
La tempête ne s’est pas calmée. Toute la nuit le vent a soufflé si bien qu’on a dû fermer volets et vitres et qu’on a dormi en pyjama sous les draps : une première en Grèce !
Nous reprenons la route de Vathy par Karlovassi et trouvons les premières vignes au col. En écrivant j’affine mes observations et je les corrige.
Nous achetons nos billets de ferry pour Chios : dimanche 13h20 (13,5€) sur le Ierapetra. Nous sommes bien contentes d’être sur ce gros bateau nous ne sentirons pas les creux !
Le musée de Vathy, l’Hôtel de Ville et l’Eglise Saint Spiridon forment un ensemble néo-classique : la « Trilogie samienne » datant de « l’Hégémonie » 1832-1912. Un jardin public donne un air de petite ville à la capitale de l’île de Samos.

Le Musée contient exclusivement des objets provenant de l’Héraion. Nous trouvons avec plaisir les belles Korês vêtues du chiton et de l’himation si finement plissés. Nous apprenons un »truc » : les sculpteurs ont inscrit le nom des jeunes filles sur la bordure du vêtement verticalement et sur la cuisse des jeunes hommes nus. La prochaine fois que nous verrons des sculptures archaïques nous pourrons déchiffrer leurs noms ! L’une des plus belles korês a sa jumelle au Louvre : la « Héra » de Cheramos. Il faudra aller lui rendre visite !
Les statues originales du groupe de Génélos sont beaucoup plus belles que les copies vues mardi. Nous les retrouvons avec plaisir. Elles portent leurs noms gravés. Ce détail leur confère une certaine intimité. Philippé et Ornithé en compagnie de leurs parents prennent de la consistance. Il n’est pas indifférent leur mère soit assise droite sur un bon fauteuil tandis que le père est dans la position du banquet.
La statue la plus spectaculaire est celle du Kouros. Difficile d’imaginer un tel colosse d’après les photos du livre. Il faut être confronté à lui. Le marbre de Samos aux veinures grises souligne le volume des fesses de façon surprenante. Le visage du Kouros a un sourire énigmatique comme celui des bouddhas asiatiques, bien différent des visages classiques.
Dans le vestibule d’entrée du bâtiment ancien en marbre blanc et gris de Samos se tiennent cinq statues d’époque hellénistique : Héra la plus grande au vêtement ample et au drapé majestueux. La joueuse de cithare est la plus gracieuse, de loin on la croirait accoudée à l’escalier bien qu’elle ait perdu ses avant- bras qui devaient tenir son instrument. A l’étage, les vitrines contiennent des objets divers. Les objets de bois ont été conservés dans le sous-
sol humide des marais. Les bronzes sont tout à fait étonnants. Certains sont l’œuvre des chaudronniers de samos : petits personnages et figurines d’animaux, cavaliers… les plus surprenants sont les griffons ornant des chaudrons. Je les aurais imaginés chinois. D’autres objet sont exotiques : mésopotamiens, syriens, égyptiens. Ils montrent l’extension des relations commerciales de Samos. La salle suivante expose des petits objets très divers, ex votos et offrandes à Héra : ivoires, poteries, bronzes provenant de Chypre, de Crète et même d’Andalousie. Un petit lion avec sa crinière en collerette est amusant, un autre lion égyptien est de toute beauté. Nous pourrions rester des heures à inventorier toutes ces sculptures à rechercher leurs provenances à trouver des ressemblances….Des efforts de pédagogie ont été faits dans les salles du rez de chaussée en regroupant les offrandes par provenance ; certaines sont modeste : un morceau de stalactite, du cristal de roche, du corail. Chacun sacrifie à la déesse selon ses moyens. La dernière salle est celle des céramiques (assez fruste). Nous n’avons plus la patience de les examiner avec soin.

Cette visite peu de temps après notre découverte de l’Héraion nous a ravi.
Dans le jardin du Musée un café (qui fait aussi cybercafé) a installé ses tables sous un store blanc ou sous des parasols blancs à l’ombre des grands arbres. Deux fontaines contribuent à la fraîcheur : l’une d’elle toue simple est une jarre renversée l’autre plus sophistiquée porte une statuette de bronze. Je commence à dessiner : les terrasses de café sont riches de sujets : tables et chaises, verres, mais aussi consommateurs palmiers et jacarandas…Peu de touristes, de nombreux hommes peut être venant de la Mairie toute proche. Une table d’une dizaine de notables aux cheveux blancs, lunettes noires. J’aime beaucoup les terrasses des cafés. Elles ont été longtemps réservées aux hommes mais les femmes commencent à y trouver leur place. Surtout si on est touriste.
Dans les environs les rues ont commerçantes, boutiques de mode mais aussi d’alimentation, poissonneries et boucheries qu’on ne voit pas dans les villages où viandes et poissons sont congelés.