Trikeri et la pointe du Pélion

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

Vers la Pointe du Pélion

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Vers la Pointe du Pélion, 30 km séparent Milina de Trikeri.  C’est toujours le même enchantement de découvrir, crique après crique, l’eau verte à travers les oliviers et la garrigue. Certaines sont accessibles uniquement par bateau. Une ferme aquacole a grillagé les abords d’une pointe. Plus loin, au creux des rochers, les baraques d’une bergerie, à éviter à cause des chiens.

Kotes, le plus ravissant port de pêche

Sur la droite, une route mène à Kotes.La végétation est luxuriante et multicolore, gros coussins ronds, orange, bleus, jaunes, verts,  juxtaposés, premier plan d’une photo de mer turquoise, à l’horizon les lignes de crêtes vertes et bleuissantes des collines du Pélion, des îles et de la Grèce continentale. Au détour du chemin, les couleurs vives d’un port min D’énormes buissons bleus, jaunes, mêlés à des euphorbes orangés attirent le regard. Je descends la route à pied pour prendre des photos. Je reconnais parmi les buissons des sauges. Fleurs, feuilles sont de grande taille mais le parfum est caractéristique. Les jaunes sont différentes : les fleurs sont regroupées en sortes de pompons étagés sur la tige principale et les feuilles n’ont pas l’odeur habituelle. Je ramasse des feuilles de sauge officinale pour la cuisine. Ce matin, en faisant frire l’omelette du pique-nique,On regrettait l’absence d’herbes aromatiques.

Au détour du chemin, les couleurs vives d’un port minuscule, quelques maisons chaulées, une taverne toute bleue, des bateaux et des filets multicolores.

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la remmailleuse

 


Kotes est le plus ravissant port de pêche qu’on puisse imaginer sur les bords de la mer Egée. Pas une fausse note, aucun artifice. Non plus la nostalgie d’un  endroit oublié. La taverne est bien vivante. Les remmailleuses de filets aussi. D  lie connaissance avec l’une d’elles pour faire son portrait. Jupe en jeans, figure aimable, elle est curieuse de savoir d’où nous venons.


Je m’installe sur un banc à l’ombre d’une tonnelle pour dessiner. Les vieilles dames sont curieuses « Ti kanis ? ». L’une d’elles est très vieille, sa natte blanche lui descend au dessous des fesses. Sa voisine fait mine d’arroser ses plantes pour nous surveiller. Je resterais volontiers toute la matinée à dessiner les bateaux, les gréements, les lignes de crêtes. Je regrette le grand bloc laissé à Paris. Dessiner au crayon est frustrant. Ce sont les couleurs qui sont belles. Dommage que je n’ai pas ma boîte d’aquarelles.
Nous nous promettons de revenir ici vendredi.

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taverne bleue

 

Trikeri, gros bourg au flanc de la colline

A l’entrée de Trikeri, une grosse école – un collège peut-être – fermé. Les Grecs sont en vacances. Une bande d’adolescents nous salue : « Heil Hitler ! », cet accueil nous rafraîchit. Trikeri est un gros bourg au flanc d’une colline, composé de maisons cubiques au toit à quatre pans en tuiles rouges.

Promenade dans les ruelles pavées. A l’ombre d’un  platane et d’un acacia en fleurs, sur la place, trois kafénéion avec des chaises de bois et des tables carrées où sont attablés les vieux du village. Les jeunes sont entassés dans un coin, au café moderne, sur des chaises métalliques. J’aurais bien aimé profiter de l’ombre de la placette en sirotant mon café frappé. Mais que choisir ? Côté chaises de bois, seulement des hommes, côté fauteuils une ou deux adolescentes sont mêlées aux garçons. Nous grimpons dans les ruelles. Les maisons blanches avec des volets et des grilles bleus ont notre préférence. Nouvelle senteur : ici abonde le seringat, une boule blanche déborde des jardins dans la rue. Quand nous arrivons sur la place du village, une vieille nous aborde. Je fais tous les compliments que je connais en grec. Il suffit d’un  « kalimera » pour adoucir les contacts souvent rugueux. Quand ils ne parlent pas anglais, les gens sont souvent bourrus avec nous ; dès que j’étale mes quelques mots de grec, ils deviennent charmants.

Aghia Kiriaki, petit port

Suivant les conseils du Petit Futé, nous nous dirigeons vers Aghia Kiriaki. Encore un petit port avec des bateaux multicolores et des jardins fleuris. Je complimente une dame pour ses clivias rouges. Elle me fait entrer dans le jardin. A l’entrée de Aghia Kiriaki, le chantier naval entretient ou répare de très gros voiliers et des ferries. Il est disproportionné par rapport au village. Nous prenons l’apéro sur le port dans une jolie taverne bleue : chaises laquées bleu vif, nappes bleu clair avec des motifs jaunes.
Pour explorer la pointe de la presqu’île, la route part de l’entrée de Trikeri et serpente dans la garrigue autour d’antennes rébarbatives, puis descend. Tout autour, de l’eau : des crêtes, des côtes ; des îles, des promontoires. Nous avons tellement tourné dans les lacets que je ne sais plus où est le continent. Ces côtes sont elles celles d’Eubée, du Pélion ou de Thessalie ? Il me semble que nous avons joué à ce jeu idiot qui consiste à tourner autour d’un  bâton pour perdre le sens de l’orientation.

débarcadère pour l’île de Trikeri

En bas de la route, un parking et un débarcadère. Une vedette fait des allers-retours pour la petite île de Trikeri où un panneau illustré vante des cottages de rêve. Nous trouvons le lieu de pique-nique idéal : assises sur des rochers plats (du marbre sans doute) avec pour dossiers de vieux oliviers. Des cistes roses font des taches de couleur. La mer est légèrement ridée par un petit vent frais. L’eau contenue dans les trous des rochers est tiède. Je laisse tremper mes pieds, arrive une, puis deux, puis cinq crevettes qui pédalent sur mes orteils, grattent avec leurs minuscules pinces, je les sens  à peine. Elles sont si jolies avec leurs carapaces transparentes zébrées, le bout de leurs appendices orange et leurs si longues antennes.

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Après le repas nous trouvons pour la sieste un endroit encore plus confortable mais il fait un peu frais pour se baigner, le vent s’est levé et le soleil est voilé.

Sur la piste dominant la Mer Egée

Au retour, D avise une piste qui monte droit vers la crête. Nous aurons sans doute un beau point de vue ! La Hyundai Atos grimpe bien. Nous découvrons la Mer Egée bleu marine foncé, agitée de petites vagues complètement de notre golfe Pagasitique avec son eau d’opale si calme.
La côte, aussi, est singulière, en pente abrupte, très rocailleuse. Une végétation très rase tente de s’y accrocher. La lavande stechade pousse ici avec du thym très odoriférant. La piste se poursuit en corniche. Peut être mène-t elle à Platanias ? De toutes les façons, nous n’avons guère le choix, il n’y a pas de place pour faire demi-tour. D se sent une âme de pilote de Rallye . Elle conduit hardiment sur piste. Je suis du coté du précipice et je pense à Louis de Funès « sur un arbre perché », je pense, bien sûr, à une crevaison possible, aux chutes de pierres qui barreraient la route…L’aventure est excitante mais j’aimerais bien que nous arrivions quelque part. la piste arrive à des baraques de tôles, bergeries de chèvres ou de moutons. Sur un rocher, un énorme chien noir, (après réflexion, c’est peut être une chèvre) . Nous remontons prudemment les vitres de la voiture. Dans la descente la piste devient encore plus mauvaise avec des pierres aiguës et des cailloux qui roulent. Je retiens mon souffle. Un petit troupeau de moutons broute l’herbe juste au dessus du vide. Il ne faut pas les effrayer. Les moutons sont bêtes et se jettent parfois des barres rocheuses en montagne. La piste est interminable. A un tournant, nous apercevons un chien puis un autre. En tout il y en a cinq. Heureusement le berger assis sur un rocher n’est pas loin. Il est vieux, buriné avec ses cheveux tout blancs. Je lui demande:
– « combien de km reste-t il à parcourir sur cette piste ?
 « D’où venez -vous ?
– «  De France
– «  cela le fait rire: « aftokinita kaputt ! ». Il y aurait assez de place pour manœuvrer et faire demi- tour si les chiens ne s’en mêlaient pas. D a surtout peur d’écraser le plus petit qui se plante près des roues. Leur maître n’esquisse pas un geste pour les rappeler. Il nous laisse nous débrouiller seules. « pas de provlima avec les chiens ». Le retour est moins angoissant. Puisque nous sommes passées une fois…Il se déroule plus rapidement que l’aller. Nous devons quand même passer l’obstacle des moutons qui prennent la fuite en courant devant la voiture, puis passer le grand troupeau de chèvres noires aux cornes recourbées.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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