Les plages de Mirleft

8 JOURS AU SOLEIL DU SUD MAROCAIN

la corniche en face de l’hôtel Aftas

L’an passé, de notre balcon nous avions vu des piétons sur le bord de la falaise mais avions négligé cette promenade. Nous allons réparer cette omission. Les gendarmes ont installé leur barrage au pied de l’hôtel. Un jeune gendarme nous montre l’entrée de la piste et même nous conseille d’aller en voiture, « mais doucement » jusqu’à un parking. Les nids de poule sont creusés mais la Lodgy est très haute.

Christo on the rocks

Le sentier longeant la falaise est borné par de curieuses balises remplaçant les cairns habituels : des motos sous des housses ou des mobylettes sous des couvertures que je nomme « Christo on the rocks ». Je ne m’interroge pas longtemps sur cette curieuse coutume : les pêcheurs sont en bas, sur les rochers, pêcheurs sportifs ou locaux, vieux et jeunes…Le Maroc est vraiment surprenant, même dans les endroits désertiques ou inaccessibles, il y a toujours du monde. Le sentier prend fin devant une gorge, entaille infranchissable pour moi.

Corniche de Mirleft

Tout le long de la côte, les petits bateaux de pêche sont innombrables.

Plage Sidi Mohamed  ben Abdallah

L’arche de la plage Sidi mohamed ben Abdallah

C’est une très jolie plage à Mirleft avec un parking et un restaurant en terrasse face à la mer. Une mosquée et un petit mausolée blanc avec un bâtiment bleu. Un rocher pointu avec une arche sépare la plage en deux parties. Pour passer sous l’arche il faut sauter de rocher en rocher ou entrer dans de grosses flaques. Des Italiens qui ont garé leur camping-car me montrent le chemin. Juché sur un piton : un cormoran.

Legzira  

l’arche de Legzira

Legzira est la plus belle plage de la côte entre Mirleft et Sidi Ifni avec ses arches de grès rouge, ses falaises et la très longue plage.

Le gardien voyant le macaron « handicapé » propose à Dominique des descendre sur la plage avec la voiture. La rampe a une inclinaison impressionnante on arrive dans l’étal du bijoutier et il faut manœuvre dans les tables . La Lodgy est vraiment grosse et peu maniable ; on remonte au parking à l’aplomb de la plage.

Des restaurants ont installé leurs tables sur le sable. Les prix sont modiques : repas complet entrée salades + poisson, frites et orange à la cannelle pour 80 Dirhams (8€)  Par chance, c’est marée basse et des rochers sont découverts. Des hommes s’y affairent avec des seaux. Ils ne pêchent pas mais préparent les poissons qui seront servis dans les restaurants.

Passée la grande arche la plage semble s’étendre à l’infini. Il n’y a plus personne. Je rebrousse chemin assez vite, si la marée monte je serai acculée à la falaise et ne pourrai plus revenir sous l’arche.

Nous n’avons pas emporté de pique-nique et pensions acheter des bricoles en route. C’est vendredi et l’heure de la prière. Tout est fermé. On se contentera d’une orange et des vache-qui-rit subtilisés au petit déjeuner.

plage Ftaïssa

Le parking est vide. On descend un escalier pour arriver à une très belle plage sauvage. Seules occupants : les pêcheurs qui ont planté de très longues cannes sur des supports de parasols. Je reconnais le 4×4 de l’Hôtel Aftas Trip. le pêcheur est le patron de l’hôtel. 

Emplettes à Mirleft

Oranges, bananes, un avocat pour le midi et un  pack d’eau minérale.

Le fort de Mirleft

Nous faisons une virée dans la campagne pour photographier le fort et la ville vue d’en haut. Cette tour et son arche n’ont rien de médiéval. C’est un fort construit par les Français pour surveiller la frontière avec le Sahara espagnol. Cette frontière se trouvait à l’emplacement de la plage de Sidi Ben Abdallah. Nous partons dans la campagne mais la meilleure photo sera prise de la piste qui mène à l’hôtel des 3 chameaux à mi-pente.

Vendredi soir c’est couscous !

Les légumes, courgettes, carottes, aubergines décorent le cône de semoule. Sa viande est cachée sous la sauce d’oignons confits, raisins secs et pois chiches. Les carottes sont très sucrées, c’est leur variété qui est sucrée, le chou est fondant. Pour terminer, la coupe de salade de fruit est décoré d’une fraise fraîche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Crépuscule à Casablanca – une enquête de Gabrielle Kaplan – Melvina Mestre

LIRE POUR LE MAROC

Enchantée par Sang d’encre à Marrakech, j’ai enchaîné avec Crépuscule à Casablanca qui est le premier opus de la série. A paraître Bons baisers de Tanger ( Avril 2025).

J’ai vraiment aimé Gabrielle Kaplan, détective privée, qui se livre davantage dans ce roman. A vrai dire, elle se présente. Juive de Salonique, elle est arrivée en 1941, échappant au destin des juifs de Salonique, déportés presque tous. Francophone, fille d’une parfumeuse, on comprend mieux ses allusions aux parfums qui m’avaient étonnée dans le premier livre. 

Bizarre polar, où l’enquêtrice ne cherche pas à dénouer une énigme mais plutôt à fuit ses persécuteurs. Je n’en dirai pas plus….

Casablanca 1951 est parcourue par de troubles courants, des rivalités, des luttes d’influence. La Résidence avec le général Juin, le sinistre Boniface qui règne sur des policiers corrompus, leitmotiv : pas de vagues. Les Américains arrivés en 1942 avec l’opération Torch en 1942, tête de pont du débarquement et de la reconquête du sud de l’Europe, ils souhaitent étendre leur influence chasser les français quitte à s’allier avec le Sultan et l’es indépendantistes. Les ultras, des colons ne font aucune concession .  Sinistres personnages et mercenaires. Cagoulards, malfrat corses ou marseillais, agents du SDECE ou de la CIA. L’Istiqlal et le sultan luttent pour l’Indépendance du Maroc.

Et puis le reste de la population défini selon une hiérarchie précise:

Delmas faisait donc partie des grands propriétaires terriens et des industriels, ceux qui se situaient au sommet de la pyramide de la société coloniale, la « crème de la crème ». Venaient ensuite les ingénieurs et les cadres de l’administration, puis les « petits Français », fonctionnaires ou militaires. Les juifs, les Espagnols et les Italiens, artisans ou commerçants, complétaient l’édifice. À la base se trouvaient les Marocains, les plus nombreux et généralement les plus précaires, que l’on nommait « les indigènes ».

Les souvenirs de la guerre sont encore très prégnants. On se souvient, ou pas de ceux qui furent vichyistes, qui se sont compromis avec les Allemands. On se souvient aussi de l’héroïsme de la campagne d’Italie.

Gabrielle Kaplan et son lieutenant Brahim se trouvent pris dans ces rivalités. Roman d’action et d’aventure, leçon d’histoire aussi. 

Lu en à peine une journée, un polar très réussi!

Vol Transavia Orly/Agadir et Arrivée à Mirleft

8 JOURS AU SOLEIL DU SUD MAROCAIN

Mirleft Aftas trip : Océan chambre avec vue

Vol calamiteux. Deux horribles pies jacassent pendant les  3h 40 de vol. Des jeunes juifs religieux habillés de noir occupent le couloir allant d’un rang à l’autre. Nous apprendrons par Internet qu’ils se rendent à une sorte de pèlerinage à la hiloula du rabbin ben David près de Taroudant.  Impossible de se déplacer pour se dégourdir les jambes. Pour couronner le tout, l’équipage est très désagréable.

A l’arrivée à Agadir, grand soleil. Après des semaines, même des mois pluvieux c’est un émerveillement.

A l’aéroport, c’est la course. Acheter des  cartes SIM marocaines. Les hôtesses de la compagnie INWI sont de véritables prestidigitatrices. A la banque, c’est la catastrophe. J’ai les deux cartes VISA mais seulement mon passeport. Je donne une carte au hasard et mon passeport. Code ! je tape le mien, une fois, refusé. Deux fois, refusé encore ! Et sans vérifier la carte puisque c’est le caissier qui l’a. La carte de Dominique sera bloquée pendant tout le voyage !

Le loueur de voiture recommandé par l’hôtel Aftas Trip nous attend avec un panneau. Il a garé la voiture au dépose-minute. Pour établir le contrat, il nous conduit sur le parking de la station-service. Deux gendarmes l’arrêtent alors qu’il a en main le permis de Dominique et son passeport. Nous attendons de longues minutes angoissantes. Pour quel motif l’arrêtent-ils ? Est-ce un véritable loueur ?  Après un long moment, il revient et gare la voiture sur le très grand parking. Confirmation : la carte bleue est bien bloquée. Photo au smartphone du permis et du passeport. Notre voiture est une Dacia Lodgy, grosse voiture très haute. Sur piste, ce sera un avantage. Nous découvrirons que tous les « grands taxis » sont du même modèle.

L’aéroport se trouve au sud-ouest d’Agadir. Nous ne le visiterons donc pas. La très fréquentée N1  longe la côte Atlantique jusqu’à Dakhla et Layoun. Empruntée par les camions. Traversée du Souss :  serres poussiéreuses, usines à tomates. Hangars à camions. D’énormes panneaux vantent les pesticides, fongicides et les produits spécifiques contre les maladies des tomates. Loin du bio !

Réserve Naturelle Souss-Massa

Après avoir acheté oranges et bananes, nous fixons l’objectif à Googlemaps : la Réserve naturelle du Souss-Massa. J’ai prévu les jumelles exprès pour cette étape. L’an passé, le guide m’avait montré l’aigle pêcheur, des ibis et des spatules. Seule, je reconnais un héron, une aigrette, un courlis et des goélands.

Nous étions passées par une petite route parallèle à la côte évitant Tiznit et aboutissant à Aglou. Dans un village, nous nous égarons et nous retrouvons sur la route nationale avant Tiznit. Nous avons rallongé la route d’au moins 40 km. Dominique a peur d’arriver à la nuit. Le soleil se couche à 18h45 dans le sud marocain, pas de problème. Nous aurions mieux fait de penser au carburant. Selon le loueur, nous disposions de 230 km d’autonomie. Il aurait fallu faire le plein sur la grande route. Dans la montagne, après Tiznit, pas une station-service. Un bip prévient. A un col, le voyant s’allume. Il reste 26 km et nous sommes au bord de la panne sèche. Enfin arrivons à Aftas Trip. Nous avons la chambre Océan que nous convoitions avec le balcon vue sur mer pour le coucher du soleil.

Il y a une station-service dans le centre de Mirleft.

Plage Imin Turga

La plage, au soleil : eau tiède !

Menu du dîner:

Salades marocaines variées (tomates, poivrons, betterave, pommes de terre) en entrée. On nous sert les filets sans arêtes (service grand classe) d’un magnifique mérou-badèche cuit avec des tomates, des oignons et des citrons en rondelles, farci avec des vermicelles, calmars et crevettes. La chair du poisson est fondante, un peu fade mais relevée par les accompagnements. La Badèche Epinephelus costae est un poisson carnivore présent dans l’Atlantique jusqu’au Cap Vert.

Mérou Badèche

Pour finir : mousse au chocolat maison délicieuse.

 

 

Sang d’encre à Marrakech – Melvina Mestre – Points

LIRE POUR LE MAROC (POLAR)

Gabrielle Kaplan, native de Salonique, exerce son métier de détective privé à Casablanca. L’enquête se déroule en 1952 dans le Maroc sous Protectorat.

promenade architecturale :

Casablanca est une ville dynamique, européenne. L’autrice Melvina Mestre a grandi à Casablanca : elle connaît bien la ville qu’elle nous fait visiter telle qu’elle était alors, avec les noms des rues et places du Protectorat. Elle décrit avec soin les bâtiments, s’intéresse à l’architecture pour mon plus grand plaisir. 

Marrakech est encore un gros bourg tranquille, mais promis au développement touristique avec la construction du quartier de l’Hivernage, d’un casino. La Mamounia est déjà un hôtel luxueux et on assiste à une soirée organisée par le Glaoui.

L’autrice resitue l’intrigue dans le contexte historique et politique :

Je veille à ce que mes romans d’atmosphère s’inspirent de la grande Histoire, et qu’en me lisant mes lecteurs soient immergés dans le contexte historique, urbanistique et socio-culturel des années 1950.

En 1952, le souvenir de la guerre est encore très vif. Casablanca était un centre très important qui a vu le Général de Gaulle et les Forces Françaises libres, les Américains. On se souvient encore très bien de Joséphine Baker, de Saint-Exupéry. Les Marocains ont pris part à la Libération, lutté en Italie etc. La présence de nombreux militaires a pour conséquence le développement de la prostitution : à Casablanca se trouve le plus grand Quartier Réservé : le Bousbir.

C’est d’ailleurs ainsi que commence l’intrigue policière : une prostituée est retrouvée assassinée, dénudée et tatouée, puis une seconde….(mais je n’en dévoilerai pas plus). Les autorités locales ne veulent pas ébruiter la macabre découverte qui risque d’être exploitée politiquement. Le commissaire préfère faire appel à la détective privée, pour sa discrétion et parce qu’une femme pourra peut-être glaner des informations auprès des prostituées.

L’intrigue semble partir en tout sens, rebondissements, puis tout s’éclaire. Encore une fois, je ne spoile pas! J’ai été happée et je n’ai pas lâché cette lecture.

Un autre aspect intéressant est l’émergence des mouvements indépendantistes. La décolonisation s’amorce malgré l’aveuglement des autorités qui préfèrent diviser pour régner et s’appuyer sur le Glaoui de Marrakech. J’ai visité le palais du Pacha, et sa kasbah mais sans vraiment comprendre qui était ce personnage. Le roman répare cette lacune. 

Et comme j’en redemande, j’ai déjà commencé une nouvelle enquête de Gabrielle Kaplan : Crépuscule à Casablanca

Le jardin des pleurs – Mohamed Nedali

LIRE POUR LE MAROC (MARRAKECH)

De cet auteur, Mohamed Nedalij’ai également lu  le Poète de Safi qui m’a laissé un agréable souvenir de lecture. 

Le jardin des pleurs se déroule à Marrakech. Le narrateur, Driss, est un jeune assez ordinaire. Après des études médiocres, un bac mention passable, il aspire à une situation tranquille de fonctionnaire et choisit l’école d’Infirmiers. Pour réussir le concours, il va dénicher un piston : une bouteille de pastis à son oncle, un chevreau offert à une personnalité influente, et le tour est joué. Pour une affectation à Marrakech même tarif. C’est bien sûr de la corruption. Mais cela ne va pas chercher loin, et tout le monde achète ces passe-droits. 

En revanche, lorsque sa femme Souad est agressée par un commissaire de police, Driss découvre l’autre versant de la corruption. Certains personnages sont intouchables, d’autres sont vénaux. Pour le citoyen ordinaire l’Etat de Droit ne fonctionne pas. Acculé à des procès sans fin, Driss en arrive à « écrire au Roi » et même « écrire à Dieu » . Il en vient à débloquer.

Ce roman commence d’un ton léger, ironique, d’une comédie pour se transformer en tragédie dans la deuxième partie. Les anecdotes sont amusantes, le style enlevé, la lecture agréable. La dénonciation de la corruption  est graduelle, du cadeau d’une bouteille, à la ruine en fin de roman. L’auteur dénonce le système policier, judiciaire mais aussi l’incurie du système de santé qui ne cherche pas à guérir les pauvres patients mais plutôt à s’enrichir à leurs dépens. 

Bilan lectures 2024 – Statistiques – Et si on pensait à la parité ?

Avec l’aide de Babélio, mes statistiques sont vite faites : 

102 livres au 21/12, j’ai dépassé de 2 le défi de 100 fixé pour l’année.

43 livres écrits par des écrivaines / 102 livres.  (et encore j’ai compté comme livre écrit par une femme les BD de Catel&Boquet) très limite…..

Certains livres entrent dans plusieurs catégories. J’ai adopté un code couleur. Est-ce vraiment pertinent?

A PROPOS D’UN VOYAGE AU MAROC :

5 écrits par des écrivaines, 5 par des hommes

Leila Slimani : Regardez-nous danser (t2)

Meryem Alaoui : La vérité sort de la bouche du cheval

Zineb Mekouar : La Poule et son cumin, souviens-toi des abeilles

Samira El Ayachi : : Le ventre des hommes 

 

Fouad Laraoui :  Les tribulations du dernier Sijilmassi

Mohamed Nedali : Le Poète de Safi

Edmond Amran El Maleh :Parcours immobile

Soufiane Khaloua : La Vallée de Lazhars

Ruben Barrouk : Tout le bruit du Guéliz

A PROPOS D’UN VOYAGE A MARSEILLE

Pour la parité, peut nettement mieux faire!

Jean Claude Izzo : Total Khéops, Chourmo, Solea, le soleil des mourants, Les marins perdus

Albert Cohen :Ô vous frères humains

Christophe Gavat : Cap Canaille

Marcel Pagnol : Le temps des amours

Albert Londres : Marseille porte du sud

Anna Seghers : Transit

 

A PROPOS DU 7 OCTOBRE, des Juifs, Israël, 

Delphine Horvilleur : comment ça va pas? Conversations après le 7 Octobre, il n’y a pas d’Ajar

Albret Londres : Le Juif errant est arrivé

Rebecca Benhamou : L’horizon a pour elle dénoué sa ceinture

Eva Illouz : le 8 octobre : Généalogie d’une haine

Rosie Pinhas-Delpuech : Naviguer à l’oreille

Valérie Zenatti : Qui-vive

Laure Hoffmann : A l’Orient désorienté

Nathan Davidoff : Le Juif qui voulait sauver le Tsar

Edmund de Waal : Le Lièvre aux yeux d’ambre

A PROPOS D’UN VOYAGE EN CORSE

Marie Ferranti : La fuite aux Agriates, La passion de Maria Gentile

Jérôme Ferrari : Balco Atlantico, Nord-Sentinelle

jean Marc Graziani : De nos ombres

Jean-Claude Rogliano : Les mille et unes vies de Théodore, roi de Corse

WG Sebald : Campo Santo

LISONS MARYSE CONDE et littérature caraïbe

Maryse Condé :  Le Cœur à rire et à pleurer, La vie sans fard, Segou, la belle Créole, L’Evangile du Nouveau Monde

Estelle-Sarah Bulle : Basses Terres

Raphaël Confiant : L’Hôtel du bon plaisir

Alejo Carpentier : La harpe et l’ombre

LISONS KADARE : Le Général de l’Armée morte; le Dîner de trop

FEUILLES ALLEMANDES

Andréa Wulf : Les Rebelles magnifiques : les premiers romantiques et l’invention du Moi

Anna Seghers: Transit, La Septième Croix

Christa Wolf : Trame d’Enfance

Nino Haratischwilli : Le Chat, le Général et la Corneille

Joseph Roth : Job, roman d’un homme simple

Franz Werfel : une écriture bleu pâle

Catalin Dorian Florescu : L’Homme qui apporte le bonheur

LITTERATURE FRANCAISE

Hélène Gestern : 555

Leila Slimani : Le parfum des fleurs la nuit

Lola Lafon : Quand tu écouteras cette chanson, La petite communiste qui ne souriait jamais

Maylis Kerangal : Jour de Ressac

Laure Murat : Proust roman familial

Anita Conti : Racleurs d’océan

Evelyne Bloch-Dano :Madame Zola

Anne Vantal : Pondichéry ou le rivage des ombres

Olivier Guez : Mesopotamia

Gérard Lefondeur : les enquêtes d’Anatole Le Braz;

Bernard Clavel : Cargo pour l’Enfer

Simon Berger : Laisse aller ton serviteur

Jules Verne : Les forceurs de blocus

Balzac : les secrets de la princesse de Cadignan

Marcel Proust : A la Recherche du Temps perdu

Romain  Gary : Chien Blanc

Pierre Assouline : Albert Londres : vie et mort d’un grand reporter

DIVERS, dans l’ordre chronologique

David Bainbridge : Paléontologie, une histoire illustrée

Kapka Kassabova : Elixir

Robert McAlmon : Mémoires de Montparnasse des années folles, bandes de génies

Annette Wieviorka : Anatomie de l’Affiche Rouge

Gouzel Iakhina : convoi pour Samarcande

Hanna Krall ; les Fenêtres

Andreï Kourkov : journal d’une invasion

Jean Dytar : #j’accuse…!

 

Inès Daléry : Yannis Ritsos : J’écris le monde

Christy Lefteri : Le Livre du Feu

Makis Malafekas : le mur grec

Catel&Boquet : Anita Conti, Joséphine Baker

LITTERATURE ITALIENNE

Erri de Luca : Les Règles du Mikado

Viola Ardone : Le Choix

Alessandro Manzoni : Histoire de la colonne infâme

 

la liste est longue et incomplète, quelles seront les lectures pour 2025?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout le Bruit du Guéliz – Ruben Barrouk

LIRE POUR LE MAROC/ RENTREE LITTERAIRE 2024

 

Ruben Barrouk raconte le voyage qu’il a fait avec sa mère à Marrakech en visite chez sa grand-mère Paulette qui vit seule au Guéliz. La vieille dame  s’est plaint auprès de ses enfants d’entendre un bruit qui perturbe sa vie quotidienne.  Des voisins sont-ils bruyants? Paulette souffre-t-elle d’acouphènes? Ils vont résoudre cette énigme. 

Et, bien sûr, ils n’entendent rien!

Ils vont partir pour un pèlerinage sur les traces des Juifs de Marrakech, au Mellah, au cimetière, et sur les tombeaux de Saints Juifs.

Ce  récit est très simple, très beau, nostalgique et tendre. Traditions et souvenirs qui se mêlent. Les Juifs sont partis mais ils ne sont pas oubliés. La Grand-mère, la mère et l’auteur vont rencontrer des musulmans qui gardent précieusement les traces, les tombes.

Et si ce bruit était le silence assourdissant des absents ?

 

 

 

 

 

 

 

Souviens-toi des abeilles – Zineb Mekouar – Gallimard

LIRE POUR LE MAROC

Amtoudi : rucher

Un véritable coup de cœur!

Un livre qui tombe à pic, quelques mois après notre voyage dans le Sud marocain où nous avons découvert ces greniers collectifs perchés et leur ruchers.

Amtoudi grenier coiffant un piton rocheux

A l’occasion de ce voyage, j’avais découvert Zineb Mekouar avec La poule et son cumin CLIC que j’avais bien aimé.

Anir aime ces moments où le Taddart surgit devant eux, comme cela, d’un coup, pendant qu’ils sont sur le
sentier qui mène à lui. Le rucher prend forme, immense, avec ses étages et ses cases, et l’on imagine déjà
les abeilles qui se réveillent. Lorsqu’il le voit apparaître, le garçon se retourne vers sa mère, pour observer
son regard, et toujours une lumière s’y glisse, on dirait qu’elle vient de là-bas, du rucher sacré, et qu’elle
arrive jusqu’aux yeux sombres qui s’éclairent tout à coup, et une chaleur étrange enveloppe alors l’enfant,
et plus rien de grave ne peut arriver.

Inzerki, le village où se déroule l’histoire, existe. C’est là que se trouve le plus grand et le plus ancien rucher collectif au monde. 

L’histoire se déroule aujourd’hui. Le village a gardé son mode de vie traditionnel. Seuls les téléphones portables trahissent la modernité. Pas tout à fait, la terre s’assèche, il n’a pas plu dans le sud marocain depuis des années, les sources tarissent, les abeilles meurent, le village se dépeuple. Le rucher est presque à l’abandon, il reste bien peu d’apiculteurs pour prendre soin des ruches.

Jeddi, le grand-père, est l’un des derniers gardiens du rucher. Il raconte à son petit-fils Anir, 10 ans, les légendes du rucher du Saint. Il répète à l’infini les gestes de l’apiculteur et les techniques de culture des tomates pour transmettre ce savoir ancestral qui  se perd. Omar, le père, travaille à Agadir dans une superette, exode rural qui vide le Sud marocain. Aïcha, la mère, était une femme indépendante à l’écoute de la nature, des animaux et des plantes. A la suite d’un drame elle a perdu la raison et vit recluse. Les villageois qui n’avaient jamais accepté l’étrangère, ont peur de sa folie et rejettent Anir, le fils de la folle.

Omar, viens par ici !, mais l’homme n’entend rien et fonce, le visage rouge de sueur, droit sur Anir dont les
battements de cœur se retrouvent dans les oreilles ; doucement, mon cœur, doucement, tu fais trop de
bruit, mais ça cogne de plus en plus fort, et bientôt il ne peut plus rien entendre. Il ferme les yeux et autour
de lui un immense bourdonnement, géant, et ça tourne, ça tourne ; moins vite, mes jambes, et l’enfant
rouvre les yeux mais ne peut plus rien voir ; de minuscules points noirs tourbillonnent autour de lui

Au fil du récit l’autrice distille les secrets de famille qu’ignore l’enfant.

C’est un très beau récit, envoûtant comme le bourdonnement des abeilles. Une alerte aussi pour un monde qui meurt comme les colonies d’abeilles.

 

 

Le parfum des fleurs la nuit – Leila Slimani

MA NUIT AU MUSEE

Les éditions Stock ont eu l’idée originale d’une collection « ma nuit au musée » : des écrivains ont été invités à passer une nuit dans un musée et de s’en inspirer pour rédiger un ouvrage. Leila Slimani  a eu le privilège de passer une nuit à Venise au Palazzo Grassi, Punta della Dogana parmi les œuvres de la Collection Pinault

« Non, ce qui m’a plu dans la proposition d’Alina, ce qui m’a poussée à l’accepter, c’est l’idée d’être enfermée.
Que personne ne puisse m’atteindre et que le dehors me soit inaccessible. Être seule dans un lieu dont je ne
pourrais pas sortir, où personne ne pourrait entrer. Sans doute est-ce un fantasme de romancier. Nous
faisons tous des rêves de cloître, de chambre à soi où nous serions à la fois les captifs et les geôliers. »

Ce ne sera pas un énième livre sur le voyage à  Venise, pour le tourisme, gondoles ou vaporetti, passez votre chemin. Ce n’est pas non plus la critique d’un expert en Art Contemporain, seules quelques œuvres seront évoquées, quoique… plutôt une réflexion sur le regard,

Marcel Duchamp disait que c’est le regardeur qui fait l’œuvre d’art. Si on le suit, ce n’est pas l’œuvre qui
n’est pas bonne ni intéressante. C’est le regardeur qui ne sait pas regarder.

Leila Slimani est écrivaine, elle souligne la nécessité de l’enfermement, de la concentration dans l’acte d’écriture. Elle fait partager au lecteur cette nécessité. Le Parfum des Fleurs la nuit est d’abord une méditation sur l’acte d’écrire.

« L’écriture est un combat pour l’immobilité, pour la concentration. »

Quel rapport avec le Musée? A premier abord, ce n’est pas clair

« Le musée reste pour moi une émanation de la culture occidentale, un espace élitiste dont je n’ai toujours
pas saisi les codes. »

L’autrice sera interpellée par quelques œuvres, quelques artistes. La peintre et poétesse libanaise Etel Adnan, « dont la figure plane au dessus-des autres » comme Leila Slimani,

«  elle a grandi dans un pays arabe au sein d’une famille francophone. Elle est ensuite devenue une immigrée aux Etats-Unis. Toute sa vie elle a vécu dans le pays des autres »

Le Rideau de Felix Gonzàlez-Torre lui inspire une impression de malaise, le chatoiement de rouge évoque le sang, l’hémorrhagie. Un instant, elle est tentée de tirer sur le fil et de répandre les billes rouges, tentation fugace du vandalisme? .

L’ œuvre de Hicham Barrada : grands  monolithes noirs éclairés de l’intérieur, terrariums géants contient les branches et les feuilles du Galant de nuit, une plante marocaine très odorante que Leila Slimani connait bien et dont le parfum ne s’exhale que la nuit. Rencontre inattendue qui donnera le titre du livre. 

Hicham Berrada, qui a conçu cette installation, a choisi d’inverser le cycle de la plante. Durant la journée,
le terrarium reste opaque, le jasmin est plongé dans l’obscurité mais l’odeur embaume le musée. La nuit,
au contraire, l’éclairage au sodium reproduit les conditions d’une journée d’été ensoleillée. Tout est
inversé, sens dessus dessous,

J’aime beaucoup les expériences chimico-spacio-temporelles de ce plasticien que j’ai vues à plusieurs reprises ICI

Du parfum du Galant de nuit, Leila, glisse dans des souvenirs marocains.  Des souvenirs de sa familles sont aussi évoqués par une sculpture de Tatiana Trouvé : le corps d’un homme a creusé des coussins évoquant l’absence de celui qui vient de se lever. De fil en aiguille, elle pense à son père , à son incarcération à la prison de Salé. Injustice que la fille se doit de venger. 

« Mon père est en prison. Et je suis écrivain. […]

j’écris et je le sauve, je lui offre des échappatoires…. »

Et à ce propos, elle cite l’écrivain turc incarcéré :

Comme tous les écrivains, j’ai des pouvoirs magiques. Je peux traverser les murs avec facilité », écrit
Ahmet Altan (Je ne reverrai plus le monde).

Cette nuit à la Dogana a été propice à la rêverie, à la méditation que l’écrivaine nous fait partager. je me suis laissé embarquer jusqu’au bout de la nuit.