquée, le style soigné. Puis je me laisse happer sans y prendre garde en suivant les personnages.
Je suis désarçonnée : plutôt que des femmes bien campées, bien charpentées, ce sont des femmes défaites dans des histoires tragiques. Et plutôt que la puissance des femmes c’est l’inconsistance des hommes, la vieillesse et la déchéance du père de Norah. Le destin de Rudy Descas, le mari de Fanta, tourne à la tragédie. Quant au mari de Khady Demba, il meurt. On ne verra jamais Fanta la déracinée, l’orpheline qui avait cru réussir sa vie en devenant professeur au lycée Mermoz, en faisant un beau mariage, en venant en France. Sa présence est récurrente, son mari la traque au téléphone. Sa puissance serait-elle sorcellerie quand intervient la buse qui poursuit Rudy Descas ?
Dans l’histoire de Khady Demba des oiseaux malfaisants font aussi irruption, les corbeaux, oiseaux de mauvais augure quand se noue le destin de l’héroïne, poussée à l’exil sans l’avoir même envisagé. Histoire poignante de celle qui ne demandait rien que d’exister, elle Khady Demba, dans la dignité.
Marie NDIAYE – Trois Femmes Puissantes – nrf – Gallimard 316p






