
Lundi est jour de fermeture des musées et des sites, exploration des environs.
L’exploration tourne court. Un pneu avant est à plat, sans doute crevé.
Je vais à l’agence Sapphotravel chercher de l’aide.
– « si vous roulez sur la jante, cela risque de vous coûter cher. Vous avez un pneu de secours dans le coffre. Changez la roue ! »
Plus facile à dire qu’à faire ! Le cric de la Hyundai est rudimentaire et sans manivelle. La clé à boulons peut remplacer une manivelle, c’est fort malcommode. Quand enfin, nous avons atteint la hauteur désirée, notre opération se bloque: les boulons ont été serrés au compresseur, indéboulonnables. Au pays de la naissance de Sappho les mâles font piètre figure. Ils passent dédaigneusement laissant les filles entre elles se débrouiller avec leur problème de mécanique. Si on leur demande de l’aide ils font mine de ne rien entendre. Heureusement il y a un peu de sororité chez les lesbiennes. Une fille assez dévêtue et fort tatouée passe à vélo et s’arrête à notre hauteur :
– « avez-vous essayé de sauter sur le manche ? »
– « sauter ???? »
Elle joint le geste à la parole, descend de vélo saute sur le manche de la clé. Miracle! un boulon bouge, puis un deuxième. Les quatre, enfin. On pourra aller au garage.
Entre-temps notre ange gardien nous invite à « La Muse » c’est elle qui organise une party. Nous sommes donc invitées en boîte. Nous n’en ferons rien. Les boîtes, c’était bon il y a 25 ans quand nous étions jeunes !
A la station service on nous envoie chez le « vulcanisateur ». Cela se dit comme cela en Grec. Le pneu c’est le « Elastiko », la roue de secours « reserva » et l’air « aera ». Le vocabulaire des pneus est finalement très simple. Le vulcanisateur gonfle la roue et la passe dans un baquet. Il y a bien une fuite mais elle est irréparable. Le pneu est complètement lisse. Si on le répare ici, il va céder là. Et l’autre ne vaut pas mieux. Il faut changer les deux pneus avant.
Pas question d’offrir à une voiture de location deux pneus neufs!
Nous laissons le vieux elastiko chez Vulcain et retournons à l’agence.
Je pourrais téléphoner avec mon mobile. En passant par la France, c’est hors de prix et hors de question!. Sapphotravel a pris assez de commission (15€ par jour, nous l’apprendrons plus tard) pour pouvoir, au moins, nous rendre ce service. La fille est plus coopérative. Il faut dire que je n’ai pas du tout envie de céder.
– « en Afrique, je vérifie l’état des pneus des taxis-brousse. Ici, je ne l’ai pas fait. C’est de ma faute ! Mais enfin, nous sommes en Grèce, en Europe et pas en Afrique de l’Ouest ! »
L’argument a frappé.
Elle téléphone à Molivos au loueur de voiture et raconte notre histoire. Là-bas, ils sont très occupés et ne pourrons venir à Eresos que demain soir. Cependant, nous pouvons toujours apporter le véhicule à leur bureau.
– « combien de route ? » je demande
– « 50 minutes, moins, s’il n’y a pas de trafic » (ce n’est pas vrai on en mettra le double)