de Moldavita à Tazlau : sur la route

Un mois autour de la Roumanie en Logan et chez l’habitant

 

La route  suit la Moldava.

La Moldava  va me fait penser à la musique  de l’Hatikva. Son compositeur était originaire de Radauti, encore une ville juive comme Sighet. Silence assourdissant de ces communautés disparues. Depuis notre arrivée, nous avons croisé,des Roumains mais aussi des Allemands, des Tziganes, une Hongroise, une Houtsoule… A cette mosaïque de populations manquent les Juifs qui ont donné tant d’artistes et d’écrivains !

A Fraisin, une route secondaire va en direction du sud vers Stulpicani et Ostra. Comme souvent, elle suit le lit d’un torrent, un mince filet d’eau, aujourd’hui sur une grande étendue de galets. Des ponts suspendus permettent aux piétons de passer d’une rive à l’autre: planches étroites se balançant. Une silhouette chapeautée progresse en se tenant aux filins. Dessous, de magnifiques chevaux paissent.

La route est très tranquille. Nous pouvons apprécier le paysage de montagne et les jolis villages. A Stulpicani les maisons de bois adossées à la pente croulent sous les fleurs. Superposition d’auvents impressionnante : auvent au dessus du portail, auvent au dessus du banc, marquise de la maison qui avance…
Au détour d’une colline, à Ostra, on voit un quartier d’HLM en béton lépreux à la façade dégradée. Pourquoi cette urbanisation si triste perdue dans cet écrin de verdure ?

La réponse arrive quelques kilomètres plus tard à Tarnitsa: une énorme tranchée dans la forêt, comme un chantier pour un barrage monstrueux. Pourtant il ne coule qu’un ruisselet perpendiculaire au mur de gravats. La route longe ensuite des terrils de roche grise et verte, puis des bassins de décantation remplis d’une eau brune presque orangée. Une mine ? Des usines abandonnées, des immeubles éventrés sans portes ni fenêtres mais le papier peint des chambres encore visible. Quel minerai ? Quelle industrie pour cette ville fantôme ?

La route franchit un col, elle tortille. Des nids de poules la trouent complètement. Un sapin d’un bon mètre de haut  pousse au milieu de la chaussée, enraciné dans un trou.

A Holda, nous trouvons un axe plus fréquenté le long de la rivière Bistrita au cours rapide et au débit abondant. Ici encore, des ponts suspendus relient les rives, plus impressionnants sur l’eau fougueuse. Les villages sont plus nombreux, les habitations dispersées le long de la route et sur les versants des montagnes. Nous avions décidé d’acheter le pique-nique à Brosteri que nous dépassons sans même voir un magazin mixt. Les localités se succèdent et toujours pas de ravitaillement. Les gens d’ici doivent vivre en quasi-autarcie et acheter le minimum dans des épiceries invisibles !
Après deux visites infructueuses dans des magasins mixt, nous finissons par trouver des saucisses sèches et des yaourts. Puis avisons une succursale de Fornetti, chaine de magasins vendant des pizzas, des friands, beureks et autres viennoiseries.
Le pique-nique se composera finalement d’un friand à la viande et d’un autre au fromage !
Il nous faut alors trouver un emplacement. La route suit le lac Izvonu Munului sur une quarantaine de kilomètres. Nous nous réjouissons du panorama. La circulation est infernale. Nous faisons deux arrêts sur des parkings jonchés de bouteilles plastiques et de canettes ? Au fond, je reconnais la ligne de crêtes des montagnes dominant Gheorgheni et Toplitsa, hérissée de rochers ruiniformes.
Bicaz, fin du lac.
Nous cherchons les gorges de Bicaz et la route du Lac Rouge. Après dix kilomètres, environ,  encore un kombinat-fantôme : usine monstrueuse aux silos cylindriques surmontés de cabanes où poussent des arbres ; Plus loin, une autre usine monstrueuse mais en activité : Carpatcement (groupe Heidelberg). Nous nous rendons compte ensuite que la route continue sur Gheorgheni. Retour avec 36km de trop !

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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