Chios : Procession d’Aghia Paraskevi

 

La dame de l’Office de tourisme nous a recommandé  le vendredi soir, une fête villageoise au nord de l’hôpital de Chios. Après la messe, il y aura une procession puis des chants et des danses.

L’église – neuve – se trouve sur le bord de la mer. C’est une paroisse des descendants des  réfugiés de l’Asie Mineure et la fête est une commémoration de la »Catastrophe « : la guerre entre la Turquie et la Grèce en 1922 qui a eu pour conséquence l’exil de toutes les communautés grecques d’Asie Mineure. Chios – toute proche – leur a donné refuge . Au cours de la Procession les icônes venues de la rive asiatiquesont promenées dans les rues.

 

Quand nous arrivons à 19h, l’église est pavoisée ainsi que toutes les rues avoisinantes avec des guirlandes  et des petits drapeaux jaunes de l’Eglise Orthodoxe, bleus et blancs, les couleurs grecques.  Les rues qui conduisent à l’église sont jonchées de branches de myrte. Un détachement de l’armée attend. Une fanfare se rassemble. Les popes arrivent uns par uns portant chacun une mallette (attaché case ?).

Tous les arrivants font la queue devant l’entrée de l’Eglise,  pour prendre leur sachet contenant une  tranche de pain brioché et une sucrerie, loukoum ou fruit confit et les cierges . L’enclos autour de l’église est plein de chaises et de bancs. Nombreux sont ceux qui assisteront à la messe en plein air. Il est prévu de se restaurer: sur des tréteaux, des verres.

Les marchands forains sont installés autour de la place : pommes d’amour, barbes à papa mais aussi jouets pour les enfants : tables à repasser et poussettes roses pour les filles, mitraillettes et pistolets en plastique pour les garçons. Les garçons ont tous leur arme factice – les filles ont été moins gâtées. Une seule joue avec les meubles de poupées. Sans doute la fille de la vendeuse. Il y a même un marchand de fromage frais, venu probablement de la montagne.

Une majorité de femmes âgées forme l’assistance. Des plus jeunes sont aussi présentes, certaines portent des vêtements à la mode boudinant laissant voir bourrelets et tatouages. Beaucoup de petites filles endimanchées. Les petits garçons arborent des tenues plus modernes. Les seuls hommes présents – la soixantaine passée, fument sans arrêt, assis à l’écart.

Les cloches sonnent avec insistance. Tout le monde se fige et se signe à plusieurs reprises. C’est un peu gênant de se trouver là. Nous adoptons une position de retrait et nous asseyons dans la rue sur le banc de l’abribus. Les liturgies sont interminables. Le grec moderne utilise le vocable de liturgie aussi bien pour la messe que pour la vidange à la station-service. Les usages prosaïques des mots de la langue savante en français m’amusent toujours beaucoup.

Puisque nous sommes venues, nous allons attendre la procession qui se prépare pendant l’office. Les soldats, debout au garde-à-vous. La fanfare est prête. Des adolescents en costume folklorique font leur apparition. Les garçons en gilet de velours sarouel, bas noirs et ceinture large en tissus. Ils sont coiffés d’un bonnet rouge à gland, sorte de fez mou. Les filles en longues jupes et corsages blancs. On noue sur leur tête des fichus rouges exactement de la même manière que le voile des femmes turques, les cheveux cachés, le cou et le front pris dans le tissu.  Si on montrait cela aux adolescentes de chez nous qui prennent le voile pour une manifestation identitaire, peut être déchanteraient elles ? Rien d’islamique dans ce fichu des grecques orthodoxe pourtant la même coiffure !

Enfin, la procession s’ébranle. Les enfants en costume brandissent une sorte de calicot sérigraphié avec la figure d’un homme en costume noir : un politicien d’alors? Qui est-ce donc ? Après les enfants, viennent les popes portant une icône couverte d’argent. L’icône la plus importante, fleurie de lys est confiée aux militaires. Derrière eux défile la Croix Rouge. A leur suite toute la communauté présente dans l’église et à ses abords  suit et on promène les icônes dans tout le quartier.

A 20h30 nous rentrons, impression mitigée. Nous n’avons pas eu la patience d’attendre les chants et les danses.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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