Révélation ! Art contemporain du Bénin à la Conciergerie

Exposition temporaire jusqu’au 5 janvier 2025

Prince Toffa , et un peu plus loin sur la photo lui répond un personnage dans une robe et une traine j’aide jacinthes des eaux dans la lagune de Ganvié

Pour une Révélation! Bénin, c’en est une dans le magnifique cadre de la Conciergerie. 

Replaçons l’exposition dans son contexte : celui de la restitution des   trésors du Palais d’Abomey en novembre 2021. Mati Diop a réalisé le film Dahomey sur ce sujet CLIC Film très politique qui mettait en scène la statue-vedette mais surtout les étudiants béninois. Les 26 trésors rendus furent exposés à Cotonou au sein de l’Exposition Révélation! Cette exposition a également fait le voyage à la Martinique. J’ai également de très bons souvenirs de la visites de ces Palais des Rois du Dahomey CLIC

De face Le Roi Béhanzin et sa suite – roméo Mivekanin
A droite appliqué sur toile de Yves Apollinaire Pédé : suite royale

Je n’avais aucune idée de la richesse de l’art contemporain béninois. je savais qu’on dit que le Bénin est le « Quartier Latin de l’Afrique » cette expression est illustrée à l’entrée du parcours par une installation mêlant livres et revues à des affiches et des sculptures primitives. 

Yves Apollinaire Pédé : Legba

On entre dans la première section thématique : Des Déesses et des Dieux 

les principales divinités du Vodun sont présentées par les toiles appliquées de Yves Apollinaires Pédé et les peintures ressemblant aux fresques de Cyprien Tokoudagba qui ont participé à la restauration des bas-reliefs du palais d’Abomey

le vodun et son panthéon Cyprien Tokoudagba

Cette salle est sonorisée avec la voix d’Angélique Kidjo Yémandja (tiré de Three Yoruba songs de Philip Glass). A la suite des gravures et aquarelles de Hector Sonon, je découvre les tableaux de Julien Sizogan : un véritable coup de cœur pour son Epiphanie des initiés célébrant un syncrétisme étonnant : dans une église aux voûtes romanes, un évêque accueille une foule colorée où des femmes arborent des tenues chamarrées tandis qu’une des Revenants, masques et costumes occupent la moitié de la nef, des musiciens nus ou presque se tiennent au bas du tableau 

Julien Sinzogan : Epiphanie des initiés

Dans une salle noire l’installation multimédia de Eliane Aïsso m’a fascinée un long moment : une quinzaine d‘Assen(plateaux métalliques) sonorisés diffusent les paroles projetées aux murs où sont accrochées de très belles photographies en noir et blanc. Chaque Assen raconte son histoire, parlant de descendance et de réincarnation. 

Julin Sinzogan : Le Retour des esprits

La salle suivante réunit des bateaux, voiliers, pirogues et même les caravelles du Retour des Esprits. Ce tableau m’évoque la traversée de la Traite des Esclaves.

Aston – Le Voilier du temps

Le Voilier du Temps exprime des préoccupations plus contemporaines écologiques. En s’approchant, je constate que les voiles sont des sièges en plastique, des douilles d’ampoules sont tassées sur son bord. Tout le voilier est confectionné avec ces déchets domestiques que l’Europe envoie en Afrique. 

Louis Oke-Agbo : la pirogue de la reconnaissance

la pirogue de la reconnaissance exploite une autre thématique.

Gou

Traversant l’exposition de nombreuses sculptures balisent le voyage

Sébastien Boko : voyageur et voile en bois

la section thématique suivante s’appelle : Des Reines et Rois

On y voit la grande photo de Behanzin et sa suite (plus haut), le Prince Tofa descendant du dernier roi de Porto Novo. 

Dominique Zincpé : Déesses et Princesses

Déesses et Princesses introduisent la troisième thématique Des Femmes et des Hommes. Les Reines  ne sont pas oubliées : Tassi Hangbé fut l’unique reine du Dahomey (1708-1711) et fut la fondatrice des Agodjies (Amazones) dont on voit de belles sculptures mais ma photo est floue. 

Moufouli Belio : Reine des Agadjies

Moufouli Belio née en 1987 s’est intéressée à rendre visible le corps féminin et à la déconstruction du patriarcat. 

Marcel Kpoho : Kondo le requin

Un aspect original m’a interpellée : la grande utilisation du recyclage dans les matières utilisées. Kondo le requin est fait de lanières de pneus, Le Prince Toffa est revêtu de bouteilles en plastique vert, ses colliers sont des capsules de nescafé, le voilier d’Aston est entièrement fait de récupération, sans oublier les personnages de fil de fer ou les masques métalliques de Charly d’Almeida. 

Une très belle exposition. Un article du Monde signale que de nombreux plasticiens de premier plan ont été omis. Le Bénin est donc bien riche!

 

Figures du Fou du Moyen Âge aux Romantiques au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au 3 février 2025

Fou jouant de la cornemuse –  Cathédrale de Bois-le-duc, Pays Bas, 1510-1520 – outre pleine de vent mélange du sacré et du profane

 

L’ordre chronologique s’impose mais différents thèmes sont abordés:

marginalia

Au Moyen âge ,  aux marges du monde, Monstres et Marginalias

chimère

Chimères et hybrides, êtres étranges dans les pavés des abbayes, dans les vitraux, les gargouilles, les boiseries , dragons bipèdes,

Au commencement, le Fou et Dieu

le Fou est l’incarnation de celui qui refuse Dieu. on le retrouve avec ses attributs dans la lettrine de la lettre D du psaume 52.

Egalement dans la parabole des Vierges sages et des Vierges folles.

La Vierge folle laisse éteindre la lampe, renverse la cruche dans l’idée que son insouciance et sa paresse conduit à l’oubli de Dieu.

 

par une étrange inversion Saint François d’Assise est le « jongleur de Dieu » oubliant sa bonne position sociale pour parler aux oiseaux.

La figure du Juif se mêle à celle du fou dans l’antisémitisme croissant du XIII et XIVème siècle

 

le Fou d’Amour

Aristote et Phyllis gravure Maître MZ Allemagne vers 1500

le Philosophe Aristote est transformé en bête de somme, fouetté par la belle Phyllis ce qui implique le pouvoir des femmes sur les hommes : une inversion de l’ordre habituel. Des manuscrits sont exposés illustrés avec la Folie de Lancelot, celle de Tristan…la folie de Roland dans l’Arioste. Le maître E. S. s’est fait une spécialité de la dénonciation de la folie de l’amour.

Tapisserie La Collation Tournai 1520 Dans le jardin d’Amour, le fou accoudé à la fontaine perturbe la scène

un nouveau personnage lubrique s’introduit dans le Jardin d’amour avec des gestes obscènes

Le Fou devient symbole de la Luxure

le fils prodigue chez les courtisanes

le thème du Fils prodigue est répandu avec le Vieil Amant

Des objets de la vie quotidiennes comme des moules à confiseries ou des porte-serviettes dénoncent l’amour charnel

Porte-serviette fou enlaçant une femme

Le fou à la cour

la sagesse royale trouve son antithèse dans le fou ou le bouffon, simple d’esprit ou au contraire plein d’esprit. on se souvient de Kunz, le fou de Maximilien er ou de Triboulet le fou du bon roi René d’Anjou. Le fou s’amuse, participe aux tournois et aux jeux.

Amman : joute des compagnons

Les fous figurent aussi sur la très belle marqueterie du Banc d’orfèvre du prince Electeur Auguste de Saxe qui est une pièce magnifique.

le Fou en ville : il mène la danse du Carnaval ou de la Fête des Fous entre Noël et Epiphanie. Présent dans des pièces de théâtres écrites pour Mardi Gras. Musique et danse dans les figurines des danses mauresques avec ses attributs spécifiques : la marotte en guise de sceptre, les grelots, le capuchon à oreilles d’âne.

Danse mauresque

le Fou partout

Erasme : Eloge de la Folie « C’est bien la pire folie que de voulir être sage dans un monde de fous » (1511) 

Bosch : la nef des fous

Deux ouvrages : l’Eloge de la folie et la Nef des fous annoncent la Réforme protestante dénonçant la décadence de l’Eglise. Les illustrations de Dürer, Bosch et Brueghel

J Bosch Extraction de la pierre de folie

Pour Bosch comme pour Brueghel, le fou passe au second plan et devient témoin de la folie des êtres humains.

Brueghel le jeune : Les Proverbes flamands

Eclipse et métamorphoses du fou au XVIIème et XVIIIème siècle

le fou prend de nouvelles silhouettes avec Don Quichotte ou les personnages de la Commedia del Arte.

Vers la fin du XVIIIème siècle et le romantisme, le fou revient avec Füssli : portrait de Till Eulenspiegel, et Lady Macbeth ou Goya où le sommeil de la raison engendre des monstres

XIX ème siècle : Naissance de la psychiatrie et romantisme

un très grand tableau montre le Dr Pinel, médecin en chef de la Salpêtrière. toute une série de tableaux historiques mettent en scène la folie de Jeanne de Castille, Jeanne la folle ou celle de Charles VI ainsi que les exorcismes censés chasser cette folie. 

Courbet : l’Homme fou de peur

Le fou tragique est une figure romantique, Le roi Lear, Lady Macbeth, Quasimodo, Rigoletto . La visite de l’exposition se termine avec la projection de films de Notre Dame de Paris et de Rigoletto. 

 

Céline Laguarde (1873-1961), photographe au Musée d’Orsay

Exposition temporaire jusqu’au 12 janvier 

Une divine surprise, cette exposition juste à la sortie de la foule de Caillebotte. Calme et sérénité ! Dans la pénombre tous ces clichés de la photographes pictorialiste

Des figures symbolistes, une sorcière inquiétante

Sorcière kabyle

mais aussi des paysages, du Pays Basque d’où Céline Laguarde est originaire, d’Espagne, Tolède, Salamanque…

Et toute une galerie de portraits de musiciens : Darius Milhaud, poètes Francis Jammes, Frédéric Mistral, l’entomologiste Fabre…. et même des microphotographies de pièces buccales d’insectes.

Vraiment une belle surprise!

 

Caillebotte – Peindre les hommes au Musée d’Orsay

Exposition temporaire jusqu’au 19 janvier 2025

 

Caillebotte : canotiers

Gustave Caillebotte (1848-1894) peint les hommes autour de lui, ses proches, frères, amis, mais aussi les ouvriers au travail comme les raboteurs de parquet, les peintres en bâtiment peignant une devanture dans la rue, les bourgeois sur les balcons haussmanniens, ou les domestiques, les jardiniers. 

peintres en bâtiment

J’ai pensé à l’ami Philfff qui avait remarqué que Harriet Backer avait privilégié les figures féminines dans les tableaux d’intérieur. Voici une exposition Peindre les Hommes qui rétablirait l’équilibre. Certains critiques ont même hasardé un « gay gaze« ,  démenti par d’autres. Le Baron de Charlus tranchera! 

Homme s’essuyant la jambe

Caillebotte peint le Paris haussmannien, avec des cadrages audacieux, comme ce Pont de l’Europe où les personnages traversent le tableau et où le centre est bouché.

Pont de l’Europe

Autre perspective étonnante : vue du balcon, vue plongeante à partir de ces balcons filants des immeubles haussmanniens

peint du balcon

J’aurais pu présenter cet homme au balcon, cet autre en costume sombre bourgeois avec son gourdin à l’épaule comme le voulait la mode de l’époque…L’exposition d’Orsay a mis des costumes, chapeaux melon ou haute-formes, redingotes dans des vitrines.

Périssoires du l’Yerres

J’ai préféré  les sportifs, rameurs dans les périssoires sur l’Yerres, ou régates sur la Seine

Gustave Caillebotte a également peint la Normandie : Etretat et Trouville

 

 

Chemin montant à Trouville

Le peintre s’est aussi représenté en collectionneur, avec le Renoir derrière lu

 

Autoportrait

Cette exposition draine les foules, pour la première fois, malgré ma Carte Blanche j’ai dû subir une grande queue.

 

Chefs-d’œuvre de la Galerie Borghèse à Jacquemart André

Exposition temporaire jusqu’au 6 janvier 2025

Bassano : l’Adoration des bergers

Une quarantaine de tableaux ont fait le voyage de Rome à Paris pour l’exposition du Musée Jacquemart-André qui vient d’être rénové. Rafraîchissement plutôt, je n’ai pas constaté de changement majeur.

La Sybille – Raphaël

 

La vedette qui tient l’affiche est le Garçon avec la corbeille de fruits du Caravage, je m’en souvenais très bien et j’ai été heureuse de lui rendre visite. Autres tableaux très connus,  Leda et le cygne de Leonard de Vinci et la dame à la licorne de Raphaël (une toute petite licorne) . Un merveilleux tondo de Botticelli. Impossible d’énumérer les chefs-d’œuvre! 

la Fornarina de Raphaël

je me contente d’illustrer cet articles de quelques uns que j’avais oublié et qui m’ont surprise

Titien Suzanne et les vieillards

Choix tout à fait subjectif et correspondant à l’humeur du jour (et à la foule qui m’a empêché de photographier tout ce qui me plaisait).

Attention à bien choisir le créneau horaire, il y a vraiment beaucoup de monde et les salles sont petites.

Les explications concernent plutôt Scipion Borghèse, (1577-1633)et la constitution de la collection, le goût Borghèse et Camille Borghèse qui épousa la soeur de Napoléon Pauline (je me souviens très bien du marbre à la villa Borghèse). Bel échantillonnage mais je garde intact mon souvenir ébloui de notre voyage à Rome.

De la Porte de la Villette à la Porte Champerret avec le Voyage Métropolitain

LE TOUR DU BOULEVARD PERIPHERIQUE AVEC LE VOYAGE METROPOLITAIN

Porte de la Villette : le canal saint Denis

C’est le troisième épisode d’une exploration à pied de cette ceinture dédiée à l’automobile qui délimite la Ville de Paris sur l’emplacement des anciennes Fortifications militaires, ou de la Zone . Bande à destination incertaine où  les activités qu’on ne voulait pas voir à Paris sont rejetées en lisière : rebuts de toutes sortes, entrepôts, abattoirs….Coïncidence, dans quelques jours la vitesse limite autorisée pour les automobiles passera à 50km/h comme en ville sur l’anneau infernal qui fera peut être moins de bruit et de pollution. 

D’ailleurs, avec les nouvelles stations de métro la limite  Intra/extramuros s’estompe et nous allons franchir à nombreuses reprises le périf parfois sans s’en rendre compte. 

Le rendez-vous est à la sortie du Métro Porte de la Villette, en limite du parc. Jens et Marion nous ont préparé un petit livret illustré qui rappelle La Cité du sang, les abattoirs qui ont fonctionné de 1867 à 1874, remplacés en 1980 par le Parc de la Villette après des tentatives de reconstructions calamiteuses. On imagine mal les bovins alignés croupe contre croupe dans un immense marché aux bestiaux, puis le passage, en souterrain de ceux qui vont rejoindre l’abattoir. De ce temps révolu, il reste encore quelques souvenirs sur le bord de l’avenue Corentin Cariou, quelques boucheries Hallal, des restaurants…

Aubervilliers : Centre commercial Le Millenial

Nous suivons le Canal Saint Denis, promenade très tranquille sous le soleil. Sans nous en rendre compte nous passons sous le périphérique et nous trouvons face à un centre commercial fantôme : Le Millenial. Etrange silence. Malgré une belle passerelle rouge, il est inaccessible à pied. Il faudrait emprunter des navettes électriques à quai le matin.

Aubervilliers sous le périf, du Street Art.

les graffeurs ont bien décoré les piliers mais il n’y a personne sauf les pigeons qui peuvent nicher sous les travées. Occasion pour Jens d’évoquer un personnage attachant : Giuseppe Belvedere qui prenait soin des pigeons de Beaubourg. Les pigeons en ville,  utiles ou nuisibles? 

les navettes électriques Acades

pour accéder au Millénial le jolies navettes Icade attendent les passagers. Elles ont des noms poétiques Estrée, Montjoie, Lendit et Flandres (nous retrouverons ces noms  au cours de l’excursion). Correspondance avec le métro Corentin Cariou  Horaires étranges, seulement l’après-midi et un « badge » demandé. C’est assez mystérieux, le badge doit être celui des gens qui travaillent ici. Le quartier est vide, seulement des bureaux. Entre un centre commercial fantôme et des bureaux désertés le samedi, la balade n’est pas très animée.

On retrouve l’animation sur le boulevard des Maréchaux  Une visite était prévue dans le jardin tout nouvellement inauguré sur la Petite Ceinture mais celui qui devait nous ouvrir ne s’est pas présenté. Un peu plus loin un Tiers Lieu 19m.com occupe une friche, jardinières, étrange mécano blanc? Ce lieu semble en relation avec le 104 dont on m’a parlé et que je souhaiterais mieux connaître. 

le 19mcom

En face, se trouve une autre adresse intéressante La Gare aux mines. Encore un lieu culturel alternatif! 

Nous sommes Porte-des-Poissonniers une porte de Paris inconnue des automobilistes puisqu’il n’y a pas de sortie du périf, et pas de station de métro. Si je remarque cette Porte-des-Poissonniers c’est qu’elle correspond au trajet ancien du poisson, de Dieppe aux Halles en continuité avec une rue du même nom à Saint Ouen et à Saint Denis. Le conférencier à Saint Denis nous avait parlé du Chasse-marée 

ainsi que du quartier du Landy (ancien marché de la Plaine Saint Denis) nom d’une des navettes fluviales.

Immeuble bizarre

Longeant un chantier bordé de palissades d’un côté, le périf de l’autre on passe devant une tour bizarre qui paraît inoccupé à par des pots de végétaux (beaucoup d’aloès) dans certains appartements.

Nous arrivons à Saint Ouen . Pause en bas d’une cité où une plaque célèbre la Paix et l’Amitié entre les Peuples en même temps que le Jumelage avec Podolsk (URSS) et Rousse (Bulgarie) Trani (Italie) souvenir du temps de la Ceinture rouge de Paris. Jens nous parle de l’Estrée et des montjoies. L’Estrée est l’ancienne route du nord, la route de l’étain au temps de la Préhistoire, la route de Saint Denis, que le saint martyr parcourut portant sa tête dans ses mains.  Route des foires de Saint Denis et du Lendit….bordée d’une foule de croix, les Montjoies et passant au col de La Chapelle. S’il ne reste plus trace de ce Chapelle qui a donné son nom à la Porte de la Chapelle, la toponymie la rappelle. 

Affiches collées aux piliers de béton sous l’autoroute

Sous les piles de l’autoroute, c’est propre, tout propre, trop propre…pour être honnête. Avant les JO, des gens  campaient dans des tentes Decathlon. Où sont-ils passés? Les affiches d’associations rappellent que, pour accueillir « le monde » on a chassé ceux qui dérangeaient là.

A Saint Ouen, il était prévu que nous allions voir le Stade Bauer, stade du Red Star de Saint Ouen, « club historique », (fondé en 1897 et qui évolue à saint Ouen depuis 1909) . C’est jour de match, même de derby contre Paris FC. Les vigiles nous barrent la route, on ne passe pas. il faudra faire le tour du quartier et même de l’autre côté les gendarmes carénés de protections, caparaçonnés comme s’ils allaient affronter une armée de blackblocks, protègent un autobus aux vitres noires avec les joueurs du Paris FC à son bord. Et l’on dira que le sport favorise l’amitié entre les peuples! 

Puces de Saint Ouen nous traversons le village des Antiquaires, village chic, les vendeurs déjeunent sur des petites tables devant les boutiques. C’est très propre, probablement très chic. on peut même acheter des cheminées  Renaissance de 3 m de haut, ou des cerfs, des biches en bronze, des luminaires….Pique-nique dans le Jardin Ephémère

jardin Ephémère des Puces de Saint Ouen

 jens nous rappelle l’origine des « Puces » . Avant que les poubelles ne soient inventées, la profession de chiffonnier ou de biffin était reconnue. Ils recyclaient les « déchets » au coin des bornes des rues de Paris.  Souvenir de cinéma avec Les Glaneurs et La Glaneuse d’ Agnès Varda. Sous le périf, à la Porte Montmartre il existe un autre marché, marché de la misère, très encadré, engrillagé, et surveillé. On y vend des nippes dépareillées, habits d’enfants à moitié déchirés. Les policiers nous découragent « allez vous promener dans les Alpes, les Pyrénées, là-bas c’est beau. Ici ce n’est pas joli ». D’autant moins jolis que certains vendeurs apeurés remballent la marchandise dans le drap, la couverture qui fait balluchon que parfois ils abandonnent. La benne n’est pas loin et avale le pauvre balluchon.

Cité pasteur – Chemetov

Quartier Pasteur, Saint Ouen leçon d’architecture devant un îlot dessiné par Chemetov qui est un grand nom de l’architecture des années 70 et 80 dont nous avons vu le travail entre autres à Nanterre. Découvert les amusantes coursives avec les silhouette de voitures (2 ronds pour les roues, un garde corps qui imite la carrosserie. Offrir aux quartiers populaires des banlieues rouge des œuvres originales! 

Porte Pouchet

Porte Pouchet , aire de jeux, espace vert.Et au milieu roule le périf!

Un peu plus loin, la rénovation intelligente de La tour Bois Le Prêtre  par Lacaton et Vassal : transformation en ajoutant des loggias et jardins d’hiver  en augmentant ainsi la surface des logements et la luminosité grâce à l’utilisation d’un matériau bon marché et translucide : la tôle ondulée translucide. 

Encore une leçon d’architecture Rue Rebière différents architectes ont associés leurs projets tous différents, mais tous contemporains et élaborés ensemble. On constate un gros effort pour la végétalisation des murs et les jardins sur les balcons. Mais la végétalisation n’est pas vraiment une réussite, les plantes n’ont pas colonisé les grilles ou les niches proposées, le résultat est maigre. 

Cimetière des Batignolles

Au cimetière des Batignolles nous avons vu la tombe de Verlaine. Calme et verdure des grands arbres à peine troublé là où le périphérique enjambe une partie du cimetière. Comment l’ont-ils construit? Un mausolée arrivé à ras du plancher de béton. 

Le Tribunal des Batignolles

le Tribunal des Batignolles, 38 étage Renzo Piano domine un grand espace vert du Parc Martin Luther King entouré d’un « écoquartier » de grands immeubles modernes éclipsant le village des Batignolles situé à l’arrière. 

Merci à l’équipe du Voyage Métropolitain pour ces belles découvertes dans des quartiers où personne n’aurait l’idée d’aller faire du tourisme.

Harriet Backer (1845-1932) La musique des couleurs à Orsay

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 12 janvier 2025

Intérieur bleu (1883)

Merci à Lisa Pascaretti de Plumes, pointes et palettes d’avoir conseillé cette visite! Le Musée d’Orsay présente cette artiste norvégienne, célèbre dans son pays mais tout à fait inconnue de moi. J’adore les surprises et ce fut une belle découverte. 

Kitty Kielland a peint Harriet Backer dans son atelier, coupé le grand tableau est le portrait de Kitty par Harriet.

La formation de Harriet Backer fut européenne : Munich, Paris(10 ans ) Florence. Elle copie les grands maîtres avec un intérêt particulier pour la peinture hollandaise. Elle se lie en 1975 à Kitty Kielland et partage avec elle son atelier. Elle fréquente les cercles d’artistes-femmes scandinaves. On peut voir dans l’exposition d’Orsay des portraits « croisés », les unes prenant pour modèles les autres. Joanna Bauck et Bertha Wegman, Hildegard Thorell, Asta Norregaad. 

A la lumière de la lampe

En 1881, elles partent en Bretagne où Harriet Backer s’intéresse aux intérieurs ruraux . Le plus souvent, une femme est représentée :  une dentellière, une autre lit, une coud, les lumières sont particulièrement étudiées et soignées.

Femme cousant à la lumière de la lampe . On reconnait une machine à coudre

 

Harriet Backer : chez moi

Le titre de l’exposition : La musique des couleurs rappelle qu’on fait beaucoup de musique chez Harriet Backer. Sa soeur est une compositrice reconnue. La salle où sont accrochés ces tableaux musiciens est sonorisée par une musique au piano : celle d’Agathe Backer Grondahl. Je me suis assise sur la banquette et j’ai pris mon temps pour écouter cette musique. 

Au piano de mon arrière- grand-mère 1921

« Le tableau est une musique pour l’oeil »

Rythme et harmonie.

De retour en Norvège, en 1888, dans un contexte de revendication de l’identité norvégienne. Harriet Backer s’intéresse aux églises, à la vieille église en bois peinte – la Stavkirke d’Uvdal

A l’intérieur de la Stavkirk

Dans des églises luthériennes plus sobre, elle a peint les divers rites :  baptême, relevailles…

Après 1903, elle peint des natures mortes : Vie silencieuse qu’elle laisse souvent inachevées

Nature morte image éternelle

Comme Kitty Kielland, elle peint aussi des paysages

Paysage de Baerum

Ce paysage de Baerum est mon préféré. Comme dans ses intérieurs, elle peuple sa toile de femmes.

Le linge qui sèche

Chefs d’Œuvre de la Collection Torlonia au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au  11 novembre 2024

Hestia

Giovanni Torlonia (1754-1829) et Alessandro Torlonia (1800-1886) réunirent à Rome une importante collection de sculptures romaines. Le Louvre en présente dans les appartements d’été d’Anne d’Autriche, récemment rénovés les chefs d’œuvre. 

Bustes d’empereurs : de gauche à droite Vespasien, Hadrien Vitellus

La sculpture romaine se distingue par les portraits très réalistes alors que les Grecs idéalisaient les modèles. Nous pouvons donc reconnaître les empereurs comme les simples citoyens.

Euthydème de Bactriane

Euthydème de Bactriane ne semble ni flatté ni idéalisé!

la Fanciulla di Vulci

En, revanche cette jeune fille au visage fin était sans doute aussi belle dans la réalité!

La statuaire romaine utilisait l’art grec en copiant les modèles qui avaient du succès. Avec les mesures de volume les reproductions étaient exactes. On reproduisait sans droits d’auteur les sculptures de Phidias, Lysippe, avec une prédilection pour les satyres et les groupes

Invitation à la danse Satyre et Aphrodite

Les styles du passé Grec étaient sémantisés : le style classique symbolisait l’ordre, la solennité tandis que le style archaïque donnait une idée du sacré. Les statues hellénistiques avaient beaucoup de succès.

la Tazza Albani : vasque présentée dans le jardin

les douze travaux d’Hercule ont beaucoup inspiré les romains. on les retrouve aussi bien sur la frise de la vasque que dans les sarcophages monumentaux

Sarcophage décoré aux travaux d’Hercule
le Nil

Une section de l’exposition s’attache à la Restauration de l’Antique, restauration romaine, mais aussi restauration tardive à la Renaissance ou au XIXème siècle. Au cours des restaurations les sujets perdent même leur identité, Satyre devient Narcisse, Aphrodite portant un bracelet en forme de serpent est nommée Cléopâtre. 

Le Port de Rome

Certains sujets décrivent la réalité comme le Port de Rome près d’Ostie. plus trivial encore cet étal de boucherie où les carcasses sont pendues ou ce paysan qui évide un animal écorché

paysan écorchant une bête

Et bien sûr dans le décor somptueux des appartements ou la cour du Sphynx recouverte par une verrière.

 

 

Myriam Mihindou – ilimb l’essence des pleurs – Quai Branly

Exposition temporaire jusqu’au 10 novembre 2024

Myriam Minhidou : illimb l’essence des pleurs

C’est une installation d’art contemporain que nous offre l’artiste franco-gabonaise s’inspirant des rituels de deuil des pleureuses punu. Elle met en scène un

« récit de larmes expérimenté lors du décès de mon père à travers les rites d’accompagnement au mort par les pleureuses »

Art total puisque Myriam Minhidou associe la musique à ses sculpture. Comme un long serpent ondulant, une sculpture végétale émet une mélodie vibratoire quand on la caresse. Le visiteur se déplace donc dans une ambiance sonore qu’il crée en intervenant sur la sculpture.

harpes gabonaises

Autre référence musicale : les harpes sacrées conservées dans la tour des instruments du Musée du quai Branly. Elle a transposé la peau de ces harpes en céramique.

argile et sel
Larmes de sel cristallisé et gravées, mémoire des larmes, invitation à la méditation
Bâton des pleureuses

Taïnos et Kalinagos des Antilles au Quai Branly

Exposition temporaire jusqu’au 13 Octobre 2024

Première rencontre entre Indiens et Espagnols Eddy Jacques 1991

Taïnos dans les Grandes Antilles et Kalinagos dans les Petites Antilles peuplaient les Caraïbes avant l’arrivée de Christophe Colomb

Alors que je viens de finir La Harpe et l’ombre d’Alejo Carpentier dont le sujet est la canonisation de Christophe Colomb, que les 5 épisodes du podcast Christophe Colomb,  l’envers du décor  https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-christophe-colomb-l-envers-du-decor

Cette exposition au Musée du Quai Branly tombe à pic surtout qu’elle fait suite à la très grande exposition Mexica traitant également de civilisations précolombiennes. 

Cette exposition a été précédée de deux autres : l’une d’elle commémorant les 500 ans de la Rencontre des Deux Mondes et Arts des Sculpteurs taïnos en 1994 au Petit Palais sous le patronage de Jacques Chirac. 

La longue histoire des Améridiens des Antilles commence au Vénézuela. Partant du Delta de l’Orénoque, les Taïnos naviguèrent sur des pirogues jusqu’à Cuba, la Jamaïque let les Bahamas important leurs traditions agricoles et leur céramique Saladero. Les Kalinagos ne dépassèrent pas la Guadeloupe.

Jougs de pierre

Certains objets sont très aboutis comme les jougs de pierre et les étranges trigonolithes (pierres à trois pointes)

trigonolithes

Les archéologues ont mis en évidence des traditions améridiennes comme le Jeu de Balle des Taïnos à l’occasion de cérémonie religieuse , les balles étaient en caoutchouc.

Rituels de Cohoba

Le rituel de Cohoba seuls les caciques y participaient. Après une purification par un jeûne prolongé et des vomissements (on voit ci-dessus des spatules vomitives) la Cahoba était une poudre d’origine végétale provoquant un état de transes hypnotique. 

les Kalinagos étaient cannibales . L’exposition présente les bâtons casse-têtes. 

Des photos montrent également l’art rupestre de ces peuplades.

Arrestation et déportation du cacique Caonabo(1991) Frank Zephirin

Une vidéo montre la rencontre des deux mondes illustrée par les tableaux naïfs de peintres haïtiens

Arrestation et déportation du cacique Caonabo

Les Espagnols ont décimé les Amérindiens mais les Kalinagos ont obtenu un territoire à la Dominique, dans l’île de Saint Vincent les Garifunas « Caraïbes noirs » métissés avec des esclaves africains ont adopté la culture Caraïbe. A Porto Rico de nombreux habitants ont des ascendants taïnos.

Et voici qui vient contredire Christophe Colomb qui parlait d’indigènes nus et naïfs!