Un mois autour de la Roumanie en Logan et chez l’habitant

Comme à Voronet, comme à Humor, un enclos fleuri est protégé par de hauts murs.
Dès qu’on passe le porche les fresques de l’abside nous surprennent par leurs couleurs vives en meilleur état que dans les monastères visités hier. L’effet de surprise ne joue plus, pourtant on est saisi !
Révisions : nous retrouvons l’Arbre de Jessé sur fond bleu. Nouveauté : la prise de Constantinople très réaliste avec des turcs enturbannés massés sur les collines, on voit même des canons. (tout cela est anachronique, cette image narre un autre siège bien antérieur, en 622 par les Perses). A l’Ouest l’exonarthex rectangulaire est percé de grandes ouvertures et cache le Jugement Dernier. Malgré ses ouvertures et ses décors (Genèse, création de l’Homme et de la Femme, Adam et Eve au Paradis, la Chute) il paraît alourdir l’église en l’agrandissant. Les toitures sont coupées perpendiculairement. J’avais préféré les dimensions modestes et l’arrondi de Voronet.

Le jardin est soigné. Les moniales s’activent autour des buissons de roses, arrosent les bégonias. Déjà, le soleil baisse. C’est un endroit calme et charmant. Nous restons un long moment à écrire et à lire assises sur un banc. De temps en temps, à court d’idée, je scrute les personnages des façades à la jumelle. C’est notre troisième visite de monastère en deux jours. J’aime bien être capable d’identifier des personnages mais notre curiosité est un peu émoussée. Voronet reste notre préféré.
La visite de l’église est toujours plus délicate. Les roumains ne viennent pas en visite culturelle pour l’amour de l’histoire de l’Art. Ils viennent prier. Les vigoureux signes de croix, les embrassades des icones en témoignent. Je n’ose pas sortir les jumelles et me planter trop longtemps en plein milieu de la nef. Juste assez pour trouver vertigineuse la coupole avec le Christ Pantocrator byzantin présidant à tout un cortège d’anges, de prophètes, reposant sur les quatre évangélistes aux quatre coins. Sur les murs montent la garde les saints orthodoxes que je ne connais pas. Je renonce à déchiffrer leur nom en cyrillique.
Viorica est très occupée. Elle prépare la nourriture et la lessive pour deux jours. Dimanche, elle ne lave pas et lundi c’est Saint Elies – grand fête roumaine.
Au dîner la soupe aux champignons est blanche de crème. Crème encore, avec les sarmalés et les poivrons jaunes. Au dessert petits gâteaux : croissants aux noix et génoise à l’orange.
Samedi, deux mariages se succèdent à l’église. Une musique étrangement militaire accompagne le premier. Une trompette résonne. Je ne veux rien perdre du spectacle. Plutôt décevant : trois musiciens : trompette, accordéon, saxo, habillés en veste rouge. Quelques invités portent de gros cierges. Pauvre noce de paysans endimanchés : minijupes « du soir » en lamé clinquant, grand-mère en savate. Photo de groupe au milieu de la route. Pas de cortège solennel comme samedi dernier.