La grève des ferries nous a volé un jour à Tinos. Qu’allons nous donc faire à Athènes puisque tout sera fermé ?

On traîne, grasse matinée obligée. Je consulte mon courrier électronique. Notre entrain touristique est très modéré. Le réceptionniste de l’hôtel nous conseille de prendre le tram n°5 à Syntagma pour aller à la mer. La mer ? Nous en venons !
Par Athinas aux boutiques fermées et Monasteraki nous montons vers l’Acropole. Les kiosques et les bureaux de change sont ouverts ainsi que les restaurants autour de Monasteraki. L’€uro s’échange à 1.31$ . La crise économique grecque l’a fait dégringoler. Toute la semaine la télévision grecque a délivré des cours d’économie (on n’a rien compris). Aujourd’hui, 1er mai est le jour de protestation des travailleurs. Deux rassemblements sont signalés par des affiches : celui du KKE et celui des anarchistes à 11 heures. L’un au Musée(l’ancien) l’autre à Syntagma.
A défaut de tourisme, irons-nous voir les Grecs manifester ?
Autour des Aérides, les murs des belles maisons ont été tagués. Curieuses épidémies de graffitis ! En 1999, elles étaient maculées d’inscriptions. En 2005, après les jeux Olympiques, tout avait été nettoyé. Maintenant c’est pire que tout. Peut-être les récentes manifestations y sont pour quelque chose ?
Faute de site archéologique, nous divaguons dans Anafiotika. dont j’ai toujours apprécié le calme des ruelles, les jardins fleuris, le parfum des orangers. Revenant des Cyclades, le quartier parait moins exotique ! Ce qui ne retire rien à son charme.

Athènes murmure, Athènes bruisse de rumeurs diverses. En stéréo. A gauche, les liturgiesdiffusées par une église proche. A droite et en face, les sonos des meetings du 1er Mai. 11heures, la sono s’amplifie, du coup le pope augmente le volume ! D’un cortège parviennent des slogans, d’un meeting, de la musique. Pas d’Internationale plutôt Theodorakis ou de la musique traditionnelle. C’est le 1er mai le plus « révolutionnaire » que j’ai connu. Depuis notre arrivée en Grèce (et sans doute bien avant) il se prépare. Athènes devrait être une ville morte. Les Athéniens, ulcérés par les mesures d’austérité qu’on leur inflige protestent. La police est équipée. Je suis partagée entre le désir de m’approcher des manifestants pour sentir l’évènement et la crainte que cela ne dégénère. La prudence nous conseille de rester au loin.
Courageuse mais pas téméraire, je me contenterai du son. J’aimerais bien capter cette ambiance sonore d’autant plus que maintenant se surajoutent les cloches et le bourdonnement de l’hélicoptère qui survole la ville. Faire une carte postale sonore. Nous n’avons pas le matériel. on fait des vidéos avec les appareils photos.
Athènes sans l’Acropole ni musées
Assise sur un parapet, je dessine le panorama : les montagnes bleutées, les collines, la mosaïque des immeubles, des terrasses et les coupoles. Je dessine la cathédrale, affreuse, et oublie la mignonne petite église byzantine avec ses coupoles de tuiles qui se superposent.
La petite église Metamorfis (Transfiguration) se trouve à la croisée de Theorias et de Klepsydra, entre la mesure du temps et les théories. Cette coïncidence m’enchante. Peut-être n’a-t-elle pas le même sens en Grec ? Les Théories n’étaient-elles pas plutôt les cortèges des processions aboutissant aux Propylées, fermées pour cause de grève et autres processions?
En face de l’entrée du site archéologique se trouve un gros rocher poli sur lequel habituellement les touristes affalés comme des phoques contemplent le coucher du soleil ou prennent des photos du Parthénon. Les marches polies (et très glissantes) ont été récemment doublées par un escalier métallique. Ce rocher que je méprisais n’est autre que l’Aréopage – première cours de justice- où Saint Paul a prêché aux Athéniens. Éclipsé par l’Acropole, je ne lui avais prêté aucune attention lors de mes précédentes visites.
Faute de Parthénon, un conférencier germanophone improvise, il raconte la construction de l’Athènes du 19ème siècle par les architectes allemands, et la construction des bâtiments néoclassiques.
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Peut être les théâtres d’Herode Atticus et de Dyonisos sont-ils visibles ? Je longe les grilles, la promenade ombragée sous les pins me conduit à une grande avenue dallée et piétonnière bordée de beaux hôtels particuliers et d’immeubles luxueux avec marbres et statues jusqu’au nouveau musée de l’Acropole que je ne connaissais pas.