
Journée d’adaptation : nous allons à Chios à l’Office de tourisme et sur le port acheter notre billet de ferry pour Lesvos. Ensuite nous visiterons la ville.
La route de Thimiana à Chios passe entre les grands murs de grès du Kampos enfermant les belles propriétés et les vergers.
Chios.
D’abord se garer. Il y a une circulation infernale : un gros paquebot de croisière à quai. Les policiers municipaux détournent tout le trafic pour permettre aux passagers de descendre directement dans la file de taxis de luxe qui les attend. Nous trouvons une place de parking le long du jardin public. Nouvelle ville, nouveaux usages. Il faut acheter une carte de parking au kiosque périptère. On coche ensuite au stylo bille le mois, le quantième, le jour de la semaine et l’heure d’arrivée. C’est désuet et charmant.
L’employée de l’Office de Tourisme parle français. Elle nous donne des prospectus en anglais et en allemand (on renonce à ceux en turc) mais ne nous aide guère. Seul renseignement : il y aura vendredi soir une fête dans un village. Pour acheter les billet sur le Samothraki qui part dimanche à 13h, il faut aller à l’Agence Kanaris (si on avait voulu reprendre le Ierapetra on serait arrivées à 22h à Mytilène, cela aurait été dans une autre agence).
Mastic
L’agence Kanaris se trouve à côté de la boutique de Mastic. Le mastic est la spécialité de Chios. Je connais depuis longtemps le lentisque (Elat mastic) comme arbuste de la garrigue méditerranéenne. J’ignorais les propriétés de sa résine.
Bizarrement, cette résine ne cristallise naturellement qu’à Chios et nulle part ailleurs. Cette ressource originale est utilisée pour différents usages : pour le raki, la confiserie, la parfumerie. Du temps des Ottoman elle a conféré à l’île de Chios des privilèges. Actuellement les produits dérivés sont nombreux, entre autres une boisson gazeuse, toutes sortes de produits de beauté. Nous achetons du dentifrice au mastic qui a très bon goût (les romaines utilisaient des bâtonnets dentaires au mastic) (6€) et du lait hydratant au mastic – pépins de raisin- huile d’olive et thé vert (17,30€) Ce n’est pas un caprice. Sur le bateau, nous avons constaté que bras et jambes se desquament et que nous avons des écailles comme un vieux lézard en train de muer.
Citadelle

La citadelle est toute proche. On entre dans les murailles épaisses par une arche – presque un tunnel – qui nous conduit à l’ancien donjon signalé par une plaque qui raconte qu’en 1822, 74 citoyens grecs y furent emprisonnés et exécutés.
A côté, le Palaki – palais Giustiani- la famille génoise qui a gouverné l’île pendant des générations. Le « Petit Palais » se visite, c’est un musée byzantin, fermé le lundi.
Nous suivons le guide vert. Nous passons devant une petite galerie d’Antiquité qui vend des icônes (pas terribles), des vieux pistolets et des armures miniatures. Sur la petite place se trouve un minuscule cimetière turc. Les pierres tombales sont verticales, plantées dru les unes à côté des autres. Au fond le sarcophage du chef de guerre turc tué par l’amiral Kanaris.
Les ruelles de la citadelle sont étroites et tortueuses. Les maisons à encorbellement, un peu comme les maisons ottomanes de Rosette, ont des avancées en bois (mais pas de moucharabieh) ici : des volets. Après les massacres de 1922, seuls les turcs et les juifs avaient le droit d’habiter dans la place forte. Maintenant, la ville close a u n charmant aspect d’abandon avec beaucoup de jardins et surtout des plantes en pot. Bien qu’on soit en pleine ville dans un endroit où la construction est dense, il y a des fleurs partout : géraniums, citronniers et tant d’autres. Certaines maisons tombent en ruine, d’autres sont en restauration. Les artisans travaillent en pleine rue, les menuisiers ont tiré le bois de charpente, une grande boulangerie embaume. Nous trouvons par hasard, au fond d’une cour pavée une église et son campanile. Eglise catholique, puis mosquée – il reste une belle plaque de marbre avec des caractères arabes, maintenant attenante à une église orthodoxe plus grande. Un platane très vieux a une branche horizontale si lourde qu’on dû

l’étayer. Elle abrite un bac qui ressemble à un sarcophage et qui était la fontaine aux ablutions de la mosquée.
Nous suivons la rue Giogiou Fouriou jusqu’aux murailles. Les bains turcs sont en restaurations. Il y a quatre coupoles, une grande fermée et trois autres plus petites percées. Nous passons devant une tour ronde inaccessible. Plus loin, du côté du port, sur le bord de la mer, en traversant la terrasse fleurie d’une maison basse et en passant avec précaution sur le rebord en ciment, j’accède au chemin de ronde en haut de la muraille. La vue est saisissante : sur le port et ses grands navires, sur les moulins de la jetée du vieux port de marchandises. Et au loin sur les côtes turques. Je découvre les coupoles du hammam sans les échafaudages.