Rhodes : naissances dans le buisson des lys

 

Rhodes Askliopio : le lys devant la maison

Valises, derniers rangements.
J’arrose une dernière fois le lys tigré magnifique qui orne la cour qui forme un buisson fourni. Je n’en ai jamais vu d’aussi beau. Ses extrémités foisonnent en bouquets de boutons. Les fleurs écloses sont des pétales enroulés sur eux-mêmes et d’énormes étamines qui libèrent un pollen rouge brique abondant. La première fois que je me suis tachée je croyais avoir posé le sac de plage sur de la terre rouge. Nous n’avons compris qu’après. Ce buisson magnifique me fascine. Je l’ai peint et dessiné à plusieurs reprises. J’en prends donc un soin particulier.

Alors que je l’arrose avec le tuyau, des petits cris se font entendre comme un oiseau tombé du nid. J’écarte les branches. La chatte tigrée est blottie, toute mouillée et avec elle, un chaton nouveau-né qui couine. La mère ne fait aucun mouvement qui la trahirait elle supporte le jet sans protester. J’appelle Maria qui a peur de s’approcher. La chatte peut attaquer. Elle nous conseille de ne rien faire.

Ici, on ne jette pas ses restes à la poubelle : on les met sur le ciment de la rue pour les chats. On peut ainsi butter contre un plat de spaghetti. Les chats sont nombreux. Les pâtes ne resteront pas longtemps. Durrell raconte que pendant la 2ème Guerre mondiale, à cause de la famine les chats avaient disparu de Rhodes. Devant l’invasion des rongeurs on a dû en importer de chypre. En 1945, quand l’écrivain a débarqué ces animaux étaient encore rares et ils étaient conservés avec soin. On les attachait aux portes avec des ficelles. Justement, à Chypre nous avions visité un monastère consacré aux chats qu’Hélène avait apportés au 4ème siècle et qui depuis se sont multipliés.