Arrivée à Ithaque, chic et cher!

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Kefalonia arrive à l’heure à 15h25 : il ne faudra pas plus de 10 minutes pour que 4 autobus et plusieurs dizaines de voitures ne sortent de la cale et qu’une douzaine de véhicules (y compris le camion-poubelle d’Ithaque) monte à bord.

La traversée est très courte pour l’énorme bateau : nous voyons s’approcher la côte sauvage et escarpée d’Ithaque. Pas une plage en vue, pas une plage en vue, pas une maison ni un village. Nous débarquons sur une jetée rudimentaire, simple ruban de ciment où se pressent les piétons et une longue file d’autos. Nous sommes à Piso Aétos à 8km de Vathy.

Pas besoin de consulter la carte, il suffit de suivre la circulation. Juste à l’entrée de Vathy, après la station- service, je remarque le panneau Dioskouri, notre résidence. Vathy est une toute petite ville, un village presque.

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L’accueil est rapide. Une autre voiture arrive en même temps que nous, la jeune fille parle mal anglais, elle téléphone et paraît affolée. Gentille mais pas professionnelle du tout !

Deux maisons accolées, adossées à la colline abritent une douzaine de studios. Il faut descendre deux étages pour arriver sur notre terrasse compartimentée en six logettes avec une table en simili-marbre, trois fauteuils confortables  sous un store orange. La porte bleue s’ouvre sur un grand studio blanc meublé par deux lits jumeaux, un petit bureau, une table et au fond une cuisinette. Impeccable, tout le confort. Luxe extrême : un ventilateur chromé à longues pales au plafond, silencieux que nous préférons  à la climatisation. En revanche, la télévision ne parle que grec. Le niveau inférieur niveau inférieur est occupé par une belle piscine bleue entourée de jarres et d’amphores. Cette piscine est un sujet de frustration : on n’a pas le droit de s’y baigner. Plus bas, des toits à quatre pentes et de la verdure, à droite, de grands oliviers. La vue est merveilleuse sur le golfe de Vathy fermé par des collines où s’étagent quelques maisons. De beaux bateaux ont jeté l’ancre non loin.

La ville de Vathy se déploie autour de la marina. Sur le bord Ouest(le nôtre), un quai, quelques maisons, des barques de bois. Perpendiculaire, un long quai vide, face à une île plantée de pins avec une minuscule chapelle, le lazaret. Plus loin  s’amarrent de luxueux yachts les uns contre les autres. Tous sont immatriculés au Panama, à Jersey ou même à Londres, ensuite une vingtaine de bateaux plus petits mais toujours luxueux, grecs, italiens ou néerlandais. L’ambiance n’est pas cosmopolite comme le laisseraient supposer les pavillons. Ici on parle grec et on est entre soi, grecs armateurs ou milliardaires. Sans chichis ni clinquant (si on oublie le bateau), on est en short et en tongs. Pas de perlouzes ni bagouzes, les milliardaires sont en vacances !

Ithaque est proche de Céphalonie meurtrie par le séisme et pourtant les maisons sont en pierre et semblent anciennes. Maisons grecques aux toits de tuile à un ou deux étages avec une tonnelle de vigne, un balcon de fer avec un store. Les jardins sont passés à la chaux comme le tronc des agrumes. Les fleurs sont dans de grosses potées de terre. (Pas dans des bidons on est chic quand même ! Dans le guide, je lis que Vathy fut également détruite par le séisme mais reconstruite à l’identique et le site, classé.

Après 25 minutes de traversée, nous arrivons dans un autre monde. Chaque île a sa personnalité. La proximité n’y fait rien. C’est ce qui est passionnant. Même climat, même relief et pourtant une telle diversité !

Oubliés, les menus en anglais et les publicités voyantes des agences immobilières qui s’étalent sans retenue. Ici, on fait discret. Si discret qu’on a oublié d’afficher les prix dans les magasins. Combien cette robe ? Joli tissu, jolie coupe. Combien ces bijoux ? Ces turquoises ? A la pâtisserie le croissant est à 1.8€, le pain au chocolat aussi, les feuilletés au fromage et les gâteaux aussi ! Même l’essence est plus chère ! on roule pourtant en grosse cylindrée, 4×4, Mercedes ou Alfa-Romeo. Cherchant un hébergement, j’avais lu sur un forum qu’Ithaque était hors de prix et qu’il était impossible d’y loger. C’est faux, les chambres et les studios existent, mais chers.

La plage de Dexia est située à 1.1km des Dioscures (mesurés au compteur), la jeune fille m’avait effrontément annoncé 300m. Elle est jolie, quelques installations pas trop, un bar à l’ombre des arbres. J’ai oublié de prendre mes sandalettes. Je l’ai regretté : les galets sont coupants et il y a des oursins. Des oursins ! Il n’y en avait pas à Céphalonie. Sont-ils milliardaires eux aussi ?

Après dîner, j’ai hâte de me promener dans la ville. Pas de passaggiata, pas de trottoir. Les voitures me rasent les fesses avant d’arriver au centre où les trottoirs existent mais sont occupés par de très jolis restaurants – menus en grec, toujours pas de prix ! On n’est pas harcelé comme à Plaka.

Sur la place devant le musée se donne un concert de mandoline. Dix musiciens, un accordéoniste, un harmonica, un bouzouki, le reste guitares et mandolines. Les musiciens ne sont pas jeunes, la soixantaine bien sonnée. L’assistance a apporté des chaises. Tous les âges sont représentés dans le public. Les dames ont des éventails et s’en servent pour battre la mesure. Les enfants sont sages. Tous connaissent les airs joués, se balancent et les reprennent à mi-voix. A la fin chacun  emporte sa chaise. Après avoir flâné devant les belles boutiques, je rentre au pas de course dans le noir.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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