A la sortie de Votsalakia, après les loueurs de voitures, les magasins de souvenirs et les bars proposant de la bière danoise, après les dernières maisons, se trouve un chemin qui se dirige vers la montagne : « Pythagoras cave » . Cette route n’est répertoriée sur aucune de mes cartes. La grotte figure sur des endroits différents selon l’édition.
Comme nous n’avons pas de projet précis pour la journée nous suivons cette route qui s’enfonce dans les oliviers. Des théories de familles germaniques avec chapeaux, sacs à dos, gourdes et enfants.. avancent sur la piste. Ils ont sans doute acheté le guide Sunflower que j’ai négligé(19€)Vu l’âge des enfants, la randonnée ne doit pas être si difficile, 3 km selon un panneau.
Je m’élance hors de la voiture sans trop réfléchir, sans eau, mais avec mon téléphone et mon chapeau. La piste est cimentée, traverse des oliveraies et se trouve à l’ombre aux petites heures du matin. Malgré la montée, j’adopte un rythme soutenu. Je me suis fixée ¾ d’heure. Je dépasse rapidement les familles et un couple qui herborise thym et herbes sèches. Pas le loisir de me livrer à des méditations comme hier. Pas de paysage à interpréter. J’avance entre deux murailles arides, falaises presque verticales, où s’accrochent à grand mal des broussailles épineuses. De loin, je pense à du calcaire. Peut être est ce du marbre ? La géologie de Samos est restée un mystère après une semaine d’exploration. Le massif de l’est est la Montagne de Kerris et culmine à 1444m plus à l’ouest le mont Menegaki, entre les deux un creux ravin. A proximité, j’ai repéré des affleurements de schistes mais aussi d’argile rouges, vertes, violettes sur la route qui contourne la montagne pour aller à Drakei. Devant tout ce fatras de couches je conclus que je n’ai jamais rien compris au métamorphisme et que ce n’est pas ici que je vais commencer à comprendre.
D’ailleurs je ne réfléchis pas, j’avale la pente, reprenant mon souffle là où l’ombre est plus épaisse sous un caroubier. Ne pas s’arrêter même si la pente varie. Une jolie chapelle blanche et bleue est blottie à la sortie des oliviers Ensuite, plus d’ombre, des genêts, des cistes, des buissons de lentisques.
J’arrive dans les temps à 9H10 à la fin de la piste. Pas de caverne ! Un bar. Sur le côté, des marches ont été construites avec de belles dalles de micaschiste vert. Elles montent droit dans la montagne. Une gracieuse arche naturelle relie un piton rocheux à la paroi. J’arrive à une nouvelle chapelle. Les marches continuent bien plus hautes, chaulées. Heureusement, il y a une rambarde. J’ai une appréhension : serai-je capable de les descendre ?
La grotte est une grotte comme celle de ST Anthony, plus profonde. Je suis soulagée d’être arrivée. J’envoie un SMS victorieux. Il est 9h40.
Le but n’a rien d’extraordinaire, mais c’est la récompense. C’est l’attente, le désir d’arriver qui donne le prix. Pour ceux qui sont montés en jeep jusqu’au bar pour monter simplement les marches cela peut paraître décevant.
