Maramures randonnée avec Ion autour de Poenil Izei: le monastère en bois neuf

Un mois en Roumanie en Logan chez l’habitant

Menuiserie et charpente : construire un monastère neuf

Ana prépare devant nous le pique-nique ; elle monte à la neige les blancs d’œufs,  mélange 4 jaunes avec 4 cuillères de farine et un peu de lait. Cela donne une pâte mousseuse dans laquelle elle trempe des escalopes très fines et très tendres qu’elle a décongelées et battues  énergiquement hier soir. Elle fait aussi frire de la branza, fromage de vache sec ajoute une tomate et un concombre. Cela fera un repas fameux !

A 8H30 Ion me conduit à un petit pont qui enjambe le ruisseau. Un sentier argileux bien glissant va à la source. Une femme et des enfants remplissent des bouteilles avec un  quart émaillé et un entonnoir en corne. Cette eau est précieuse. On n’en perd pas une goutte.

Nous grimpons tout droit dans la colline dans les herbes hautes sous des pruniers sans prunes. En revanche, il y a des framboises et une belle récolte de mûres se prépare. A l’occasion, Ion cueille aussi des champignons mais ceux que nous voyons ne sont pas comestibles.

La vue est très étendue : vers le nord, l’Ukraine, à l’est la Bucovine où nous irons demain. Au sud, les sommets sont couverts d’une épaisse forêt. C’est là que vivent les ours.
–    « Est-ce que les ours attaquent les moutons ? «  je demande
–    « pas seulement les moutons, les vaches et le cheval. A Brasov ils vont même manger dans les poubelles »

L’ours inspire de la crainte mais aussi du respect. Ion est fier que la Roumanie en compte encore beaucoup. Il a voyagé en France et connaît les déboires des ours pyrénéens (slovènes ?). Les loups, en revanche, d’après lui, viennent d’Ukraine. C’est étrange que le loup vienne toujours d’ailleurs. Dans les Alpes, il viendrait d’Italie. Selon la législation européenne loups et ours sont  protégés. Maintenant la Roumanie fait partie de l’Europe.

En route, Ion raconte ses voyages en France qu’il a parcourue en compagnie d’autres musiciens : Grenoble, Toulouse en passant par Bordeaux, Caen et Cherbourg. C’est la Normandie qui est la plus chère à son cœur. D’après lui, elle ressemble à la Transylvanie et il apprécie le calvados et le camembert. Autant Maramures, avec ses maisons de bois, ses techniques d’un autre âge, aux confins de l’Ukraine, nous semble isolée et enclavée. Autant ses habitants sont ouverts sur le  monde. Nombreux sont ceux qui sont partis en Espagne, en France et même en Amérique pour y faire fortune. De retour au pays, ils construisent de grandes maisons prétentieuses. Certains ont aussi  à cœur de retaper les maisons traditionnelles en utilisant les techniques des charpentiers de Maramures.

monastère de bois

En moins d’une heure nous sommes dans la vallée de Sassou au sud de Botiza. Ion a promis la visite d’un monastère : nous arrivons dans un chantier au pied d’une église en bois toute neuve. Un homme et un apprenti façonnent des bardeaux. Utilisant un établi à pédale, ils pincent une fine latte, la rabotent, faisant de beaux copeaux qui, s’enroulent à leurs pieds, puis ils sortent une forme et évident en quelque traits de ciseau  pour faire une sorte de pointe, retournent la latte, l’amincissent au rabot. L’opération dure à peine quelques minutes. Mais les gens de Maramures prennent le temps de se parler, de plaisanter. Les bâtiments monastiques et l’hôtellerie sont également neufs. La carcasse est en brique et en ciment. A l’étage les galeries sont en bois massif. Trois charpentiers s’activent, mesurent dessinent. Aucun engin moderne, aucune précipitation. De la belle ouvrage que Ion admire.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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