Chios : Kampos (visite guidée)

 

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Notre gîte de Thimiana est situé dans le Kampos.

Le Kampos est une des régions les plus intéressantes de l’île. Composée de grandes propriétés, selon le guide Michelin, de belles maisons « génoises » où les riches familles de Chios aiment à résider.

Dès notre arrivée, nous avions remarqué les grands murs de grès rose, les portails monumentaux et les villas carrées. C’est dans l’une d’elles que nous logeons. Notre chambre est au rez de chaussée, non pas au premier étage, étage noble. Dans notre petite pièce le plafond est en arête peut être était-ce une cave fraîche ?. Si notre logement est minuscule, la cour est très agréable, agrémentée d’un bassin – vide – dommage pour le décor, mais c’est peut être mieux pour les moustiques. Des escaliers de marbre avec des ferronneries conduisent à l’étage autour de la maison, des jardins, des orangers, un gros figuier, oliviers, amandiers, de la vigne. Maintenant que nous sommes installées, nous apprécions l’environnement paisible. Il faut vivre dehors. Les arbres et un énorme parasol donnent de l’ombre à toute heure.

Nous nous proposions justement d’explorer à pied le Kampos ce soir en regardant par les grilles et au dessus des murs. Justement, aujourd’hui lundi, une visite gratuite offerte par le Tourisme de Chios se déroule au Kampos. Inutile de s’inscrire : le rendez vous est au pont de Kabalas, sur la route principale. Endroit facile à trouver avec un parking. La promenade a lieu à la fraîche de 19 à 20H30/ Une bonne douzaine de voitures sont arrêtées là.
Essentiellement des Grecs, un couple de Français et un Jeune canadien anglophone.  Le groupe suit le guide sur une chaussée dallée le long d’un cours d’eau à sec. Il n’existe pas de rivière permanente sur Chios. Ce ruisseau ne coule qu’à la saison des pluies. A la manière des oueds du déserts, ses crues sont redoutables : on a construit un deuxième trottoir en hauteur et on a érigé un mur devant la grille de la propriété pour la protéger de l’inondation. Notre guide connaît les propriétaires d’une belle villa. Il ouvre donc la grille et nous pénétrons dans un parc boisé de palmiers, de grands arbres feuillus et de massifs de fleurs. Une imposante roue à eau puisait dans la nappe phréatique et permettait autrefois d’irriguer le domaine (maintenant ce sont des pompes électriques). L’eau est stockée dan un bassin rectangulaire aux murs de pierre et aux fontaines de marbre sculpté. De la gargouille, l’eau se déverse dans une sorte d’évier en pierre pour se distribuer ensuite dans les canaux de l‘orangeraie. Le guide envoie les « non hellénophones » se promener dans les jardins. Sur la terrasse les propriétaires reçoivent des amis. C’est un peu gênant d’y porter un regard trop insistant.

Le guide explique les cultures du Kampos.

C’est la seule région  irriguée de l’île où, dès le Moyen Age on pratiqua une agriculture destinée à l’exportation : le ver à soie avec la culture des mûriers, tout d’abord jusqu’au 17ème siècle, puis les agrumes introduits par les Génois : orangers  puis citronniers (curieux que ce soit un apport italien puisque ce sont les Arabes qui apportèrent les agrumes en Italie et en Sicile). Les Français importèrent les mandarines de Chine (mandarine tire son nom de mandarin) au Maroc et, de là au 19ème siècle les mandarines arrivèrent à Chios. L’exportation des agrumes se faisait à l’Est jusqu’en Russie et vers l’Occident par le port de Marseille. Des liens étroits existaient entre Chios et Marseille. Est-ce pour faire plaisir aux trois français de son audience ? le guide prétend que les belles maisons sont l’imitation des maisons provençales. Nous avions plutôt reconnu le style des villas italiennes.

Les porches monumentaux ont suivi diverses influences : ottomanes, italiennes, et même Napoléon III avec des grilles en fer forgé. Pendant les explications les cloches sonnent avec insistance pour l’office en l’honneur de Santa Markiella, la Sainte patronne de l’île, dans une petite église toute proche. Actuellement et depuis le 18ème siècle on y célèbre exclusivement le culte orthodoxe. Au 116ème c’était une chapelle mixte. On y disait aussi la messe latine. Les familles génoises étaient mélangées. Pendant que nous rejoignons l’église toute la campagne profite de la messe diffusée par haut-parleur. « Kyrie Eleison » répète le chantre. Le décor dde l’église est baroque : peinture crème, dorures et stucs. L’iconostase aussi. Le chantre est debout derrière le lutrin, un bedeau promène un cierge sur un chandelier d’argent. Le pope, en chasuble blanche et or tourne autour d’un plateau sur lequel on a placé 5 pains. Il tourne et bénit le pain, le bénit et l’encense. Le bedeau tourne aussi. L’assistance n’est composée que de 5 personnes. Quand l’office est terminé une dame sort avec une corbeille et offre à tous les touristes une belle part de ce pain  dense et épais qui ressemble à du gâteau. Il est légèrement parfumé à l’anis. Nous remercions pour ce cadeau inattendu et le dévorons avec appétit ; il est 8 heures, l’heure du dîner !

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Sur le chemin du retour nous marchons sur des branches de laurier. Toute la route menant à l’église est jonchée de rameaux. Le guide nous explique que les lauriers expliquent aux habitants qu’une célébration aura lieu dans cette église (les églises sont si nombreuses en Grèce !).

Il nous montre de grosses agrafes en fer rouillé qui retiennent les pierres ensemble. E la suite du séisme de 1881 de nombreuses maisons ont été détruites (5000 morts à Chios). Une belle maison présente des influences ottomanes : les gracieuses arcades orientales surmontées d’un premier étage moderne (reconstruit après le séisme).

Cette promenade a été très agréable. Seules nous n’aurions pu qu’imaginer ce que cachent les hauts murs et n’aurions pas pu comprendre l’agriculture du Kampos. Maintenant, je devine l’usage du beau bassin carré au gîte que j’avais pris pour une piscine sur Internet.
Après dîner, il fait une température délicieuse dans le jardin. Le patron nous rejoint et nous parle de Santa Markiella.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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