Un mois autour de la Roumanie en Logan et chez l’habitant

La visite au monastère de Sucevitsa le dimanche ne ressemble pas aux visites précédentes. Les liturgies ont commencé, l’église est pleine. Dans la cour, de nombreux fidèles assistent à la messe diffusée par haut parleur. Certains sont assis tranquillement à l’ombre, d’autres, debout, près du sanctuaire, d’autres encore s’agenouillent sur la pelouse. C’est la première fois que j’entends chanter les chants liturgiques par des femmes, j’associais plutôt cette musique aux voix graves. Les tenues vestimentaires sont plus soignées. Plus (ou presque plus) de débraillé. Les femmes ont la tête couverte, plutôt d’une étroite et longue bande de mousseline que d’un foulard paysan. Une famille entière arbore le costume traditionnel, les jeunes filles perchées sur de hauts talons. Les touristes sont invisibles. Nous ne somme sans doute pas les seules mais tous adoptent la plus grande discrétion.
Nous avons payé une taxe photo pour les extérieurs sans aucune restriction. Le programme des fresques est un peu différent : la paroi nord est très bien conservée. Elle est occupée presqu’entièrement par ‘Echelle des Vertus (Evasion) ou Echelle Spirituelle (D. Fernandez). L’échelle à trente degrés partage selon la diagonale l’espace entre le ciel où volent les anges qui portent les rouleaux avec la liste des bonnes actions tandis qu’au dessous les démons attirent les pêcheurs et cherchent à les faire tomber. Evidemment, les démons sont rigolos : ils ont des visages grimaçants sur le ventre et des ailes courtes en éventail.
A la place du siège de Constantinople on a illustré le martyre des moines de Sainte Catherine. L’Echelle Spirituelle est inspirée de saint Jean le Sinaïte et la vie de saint Pacôme qui édicta la règle des moines. Sainte Catherine est donc à l’honneur. Ceci m’amuse puisque j’avais descendu le Mont Sinaï en compagnie d’une troupe de Roumains avec un pope sautillant de rocher en rocher.
Comme à Voronet et les autres monastères, l’Arbre de Jessé étale ses branches et ses calices sur fond bleu.

Les liturgies offrent un caractère merveilleux à cette visite. Elles interdisent une visite touristique de l’intérieur. Toute l’assistance est debout dans la nef. Une queue s’est formée. Un va et vient permanent s’instaure avec ceux qui veulent embrasser l’icône et de ceux qui sortent avec un cierge. Ce mouvement permet un rapide coup d’œil mais pas une visite approfondie.
Nous restons encore un long moment dans l’enclos à écouter les chants avant de quitter le monastère.