2014, Un reporter-photographe cherche à faire des photos de Gazaplus originale et personnelle que celles qui illustrent la guerre à Gaza
« Tu n’as pas encore déclenché ton appareil. Tu crains de briser un moment de grâce. Il y a tout dans cette
scène. Tout ce que Gaza est devenue. Un vieux libraire accroché encore à ses bouquins, qui lit à deux pas
des ruines. Comme si les mots pouvaient le sauver dud’ bruit, de la souffrance, de la mort lente de la ville. »
« vous savez , ce n’est pas rien une photographie. Je ne vous connais pas. Vous ne me connaissez pas. Il serait peut-être plus aimable que nous prenions le temps de nous rencontrer »
Prélude au récit de toute une vie. Vie d’exils du village à Nazareth, de la Nakba au camp de réfugiés d’Aqabat Jabr, vie sous tente, puis à Jabalya, études au Caire, à Gaza, Prison en Israël…Chaque chapitre de la vie a pour sous-titre un livre. La Condition Humaine, La Légende des Siècles, Hamlet, Si c’était un homme, Le Livre de Job, Cent ans de Solitude… que nous connaissons tous. Mais aussi des poèmes de Mourid al-Barghouti, La chronique du figuier barbare de Sahar Khalifa. Fanon aussi
Un jour, Abu Khalil m’a donné un livre différent de tout ce que j’avais pu lire jusqu’alors. C’était un essai récent. Le titre : Les Damnés de la terre. L’auteur : Frantz Fanon. Ce texte puissant, centré sur la décolonisation, a été mon guide. Fanon y décrit la lutte des peuples opprimés pour leur dignité. Ce livre m’a ouvert à l’idée que la révolte est non seulement nécessaire, mais légitime. J’en suis ressorti comme s’ il m’avait confié une mission, confié un enseignement. Et comme s’il avait placé sa confiance en moi pour le transmettre.
La lecture comme liberté, comme lutte politique, pour échapper à la violence, comme émancipation.
Un livre sensible, intelligent qui offre une image de Gaza et des Gazaouis si loin des images de destructions et de ruines que nous offrent les actualités.
Guo Pei – 5 robes brodées de fil d’or 15 personnes et 5 années de travail
De soie et d’or, costumes d’apparat, de pouvoir, de noces, ou d’Eglise, d’Orient en Occident, fils d’or, brocarts, lamés ont voyagé et l’exposition du Quai Branly emmène le visiteur pour un voyage éblouissant.
maroc
Mais attention, prévoir du temps, l’exposition est très riche, riche de l’or, bien sûr, mais riche en thématiques, le fil d’or et les techniques du travail de l’or, et les brodeuses au travail. Un parcours chronologique au fil du temps, de la Préhistoire à l’invention du lurex qui imite le fil métallique.
Tunisie : Robes de noces
Un voyage d’Ouest en Est, du Maghreb au Pays du Soleil Levant.
Arabie Saoudite
Comme le fil d’or a souvent été mêlé au fil de soie, des digressions à Madagascar où on a essayé de filer la soie des araignées, et au Cambodge avec les petits cocons de soie jaune.
Non, ce n’est pas de l’or, mais des cocons de soie jaune cambodgienne
Et comme s’il fallait encore en rajouter, les mannequins habillées des robes prestigieuses de Guo Pei ponctuent le parcours.
Guo Pei : Manteau traîne de l’Himalaya – 25 personnes y ont travaillé
Les techniques de broderieset tissages sont tellement variées qu’il est impossible de les résumer. Des pépites battues pour obtenir des bractées (feuilles d’or) dès la préhistoire, aux lamelles d’or collées à de la baudruche et découpées en rondelles, au fil tréfilé, puis enroulé … j’ai été fascinée par la vidéo montrant 6 femmes nouant dans leur doigts le fil que la maîtresse aplatissait en un galon précieux.
Broderie chinoise
Combien de points variés dans cette broderie chinoise?
Après Marrakech et Casablanca, c’est Tangerdes années 50 que Melvina Mestre nous fait découvrir avec une enquête rondement menée par sa détective favorite Gabrielle Kaplan et son fidèle adjoint Brahim.
Tanger est cosmopolite, espagnole, française et bien sûr marocaine. C’est aussi un nid d’espions. Services secrets français et américains qui se sont implantés depuis l’opération Torche en 1942. Grand port se prêtant à tous les trafics où le Milieu corse et marseillais prospère. Ville très animée avec ses bars, ses boites de nuit, ses fêtes somptueuses qui mêlent la jet-set à toute une population interlope.
Kaplan enquête sur la disparition d’un assureur. Elle se déguise en épouse éplorée et nunuche qui cherche son mari.
Ne comptez pas sur moi pour vous raconter l’intrigue. Lisez-la!
Troisième volet de la saga familiale qui a commencé avec le Pays des Autres et Regardez-nous danser. Trois générations, Mathilde l’alsacienne qui a épousé Amine, le soldat marocain venu défendre la France pendant la Seconde guerre mondiale, tous deux ont cultivé la terre dans la campagne près de Meknès, la ferme a prospéré.
J’emporterai le feu raconte l’enfance et la jeunesse des deux filles Mia et Inès. Mia est la narratrice. Enfance choyée et privilégiée au sein de la villa familiale à Rabat. Les parents, Aïcha, gynécologue, et Mehdi, banquier, bourgeois cultivés très occidentalisés. Mia et Inès, brillantes et originales, étudient au Lycée français .
« Aïcha mettait ses filles en garde contre les dangers du monde. Les chutes, les étouffements, les jeux de mains, jeux de vilains, les noyades, les égarements dans des lieux bondés où un prédateur viendrait les enlever. Elle leur inocula la frousse comme on injecte un vaccin. À chaque âge de la vie survenaient de nouvelles inquiétudes : les hommes, les grossesses, les accidents de voiture. Elle leur apprit à parler bas, à ne jamais donner leur avis, à haïr toute forme d’imprudence, à se méfier de tous et de chacun car des indics de la police se cachaient partout et l’on pouvait disparaître, en un claquement de doigts, au fond d’une geôle où personne ne vous retrouverait. Aïcha espérait que ça leur entrerait dans la tête, qu’elles développeraient une aversion du risque. Elle voulait des enfants lâches à qui ne viendrait pas l’idée de s’indigner, de se révolter, de parler trop haut. Des enfants dociles avec les puissants, de petites Shéhérazade qui sauraient charmer les tyrans et sauver leur peau. »
Au contraire Mehdi offre à Mia des livres qui lui ouvrent l’esprit, et la fait réfléchir alors que ses camarades de classe sont beaucoup plus frivoles.
Mia ne se coule pas dans le moule offert aux jeunes filles, elle tombe amoureuse d’une fille doit subir le rejet des autres. Elle ira chercher la liberté en poursuivant ses études à Paris. Encouragée par son père :
Mais n’y crois pas. Mets-toi de la cire dans les oreilles, accroche-toi au mât, souviens-toi de ce que je t’ai
dit. Ne reviens pas. Ces histoires de racines, ce n’est rien d’autre qu’une manière de te clouer au sol, alors
peu importent le passé, la maison, les objets, les souvenirs. Allume un grand incendie et emporte le feu.
Je ne te dis pas au revoir, ma chérie, je te dis adieu. Je te pousse de la falaise, je lâche la corde et je te
regarde nager. Mon amour, ne transige pas avec la liberté, méfie-toi de la chaleur de ta propre maison. »
Et là, il lui tendrait le livre. Elle poserait le paquet sur ses genoux. « Merci papa. » Lentement, elle
déchirerait le papier : La vie est ailleurs. « Tu aimeras Kundera, j’en suis sûr. »
Inès rejoindra sa sœur.
Tandis que les filles s’émancipent, une chape de plomb tombe sur le père. Quelle faute a-t-il commise? Il perd la confiance du pouvoir. Sa charge à la banque, puis sa liberté. C’est pour son père qui lui a dit d’emporter le feuque l’écrivaine a écrit ce livre.
Les tanneries sont installées hors les murs de la ville close de Taroudant près de la Porte Bab Targhount. La rue qui y conduit sert de garage à ciel ouvert. Capots relevés les mécaniciens ou bricoleurs locaux s’affairent. Un très haut mur est percé d’un haut porche qui s’ouvre sur un patio couvert abritant les cuves. D’un côté des ateliers pour les finitions, en face de petites boutiques.
Sèchage des peaux
Les tanneries sont à proximité des abattoirs. Les peaux sont livrées directement et vont subir des bains successifs dans des cuves en ciment. Ces tanneries sont beaucoup moins importantes qu’à Fès ou Marrakech. Pas de brins de menthe pour les visiteurs à l’odorat délicat. D’ailleurs je n’en ressens pas le besoin. Il y a peu de peaux et le local est très bien ventilé. Bains dans l’eau salée, la fiente de pigeon, la chaux avant d’être débarrassée de la graisse puis des poils. Ds peaux sèchent à même le sol. Elles vont être assouplies puis grattées avec d’énormes racloirs, puis frottées avec des tampons de papier émeri pour les finitions.
Les teintures sont naturelles. Dans un gros mortier de pierre on pile les écorces de grenade qui donneront la couleur jaune. L’indigo, le bleu. J’ai oublié celles qui donnent le rouge et le vert. Finalement les peaux sont étendues sur la terrasse pour sécher. Justement au moment que j’arrive deux hommes hissent une belle peau avec une poulie. Il faut un peu ruser pour les photographier, le vieux tanneur se cache faisant mine de l’étendre devant lui. Il suffit d’attendre un peu.
Après cette instructive visite mon guide m’entraine dans la boutique où snt présentés de magnifiques sacs et mallettes et sacoches, sacs à main, sacs à dos, pochettes de toutes tailles et toutes formes. De nouveaux modèles à porter verticalement sont destinés aux téléphones mobiles.
Dans le magasin voisin, des babouches. Jaunes à semelles épaisses pour dehors, fines et souples pour la maison. J’en choisis des marrons clairs très fines. J’ai acheté deux articles qui me faisaient envie espérant un rabais, minime !
le Rucher d’Inzerki vu de la route sur le versant d’en face
Le roman de Zineb Mekouar « Souviens-toi des abeilles » fut un coup de cœur. J’ignorais que le Rucher du Saint existait réellement.
Il est certes, éloigné d’une bonne centaine de kilomètres de Taroudant. C’est une visite qui se mérite. Notre première tentative lundi, s’est soldée par une crevaison tout près de notre maison d’hôtes, les 3 paons. Nous décidons d’ignorer les injonctions de Madame GPS qui trouve des raccourcis non carrossables et de rester sur le goudron. A peine avons-nous quitté Taroudant que les gendarmes nous arrêtent, 75 km/h au lieu de 60 , nous croyions bien avoir quitté la ville et roulé dans la campagne ! 150 Dirhams et surtout une belle perte de temps, le gendarme recopie très lentement les passeports et documents de la voiture. La route P1708 traverse de nombreux villages et petites villes, les enfants à vélo, 3 de front, les camions des serres, les habitants qui traversent ne facilitent pas la conduite.
haut Atlas et sommes enneigés
Je décide que nous prendrons l’autoroute A3 Agadir/Marrakech. L’autoroute est très belle, le paysage fantastique, le péage minime. Elle s’élève progressivement à travers la montagne rouge aux sommets découpés. Certains au lointains sont même saupoudrés de neige, ils culminent au-dessus de 3500 m dominant les lignes de crêtes pourpres, violacées et bleues qui se superposent. La montée est interminable entre Amskroud et Argana. La Route Nationale suit exactement le même tracé, passant parfois en dessous de l’autoroute. Elle est vide et ne traverse aucune agglomération. Nous aurions mieux fait de choisir la nationale 11 d’autant plus que la gare de péage à Argana est 17 km plus au nord et que nous avons ajouté 34 km au voyage déjà bien long.
la piste d’Inzerki
Le GPS nous fait descendre trop au sud à Bigoudine et nous envoie sur une mauvaise route. Nous n’arriverons donc jamais ? Je téléphone à Brahim qui nous dit de cliquer sur le lien qu’il a envoyé. nouveau direction nord vers le nord pour trouver une piste de terre que nous avions négligée. Il y avait pourtant un écriteau « Rucher d’Inzerki » mais le chemin ne m’avait pas paru carrossable. 13 km d’une piste poussiéreuse à parcourir encore ! Finalement la piste est assez confortable, sableuse, poussiéreuse avec très peu de cailloux et pas d’ornières. Elle change de couleur sur le parcours, ocre, rouge et même verte à la fin. Elle dessert deux villages ; Très étroite quand même. Nous n’avions pas imaginé trouver un véhicule à notre rencontre. Dominique se concentre pour bien rester dans les traces. Aucune difficulté jusqu’au village. A la sortie, elle devient très sinueuse et même penche en dévers en longeant un ravin profond. La conductrice doit s’accrocher pour deviner ce qui nous attend à la sortie de chaque virage. Il y a tout juste la place pour passer. Sur le versant d’en face, la roche est verte mais la piste plus horizontale. Nous découvrons le rucher visible de la route juste avant le deuxième village.
Le rucher et ses casiers
Le parking est large et dallé. Brahim nous y attendait malgré le retard de près de 2 heures. Nous descendons un bel escalier de pierre pour accéder au rocher adossé à la pente. On découvre d’abord la maison de l’ancien gardien décédé il y a 16 ans, à l’âge de 90 ans. C’est un rucher collectif où les villageois installaient leurs ruches à la belle saison. Il domine la vallée. Dans le creux, une forêt d’essences différentes où les butineuses trouveront nectar et pollen toute la belle saison. En janvier, il n’y a pas de fleurs et il fait froid. Les habitants gardent leurs ruches chez eux. Brahim a installé les siennes un peu à l’écart. Les ruches se rempliront à la saison des essaims. Les premiers arbres à fleurir sont les caroubiers, puis les arganiers…La récolte de miel s’effectue au printemps. On laisse la moitié du miel pour l’été. Contrairement à l’Europe, l’été est une saison difficile pour les abeilles du sud marocain : la végétation est desséchée.
Brahim nous montre une ruche traditionnelle dans un casier
Les ruches traditionnelles sont cylindriques en roseau tressé. Le couvercle est un cercle de bois de palmier. Chaque famille dispose de plusieurs casiers. Une seule ruche est déposée dans un casier. Quand elle est pleine de miel, il y a de la place pour la réserve à côté. Ces ruches sont moins productives que les ruches modernes avec des cadres pour les rayons amovibles. Les ruches modernes concurrencent les traditionnelles.
L’exode rural est la plus grande cause du déclin de l’apiculture. La plus grande catastrophe est la sécheresse qui sévit depuis des années avec le changement climatique. Cette année, il a plu une fois en octobre et rien depuis. L’an passé, une fois aussi. En 2022 oualou.
Ce rucher collectif date de 1520 ; C’est le plus grand et le plus ancien du Maroc. Comme les agadirs, les greniers collectifs et coffres-forts, il témoigne de la force des solidarités villageoises. Chaque village s’organise pour préserver ses richesses collectivement.
Bien sûr, j’interroge Brahim au sujet du livre de Zineb Mekouar. L’histoire est une fiction. Il n’a pas entendu les légendes autour des vols de miel et de la malédiction qui y est attachée. En revanche, il trouve qu’elle a bien raconté la sécheresse. Le rejet de la femme étrangère montre les limites des solidarités. Ce livre est riche en thématiques : la transmission entre le Grand-Père et le petit garçon Anir qui a donné le titre au livre, le rapport très fort entre Anir et sa mère. La difficile adaptation à la ville du père berbérophone qui parle à peine l’arabe et qui se fait exploiter.
Tandis que Brahim sort une riche vide, me fait sentir la cire et les alvéoles je pense à Anir, le petit garçon de l’histoire, à sa reine des abeilles …
Le retour est beaucoup plus facile. Même si on frôle le précipice on sait qu’on est passées déjà sans encombre, donc c’est beaucoup moins effrayant. On croise même deux voitures. La première dans le villages avec ses tournants, conduite par deux jeunes filles intrépides qui n’hésitent pas à faire une marche arrière pour nous laisser passer, la deuxième, plus grosse nous contraint à reculer mais nous étions déjà dans la vallée.
la vallée, entaille dans les contreforts de l’Anti-Atlas
Nous avons repris la même route que l’an dernier. Nous avons retrouvé les charbonniers. J’avais entendu qu’il avait plu sur le Maroc et j’espérais voir plus de vert. La grande plaine au pied de l’Anti-Atlas est encore plus désertique, il n’y a presque plus d’arbres morts, transformés en charbon. Pas de vivants non plus.
Au village Amalou, courses pour le pique-nique dans la petite boutique de la place. 1kg d’oranges soigneusement pesées, le marchand en a changé une pour avoir le kilo exact. 5 dirhams de dattes(un bon sachet) 2 Dirhams de chips. L’addition est faite par écrit avec un crayon sur un cahier. Je m’amuse de la variété des marchandises proposées : sur le comptoir des cerneaux de noix, des amandes et des cacahouètes, des bonbons à l’unité. Le chocolat et les gaufrettes sont au frigo, comme les yaourts et les fromages. Oignons patates poivrons dans des cageots. Sur les étagères ; couscoussières, théières, couches pour les bébés, huile moteur, chambres à air de vélo et de mobylette, téléphones mobiles et chargeurs. Il y a tout !
Assads : Agadir
Comme l’an passé, à l’entrée d’Assads, nous ne trouvons pas la piste et continuons sur la belle route qui monte à l’assaut de la montagne pour s’achever au col par une piste non carrossable. La vue est magnifique sur les montagnes découpées par l’entaille d’un oued. Stratifications, bancs de différentes couleurs, de beige à ocre en passant par orange ou gris. Piquetis des buissons épineux. Quelques arganiers. Sur un éperon un agadir domine la vallée. Il semble en excellent état. Je compte 5 étages. Comment y grimper ? Mystère. A défaut de m’en approcher, je le dessine de loin.
Assads vue plongeante de la route
Vue plongeante sur les trois villages de la Vallée des Cédrats : Assads, Tamguinsift . Chacun possède une et une casbah, grand quadrilatère avec quatre tour carrées et crénelées à chaque coin. Les maisons les plus simples sont en terre ; construites autour d’un patio carré avec une ouverture carrée dans les toits de terre. Je suis fascinée par cette géométrie à base de carrés qui s’imbriquent, se superposent. Camaïeu d’ocre, de rouge, de rose et d’orange. Je pense à Klee dont j’ai eu longtemps une reproduction dans ces teintes.
Déjeuner face à la casbah habitée d’Assads.
la casbah d’Assads
Munie de mon bâton, je suis la piste et trouve le sentier qui devrait me conduire aux cédrats. Après le dernier village, plusieurs sentiers au choix : celui qui descend dans l canyon, l’autre une séguia de ciment, et un troisième plus haut. Je choisis ce dernier qui me semble mieux tracé et qui est à l’ombre du versant. Une grottte est aménagée en bergerie avec des épines suivant des murets. La canalisation est obstruée par un gros bloc dévalé de la falaise. Ne sachant comment le contourner, je termine ici mon exploration. Une fente verticale semble évidée par une cascade (évidemment à sec maintenant). Au retour, je croise une jeune fille portant un bouquet de fleurs sauvages et qui me l’offre et m’invite à boire un thé chez elle. Elle demande que je la prenne en photo. Comment lui envoyer la photo ? Elle n’a ni email, ni whatsapp.
Je n’ai toujours pas vu les cédrats, ni la source au fond du canyon. je l’ai quand même vu sur un blog . Il faudra revenir avec un guide!
La campagne autour des 3 paons. Autrefois des champs cultivés. Avec la sècheresse les oliviers sont morts et cela ressemble à un terrain vague
faux départ à Inzerki,
Le GPS nous a joué un tour de cochon. Pour gagner quelques centaines de mètres, il nous fait tourner dans la campagne sur des chemins complètement défoncés. Lorsque nous atteignons le goudron, un pneu est complètement déchiré, la roue sur la jante, l’enjoliveur sorti. Impossible de continuer. Un village se profile. J’y vais à pied. Un vieux en burnous sur une mobylette assure qu’il y a bien un garagiste au village et me propose de monter sur le porte-bagages, je n’arrive pas à enjamber les grosses sacoches. Sur le bord de la route P1708, il y a bien un gros tas de pneus signalant un vulcanisateur mais le rideau de fer est descendu. J’appelle le numéro de GSM placardé. Répondeur en arabe. Je laisse le message « pneu crevé » sans résultat apparent.
Un grand taxi blanc et bande vert, Lodjy, s’arrête à ma hauteur. Il m’accompagne à la voiture, trouve la route de secours, démonte la roue. En un quart d’heure la voiture est dépannée . Le loueur de voiture appelé par téléphone, nous explique que les crevaisons ne sont pas comprises dans l’assurance. Il faudra en acheter un pneu d’occasion. .Abdou, le gérant des 3 paons en trouve un en un quart d’heure. Il a même un compresseur pour gonfler. Les crevaisons sont récurrentes au Maroc, problème connu qui se règle vite. Mais il est trop tard pour le Rucher.
Que faire de la journée ?
Achats au souk de Taroudant
Visiter la tannerie et acheter un nouveau pouf peut-être ?
Le GPS nous entraîne dans la médina dans des ruelles où aucune voiture de touriste ne devrait s’aventurer. Embouteillage : un camion tente de passer la file de voiture à contre-sens tandis que des ouvriers sont perchés sur des échelles pour accrocher une enseigne. Les piétons passent imperturbables, les vélos et 2 roues se faufilent. Au bout d’un long moment les voitures au compte-gouttes contournent le camion. La file avance. Les rétroviseurs se frôlent sans aucun dommage à la carrosserie. Plus loin, on décharge des bouteilles de gaz d’un autre camion. En l’absence d’obstacle sur le trottoir, cela passe bien. Sur une placette près du souk, invisible de la rue, un gardien organise un parking.
Un vieil homme en burnous surgit et propose de m’accompagner à la coopérative des tanneurs. » La tannerie ? c’est fermé le lundi « (ce n’est pas vrai, nous l’apprendrons plus tard et elle ne se trouve pas du tout dans la médina). A sa suite, je passe par des couloirs et des ruelles à travers le marché d’alimentation, étals de légumes, boucheries, herbes et épices dans des sacs. Nous entrons dans un marché couvert. Vêtements et babouches. Il traverse une boutique de vêtements berbères avec des burnous et des vestes aux rayures verticales noir et blanches de très belle qualité pour terminer dans une sorte de remise où se trouvent les poufs. Le premier est le plus beau, cuir marron magnifique, belles coutures 700 Dirhams – trop cher – les autres sont soit trop petits soit de qualité moindre et ne me plaisent pas. Comme je suis décidée à acheter, je laisse le vendeur les déplier et les gonfler. J’ai sorti 400 Dirhams, somme que je ne veux pas dépasser. Finalement je sors de la boutique avec le beau pouf descendu à 500 Dirhams ; Mon accompagnateur me reconduit à la voiture que j’aurais été incapable de retrouver seule. Il nous souhaite bonne route et file. Un homme désintéressé ou un copain du marchand ?
la route d’Afensou
les villages se reconstruisent en ciment et parpaing
La conduite dans la médina a été éprouvante pour Dominique. Nous avons envie de campagne. Direction Nord, dépassons le musée Claudio Bravo, Tamaloukt, vers le Haut Atlas. L’entrée du barrage est interdite par une haute grille. Nous empruntons les route d’Afensou, village gravement touché par le séisme de septembre 2023. Je suis impatiente de voir la reconstruction. Si on n’avait pas vu le désastre l’an passé on n’aurait pas imaginé l’ampleur des dégâts. La route est réparée. On construit. En parpaing et en ciment. Le ballet des camions de chantier occupe la route : ciment, parpaing, grillages qu’on remplit de pierres.
Maisons traditionnelles en terre
Les belles maisons basses en terre chaulées de blanc sont éclipsées par les constructions neuves de plusieurs étages. Mais je ne vois plus personne sous des bâches plastiques ou dans des algécos. L’oasis dans le creux de la montagne m’émerveille toujours autant.
Au dîner, salade de tomates, tagine de boulettes avec sauce oignons, raisins secs et pruneaux ; Salade de fruits.
Aglou, Avant de quitter la côte, dernière balade pieds nus sur le sable mouillé sur la plage immense, déserte. On ne devine pas les extrémités dans la brume et les embruns. La station balnéaire est très moche. Les bâtiments, grosses villas de ciment pas terminées, alignées, tassées les unes près des autres. Pas de crépi. Pas un jardin. Vue sur la rangée suivante.
La grande route, Nationale1 évite Tiznit. Je serais bien retournée au souk des bijoutiers. J’ai préféré la plage. Nous roulons très bien jusqu’à Massa. Nous traversons ensuite des agglomérations. Il faut être attentives aux limites de vitesse. A l’entrée de chaque village, au barrage des gendarmes, au moins une voiture est arrêtée. Hangars à camions, serres poussiéreuses, villes champignons le long de la route. Les étages supérieurs des maisons sont presque toujours vides, souvent inachevés.
La route de Taroudant est celle de l’aéroport d’Agadir entre serres et vergers, agrumes et oliviers. La plaine du Souss est irriguée. Tout pousse.
Arrivée à Taroudant vers 15 heures.
Petit tour des remparts . L’office de tourisme est ouvert. J’y achète une belle plaquette qui propose des excursions dans la région. Celle au Rucher d’Inzerki m’excite beaucoup. C’est là que se déroule l’histoire de Souviens-toi des abeilles de Zineb Mekouar. Brahim, le responsable, joint par téléphone m’envoie un lien sur Googlemaps. 1h50 par l’autoroute Agadir/Marrakech, 102 km. Nous demandons à Abdou d’avancer l’heure du petit déjeuner. Je retrouve le roman dans ma liseuse. Demain j’imaginerai Anir, son Grand-père, sa mère …Sauf qu’en janvier les abeilles seront peut-être endormies ! Inch Allah, je m’endors en lisant le livre.
Les trois paons qui ont donné leur nom au Ryad viennent nous voir sur la terrasse
Sidi Ifni : maison paquebot qui semble prête à naviguer
Port de pêche
Ce matin encore, les bateaux de pêche sont très nombreux. Le port de pêche de Sidi Ifni est au sud de la ville sur l’emplacement de l’ancienne base espagnole. Les Espagnols avaient installé un port, un aérodrome et construit un téléphérique. Aucune trace de l’aéroport, le port de pêche a été rénové, il reste les pylônes de béton du téléphérique. Impossible de visiter le port gardé par des grilles et des vigiles. Il faudra faire les photos de loin à un virage de la route à mi-côte. Très peu de bateau à quai, ils sont tous en mer.
Sidi Ifni : le port
Le long de la route, un institut de formation pour les marins-pêcheurs est logé dans un beau bâtiment bleu et blanc. Sa paroi bleue en forme d’étrave est percée de hublots ronds.
Souk
Sidi Ifni – souk quincaillerie
Le souk est installé sur un très vaste terrain vague. De très grandes tentes en bâches noires donnent de l’ombre aux légumes et diverses marchandises. Plus loin on a déballé au soleil des produits moins périssables : quincaillerie, couscoussiers neufs et brillants, filets de pêches, sangles et bâts pour les ânes, vieilles mobylettes et vélos. Au fond ce sont les fripes, quelques unes neuves et traditionnelles, chemises de nuit en finette ou seconde main venant des poubelles européennes tous articles mélangés. Les étals les plus attirants sont ceux des épices, dattes et fruits secs.
Ville espagnole bleue et blanche,
Sidi Ifni maison coloniale
Nous parvenons à la très jolie Place Hassan II bordée de bâtiments officiels datant de la période coloniale. En son centre un très beau jardin. Très hauts palmiers. Une petite rue rejoint la Corniche. Dominique m’y attend tandis que je fais une belle promenade dans les villas Art Déco et le long de la corniche bordée par une balustrade. Façades blanches, volets et tours des portes et fenêtres bleu vif. Des volées de marches mènent à la plage entre de massifs. Des barques bleues sont installées au centre des placettes. Restaurants aux noms espagnols. La ville est très tranquille.
Sidi ifni maisons bleues et blanches
Même la ville moderne a adopté le code de couleur, blanc et bleu. Les petits taxis aussi.
Des hommes sont assis aux terrasses des beaux cafés. Des vieux en burnous surveillent la mer, accolés à la balustrade.
Sidi Ifni l’homme au burnous
Ce serait amusant de revenir le soir et de voir le paseo s’animer.
Côté plage, c’est le domaine des camping-cars qui bouchent la vue. Dans l’eau c’est celui des surfeurs. Quatre rouleaux mais des petites vagues. La plupart des surfeurs attendent allongés sur leur planche, peu se lèvent dans le rouleau.
Nous piqueniquons à Sidi Mohamed ben Abdallah. Je dessine le mausolée puis l’arche.
Dernière promenade pieds dans l’eau sur la plage à la sortie de Mirfelt : plage Tamhrouche. Le petit café sur la plateforme est ouvert. De nombreux adolescents sont venus c’est samedi !
A Aftas Trip le coucher de soleil est somptueux< ;